Imágenes de páginas
PDF
EPUB

tion particuliere,cela s'entendoit du Roy de France. Que l'on parcoure l'Hiftoire d'Angleterre par Matthieu Paris, Religieux Benedictin du Monaftere de faint Alban, mort en 1259. & l'on y trouvera que tout Anglois qu'il étoit, il appelloit nettement le Roy de France, Roy des Rois de la terre.

[ocr errors]

Le titre d'Empereur n'a pas même été refufé à nos Rois: témoin en foit un Sceau du Roy Pepin, pere de CharlesMagne, dans l'éxergue duquel on lit ces mots: Pipinus Imperator. Aubery Auteur en 1649. d'un livre où il traite de la Prééminence de nos Rois, affure page 155. avoir vu ce Sceau entre les mains de M. Juftel. L'on a des titres de Phi Hippe I de Louis le Gros, de Louis le Jeune, de Philippe II. & de Louis VIII. dans lefquels ces Rois de la 111. Race font nommez, ou Empereurs de France ou Auguftes, & leur Regne qualifié d'Empire. On peut voir des Extraits de ces titres chez le même Aubery page citée cy-deffus, d'aprés Herfent Auteur d'un Traité de la Souveraineté du Roy à Mets, dans lequel celui-ci cite Simon Champier, qui dans le XVI. fiecle compofa un Traité Latin de la triple Monarchie, où il dit, qu'il y a deux Rois

qui font qualifiez Empereurs : fçavoir, le Roy de France, & le Roy des Romains. Enfin perfonne n'ignore que depuis long-temps l'Empereur des Turcs, ne qualifie jamais le Roy, lorfqu'il lui écrit, que du titre d'Empereur des François ce qui eft auffi pratiqué par tous les Souverains Orientaux. Nous en avons eu deux preuves de nos jours.

Que fi nos Rois ont cedé le pas à l'Empereur d'Occident, ils ont toûjours été en poffeffion d'avoir la premiere place aprés lui, & la préfeance fur tous les Rois de la Chiétienté, même fur celui des Romains, du vivant de l'Empereur, quoi que défigné fon fucceffeur. Cela fut obfervé par le Pape Clement VII. dans fon Bref pour la convocation du Concile de Trente, en date du mois de Janvier 1533. le Roy François I. y fut nommé avant Ferdinand I. Roy des Romains, frere de l'Empereur Charles V. On en ufa de même dans la feance de ce Concile, du 29. Janvier 1546. où en. faifant la lecture des lettres adreffées à tous les Potentats Chrétiens, celle qui étoit pour le Roy de France fut lûë aprés celle qui étoit pour l'Empereur, & avant celle deftinée pour fon frere le Roy, des Romains. C'est ainfi que le rappor

te (a) Campeggio Evêque de Feltri, qui fut prefent à cette feance.

Cet ufage n'étoit pas nouveau pour le S. Siege, puifque dans le plus ancien Ceremonial Romain qui ait été conservé à la pofterité, & qui fut dreffé fur le modele des autres Ceremoniaux encore plus anciens, fous le Pontificat de Jules II. en 1504. la premiere place y eft affignée au Roy de France, immediatement aprés l'Empereur, & enfuite au Roy d'Angleterre, puis à celui de Caftille. C'eft ainfi qu'en parle le fameux Jerôme Bignon, dans un Traité qu'il fit impri mer en 1610. fous ce titre: De l'Excellence des Rois, & du Royaume de France Aubery en a fait auffi mention dans fon Traité cité ci-deffus.

Charles I. Roy d'Espagne, ayant été élû Empereur V. du nom, eut en cette derniere qualité la préfeance fur le Roy de France. Philippe II. fon fils, & fon fucceffeur à la Couronne d'Espagne, s'imagina pouvoir fe maintenir dans la poffeffion où étoient, depuis prés de quarante ans, les Ambaffadeurs de fon pere, de préceder ceux de France. Cela forma à Venife une conteftation trés-vive, l'an (a) De autoritate facrorum Conciliorum,

ch. 1.6.

1558. entre François de Vargas fon Ambaffadeur, & François de Noailles Evêque d'Acqs, Ambaffadeur de France. Le premier s'étoit dit d'abord Ambaffadeur de Charles V. & de Philippe fon fils, & par-là il avoit prétendu avoir le premier pas mais le fecond fit voir qu'un Empereur qui s'étoit dépouillé de fa Dignité & de les Etats, n'étoit plus en droit d'envoyer des Ambaffadeurs : d'autant plus qu'il en arriva un presqu'en même temps de la part de l'Empereur Ferdinand. Ainfi il foûtint que Vargas ne devoit être regardé que comme l' Ambaffadeur du Roy d'Espagne; & que par confequent les chofes retournant dans l'ancien droit, lui Ambaffadeur de France, devoit avoir la préfeance. Elle lui fut adjugée par le Senat de Venife, qui trouva dans fes Regiftres, que l'Ambaffadeur de France avoit toûjours précedé ceux des autres Rois. On peut voir le recit de ce débat, avec la décifion, dans l'Hiftoire de Venife, par André Morofini, liv. VIII.

Les Espagnols firent encore une pareille tentative au Concile de Trente; mais elle ne leur réüffic pas mieux, non plus qu'à Rome en 1564. où le Pape Pie IV. décida en faveur de la France. Les

Grifons en uferent de même, en la même année, dans leur Diete à Coire, où Pomponne de Bellievre, depuis Chancelier de France, emporta la préfeance fur le Comte d'Angufolo Ambaffadeur d'Efpagne. L'Aflemblée des Etats de Pologne pour l'élection d'un Roy en 1573. adjugea de même le premier pas aux François fur les Efpagnols, quoique appuyez des Imperiaux.

Ils voulurent faire encore une tentative à Rome en 1988. lors de la Canonifation de Diego d'Alcala, Cordelier Efpagnol, connu fous le nom de faint Didace; mais le Comte d'Olivares, qui l'avoit entreprise, fut obligé de ceder au Marquis Pifani notre Ambaffadeur, & de fe retirer de la ceremonie, quoique faite aux dépens du Roy d'Efpagne. Ciccarella en fait le recit dans la Vie de Sixte V. Nicolas Brulart, Marquis de Sillery, depuis Chancelier de France, étant Ambaffadeur à Rome en 1601. l'emporta de même fur le Duc de Seffa, Ambaffadeur d'Espagne, lors de la Canonifation de Raimond de Pennafort, autre Saint Efpagnol; ainfi que M. de Breves, lors de la Beatification d'Ignace de Loyola en 1609. Il y eut encore quelques autres vaines tentatives de la part des Elpas

« AnteriorContinuar »