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deffous d'une planche qui étant plus étroite d'un tiers que celle de deffus, laiffe un trou au bout de la loge pour l'écoulement de la fiente de la volaille.

Cette Epinette doit être pofée dans un lieu chaud & fombre ; & avant de placer chaque volaille dans fa loge, on leur plume la tête & les entre-cuiffes qui ne font qu'attirer inutilement de la nourriture & engendrer de la vermine. Plufieurs même leur crévent les yeux, car on prétend que le jour, l'air & le mouvement les diffipent & empêchent qu'elles ne profitent.

On les nourrit dans cette Epinette, de farine, de millet, d'orge ou d'avoine, dont on leur compofe une pâte détrempée avec de l'eau & du miel, ou du lait, (Il y en a qui ne fe fervent que d'eau) on leur fait avaller cette pâte en pillu. les groffes comme des féves on leur en donne deux ou trois fois le jour; peuà-peu, jufques à ce qu'elles y foient entierement accoutumées; & quand elles le font on leur en donne autant qu'elles en peuvent prendre.

On ne doit leur donner à manger que quand la digeftion du précedent repas eft faite, ce qu'on connoît en leur maniant le gofier pour fçavoir s'il n'y refte plus rien à digerer, autrement la mangeaille les étoufferoit plûtôt que de se convertir en bonne nourriture.

Toutes les fois qu'on leur fera prendre de cette pâte, il faut auparavant en tremper les morceaux dans l'eau, afin que cela leur ferve de mangeaille & de boiffon; car on ne leur donne point à boire, quoiqu'il y ait des perfonnes qui leur donnent à midi feulement de l'eau nette & bien claire. Plufieurs prétendent que la pâte qu'on leur donne les engraiffe bien plus vite, quand on y employe de l'eau emmiellée. On leur donne auffi du pain trempé dans du vin, où il y a les trois quarts d'eau.

On peut encore, crainte de la vermine, les plumer jufques fous les ailes afin que leur fiente ne s'y puiffe attacher ; & pour nettoyer plus facilement le petit efpace qu'elles occupent dans ces épinettes, & leur donner un peu plus d'air & de gayeté, on les en ôte de temps à autre après le repas, & on les laiffe mener un peu de temps & s'éplucher de ce qui les incommode.

pro

On engraiffe mieux la Volaille en Eté qu'en Hyver : Il y en a cependant qui prétendent qu'elle prend mieux graiffe lorfque les arbres font en fleur; mais qu'il faut lui donner de ces fleurs à manger : cette derniere maniere d'engraiffer la Volaille s'obferve pourtant moins que la précedente.

On leur fait encore une pâte avec de la farine de bled de Turquie, ainfi que cela fe pratique dans la Baffe- Bourgogne, & dans la Franche-Comté, où ce grain eft fort commun: on le détrempe avec les liqueurs dont on a déja parlé; & les Poulardes & Chapons engraiffent en peu de temps quand on les gouverne de la maniere qu'on a dit. On fe donne ces foins durant vingt jours.

Dans le païs du Mans on engraiffe la Volaille fous des Muës, avec du bled noir, autrement dit Sarazin, & deux fois autant d'orge, que l'on fait moudre & que l'on paffe dans un gros tamis pour en ôter tout le gros fon, enfuite on en fait une pâte avec de l'eau ; on la met par morceaux un peu plus longs que ronds; on leur en donne fept ou huit fois par jour, & on les leur fait avaller en leur ouvrant le bec; il n'y a rien de meilleur pour les engraiffer en peu de temps, car en quinze jours au plus ils font chargez d'une haute graiffe. Quelques uns pour faire avoir un bon goût à la chair, mêlent dans cette pâte

Tome 1.

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un peu de geniévre en poudre ; d'autres fe contentent de faire bouillir feule. ment le farazin dans l'eau ou dans des lavûres d'écuelles & le donnent à manger aux Volailles dans leur auget tant qu'elles en veulent. Bien des gens crévent les yeux à la Volaille qu'ils veulent engraiffer, & leur plument, comme je l'ai dit, la tête, le coû & les entre-cuiffes.

Autre maniere pour engraifler toutes fortes de Volailles. Prenez la feüille & la femence d'ortie en telle quantité que vous fouhaiterez, faites - les bien fécher au Soleil, réduifez-les en poudre que vous ferez paffer par un gros_tamis, vous mêlerez une partie de vôtre poudre tamifée avec trois parties de fon, vous paîtrirez le tout avec de l'eau chaude, ou encore mieux avec les lavûres d'écuelles, vous en donnerez à manger aux Volailles que vous voudrez engraiffer; cela fe fait depuis la faint Martin jufqu'au Carême. Vous pouvez engraiffer ainfi, Chapons, Poules, Oyfons & toutes fortes de Volailles; vous ne leur donnerez qu'une fois le jour de vôtre pâte, ce fera le matin, & vous ne les traiterez ainfi que pendant dix ou douze jours tout au plus, parce qu'elles deviendroient trop graffes.

Il y en a qui pour engraiffer la Volaille, prennent de la chair de lézard qu'ils hachent bien menu, & qu'ils mêlent avec du cumin & de la farine de froment; ils font une pâte de tout cela, qu'ils donnent à cette Volaille en maniere de boles: ils affurent que cette nourriture les engraiffe en peu de temps, & leur rend la chair très-délicate.

Dans les Païs où la Biére eft commune, on leur en donne à boire au lieu d'eau le cytife & le mûrier leur font auffi prendre graiffe en peu de temps.

Dans le commencement qu'on engraiffe la Volaille, fi l'on voit qu'elle fe dégoûte & qu'elle rejette la nourriture qu'on lui donne, il faudra lui en diminuer la dofe, & attendre qu'elle y ait pris goût; autrement ce feroit la mettre dans une langueur, qui empêcheroit tout l'effet qu'on s'étoit promis. On est ordinairement quarante jours à l'engraiffer, & il faut toûjours être attentifs à la nettoyer & à la garantir de vermine qui s'attache principalement à la tête & au coû; c'eft pourquoi on plume ces endroits-là.

Curiofitez.

Pour avoir des Poulets à plumage de Perdrix, Faifans ou Pigeons, il n'y a qu'à faire faillir la Poule par un de ces Oyfeaux: fi elle couve des œufs chargez de differentes couleurs, les Pouffins qu'elle éclora feront de même ; vous pouvez même avoir des Pouffins de telle couleur qu'il vous plaira en tapillant lieu ou en enveloppant la cage où la Poule couve, de couvertures ou pieces d'étoffe de la couleur que vous voudrez qu'ayent les Pouffins, foit de Poule Faifans, Pigeons ou autre Volaille.

Pour amollir un auf en coque jufqu'à le faire paffer dans l'anneau d'une Bague, ou par le goulot d'une fiole; il n'y a qu'à le laiffer tremper dans du Vinaigre fort, pendant quatre, cinq ou fept jours au plus ; & au contraire pour lui rendre la forme & la fermeté qu'il avoit auparavant, il n'y a qu'a le laiffer tremper dans de l'eau fraîche. Si vous voulez le miner & le confumer infenfiblement, il n'y a qu'a le mettre dans l'Eau-de-Vie.

Pour garder long-temps des œufs fans qu'ils fe caßent, & les charger tant qu'on voudra, il n'y a qu'à les ranger dans un panier ou ailleurs, fur leur gros. bout,

le petit bout en haut, ils porteront fans fe caffer tel poids que vous y voudrez mettre, pourvû qu'ils ne retombent pas fur le côté, car l'homme le plus fort ne peut pas caffer un œuf dans fes mains en le preffant par les deux bouts.

Pour cuire un auf fans feu, vous n'avez qu'à le tourner & l'agiter longtemps & vîte dans une fronde.

Pour avoir des œufs écrits en dedans. Ecrivez fur la coque avec de l'ancre, faite de Noix de Gales, d'Alun & de Vinaigre, faites fécher l'écriture au Soleil, puis mettez l'œuf dans une forte faumûre, faites le cuire & en ôtez la coque Vous trouverez l'écriture au dedans.

Pour qu'un auf s'éleve tout feul en l'air. Vous n'avez qu'à vuider tout-à-fait la coque d'un œuf, la remplir de rofée de May & l'expofer au Soleil le long d'une perche il l'enlevera bien. tôt.

Mettez un œuf environné de filets au milieu d'un feu ardent, les filets ne feront pourtant pas atteints.

CAPITRE II.

Des maladies de la Volaille.

Oute forte de Volaille eft fujette aux maladies dont nous allons parler,

Tc'eft pourquoi j'en fais un Chapitre féparé, & je le place ici plûtôt qu'ailleurs,

parce que je viens de parler de la plus commune des Volailles. On étendra aux autres Volailles ce qui fera ici dit des Poules feulement.

De la Pepie.

Cette maladie à laquelle les Poules communes font fort fujettes, fe connoît lorfque la Poule ne veut ni boire ni manger; alors on la prend, & on lui ouvre le bec, & fi on voit à la langue un certain cartilage blanchâtre, il ne faut plus douter que ce ne foit la Pepie. Ce mal vient d'avoir eu la bouche trop échauffée, ou pour avoir manqué d'eau, ou pour en avoir bû de maligne où mauvaife. Če mal leur arrive ordinairement vers le temps de la moisson jusqu'aux vendanges, parce que les grandes chaleurs y contribuent beaucoup.

L'opération eft facile à faire, pour les en guérir; il n'y a qu'à leur ouvrir le bec, & avec une éguille ou une épingle leur lever doucement le cartilage blanchâtre qui eft à la langue, enfuite on leur lave la langue & le bec avec du vinaigre un peu chaud, ou avec la falive feule, ou on leur frote la plaie avec du fel broyé.

Après cette opération, qu'on fe donne bien de garde de la mettre d'abord avec les autres Poules; car comme cette maladie n'a été causée que par une chaleur qui provient du dedans, ce n'eft pas affez d'avoir remédié au mal, il faut en guérir la caufe ; & pour éteindre le feu, qui des entrailles s'eft porté à la langue, on enfermera cette Poule fous une muë pendant deux ou trois jours, on lui donnera à boire de l'eau claire, dans laquelle on mettra tremper de la graine de melon, de concombre ou du jus de poirée : au bout de ce temps, on jettera un peu de fucre candi dans fon eau pendant deux jours encore, ne prenant pour nourriture avec cette eau que de l'orge, & quelquefois du fon détrempé

Après ce traitement la Poule fe portera bien, & pourra être jettée parmi les

autres.

On prétend qu'on garentit les Poules de la Pepie, en leur frottant les narines avec de l'ail, & en en faifant tremper dans l'eau qu'on leur fait boire. D'autres font enfumer le Poulailler, & purger de temps en temps la Volaille avec du fuc de poirée ou bette blanche, qu'on met dans leur boiffon. On prévient encore cette maladie, en mêlant dans leur mangeaille, du froment, ou bien des grains de troefne, ou en faifant une fumigation avec de la fabine, de l'ail ou des feuilles de porreaux.

Il y en a qui guériffent la Pepie des Poules & des autres Volailles, avec de la mie de pain, qu'ils font tremper dans de l'huile chaude, & qu'ils leur donnent à manger après l'avoir laillé refroidir; d'autres leur lavent la bouche avec de l'urine d'Homme, prenant garde fur tout qu'il ne leur en tombe point dans les yeux; d'autres enfin leur donnent à boire de l'eau où l'on a fait infu

fer de l'ail.

On a vû des Païfans qui pour guérir ce mal, enfumoient la tête de leur Volaille avec de l'origan, de l'hyfope, du thim & autres herbes odoriférantes ; d'autres prennent de la fquille, autrement dit, oignon marin, qu'ils font macérer dans de l'eau nette: ils la mêlent avec de la farine, & en frottent la langue de la bête malade.

Flux de ventre.

Les Poules l'ont fouvent , parce qu'elles ne mangent quelquefois que des chofes qui les lâchent trop, comme de pâturer trop d'herbe fans manger de grain: alors on leur donnera à boire un peu de vin chaud, dans lequel on aura fait bouillir de la pelûre de coin, ou du coin même ; & pour nourriture, jufqu'à ce que le flux foit paffé, avec le coin on leur fera boüillir de l'orge, qu'on leur donnera fous une muë, où elles feront renfermées: car lorfqu'on veut traiter quelque Poule malade, il faut toûjours qu'on l'enferme feule fous une muë ou autre uftancile propre à cela; autrement le remede feroit fouvent pris par les autres, & la malade ne feroit jamais affez tranquille pour qu'il opérât bien.

On remédie encore à ce mal, en leur donnant pendant deux ou trois jours des jaunes d'œufs durcis hachez, & mêlez parmi du chennevi bien pilé, ou de l'orge boüilli avec de l'écorce de grenade; ou bien de la farine d'orge, & autant de cire, le tout détrempé avec du vin, dont on fait de petites pilulles, qu'on leur donne à manger avant toute autre nourriture.

De la pareße de ventre.

Cette maladie contraire à la précedente, arrive principalement aux jeunes Poulets pour y remédier, on leur ôte d'abord les plumes du croupion & des entre-cuiffes: pour faciliter l'évacuation on prend des bettes, ou des laituës qu'on hachera bien menu, & qu'on mêlera avec de la farine de feigle, du fon & de l'eau, dans laquelle on aura mis un peu de miel.

D'autres ne font qu'arracher au Poulet les plumes d'autour du fondement; ils l'ouvrent avec une plume ou un bout de paille frottée d'huile, & incontinent le ventre fe lâche,

Des Caterres & Fluxions, Inflammations & Tayes, ou Cataractes fur les yeux. Le caterre ou catare qui eft une fluxion des humeurs de la tête fur quelque partie du corps, vient aux Poules par le grand froid, par le grand chaud, ou par une grande repletion du cerveau; celles qui en ont font dégoûtées & reniflent fouvent.

On les en guérit, en leur travefarnt les nazeaux d'une petite plume pour faire couler l'humeur ; & la fluxion fe jette fur les yeux ou à côté du bec;'ou fi elle cause une tumeur, on ouvre l'oeil ou la tumeur pour faire fortir la matiere, & on met fur la plaie un peu de fel broyé.

La Volaille eft fort fujette à avoir mal aux yeux & à devenir aveugle, fi on n'y remedie promptement; ce qui fe connoît à leurs yeux chaffieux, à certaines petites plumes frifées qui les environnent, & forfqu'elles baiffent la tête & qu'elles ont la crête pâle.

L'inflammation, les tayes fur les yeux, & generalement les fluxions aufquelles elles font fujettes, ne proviennent que d'une grande acrimonie qui les ronge & leur picote les yeux: les lupins entr'autre nourriture font ce mauvais effet. Ainfi pour prévenir & même guérir ces maux, il faut en chaffer la cause interieure: pour cela, on prendra des feuilles de bettes blanches, ou poirées, & en ayant tiré le jus on le mêlera avec un peu de fucre, dont on fera une liqueur qu'on lui donnera à boire de deux jours l'un, l'espace de quatre ou cinq jours alternatifs.

Ou bien on leur donnera fimplement de la poirée hachée bien menu dans du fon de feigle, & de temps en temps un peu de millet pour les ragoûter, & les premiers jours on mettra dans leur eau un peu de fuc de cette poirée. Outre cela il eft bon qu'il y ait dans la muë, fous laquelle cette Volaille fera renfermée, des bâtons de figuier mis de travers, contre lefquels elle puiffe de temps en temps fe frotter les yeux : car le figuier a la vertu particuliere d'appaifer les demangeaifons que la fluxion y caufe, & de nettoyer les yeux. Autre remede: On prend la Volaille, on lui traverse les nazeaux d'une plume, & on prétend que la fluxion fe vuide par cette ouverture, en lui lavant les yeux de temps en temps avec du jus de pourcelaine ou pourpier fauvage, mêlé avec du lait de femme. D'autres fe fervent d'un blanc d'œuf battu avec un morceau d'alun, ou de vin éventé.

Tous ces remedes n'ayant rien de contraire les uns aux autres, on peut aifément les employer en même-temps, en en proportionnant la dose.

On s'en fert auffi contre les tayes ou cataractes d'yeux; car elles viennent de la même caufe que l'inflammation. Le fucre candi, l'urine ou l'alun y font encore très-propres.

D'autres prenent du fel ammoniac, du cumin & du miel, autant de l'un que de l'autre; on broye le tout enfemble pour en faire une liqueur dont on frotte les yeux des Poules, après quoi il faut avoir foin de les mettre à l'ombre.

Il y en a qui tâchent d'enlever avec une éguille la taye ou pellicule qui couvre l'œil; mais les autres remedes font plus fûrs & moins dangereux que celui-là.

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