Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[blocks in formation]

DE

L'ÉGLISE CATHOLIQUE,

PAR L'ABBÉ ROHRBACHER,

DOCTEUR EN THÉOLOGIE DE L'UNIVERSITÉ CATHOLIQUE DE LOUVAIN,
PROFESSEUR AU SÉMINAIRE DE NANCY, ETC.

[merged small][merged small][graphic][subsumed][subsumed][subsumed][merged small][merged small][merged small][merged small]

LOAN STACK

[ocr errors]
[blocks in formation]

Le pape saint Crégoire X. Ses relations avec l'empereur de la Chine. Tient le deuxième concile œcuménique de Lyon, y réconcilie les Grecs avec l'Eglise romaine, et confirme l'élection de Rodolphe de Habsbourg à l'empire d'Occident.

L'an de grâce 1270, le vingt-cinquième jour d'août, environ trois heures après midi, le très-saint roi de France, Louis IX venait de rendre le dernier soupir sur la terre d'Afrique, devant la ville de Tunis. Tout à coup l'on entendit les trompettes et les clairons de la flotte sicilienne, que le roi Charles, son frère, conduisait en personne; mais les Français étaient bien éloignés de répondre à ces signaux par des cris de joie. Livrés à la douleur la plus profonde, ils pleuraient tous la mort de leur roi, le plus saint et le plus juste qui ait jamais porté couronne.

Surpris de ce silence, Charles se détache de son armée et se hâte d'arriver au pavillon royal. Le premier objet qui frappe ses yeux est le corps de son frère, encore étendu sur la cendre. Il se prosterne aussitôt et lui baise les pieds en versant un torrent de larmes. Sa douleur fut extrême, comme ses autres passions. Il obtint par ses instances les entrailles de son bienheureux frère, qui furent envoyées en Sicile, à la célèbre abbaye de Montréal. Le reste du corps demeura au milieu de l'armée française; car le peuple, qui le regardait comme sa plus sûre sauvegarde, ne voulut souffrir en aucune manière qu'on le portât ailleurs.

Il fallut cependant pourvoir à la pureté de l'armée. Philippe, le nouveau roi de France, et son oncle, le roi Charles, y travaillèrent 906

TOME XIX.

1

de concert, après avoir rendu les derniers devoirs au saint roi, leur père et leur frère. La nouvelle de sa mort inspira de la confiance aux Sarrasins; ils vinrent présenter la bataille; les croisés l'acceptèrent, et les Sarrasins furent entièrement défaits. Ils revinrent encore quelque temps après; mais, pour cette fois, leur défaite fut si complète, qu'ils n'osèrent plus tenir la campagne. Les croisés songèrent alors à s'emparer de Tunis. Pendant qu'ils s'occupaient du siége, le prince infidèle fit demander la paix, offrant de se soumettre à des conditions aussi onéreuses pour lui qu'avantageuses pour les croisés. On les accepta, et la trève fut conclue pour dix ans, aux clauses suivantes Que tous les prisonniers chrétiens seraient mis en liberté; qu'ils auraient le libre exercice de leur religion; qu'ils pourraient faire bâtir des églises ; qu'on ne mettrait aucun obstacle à la conversion des Musulmans; que le roi de Tunis paierait tous les ans au roi de Sicile un tribut de cinq mille écus; qu'il rembourserait au monarque et aux seigneurs français toutes les dépenses qu'ils avaient faites depuis le commencement de la guerre, ce qui montait à deux cent dix mille onces d'or, dont la moitié devait être payée comptant et l'autre dans deux mois. Enfin le port de Tunis fut déclaré port franc pour le commerce, au lieu que les marchands payaient le dixième de leur charge.

Il y avait alors à Tunis une grande multitude de chrétiens, mais esclaves des Sarrasins, un couvent des frères Prêcheurs et des églises où les fidèles s'assemblaient tous les jours. Or, le roi musulman les avait tous fait mettre en prison, quand il apprit que l'armée française était entrée sur ses terres. Il fut donc convenu nonseulement qu'ils seraient tous mis en liberté, mais de plus que le roi permettrait aux chrétiens de demeurer dans les principales villes de son royaume et d'y posséder toutes sortes de biens, même des immeubles, sans payer que le tribut ordinaire des chrétiens libres; qu'ils pourraient y bâtir des églises, dans lesquelles on prêcherait publiquement la foi chrétienne, et qu'il serait permis à qui voudrait de recevoir le baptême1.

Ce traité venait d'être conclu, quand on vit arriver Edouard, fils aîné du roi d'Angleterre, avec Edmond, son frère, et quantité de noblesse croisée pour la Terre-Sainte. Lorsqu'il apprit le traité, il fut fort mécontent et dit aux Français: Avons-nous pris la croix et nous sommes-nous assemblés ici pour traiter avec les infidèles? Dieu nous en garde! Le chemin nous est ouvert et facile pour marcher à Jérusalem. Les Français répondirent: Nous ne pouvons

1 Duchesne, t. 3. Spicileg, t. 2, p. 562; t. 11, p. 560.

« AnteriorContinuar »