GATION DE CAVE. CONGRI. me er étoit autrefois Archevêque; mais la dignité d'Archevêque & celle d'Archidiacre ont été fecularitées, & les autres Dignités duChapitre font encore occupées par les Religieux. Če Monaftere de Mont-Real fut, comme nous avons dit, uni dans la fuite à la Congrégation de faint Nicolas d'Avenes ; & cette Congrégation aïant fait union avec celle du Mont-Caffin, le Monaftere de Mont-Real est préfentement de fa dépendance, auffi-bien que le Monaftere de Cave qui y fut auffi uni vers l'an 1500. Mais il avoit été érigé en Évêché fuffragant de Salerne par le Pape Boniface IX. l'an 1394. & fut transferé l'an 1515. dans la ville de Cave à deux milles dece Monaftere, dont elle a pris auffi le nom. L'Abbé eft Prélat ordinaire,& Ange de Fondi y celebra en 1628. un Sinode National dont les Conftitutions furent imprimées l'année suivante à Naples. Les premiers Abbés de Cave ont eu le titre de Saints ou de Bienheureux, & ce Monaftere fait l'Office double de fes quatre premiers Abbés qui font faint Alfere, faint Leon, faint Pierre, & faint Conftable. On y fait auffi memoire de quatre autres, qui ont feulement le titre de Bienheureux,qui font le Bienheureux Simon cinquiéme Abbé, le Bienheureux Faucon fon fucceffeur, le Bienheureux Benincafa huitiéme Abbé, & le Bienheureux Leonard onziéme Abbé. Saint Pierre troifiéme Abbé étoit neveu de faint Alfere. 11 avoit été tiré de ce Monaftere pour être Evêque de Policaftro; mais il quitta cette dignité peu de tems après pour retourner dans fa folitude, où faint Leon le choifit pour fon fucceffeur. Ce fut de fon tems que le Pape Urbain II. fit la Dédicace de l'Eglife de ce Monaftere à laquelle affifterent huit Cardinaux,autant d'Archevêques & d'Evêques, & un très grand nombre d'Ecclefiaftiques avec Roger Duc de Salerne, qui en cette occafion augmenta beaucoup les revenus de cette Abbaïe, & lui accorda beaucoup de privileges: entre les autres il confirma celui qui lui avoit été donné par le Duc Gifulphe de pouvoir délivrer dans fes Etats les criminels qui feroient condamnés à mort: il lui donna le domaine de la mer qui eft au pied de la montagne, où eft fituée cette Abbaïe: il l'exemta de tous droits & taxes & s'établit juge des duels, auffi-bien que de toutes les caufes civiles & criminelles. SES DE Il paroît par l'Hiftoire de la Dédicace de cette Eglife que RELIGIEUS ces Religieux marchoient nuds pieds en ce tems-là: car ily RONCEeft rapporté que le Pape approchant du Monaftere, dit au RAY. Duc de Salerne & aux Prélats de fa fuite qu'il feroit indigne qu'ils allaffent à cheval dans un lieu qui étoit habité par des perfonnes qui menoient une vie toute celefte & qui ne marchoient que nuds pieds dans ce même lieu. C'est pourquoi ils defcendirent tous de cheval & allerent à pied jufqu'au Monaftere. Voie Ughell, Ital. Sacr. Tom. 7. pag. 515. Arnold. Wion, Lib. 5. Bolland. 17. Januarii. 17. Februarii. & 14. Martii. Pietr. Anton. Tornamira. Orig. & progreff. della Cong. Caf finenfe. Joann. Mabillon. Acta. SS. Ord. Bened. facul. 6.& Annal. ejufd. Ord.Tom. 4. CHAPITRE XX VI I. Des Religieufes Benedictines de Notre-Dame de Ronceray D Angers. Es le fixiéme fiécle il y avoit dans la ville d'Angers au de là de la riviere de Mayenne, une Eglife dédiée en l'honneur de Nôtre-Dame, où les faints Evêques Melan de Rennes, Aubin d'Angers, Vicor du Mans, Laune de Coutance, & Marfe de Nantes, s'étant affemblés au commencement du Carême, Melan célébra la Meffe,& diftribua à ceux qui étoient prefens les Eulogies que l'on don noit autrefois comme une marque d'union & de charité. Mais Marfe n'aïant pas voulu manger la part de l'Eulogie qu'on lui avoit donnée, à caufe du jeûne, & l'aïant mife dans fon fein, elle fe changea en ferpent. Il reconnut auffitôt fa faute, & en aïant demandé pardon à Melan, Eulo gie reprit fa premiere forme, & il la mangea. C'est dans ce même lieu (où, felon le P. Mabillon, il y avoit des Moines dès le neuviéme fiécle ) que l'on a bâti depuis la celebre Abbaïe de Ronceray,l'une des plus confiderables de France, qui fut fondée l'an 1028. pour des Religieufes Benedictines par Foulques Nerra, Comte d'Anjou, & Hildegarde fa femme, qui renverferent les anciens bâtimens, & en firent conftruire de nouveaux, n'aïant refervé. que les Grottes que Q o ij RELIGIEU RONCE RAY. fouterraines, où les Evêques dont nous avons parlé,s'étoient SES DE affemblés, & où s'étoit fait le miracle pour prouver que la charité devoit être préferée au jeûne: ce qui fit d'abord donner à ce Monaftere le nom de Notre-Dame de Charité: on l'a depuis appellé Notre-Dame de Ronceray. Le Comte d'Anjou & fa femme y fonderent quatre Chanoines, pour être les Directeurs fpirituels de ces Religieufes : & ces Chanoines fubfiftent encore. L'Abbeffe jouit de plufieurs droits confiderables, tant pour les Terres & les Fiefs qui dépendent de fon Monastere, que pour la Seigneurie & la Jurifdiction qu'elle fait exercer par fes Officiers dans la ville d'Angers, dont une partie releve d'elle. Elle a encore à fa presentation & collation un grand nombre de Benefices, Cures, Prébendes & Chapelles, dont elle difpofe. Mais ce qu'il y a de particulier dans cette Abbaïe, c'eft qu'il y a huit Prieurés fimples d'un revenu confiderable, qui font poffedés en titre par des Religieufes de ce Monaftere; foit par préfentation de l'Abbeffe, foit par refignation en Cour de Rome, dans lefquels Benefices les Titulaires ont été maintenuës par un Arrêt célébre, rendu contradictoirement au Confeil Privé du Roi au mois de Septembre 1686. contre les prétentions de Madame de Gramont, qui étoit pour lors Abbeffe, & qui vouloit réunir le temporel & les revenus de ces Prieurés à la Menfe Abbatiale. Cet Arrêt maintint les Titulaires de ces Prieurés dans leurs droits, à condition que la Communauté feroit confervée & obfervée dans cette Abbaïe, même à l'égard de ces Prieures, qui païeroient annuellement à l'Abbeffe une penfion pour leur nourriture & entretien, à proportion du revenu de leurs Prieurés, & feroient un bon usage & loüable emploi du furplus, dont elles donneroient connoiffance à l'Abbeffe d'année en année. On ne reçoit dans cette Abbaïe que des Demoifelles,qui font obligées de faire preuve de leur Nobleffe, tant du côté paternel que maternel. La clôture & la grille n'y ont jamais été établies; & les Religieufes y ont toûjours vêcu d'une inaniere fi édifiante & fi reguliere, que l'on n'a pas crû qu'elles euffent befoin d'une autre barriere pour empêcher la corruption de fe gliffer dans leur Monaftere,que de leur propre vertu, & du bon naturel que le fang & la naissance leur inspire. |