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fement de fes ennemis, mais dans la 1530. réforme des abus de fon royaume, & 1531. dans le perfectionnement des différentes parties de l'administration intérieure.

Il ne renonça pourtant à aucun de ses projets de vengeance & d'ambition, mais il les fuivit avec moins d'ardeur, & il les prépara mieux ; ce qui fut encore une fuite de l'efprit de réflexion que les Lettres nourrirent en lui.

Il fe partageoit entre les foins de l'adminiftration intérieure & les intrigues de la politique au-dehors.

Le premier objet, devenu le plus important à fes yeux, fut rempli par des réformes & des établissemens utiles; tels furent, par rapport à l'administration & à la réformation de laJuftice, les grands jours tenus à Poitiers & ailleurs, divers Réglemens, diverses Ordonnances que la fageffe du Roi lui dicta pour le bonheur de fes peuples; telle fut, pour la perfection de l'Art Militaire, l'inftitution de Légions nationales. Nous nous étendrons fur ces objets dans la partie où

nous

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nous examinerons les progrès de l'ef-
prit humain, fous le regne de Fran-
çois Premier, dans les Lettres ; dans
les Arts & dans les Sciences.

Un des principaux foins dont s'oc-
cupa François Premier pendant la
paix, fut de confommer la réunion
de la Bretagne à la Couronne, com-
me un de fes premiers foins, à fon
avènement, avoit été de confirmer
celle de la Provence, que les Ducs de
Lorraine avoient difputée à tous fes
prédéceffeurs depuis Louis XI. (1)

Quant à la Bretagne, on a vu dans l'Introduction, que la Reine Anne avoit toujours voulu affurer à cette province un Duc particulier. Cette maniere d'envisager les interêts de fa Patrie, lui étoit commune avec prefque toute la province. (2) D'ailleurs les intérêts particuliers, dont

(1) Les Lettres de confirmation de la réunion a la Provence, font du mois d'Avril 1515. Les droits des Contendans feront exposés dans une differtation particuliere.

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(2) Ceux qui voudront entrer dans la grande
queftion de l'indépendance de la Bretagne, queftion
qui devient étrangere iei
, peuvent confulter ce
qu'ont écrit fur ce fujet, d'un côté D. Lobineau
dans fon Hift. de Bretagne; de l'autre, l'Abbé de
Vertot dans fon Traité hiftorique de la mouvance de la
Bretagne; ils peuvent voir auffi M. des Thuilleries,
Differtation fur la mouvance de Bretagne.
Tome III.

F

1530.

1531.

l'intérêt public n'eft jamais que le

1530. mafque, s'oppofoient à la réunion. 1531. Les Seigneurs qui defcendoient de la Maison Ducale par femmes, (1) pouvoient-ils ne pas combattre un projet, qui établissant pour le Duché le même ordre de fucceffion que pour le royaume, détruifoit toutes leurs espérances? Ils alléguoient & les loix générales du pays & les conven: tions particulieres.

Les loix du pays n'admettoient point les difpofitions de la Loi Salique, & le contrat de mariage entre Louis XII. & Anne de Bretagne, portoit expreffément que fi la Reine mouroit fans enfans, ou fi fa poftérité venoit à s'éteindre, le Duché pafferoit à fes plus proches héritiers iffus de la Maifon de Bretagne.

Mais il reftoit un moyen efficace & légitime d'annnller ces conventions, & de changer les loix du pays, relativement à la loi Salique. (2)

(1) Les droits de la Maifon de Rohan fuivoient immédiatement les droits de la Maifon de France. François II. pere d'Anne de Bretagne, avoit épousé la fille aînée de François Premier, Duc de Bretagne, un de fes prédécefleurs ; & Jean II. Vicomte de Rohan, avoit époufé la cadette.

(2) Voyez l'Eclairciffement, T. 4. P. $42. & suivg

Le Chancelier Duprat cherchoit ce moyen. Son efprit s'épuifoit en 1530. expédiens, il avoit imaginé divers 1531. D'Argentré, projets, & dreffé divers Mémoires. Hift. de Bret. Cette affaire étoit depuis long-temps liv. 12. chap. le grand objet des délibérations du 470. Confeil, lorfque le Roi, pour en fa

ciliter le fuccès, prit le parti de faire 1530. un voyage en Bretagne. (1)

1531.

Le Chancelier voulut fonder les 1532. efprits & prendre des inftructions fur les lieux; il s'entretenoit de cette af- En1532 faire avec un Préfident au Parlement de Bretagne, nommé Louis des Déferts; celui-ci rejetta tous les projets du Chancelier, & lui dit qu'il n'y en avoit qu'un de raifonnable, qui étoit de faire demander la réunion par les Etats eux-mêmes; le Chance lier croyoit la chofe impoffible, le Préfident lui enfeigna les moyens de réuffir, lui nomma ceux qu'il falloit gagner. Les Etats furent convoqués à Vannes, Montejan les préfida, la

(1) il y avoit déja fait un voyage en 1518, & ily avoit gagné tous les cours par fon affabilité; à Saint Malo il avoit été le parcain du fils du Syndic ou Maire de la ville, nommé Grout, de la fam lle des Grotius de Hollande.

1532.

réunion fut propofée, l'affemblée fe partagea; ceux que la Cour n'avoit point gagnés, foit qu'elle les eût négligés, foit qu'elle n'eût pu les féduire, infifterent beaucoup fur le danger dont la province étoit menacée de perdre fes privileges, malgré tous les engagemens que le Roi pourroit prendre à cet égard.

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« Ce foupçon, répondoient les » Partisans de la Cour, eft trop inju » rieux au Roi.; mais fuppofons-le » fondé, quel remede appliquez-vous >> à ce mal? Réfifterons-nous feuls à » toutes les forces de la France, qui, >> ayant fur nous des droits légitimes, » voudra certainement les faire va»loir? Nous appellerons les An>> glois, c'eft notre reffource ordi» naire. Qu'a-t'elle produit? Vous >> le fçavez nos champs ravagés, » nos villes pillées, notre commerce » détruit, nos Ducs efclaves dans » leur Cour, la dureté d'un joug D'Argentré, étranger, au lieu de la douceur d'un joug domeftique, voilà les fruits que nous avons conftamment » recueillis de cette fatale alliance.>> Ces raifons puiffantes, fortifiées

Hift. de Bret.

liv. 12. chap.

470.

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