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BERNAR

TALIE.

étenduë & fa magnificence, & que quelque foin que lés DINS DL Abbés Commendataires bien intentionnés dont nous avons parlé,aïent pris pour la rétablir &l'embellir, auffi-bien que les Abbés Reguliers qui leur ont fuccedé, ils n'ont pû réparer entierement les torts confiderables que les autres Abbés Commendataires lui ont caufés par leur avidité & leur mauvaise conduite.

Tous les Monasteres de l'Ordre de Flore ne pafferent pas à celui de Câteaux. Le Monaftere de faint Etienne del Bofco fut rendu, comme nous avons dit, aux Chartreux l'an 1513& les Religieux de l'Ordre de faint Dominique ont aussi eu le Monaftere de la Bagnara, qui étoit confiderable, aïant vingt-fix Eglifes de fa dépendance. L'on ne peut pas dire le tems que les autres Monafteres de l'Ordre de Flore pafferent à celui de Cîteaux : quelques-uns croient que ce fur vers l'an 1570. Celui de Flore qui étoit Chef de tout l'Ordre appartient, comme nous l'avons dit, à la Congregation de Calabre,auffi-bien que ceux de Fonte Lauretano au Diocéfe de Tropeia & de fainteMarie de Calabro dans la Campagne

de Rome.

Y

Il y en a qui ont confondu cet Ordre avec celui de Cîreaux; mais il eft certain qu'ils avoient des Obfervances differentes, puifque le Pape Gregoire IX. l'an 1227. défendit aux Religieux de Cîteaux de recevoir parmi eux ceux de Flore à caufe que cet Ordre étoit plus auftere. Jacques Grec & Gregoire de Laude,pour montrer la difference qu'il avoit entre ces deux Ordres, rapportent l'ordre que les Religieux de Flore gardoient dans la récitation de l'Office Divin, qui étoit different de celui de Cîteaux: ceux qui ont confondu ces deux Ordres, font en quelque façon excufables, puifque l'on peut regarder l'Ordre de Flore comme une branche de celui de Citeaux: mais on ne peut excufer Schoonebeck, qui dans fon Hiftoire des Ordres Religieux.confondant l'Abbaïe de Flore en Calabre avec celle de Fleuri, ou faint Benoît fur-Loire en France, dit qu'on y conferve le Corps de faint Benoît que les Benedictins de la Congregation de faint Maur ont fait mettre dans une belle châffe.

Quant à l'habillement des Religieux de l'Ordre de Flore, il étoit d'une étoffe groffiere & blanche, & à peu près femblable, quant à la forme, à celui de l'Ordre de Cîteaux. Ils

alloient

TV.P.400

Religieux de L'ordre

de Flore

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alloient nuds pieds,& au Chœur ils mettoient une coule deffus leur habit ordinaire,

par RELIGIEUX

Jacobus Græcus Syllanæus, Joachim Abb. & Florenfis Ordinis Chronolog. Gregorius de Laude, B. Joachim mirabilium veritas defenfa. Chrifoftom. Henriquez, Menolog. Ciftert. ejufdem Fafciculus SS. Ord.Ciftert. Ang. Manriq. Annal. Ord. Ciftert. Tom. 2. & 3. Afcag. Tamburin. de fur. Abb. Tom. z. Difput. 24. Silveftr. Maurol. Mare Oceano di Tutte le Relig. pag. 165. Bollandus, Act. SS.Tom. 7. Maii die 26. Schoonebek, Hift.des Ord. Religieux. & Philipp. Bonanni, Catalog. Relig. Ord.

CHAPITRE XXX VIII.

Des Religieux Reformés de l'Ordre de Citeaux, appellés en France Feuillans, & en Italie, les Reformés de faint Bernard, avec la Vie de Dom Jean de la Barriere, leur Reformateur & Inftituteur.

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E toutes les Reformes de l'Ordre de Citeaux, il n'y en a point de plus confiderable que celle de NôtreDame de Feuillans, puifqu'elle a formé un Ordre distinct & feparé, qui eft une branche de celui de Cîteaux, & qui eft prefentement divifé en deux Congregations, gouvernées chacune par un General particulier. Dom Jean de la Barriere en a été l'Inftituteur. Il étoit d'une Famille illuftre du Vicomté de Turenne en Querci. Son pere s'appelloit Barthelemi de la Barriere, & la mere Leonarde de Amadon, fille de M. de Amadon, Confeiller au Grand Confeil. Il nâquit à S. Ceré,petite ville de cette Province,le 23. Avril 1544. Il fut élevé avec grand foin, & reçut de fes parens non feulement l'éducation qui étoit convenable à fa condition, mais encore les premieres teintures d'une pieté plus qu'ordinaire. Il commença fes études à Bourdeaux & à Toulouse, & les acheva à Paris, où il eut pour Maître le fçavant Arnaud d'Offat, qui depuis a été Evêque de Renne & de Bayeux, & enfuite Cardinal.

A l'âge de dix-huit ans Charles de Cruffol, fils du Comte de Cruffol, Grand Pannetier de France, aïant embraffé l'Héréfie, lui réfigna l'Abbaje de Feuillans en 1562. & il en

Tome V.

Eee

FEUILLANS

FEUILLANS

RELIGIEUX prit poffeffion en 1565. Il la tint onze ans en commende, fans prendre d'autres foins pour les fruits qu'il en recevoit, que de dire fon Breviaire, & d'en procurer les avantages temporels. Mais en 1573. après plufieurs combats interieurs, il fut fi vivement touché de Dieu, qu'il abandonna entierement le monde pour entrer dans l'Ordre des revenus duquel il joüiffoit. Il en obtint à cet effet les permiffions neceffaires,& après l'année de probation dans le Monaftere d'Aune du même Ordre, au Diocéfe de Toulouse, où il s'étoit retiré à cet effet, il fit fa profeffion folemnelle avec beaucoup de pieté & de ferveur.

Il alla enfuite réfider à fon Abbaïe, où fa premiere occupation fut de réformer les abus qui s'y étoient gliffés par le relâchement de la Difcipline Réguliere; mais il y trouva tanc d'oppofitions de la part des Religieux, & de quelques perfonnes Séculieres qui entroient dans leurs interêts,qu'il réfolut de quitter fon Abbaïe pour fe retirer dans une folitude, afin d'y vivre seul & feparé des hommes, à l'exemple des anciens Anachorettes. Comme il étoit fage & prudent, il ne voulut pas fe croire lui-même, ni entreprendre une vie fi difficile & expofée à tant de dangers fans prendre confeil: c'eft pourquoi il en écrivit à M. d'Offat fon ancien Maître, qui, étant à la fuite de M. de Foix Archevêque de Touloufe en qualité de Secretaire dans l'Ambaffade dont ce Prélat fut honoré à la Cour de Rome, lui fit une réponse très judicieufe que l'on trouve dans fes Lettres d'Etat, par laquelle loüant fon zele, il lui confeille de ne pas chercher la folitude dans les bois & les cavernes de la terre où il ne pourroit ni fecourir le prochain,ni accomplir les commandemens de l'Eglife,ni s'acquiter des devoirs du Sacerdoce où il avoit été promû, mais qu'il pouvoit être Solitaire au milieu de fes Freres, en gardant le filence, & obfervant exactement fa Regle. Il reçut cet avis comme venant de la part de Dieu,& il s'arrêta à la premiere réfolution qui étoit de réformer son

Monaftere.

Ce grand deffein fut d'abord combattu par des obftacles qui paroiffoient invincibles: il fut abandonné de tous fes Religieux : il y en eut même qui attenterent à fa vie. Il demeura pendant quatre ans fans trouver d'imitateurs de l'aufterité qu'il pratiquoit, qui étoit fi grande, que pendant tout ce

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