Imágenes de páginas
PDF
EPUB

n'enjambe pas fur l'autre, comme il arrive dans la Poëfie Latine. Les ftances de fix Vers peuvent avoir trois repos, fçavoir de deux Vers en deux Vers, ou deux repos feulement, un à la fin de chaque tercet. Celles de fept Vers en ont aussi deux l'un après les quatre premiers Vers,l'autre après les trois derniers. Deux repos placés également fuffiront dans celles de huit Vers, qui ne font à proprement parler que deux quatrains unis. Dans les ftances de neuf Vers on obferve deux ou trois repos indifféremment, c'eft-à-dire, après le premier quatrain & à la fin de la ftrophe, ou bien en en marquant, outre ceux-ci, un après le feptiéme Vers. Les plus parfaites de toutes font celles de dixVers, dont chacun eft de huit fillabes.On les partage en deux quatrains & en deux tercets. Ces régles font invariables, d'autant plus qu'on ne fçauroit les violer fans enlever à l'Ode fa cadence & fon harmonie, fans lefquelles il eft impoffible de la lire ou de la réciter avec grace,

grace. Quant au mélange des rimes, il eft incroyable combien de différentes faces on peut leur donner. Quatre rimes fourniffent fix ftances différentes, & par une fuite de calculs qui n'amuferoient pas le Lecteur autant qu'ils m'ont fatisfait, cinq rimes en donnent quatorze: avec fix rimes on en trou

vera 26. avec sept rimes 42. avec 8. 68. avec neuf rimes 110. avec dix rimes on en fera 178. Or quelle prodigieufe variété naît du feul mélange des rimes? Que fera-ce, fi on y ajoûte la diverfité des repos & des mefures? On ne s'est servi jusqu'à préfent que d'un petit nombre de ces combinaisons: mais qui fçait fi on a eû le bonheur de tomber fur les plus harmonieuses? Je conclus feulement de cette cadence des Vers qu'il eft facile & libre d'entrelaffer, comme on veut, que la Poëfie lirique, encore qu'elle ne fe chante pas parmi nous, a néanmoins de quoi fatisfaire & flatter l'oreille. J'ajoûterai quelques ftrophes de différentes Odes Tome I.

[ocr errors]

nufcrite

pour fervir de régles tant de la mefure des Vers, que de l'entrelaffement des rimes.

Ode ma- 11 court précipiter fès moiffons pareffeufes, A fes tendres agneaux dérober leur toison; champê- Reffufciter les fleurs, & de fes mains heu

fur la vie

tre par Mr. le

C. * *

reufes

Ranimer le foible gazon.

Mais que dis-je, ah plûtôt les fleurs obéiffantes,

Les fruits toujours nouveaux, les vins déli

cieux,

Le gazon toujours verd, & les moiffons naiffantes

Aiment à prevénir ses vœux.

[ocr errors]

Ode ma- Quand nous aurons paffé le rivage funefte, nufcrite Les Manes généreux de Pilade & d'Orefte

fur l'a

mitié par le

même.

Viendront nous recevoir.

Ils conduiront nos pas aux champs de l'Elifée,

Et là j'entretiendrai mon cœur & ma penfée

Du plaifir de te voir.

On peut confulter les Odes de

M. Rouffeau pour les ftances de fept & de huit Vers. En voici de neuf, où l'on remarquera trois rimes mafculines femblables il pourroit également y en avoir trois féminines.

La vertu du vieux Caton,
Chez les Romains tant prônée,
Etoit fouvent, nous dit-on,
De Falerne enluminée :
Toujours ces fages hagards,
Maigres, hideux, & blafards,
Sont fouillez de quelqu'opprobre.
Et du premier des Cefars
L'affaffin fut homme fobre.

Ode à l'Abbé de Chau

lieu.

Les Linceftres, les Aubris
Qui contre les deux Henris
Prêchoient tant la populace,
S'occupoient peu des Ecrits.
D'Anacreon & d'Horace.

Les ftances de dix Vers & leur méchanisme font trop connus pour m'arrêter à en donner des exem

ples. Il eft tems de toucher quelque chofe du fecond genre d'Ode, qu'on nomme communément, Ode Anacréontique.

L'Ode Anacréontique tire fon nom d'Anacréon Poëte Lirique qui floriffoit en Grece vers l'an du monde 1520. il paffa la meilleure partie de fes jours à la Cour de Policrate Tyran de Samos. Là dans le fein de l'abondance & de la volupté, il compofa fes Poëfies qui ne refpirent que la moleffe & l'amour du plaifir qui l'occupoient tout entier. Ses Odes font marquées à un coin de délicateffe, ou pour mieux dire, de négligence aimable; elles font courtes, naïves, élégantes, toutes amoureufes ou bachiques. Ce font proprement parler des Chanfons qu'il enfanta, peut-être, fur le champ, dans un coup de verve, excité par l'amour & par la bonne chere. Le tendre, le naïf & le gracieux font les caracteres de ce genre qui n'a mérité le nom de Lirique dans l'antiquité, que parce qu'il fe chantoit; car il différe entiére

à

« AnteriorContinuar »