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GATION DE

VIVO.

CONGRE- les Monafteres qui lui furent donnés & y envoïa des Reli SASSO gieux qui le reconnurent toûjours & fes fucceffeurs pour Superieurs Generaux. Il permettoit à ceux qui vouloient vivre en folitude de fe retirer dans l'Ermitage de fainte Marie Del-Vecchio où ils demeuroient fous la conduite de l'Abbé de Saffo-Vivo. Enfin ce Bienheureux Fondateur mourut le 10. Décembre 1090. âgé de foixante & dix ans.

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Aprés fa mort le Bienheureux Denis, qui avoit été fon premier Compagnon fut élu Abbé. Il ne fut pas moins zelé pour l'Obfervance Reguliere que fon prédeceffeur : & les vingt premiers Abbés de ce Monaftere font reputés faints, auffi-bien qu'un grand nombre de fes 'Religieux : ce qui fit qu'on les voulut avoir en plufieurs lieux, enforte qu'en peu de tems cette Congregation eut jufqu'à cent quarante Monafteres, dont il y avoit vingt Abbaïes, fix vingts Prieurés, quarante & une Cures, & fept Hôpitaux, qui tous reconnoiffoient l'Abbé de Saffo - Vivo -Vivo pour General. Il nommoit à fa volonté les Prieurs & les Curés. Les Souverains Pontifes accorderent beaucoup de Privileges au Monaftere de Saffo-Vivo, ils defendirent que perfonne n'y pût faire la vifite, ni dans ceux de fa dépendance, fans ordre de l'Abbé qui auroit seul le droit de les vifiter, de les reformer & d'y faire tels Reglemens qu'il jugeroit à propos, foit par lui, foit par fes Commiffaires : qu'aucun ne pour roit poffeder aucun Benefice de la Congregation, fi dans les Lettres Apoftoliques qui en feroient expediées, il n'y étoit fait mention qu'ils étoient de l'Ordre de Saffo-Vivo: que l'Abbé pourroit conferer à fes Religieux les Benefices qui dépendoient de lui, foit qu'ils euffent charge d'ame ou non; que toutes les Lettres Apoftoliques que les Religieux de cette Congregation pourroient obtenir pour quelque Benefice, feroient nulles, fi l'Abbé de Saffo-Vivo n'y avoit donné fon confentement: qu'il pourroit fe fervir d'Ornemens Pontificaux : & qu'enfin les Religieux aprés la mort de J'Abbé, en pourroient élire un autre de leur Congregation, où de l'Ordre de faint Benoît. Toutes ces graces & plufieurs autres leur furent accordées par les Papes Pafchal II. Innocent II. Alexandre III. Clement III. & Celeftin III.

L'Obfervance Reguliere fut en vigueur dans cette Con

fes gran

gran- CONGRE

CAT.ON DE
SASSO-

gregation jufques dans le quatorziéme fiécle, que des richeffes firent tomber infenfiblement les Religieux dans le relâchement. On fit de tems en tems des Reglemens Vivo. pour y rétablir la regularité; mais cefut toûjours inutilement. Thomas de Foligni trente-troifiéme Abbé de Saffo-Vivo, étant fort avancé en âge, & voïant que fes Religieux ne lui vouloient pas obéir, remit cette Abbaïe entre les mains du Pape Paul II. l'an 1467. ce Pape la donna au Cardinal Philipes de Serzana, Evêque de Boulogne, qui en fut le premier Abbé Commendataire. Ce Prélat voulut y établir la reforme, mais il ne put y réüffir; ce qui fit que le Pape Innocent VIII. à la priere du Cardinal Marc Barbo Venitien, fecond Abbé Commendataire, fupprima cette Congregation: & ce Cardinal introduifit dans cette Abbaïe les Religieux de l'Ordre du Mont-Olivet, qui ont augmenté ce Monaftere & rétabli l'Eglife. La plupart des Monasteres qui en dépendoient, furent donnés à d'autres Ordres, ou devinrent des Benefices fimples: & quelques-uns furent entierement ruinés. Il y avoit deux Abbaïes, quatre Prieurés, feize Paroiffes & quelques Hôpitaux dans le Diocéfe de Foligni; trois Abbaïes, douze Prieurés & dix Paroiffes dans celui de Spolette; fept Cures & deux Hôpitaux dans celui d'Affife: deux Abbaïes & douze Prieurés dans Rome, & plufieurs autres en differens Diocéfes.

Dès l'an 1310. le Monaftere des faints Serge & Bacchus à Rome fut donné à des Prêtres Seculiers, celui des quatre Couronnés dans la même Ville avoit été auffi donné l'an 1417. aux Celestins par l'Abbé de Saffo-Vivo. Les Camaldules prirent leur place quelques tems aprés; & dans la suite on y mit les Religieufes Philippines, dont nous avons parlé dans le quatriéme Tome. Les Moines du Mont-Olivet avoient eu auffi le Monaftere de faint Nicolas de Foligni dès l'an 1326. Les Ermites de l'Ordre de faint Auguftin avoient eù ceux de Perouse & de faint Felix de Giano en 1434. & 1450. & aprés la fuppreffion de cette Congregation, Innocent VIII. donna encore aux Religieux de l'Ordre du Mont-Olivet le Monaftere de faint Pierre de Bovara l'an 1484. Les Obfervantins eurent celui de Capro en 1487. & celui de la fainte Trinité fut donné aux Religieufes Servites l'an 1459. Saint Sauveur d'Aquapagna, qui étoit autrefois

GATION DE

CONGRE- une celebre Abbaïe de l'Ordre des Camaldules, qui avoit SAUVE- été unie à Saffo-Vivo, & étoit tombée en commende, fut unie MAJOUR. à la Cathedrale de Camerino. L'Abbé Commendataire de Saffo-Vivo a environ quarante quatre Benefices à fa Collation.

Voie Jacobelli, Chronica della Chiefa & Monastero di S. Croce di Saffo-Vivo.

S

CHAPITRE XXX I.

De la Congregation de Sauve-Majour en France.

AINTGerard, Fondateur de la Congregation de SauveMajour, nâquit à Corbie dans le onzième fiécle vers la fin du regne du Roi Robert, & fut offert encore jeune par fes parens dans la celebre Abbaïe de ce lieu,pour y être élevé dans la pieté & dans les Lettres, fous la difcipline des Religieux de faint Benoît. Il parut dans tout le tems de cette vertueuse éducation exemt des foibleffes ordinaires à ceux de fon âge. Chacun l'aimoit & l'eftimoit. Il étoit, dit l'Hiftorien de fa Vie, l'admiration de tout le monde; des enfans, parce qu'il les invitoit à bien faire ; des jeunes gens, parce qu'il leur donnoit des exemples de probité & de patience; & des vieillards, parce qu'ils trouvoient en lui une prudence extraordinaire, & qui furpaffoit fon âge. Il s'étudia à acquerir l'humilité,qui eft la mere de toutes les vertus, & obéiffant avec beaucoup de foûmiffion; il voulut imiter Jefus-Chrift, qui a été obéïffant jufqu'à la mort.

Lorfqu'il fut parvenu à l'âge de puberté, il n'oublia pas ce qu'il avoit pratiqué dans fon enfance: il s'efforça au contraire de parvenir à une plus grande perfection; & y montant de vertus en vertus, comme par autant de degrés, il fut reçu à la profeffion Monaftique par l'Abbé Foulques, qui avoit fuccedé à Richard l'an 1048. A peine eut-il fair profeffion, que fon Abbé le fit Procureur du Monaftere, & le chargea du foin de toutes les affaires. Il s'aquitta de cet Emploi avec une fidelité inviolable, fans que cette occupation le détournât de fes exercices fpirituels. Il eut toûjours la même affiduité à la priere, le même zele pour l'abftinence & la mortification,la même vigilance sur soi-même,la même

GATION DE
SAUVE-

foûmiffion à la Regle & à fes Superieurs, la même charité CONGREpour fervir ceux du dedans & du dehors, la même humilité dans fes fentimens, les foûmettant toûjours au jugement de Mou. fes Superieurs, & la même prudence dans fa conduite, ne donnant que des fujets d'édification & des exemples de fageffe dans toutes les actions.

Il travailla extraordinairement avec l'Abbé pour rétablir les affaires de l'Abbaïe que les guerres précedentes avoient reduites en mauvais état. Il y étoit occupé le jour & la nuit. Son fommeil étoit fort court & fort interrompu ; les hcures du boire & du manger peu reglées, & il ne diminuoit rien pour cela de fes jeûnes & abftinences, fon zele pour fes regles, fon amour pour la mortification, & fa charité pour les freres lui faifant mépriser jusqu'à sa propre

fanté.

Ce genre de vie auquel Gerard n'étoit point accoûtumé, le rendit infirme& épuifa fes forces. Il fut attaqué d'un mal de tête fi violent, qu'il ne lui donnoit aucun relâche ni le jour ni la nuit, ce qu'il fouffroit avec une patience admirable. Se voïant abandonné des Medecins, dont tous les remedes avoient été inutiles, il attendit la guérison de Dieu feul. Cette maladie capable d'abbattre tout autre courage que le fien, ne l'empêchoit pas de mettre en pratique les vertus heroïques dont fon ame étoit ornée:au contraire, elle lui procura un nouveau moïen de fecourir le prochain dans fes befoins: car aïant eu permiffion de fon Abbé de recevoir de fes parens & de fes amis, les prefens qu'ils lui envoïeroient pour fon foulagement; au lieu de s'en fervir, malgré le grand befoin qu'il en avoit, il aimoit mieux les faire diftribuer aux pauvres, fe fervant pour cela d'un yalet que l'Abbé lui avoit donné pour le fervir dans fa maladie, outre que tous les jours il en fervoit trois à fa table, après leur avoir lavé humblement les pieds.

Son Abbé aïant quelques affaires à Rome, qu'il vouloit communiquer au Pape Leon IX. le prit pour l'accompagner, quoiqu'il fût encore fort mal, & que les incifions qu'on lui avoit faites à la tête ne fuffent pas refermées. Il ne laiffa pas en cet état d'entreprendre ce voïage, que des perfonnes fortes & robuftes ne feroient qu'avec peine. Il alloit toûjours feul dans le chemin, parce que la converfation qui

CONGRE pouvoit être une confolation aux autres dans un auffi long CATION DE & fi penible voïage, ne faifoient qu'augmenter fon mal de MAIOUR. tête, qui étoit toûjours fi violent, qu'il ne pouvoit entendre

le

parler fans reffentir de nouvelles douleurs. Etant arrivés à 'Hofpice de faint Denis, qui,felon le Pere Papebroch,étoit à Thiers ou à Feurs, le Serviteur qui avoit foin de panfer les plaïes de Gerard, voïant qu'au lieu de fe refermer, elles augmentoient tous les jours, lui confeilla de ne pas aller plus loin, & en parla à l'Abbé, qui fit auffi ce qu'il put pour refoudre à ne pas continuer fon voïage. Ils jugerent par fes plaïes exterieures que le mal qu'il devoit reffentir étoit grand, quoiqu'il n'en témoignât rien. Mais l'efperance de recouvrer la fanté aux tombeaux des faints Apôtres, lui fit continuer fon voïage. Il voulut même monter à pied le mont S. Bernard & le Mont-Gauci : & arriva enfin à Rome avec beaucoup de difficulté.

Après y avoir demeuré huit jours, l'Abbé voulant fuivre le Pape, qui alloit au Mont- Gargan. Gerard ne voulut point abandonner fon Abbé. Mais il leur arriva un accident dans le chemin : ils tomberent entre les mains des voleurs, qui les dépouillerent & leur prirent leurs chevaux. Ils allerent au Mont-Caffin, & de-là au Mont- Gargan: mais Dieu ne permit pas que Gerard recouvrât la fanté, ni à Rome, ni au Mont-Callin, ni au Mont- Gargan. Ce miracle étoit reservé à faint Adelard,comme nous l'allons dire. Leur voïage fini, & étant de retour à Corbie, Gerard y rentra comme pour y trouver bien-tôt le repos du tombeau:c'eft pourquoi n'aïant plus d'efperance de vivre, il ne s'appliqua qu'à affurer le falut de fon ame, redoublant fes exercices de picté & de charité.

Il y avoit déja un an qu'il étoit de retour, lorfque le Sacriftain mourut. On lui donna.cet Emploi qu'il accepta par obéïffance. La nouvelle Eglife qu'on avoit bâtie depuis peu étoit abandonnée; toutes fortes d'animaux y entroient, & elle étoit pleine d'immondices; il la nettoïa, l'orna & l'embellit, fi bien que cela engagea les Religieux à y tranfporter les Reliques de faint Adelard ; & ce fut dans cette Tranflation que par les merites de ce Saint, Gerard recouvra entierement la fanté. Il entreprit enfuite le Voïage de la TerreSainte avec la permiflion de fon Abbé, & à peine fut-il

retourné

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