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liers de Marbac & de Franchental, &c. Enfin aprés avoir CONGREété Abbé d'Hirfauge pendant vingt-deux ans & s'être ac- D'HIRSAUquis le titre de Reftaurateur de la difcipline Monaftique en Allemagne, il mourut le 5. Juillet 1091. Les plus illuftres. de fes difciples, furent faint Thiemon, Archevêque de Salzbourg, Gebehard Evêque de Conftance, & Legat du faint Siége, faint Theoger Evêque de Metz,& Gebehard Evêque de Spire.

Ce dernier fut d'abord fon fucceffeur dans le gouvernement d'Hirfauge, avant que de monter fur le Siége Episcopal de Spire. Il y maintint l'Obfervance Reguliere que faint Guillaume y avoit établie, auffi bien que dans les autres Monafteres de fa dépendance: ce que firent auffi les Abbés Brunon, Volmar, & Hartwige. Mais fous le gouvernement de Manegolde dix-feptiéme Abbé d'Hirfauge, qui fut élu l'an 1157. il y eut quelque divifion entre lui & fes Religieux. Ceux-ci fe plaignoient de ce qu'il ufoit envers eux d'une trop grande authorité, qu'il méprifoit leurs confeils pour fuivre ceux de fes Domeftiques, qu'il foûtenoit dans tout ce qu'ils faifoient au préjudice même du Monaftere, approuvant jufqu'aux infolences exceffives qu'ils commettoient tous les jours contre la Communauté, ou contre les particuliers, & qu'au lieu d'y mettre ordre, il maltraitoit encore les Religieux, que ces mêmes domestiques avoient infultés. Leurs plaintes n'étoient pas fans fondement: car un jour que cet Abbé étoit abfent, un de fes domestiques aïant fait quelque chofe qui étoit contraire au bien du Monaftere, un Religieux l'en reprit ; mais le domeftique reçut cette correction avec tant d'infolence & de mépris,que fe jettant fur ce Religieux, il lui donna quelques coups & le jetta à fes pieds, ce qui fit que le Prieur fit mettre em prifon cer homme qui y refta jufqu'au retour de l'Abbé qui au lieu de corriger un tel excès lui donna la liberté, & At mettre en fa place le Religieux qui avoit été frappé : ce qui irrita davantage les Religieux contre leur Abbé. Un procedé fi indigne & fi injufte auroit eu fans doute de facheufes fuites; mais par l'entremile de faint Hildegarde, As fe réunirent & vêcurent dans la fuite en bonne intelligence. Cette divifion qui avoit alteré la charité, avoit auffi donné quelque entrée au relâchement; mais par les foins de

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HISTOIRE DES ORDRES RELIGIEUX, CONGRE- l'Abbé, qui malgré cet amour dereglé qu'il avoit pour ses D'HIRSAU Domeftiques, étoit fort zelé pour les Obfervances Regu lieres, les Religieux reprirent leur premiere ferveur, s'attacherent plus que jamais à la pratique de leur Regle, Rupert & Conrad qui lui fuccederent de fuire ,y maintinrent auffi la Regularité: mais Henri leur fucceffeur,qui fut élu l'an 1188. après la mort de Conrad, fe mit plus en peine du temporel que du fpirituel : enforte que pendant huit années qu'il fut Abbé, l'Obfervance Reguliere fut prefque bannie de ce Monaftere. Il reconnut à la fin la faute qu'il avoit faite, & voulant en faire penitence, il fe demit de fon Abbaïe en 1196. fe contentant du Prieuré de Roth, que les Religieux d'Hirfauge lui laifferent pour fon entretien, du confentement de l'Abbé Marquard, qui fut fon fucceffeur.

Celui-ci étoit affez porté pour la Regularité ; mais il ne put executer le deffein qu'il avoit de la rétablir dans fon Monaftere, en étant empêché par les affaires qu'il eut à foûtenir contre le Comte Adelbert, qui en étoit Advoüé,& qui au lieu d'en être le Protecteur, s'érigea en Tyran, & voulut lui ôter tous les Privileges & Immunités dont il joüiffoit. Il ufa de violence envers les Religieux en plufieurs rencontres : & comme il tenoit le parti de Philippes de Suaube, qui avoit été élu pour Empereur par quelques-uns de fon parti, & que les Religieux ne vouloient point reconnoître,à caufe des cenfures que le Pape Innocent III. avoit fulminées contre lui, il les chaffa tous du Monaftere, & les reduifit dans une fi grande neceffité, qu'ils avoient à peine du pain & de l'eau.

Il y eut dans la fuite quelques Abbés qui tâcherent d'apporter quelque réforme dans ce Monaftere ; mais ce fut inutilement, Il y eut d'autres Abbés & en plus grand nombre, qui par le mauvais exemple qu'ils donnoient eux-mêmes aux Religieux, les entretenoient dans le relâchement : enforte que les Coûtumes de faint Guillaume, fi connuës fous le nom de Coûtumes d'Hirfauge, & qui avoient fervi de regle à tant d'autres Monafteres, y étoient entierement abolies & même inconnuës, lorfque Wolfram, trente-huitiéme Abbé introduifit dans ce Monaftere d'Hirfauge la Réforme, qui avoit commencé dans celui de Melek au tems du Concile; & l'an 1457. ce même Abbé voïant que cette Congres

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gation de Melek ne pourroit pas fubfifter, il y fit recevoir ORDRE DE la Reforme de Bursfeld, dont nous parlerons dans la suite. Joan Trith. Chronic. Hirfaug. Joann. Mabillon, Acta. SS. Ord. S. Bened. facul. 6. Tom. 11. & Annal. ejufd. Ord. Tom. 3. 4. Bucelin, Menolog. Bened, & aquil Benedi&t.

CHAPITRE X X X II I.

De l'origine & progrès de l'Ordre de Citeaux, avec les
Vies de faint Robert, faint Alberic, & faint Etienne,
Fondateurs de cet Ordre.

C'ES

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'EST avec juftice que l'Ordre de Cîteaux, qui a été une très floriffante & très illuftre Congregation de l'Ordre de faint Benoît, a merité les louanges qui lui one été données par tant de fouverains Pontifes, d'Empereurs, de Rois, & de célébres Ecrivains : & quoique cet Ordre foit beaucoup déchu de fon ancienne fplendeur, il ne laiffe pas encore de faire un des plus beaux ornemens de l'état Monaftique. Saint Robert en fut le premier Fondateur ; il étoit originaire de Champagne, & fes parens étoient également nobles & vertueux. Sa mere nommée Ermengarde étant groffe de lui, vit en fonge la fainte Vierge qui tenant un anneau d'or en la main, promettoit d'époufer le fils qu'elle portoit en fon fein. C'est pourquoi à peine eut-il atteint l'âge de quinze ans, que pour fe donner tout entier au service de cette Reine des Anges qui l'avoit deftiné pour fon Epoux, il fe fit Religieux dans l'Abbaïe de Montier-laCelle, de l'Ordre de faint Benoît, où il fit un fi grand progrès dans la perfection, que quelques années après fa profeffion, il fut fait Prieur de ce Monaftere, & enfuite Abbé de faint Michel de Tonnere, où il tâcha de rétablir la Difcipline Reguliere: mais ce fut inutilement, parce que les Religieux traverferent fes bonnes intentions.

Quelques Ermites d'une forêt voifine qui s'étoient affemblés dans un defert appellé Colan, aïant entendu parler de l'Abbé Robert, le prierent de fe charger de leur conduite : mais les follicitations du Prieur de fon Monaftere, & de quelques anciens Religieux, qui appréhendoient de le perdre, l'empêcherent de rendre ce fervice à ces pauvres Ermites:

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ORDRE DE enforte qu'il fe contenta de les confoler par Lettres. Ces CITEAUX Religieux de Tonnerre qui devoient profiter des avis falutaires & des bons exemples de leur faint Abbé, continuerent à vivre dans un fi grand relâchement, que le Saint perdant toute efperance de pouvoir rien avancer avec eux pour la gloire de Dieu, les quitta pour retourner dans fon premier Monaftere de Montier-la-Celle, afin d'y fervir Dieu avec moins de trouble & d'inquiétude, aimant mieux obéir que commander; mais fon merite ne permit pas qu'il reftât long-tems dans cet état: car il fut bien-tôt après élu Prieur de faint Aigulphe, qui étoit un Monaftere de la dépendance de cette Abbaie. Quelque tems après les Ermites de Colan, qui malgré la mauvaife iffuë qu'avoit euë la premiere demande qu'ils avoient faite de faint Robert pour leur Superieur, avoient refolu abfolument de fe foûmettre à fa conduite, afin de mieux réüffir, & qu'on ne pûr pas le leur refufer, s'addrefferent au Pape, duquel ils obtinrent un Bref, qui ordonnoit à l'Abbé de Montier-la-Celle de leur donner le Saint, puifqu'ils l'avoient élu pour les gouverner. L'Abbé ne put fe difpenfer d'obeïr, & Robert accepta cet ordre avec plaifir, tant pour obéir à fes Superieurs, que pour contenter ces bons Ermites, & vivre avec eux dans la retraite & l'éloignement du monde. Il partit donc, & arriva dans la folitude de Colan, où les Ermites qui y demeuroient & quit l'avoient demandé avec tant d'inftance, le reçurent comme un Ange envoïé de Dieu pour leur fervir de guide dans ce defert. Neanmoins parce que cette folitude étoit mal faine Robert les conduifit dans la forêt de Molefme, où de leurs propres mains ils bâtirent des cellules avec des branches d'ar bres, & un petit Oratoire en l'honneur de la fainte Trinité.

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La pauvreté de ces Religieux étoit extrême dans les commencemens ; ils étoient prefque nuds, & ne vivoient que de legumes. Mais plufieurs Seigneurs du païs par une fainte émulation, leur arant donné à l'envi ce qui étoit neceffaire pour leur entretien, & le revenu temporel étant augmenté notablement,les richeffes les firent tomber dans un fi grand relâchement,que S. Robert ne pouvant ni par prieres. ni par remontrances arrêter leurs déréglemens,ni les maintenir dans l'Observance,fe retira dans un defert appellé Haur, où il y avoit des Religieux qui vivoient dans une grande

union & fimplicité de cœur. Ils le reçurent avec beaucoup ORDEE DE de tendreffe, s'eftimant heureux de le poffeder. Il travailloit CITEALX. avec eux de fes propres mains pour pouvoir fubfifter, & il emploïoit à la priere & à la meditation le tems qu'il ne travailloit pas de forte qu'une vie fi auftere, fi fainte & fi édifiante, obligea ces Religieux à l'élire pour leur Abbé. Mais il ne les gouverna pas long-tems; car ceux de Molefme fe repentant de ce qu'ils avoient été la caufe de fa retraite, interpoferent l'authorité du Pape & de l'Evêque de Langres pour le faire revenir chez eux, & pour les gouverner en qualité d'Abbé, comme il avoit fait avant fa retraite : Cela leur réüssit ; mais comme ce repentir n'étoit fondé que fur la confideration du temporel,qui n'alloit pas fi bien depuis fon abfence, leur fauffe penitence ne produifit aucun fruit, & la Regularité n'en fut pas mieux observée.

Quelques Religieux neanmoins faifant reflexion que leurs ufages ne s'accordoient pas avec la Regle de faint Benoît, qu'ils entendoient lire tous les jours en Chapitre, & qu'ils. avoient promis d'obferver, commencerent par s'en entretenir en particulier, fe plaignant de leur infidelité, & chercherent ferieusement à y remedier. Le bruit s'en étant répandu dans la Communauté, les autres Religieux qui n'avoient pas le même zele, fe moquerent de ceux ci, & vouloient les détourner de leur deffein par toutes fortes de moïens: mais les zelés, fans s'en mettre en peine, demandoient à Dieu par de ferventes prieres de les conduire en quelque lieu, où ils puffent fidellement accomplir leurs vœux, voïant bien que tant qu'ils feroient en la compagnie de ceux qui ne vouloient point de réforme, il leur feroit difficile d'y réüffir.

Ils ne voulurent rien entreprendre fans en avoir confulté l'Abbé, conformément à la Regle, qui défend de rien faire fans fa permiffion. Ils furent donc trouver Robert, & lui dirent qu'ils étoient refolus de se retirer avec fa permission dans quelque lieu folitaire, où ils puffent fans aucun empê chement obferver ce qu'ils avoient voué à Dieu. Non feúlement ce faint Abbé loüa leur deffein, mais il promit de les aider & de fe joindre à eux ; & pour ne fe conduire que par l'autorité des Superieurs, il alla avec fix Religieux des plus zelés à Lyon trouver l'Archevêque Hugues, Legat du faint Siege, & lui dit qu'ils étoient refolus de pratiquer exacte

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