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doivent être confulrées & la liberté cynique n'eft pas moins condamnable en Poëfie qu'en Peinture. Un Poëte licentieux protefte en vain d'innocence, le libertinage d'efprit a prefque toujours fa fource dans le coeur, & les Lecteurs ne fçauroient fe perfuader qu'un Ecrivain qui prend plaifir à traiter des fujets obfcenes foit véritablement vertueux. L'Esprit trahit le coeur & tous deux fe deshonorent aux yeux de leur fiécle & de la postérité.

D'un trait de ce Poëme en bons mots f fertile,

Le François né malin forma le Vaudeville.

Sans nous arrêter à l'étimologie Du Vaudu Vaudeville,il fuffit de remarquer deville, que par ce nom notre Poëte entend ces couplets Satiriques fi ordinaires à notre Nation, mais plus communs encore de fon tems, qu'ils ne le font aujourd'hui, & qui faifoient direau Cardinal Mazarin en parlant des fréquens Impôts qu'il mettoit fur le peuple: Le François

chanfonne, mais il paye à la fin. On ne fçauroit donner des regles d'une pareille compofition, où tout dépend du badinage & de la faillie: obfervons feulement que, le Vaudeville de cette espéce dégénérant en Satire, il eft quelquefois plus dangéreux pour fon Auteur même, que pour ceux qu'il attaque: maintenant on a donné ce nom à des couplets que les Auteurs dramati ques inférent dans le divertiffement qui termine les petites piéces de Theâtre. La Méchanique de ces couplets confifte à les faire finir tous par une forte de maxime que l'on applique à divers por traits de critique généraux, foit que la maxime ait un rapport marqué avec la piéce, foit qu'elle naiffe du fond même du fujet. L'Auteur de la Comédie d'Esope au Parnaffe, qui s'étoit propofé la réunion de la rime & de la raison, fait rouler fon Vaudeville fur cet objet dont il fait des applications très ingénieufes: je n'en cite que le premier couplet.

Il eft une aimable folie

Qu'on peut écouter,

Par qui la fageffe embellie,

Se fait mieux goûter.

Malheur à qui nous fait un crime
D'un Madrigal, d'une Chanfon;

Celui qui dédaigne la rime

Ne connoit gueres la raison.

M. Pef felier

Elope au
Parnaffe,

fon.

Le Vaudeville nous conduit naturellement à dire quelque chofe Chandes chanfons en général.De l'aveu des Etrangers notre Nation excelle en ce genre qui n'a point été connu des anciens, fi ce n'eft qu'on veuille donner ce titre aux Odes d'Anacréon.Rien ne demande plus de feu & de faillie. Le vin & la galanterie font les feuls objets qu'embraffe la Chanfon : il eft incroyable combien de chofes fines, fpirituelles & galantes ont été dites jufqu'à préfent; cependant la matière n'eft pas épuifée & l'on produit encore Tous les jours de l'admirable & du nouveau :Anacréon dont on vante

De la

tant la délicateffe, a-t'il jamais rien fait d'égal à ce couplet?

Je ne changerois pas pour la coupe des

Rois

Ce petit verre que tu vois :
Ami, c'eft qu'il eft fait de la même fou
gere,

Sur laquelle cent fois
J'amufai ma Bergere.

Le Baron de Coulange & Vergier fe font extrêmement diftingués par le talent de rimer ainfi les plus fimples bagatelles avec un enjouement & des graces qu'on fentira dans tous les tems, & qui rendront leurs noms célébres à jamais tous deux avoient en partage le don de badiner, don rare & précieux, puifqu'il fait le charme de la fociété.

J'ai promis en parlant de la Cantate.. Poëfie de traiter de la Cantate en particulier. M. Rouffeau à qui nous fommes redevables de ce genre me fournira les préceptes & les exemples. La Cantate eft une

fable allegoriée & propre à être mise en Mufique.Elle eft compofée de récitatifs qui forment le corps de l'Allégorie, & d'Ariettes ou d'airs chantans qui en font commel'ame, ou l'application; on la divife ordinairement en trois récits, & trois airs, quoiqu'on en puiffe mettre plus ou moins felon l'éxigence des fujets. Toute Fable n'eft pas propre à être allégoriée, & d'ailleurs la Cantate veut une Poëfie animée

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fimple, douce harmonieuse parce qu'elle doit être jointe avec la Mufique qui ne s'accommode point de toutes fortes de paroles. Tout le feu de la Poëfie Lirique s'y doit déployer : & où le trouvet'on mieux en effet que dans les Cantates du Poëte célébre dont je viens de parler? Entre tant de morceaux fublimes, on n'eft embarafque de fçavoir auquel donner la préference, lorfqu'on veut en propofer un pour exemple, tous étant également admirables. Celles de Circé réunit des traits dont la plus fombre mélancolie fentiroit le prix & la vivacité.

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