trente-cinq, avec huit Monafteres de Filles de cet Ordre CONGREfoûmifes à leur Jurifdiction. GATION DES CAMALDU MICHEL DE Leurs principales Obfervances confiftent dans la Pfal- LES DE S. modie; i's jeûnent prefque la moitié de l'année, ne mangent MURANO. jamais de viande, excepté les malades & les vieillards, ne dorment que fur des paillaffes, & ne portent point de linge. Quant à leur habillement, il eft plus ample que celuides Ermites; ils ne portent point de barbe; quand ils fortent ils ont des chapeaux blancs, doublés de toile noire jufqu'aux bords. Cette Congregation a fourni plufieurs Prélats à l'Eglife, fçavoir, Ange de Anna, Evêque de Sommaripa, & Maphée Gerard, Abbé de faint Michel de Murano, & enfuite Patriarche de Venife, tous deux Cardinaux; Antoine Picolomini, Abbé de faint Sauveur de Berardinghi, ensuite Archevêque de Sienne; Pierre, Abbé de S. Michel de Pife, & enfuite Archevêque de la même ville; Ange de Monte, Antoine Simoni, Antoine de Parme, Eufebe Prioli, Gratian de Gratiani, & plufieurs autres, qui ont été Evêques ou Archevêques. Mais un de ceux qui a le plus fait d'honneur à cette Congregation, eft le docte Ambroife 'Camaldule, dont nous avons déja parlé, qui fut General de cet Ordre. Il fut envoïé par le Pape Eugene IV. au Concile de Bâle, où il foûtint avec vigueur les interêts du faint Siége. Il fe diftingua enfuite aux Conciles de Ferrare & de Florence, où l'on admira la facilité qu'il avoit de s'énoncer en Latin & en Grec, il fut même chargé de dreffer le Formulaire d'Union, entre l'Eglife Grecque & la Latine. Côme de Medicis le confideroit beaucoup, & les Sçavans de fon tems rechercherent fon amitié. IÎ traduifit le Livre de la Hierarchie Celeste, attribué à faint Denis l'Areopagite, & plufieurs Ouvrages Grecs. On a auffi de lui une Chronique du MontCaffin, une Histoire de fon Generalat, des Harangues, des Lettres, un Itineraire, un Traité de l'Euchariftie, &c. Outre les huitMonasteres.de Filles Camaldules foûmises à la Jurifdiction des Superieurs de la Congregation des Moines de faint Michel de Murano, il y en a encore davantage qui font foumis aux Ordinaires des lieux où ils font fitués. Ĉe fut le Bienheureux Rodolphe, quatriéme General de l'Ordre des Camaldules, qui fonda ces Religieufes. Ce faint Homme faifant un jour la vifite des Terres que quelques CONGRE particuliers avoient données à des Monafteres de fon Ordre, CAMALDU entra dans l'Eglife de faint Pierre de Luco in Mugello, pour MICHEL DE Y faire Oraison, felon fa coûtume. On ne fçait s'il eut quelMURANO. que vifion ou quelque revelation; mais ce fut au fortir de LES DE S. cette Eglife qu'il medita la fondation d'un Monastere de Religieufes de l'Ordre des Camaldules. Il en jetta les fondemens l'an 1086. au même lieu, & le dota de rentes de l'Ermitage de Camaldules, à condition neanmoins que fi ces Religieufes tomboient dans le relâchement, les revenus qu'il affectoit à ce Monaftere, retourneroient à leur fource, & qu'on ôteroit les biens temporels à celles qui negligeroient les fpirituels. La premiere Prieure de ce Monaftere fut une excellente fille nommée Beatrix, qui gouverna la Communauté avec tant de prudence & de fageffe, que plufieurs Dames de qualité voulurent fe confacrer à Dieu dans ceMonaftere;commeGothide,femme de Conide Comte de Luco, & Zabuline,femme du Comte Landulphe,qui en prenant l'habit dans ce Monaftere, y donna tous les biens qui lui appartenoient en Toscane, tant dans le Diocéfe de Florence que dans celui de Fiezoli, principalement les Métairies de Montereginaldo & de Riofrido, excepté les ferfs aufquels elle donna la liberté. Le Comte Rameri fit auffi beaucoup de bien à ce Monaftere, & les fouverains Pontifes & les Empereurs lui ont accordé beaucoup de Privileges. Ce Monaftere en a produit plufieurs autres. Il y en a prefentement une vingtaine, dont huit, comme nous avons dit, font fous la Jurifdiction des Moines Camaldules de la Congregation de faint Michel de Murano. Leur habillement confifte en une robe & un fcapulaire de ferge blanche, & une ceinture de laine de même couleur, qui fe lie fur le fcapulaire, & au chœur elles portent une grande coule ; les Converfes n'ont point de coules, mais un manteau, & un voile blanc couvrir leur tête, auffi-bien que celles qui font deftinées pour le chœur, lefquelles ajoûtent par deffus le voile blanc un autre voile noir: elles ont les mêmes Obfervances que les Moines Camaldules.. pour Voiez Auguft. Florent. Hift. Camaldul. & Monaft. ejusd. Ordin. Exordia. Thom. Minis. Catal. SS. & BB. Ordin. Camaldul. Silvani Razzi,Vite de S.& B. de l'Ord. di Camaldoli. Archangel. Haftivil. Hift. Camaldul. Ambrosij Camalduk.. LES DU Hodocporicum. Ughell, Ital. Sacr. Tom. III. pag. 3. De Ble- CAMAL DU CHAPITRE XXI I I. Des Ermites Camaldules de la Congregation de faint Romuald, appellée communément du Mont de la Čouronne, avec la vie du venerable P.Paul Juftinien leurFondateur. N Ous avous vu dans le Chapitre précedent que la fréquentation des Seculiers avoit fait quitter à la plûpart des Camaldules, l'efprit de retraite & de folitude par le voifinage des villes, où ils avoient été établis, & qu'aïant abandonné la vie Eremitique avec toutes les aufterités qui l'accompagnoient, ils avoient embraffé la vie Cocnobitique: & à l'exception de l'Ermitage de Camaldoli, où la vie Éremitique n'a jamais ceffé, l'on peut dire que tout l'Ordre des Camaldules, contre l'intention & l'efprit de fon Fondateur faint Romuald, n'étoit compofé que de Moines Coenobites qui étoient même divifés en Obfervans & Conventuels,lorfque Dieu fufcita le venerable Pere Paul Juftinien pour être le reftaurateur des Ermites de cet Ordre, & les faire vivre dans des bois & des folitudes. Il nâquit à Venife l'an 1476. Son pere qui étoit de l'illuftre famille des Juftiniens, dont nous avons parlé ailleurs, s'appelloit François, & fa mere Paule de Moripeti, qui étoit auffi beaucoup diftinguée par fa Nobleffe. Il reçut le nom de Thomas au Batême ; & dès fes plus tendres années, il fit paroître tant de vertu, qu'il étoit déja l'admiration de tout le monde. Il fit un fi grand progrès dans les fciences que les langues Grecque & Latine lui étoient auffi familieres que la maternelle. Aprés la mort de fon pere & de fa mere, ceux qui avoient foin de fa conduite l'aïant envoïé à Padoue, il s'appliqua pendant onze ans à l'étude de la Philofophie & de la Theologie, où il fit un merveilleux progrès. Il étoit d'une riche taille & d'un port majestueux, qui joints à une grande modeftie,lui attiroient le refpect de tout le monde. Il étoit fi fobre & fi retiré, que fes amis difoient ordi LA COU |