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truit dans les marais de la Madeleine; 1528. confié à la garde des Capitaines MarBe'car. 1. 20. tin & Raimonet. C'étoient deux Offi

11. 2.

ciers d'une valeur éprouvée; le nom

de Raimonet étoit célebre par la défense des Forts. Un Raimonet, fous Louis XI, avoit arrêté l'armée de Maximilien pendant une campagne prefque entiere devant un Fort ouvert de tous côtés, & lui avoit fait perdre, par cette résistance héroïque, tout le In 1479. fruit de la bataille de Thérouenne. Raimonet ne démentit point la gloire de fon nom dans le Fort des Bafques; les fentinelles Françoises ayant apperçu de loin les Impériaux qui fe traînoient ventre contre terre, & que quelques-uns avoient pris d'abord pour des moutons qui paiffoient près du Fort, avertirent les Commandans ; ceux-ci firent mettre promptement les 'foldats fous les armes, mais fans bruit & fans aucun mouvement apparent. Les Impériaux s'approchent, on leur crie: Qui vive. Pour toute réponse ils s'élancent fur les remparts, & ne doutent plus du fuccès de leur entreprise. Alors tous les foldats Bafques paroif

Tent & les enveloppent; les Impériaux font taillés en pieces; il en refta deux cens cinquante fur les remparts ou dans les foffés: mais ce combat coûta auffi aux François ; le Capitaine Martin y reçut des bleffures dont il mourut peu de jours après. Raimonet fut auffi brave & plus heureux, un grand coup d'arquebufe dont il fut bleffé au genou, ne l'empêcha pas de combattre, quoiqu'il ne pût fe foutenir que fur une jambe.

Dans un autre combat, près du même Fort, Baglionè, Capitaine des Bandes noires, défit un détachement ennemi, mais il fut enfeveli dans fon triomphe; il mourut couvert de gloire & percé de coups: digne fucceffeur, par fon courage, de l'illuftre Jean de Médicis. Sa Charge de Capitaine général des troupes Florentines ou Bandes noires, fut donnée au Comte Hugues de Pepoli, Bolonnois.

Il y eut encore un autre combat particulier, digne de mémoire, autour d'un autre Fort, où le jeune Bonnivet, fils de l'Amiral, qui promettoit d'effacer la gloire, ou, fi l'on veut, la

1528. Bellay, 1. 3.

Mém. de du

1528.

1. 19.

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honte de fon pere, reçut une fi violente bleffure, que les inteftins lui fortoient du corps; il en guérit cependant à Venoufe où il fut tranfporté, mais ce ne fut que pour mourir quelque temps après de maladie.

Cependant c'étoit en vain que du côté de la terre tant de Places conquifes, tant de Forts conftruits, tant de précautions prifes fermoient le pafGuicciard, fage aux vivres; c'étoit en vain que Lautrec étendoit fes quartiers jufqu'à Belcar. 1. 20. un demi-mille de la Place pour la priver de la commodité des aqueducs de Poggio-Reale (1) où il étoit pofté; fi la mer n'étoit pas également fermée, fi le port reftoit libre, les vivres entroient en abondance, & Naples étoit imprenable. Or, l'efcadre Françoise n'étoit pas fuffifante pour bloquer entiérement le port de Naples, & les Vénitiens, qu'on preffoit tous les jours de joindre leurs galeres aux galeres Françoifes pour achever le blocus, aimoient mieux s'emparer des ports de Polignano, de Brindes & d'Otrante,

(1) Palais magnifique, bâti par Alphonfe II.

que de bloquer celui de Naples. Ces trois premiers ports étoient fitués fur 1528. leur golphe, & ils efpéroient les gar- Guicciard, der, quelque fût dans la fuite le fort 1. 19. du refte du royaume, au lieu que Naples ne devoit pas être pour eux. Cette conduite intéreffée des Vénitiens com. mença de nuire à la caufe commune; mais les affaires Françoifes devoient être abfolument détruites dans ce pays-là, par une de ces grandes défections trop communes fous le regne de François Premier, & qui prouvent que ce grand Prince ne s'attachoit pas afféz à connoître les hommes. Seckinghen & les La Marck, méconnus, luž avoient fait manquer l'Empire, & perdre fa fupériorité dans l'Europe; le Connétable de Bourbon, pouffé à la révolte par d'indignes traitemens, lui avoit fait perdre le Milanès & la li berté; il falloit encore qu'il perdît le royaume de Naples, & une armée victorieuse, pour n'avoir pas fçu connoî- 1. 6. tre quel homme étoit André Doria. André Doria, iffu d'une des plus Mém. de du anciennes & des plus illuftres familles Bellay, 1. 3. de Genes, étoit le plus grand homme By

Sleidan. commentar

1528.

de mer de fon temps; il aimoit la gloire & fa patrie, & ne dédaignoit point la fortune. La fierté républicaine qu'augmentoit encore en lui la connoiffance de fes talens, le rendoit odieux aux Courtifans, & lui rendoit les Courtifans odieux. Il avoit autrefois fervi avec éclat François Premier, à la folde duquel il s'étoit mis. Depuis, il avoit paffé au fervice de Clément VII, auquel il fut attaché pendant la Ligue, dont on vient de voir l'hiftoire; il fe remit au fervice de François Premier dans le temps où Lautrec fut envoyé en Italie: c'étoit lui qui, en bloquant le port de Gênes fa patrie, avoit aidé à la foumettre au Roi; mais il attendoit de ce dernier fervice un prix digne de flatter un grand homme. Il defiroit que le Roi, content de n'avoir plus les Gênois pour ennemis, voulût les avoir pour alliés, non pour fujets, & qu'il rétablît à Gênes, fous fa protection, le Gouvernement républicain. Les Gênois, pour obtenir cette grace, avoient offert au Roi deux cens mille ducats. Belcar. 1. zo. Le Roi non-feulement ne l'accorda

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