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glacer, & des vilainies qui la rendroient puante.

On ballayera fouvent cette Voliere, & les nids qui feront dedans feront nettoyez de même, pour en ôter enfuite tout le fumier; il y engendreroit de la vermine, & il fert pour fumer les prez ou la cheneviere: fi on s'apperçoit qu'il y ait des Pigeons qui battent les autres, il faut s'en défaire ou les manger; car c'eft une marque que ces Pigeons font vieux & qu'ils ne font plus propres à rien; outre la nourriture qu'on leur jette dehors, fuppofé qu'on ne fe ferve point de tremie, il eft bon de temps en temps de leur donner à manger dans la Voliere: il n'eft rien qui apporte plus de profit que ces Pigeons; en quarante jours la femelle conçoit, pond, couve & nourrit fes petits : les jeunes Pigeons commencent à pondre à fix mois, & donnent des œufs quatre ou cinq fois l'année, & quelquefois jufqu'à fix lorfqu'ils font bien nourris.

De la ponte des Pigeons.

La ponte d'un Pigeon n'est jamais que de deux œufs ; il y en a qui, pendant l'année, pondent plus fouvent que d'autres, tels font les Pigeons de Voliere à l'égard des Fuïards, ils ne couvent que deux ou trois fois en un an, au lieu que les autres le font prefque tous les mois lorfqu'ils font de bonne efpece.

Comme il y a des Pigeons de Voliere qui ne fortent jamais, il faut dans le temps qu'ils veulent pondre, avoir foin de mettre de la paille dans leur Voliere pour qu'ils faffent leurs nids. L'eau ne doit point manquer dans leur Voliere, & doit toûjours y être bien nette; & pour cela il n'y a qu'à leur en changer fouvent & la leur mettre dans des grands baquets, dont les bords feront élevez de quatre doigts, afin que les Pigeons puiffent s'y baigner: c'eft ce qu'ils aiment beaucoup, ainfi il ne faut pas les gêner.

La veritable maxime de bien peupler une Voliere, eft de ne point toucher à la volée du mois de Mars, afin d'en multiplier l'efpece; & fi cette couvée n'eft pas fuffifante, on confervera encore les Pigeonneaux qui viendront après.

On fe fert de tremies en bien des endroits, pour mettre la vefce dont on nourrit les Pigeons; ce grain en fort à mefure que ces Oyfeaux la mangent; ainfi il est toujours fort net, & il ne s'en perd point parmi les ordures & les plumes dont la Voliere eft fouvent remplie ; il y a des tremies de plufieurs façons, de piramidales & de longues : c'eft au choix de celui qui veut s'en fervir, de la prendre comme il la fouhaite.

Il y en a qui pour avoir des Pigeonneaux de bonne heure, leur donnent à manger des lentilles cuites dans du gros vin; un peu de chenevis de temps. en temps eft très falutaire aux Pigeons de Voliere, principalement en Hyver; car comme ils pondent prefque tous les mois, ce grain qui les échauffe y contribue beaucoup, & les excite à couver pendant le froid.

Les nids des Pigeons feront très foigneufement nettoyez après l'incubation de chaque Pigeon; car fans ce foin, les puces & les mittes s'y mettent, fur tout durant l'Eté, & cette vermine incommode tellement les couveufes, qu'elles en deviennent maigres, & fouvent abandonnent leurs œufs.

Des Pigeons Ramiers.

Quelques-uns les appellent Bifets, parce qu'ils ont affez souvent les pieds & le bec rouge, & le plumage de couleur plombée. Le Pigeon Ramier n'est autre chose qu'un Pigeon fauvage; il perche ordinairement fur les arbres, & ne vient guere à terre, parce qu'il eft fort timide: fa chair eft d'un bon goût, quoique plus féche que celle du Pigeon Domeftique, qui ne perche point fur les branches.

Le Ramier vit jufqu'à trente & quarante ans, & les Anciens croyoient que fa chair étoit contraire aux ardeurs amoureufes; quoiqu'il en foit, c'est un Oyfeau de paffage qu'on voit par bandes fur la fin de Septembre: on connoît fon âge par la grandeur de fes ongles, parce qu'elles augmentent confiderablement à mesure qu'ils vieilliffent: on les chaffe ou au filet ou autrement, & on en garde de toutes en vie, qu'on nourrit & engraiffe comme les autres pour le plaifir d'en avoir, ou pour les manger ou vendre; mais ils ne deviennent pas affez privez pour couver ou pondre, c'eft pourquoi je n'en parlerai pas davantage.

CHAPITRE VII.

Des Cailles, Perdrix, Tourterelles, Hortolans, Grives, Tourdes, Etourneaux, Merles, Pluviers & Vanneaux.

QUOIQU'IL

UOIQU'IL y ait moins de neceffité & de profit évident, que de plaifir & d'honneur à avoir chez foi des Oyfeaux dont nous parlons ici, & de ceux dont nous parlerons aux trois Chapitres fuivans, cependant ils rapportent toujours du profit ou du plaifir, fouvent l'un & l'autre ; & ils enrichiffent ou ornent toûjours la Maifon de Campagne de toutes les parties de laquelle nous avons à parler.

Des Cailles & Râles de Genet.

La Caille eft un Oyfeau de paffage, grivelé, dont le mâle a la tête, le col, le dos, la queue & les aîles prefque noires, traversée en- dehors de lignes blanches, le bec noir & les pieds luifans; au lieu que la femelle ( on trouve plûtôt quatre & cinq mâles qu'une femelle ) a le col plus mince & couleur de terre cuite, le dos & les aîles jaunâtre, & l'eftomac & le ventre prefque blanc.

Les Cailles arrivent au Printemps, & s'en retournent à la fin de l'Eté elles chantent au mois d'Avril, font leurs nids à terre & couvent au mois de May; c'est pourquoi il ne faut pas les chaffer dans cette faifon pour ne pas perdre les Cailletaux ; au furplus on les trouve dans les Prairies & dans Les Bleds, quand ils font en verd ou en maturité : on les prend ou à la chanterelle tant que les bleds font verds, ou à l'appeau, depuis le mois d'Avril jufqu'en Août, ou à la tiraffe en May ou Septembre.

Au refte, nous fuppofons qu'on fçait les differenres rufes, & generale

ment toutes les autres efpeces de chaffes & de pêches dont, en tout cas, un Gentil-homme peut fe faire à la Campagne un exercice très-agreable & trèsfructueux en s'en inftruifant dans un Livre qui a pour Titre les Amusemens de la Campapagne, ou nouvelles rufes innocentes, qui fe vend chez le même Libraire. Ce n'eft qu'à avoir des cailles graffes qu'en confifte tout le profit: on vient aifément à bout de les engraiffer.

Si-tôt que la faifon propre de les prendre eft arrivée, on aura d'abord des cages toutes prêtes pour les y mettre: ces cages feront baffes & couvertes de toiles, crainte que ces Oyfeaux qui vont toûjours fautant ne se bleffent la tête, & on ne leur y épargnera pas la nourriture; plus elles font à l'étroit dans leurs cages, plus elles engraiffent, parce que les alimens le tournent tout en nourriture.

On leur donnera deux fois le jour du millet ou du froment pur avec de l'eau toûjours bien nette; pour la même raifon, on fouffrira le moins qu'on pourra de faleté dans leurs cages, & on les nourrira & entretiendra ́ainsi jufqu'à ce qu'on voye qu'elles foient graffes pour les vendre ou les manger; car alors elles ont la chair encore plus délicate, nourriffante & d'un bon fuc, qu'elles n'ont le plumage & le chant beau.

On trouve toûjours avec les Cailles quelques Râles de terre qu'on appelle de Genet, parce qu'ils fe nourriffent de grains de genets, de millet ou autres grains: le Râle de genet a le plumage rouge, blanc, beau & bigaré, le bec long, pointu, moins dur & moins ferme, & le corps plus élancé & plus folide que la Perdrix; il eft à peu près de la même groffeur: il vole difficilement; mais il marche d'une grande vîteffe; il a la chair fort délicate & de bon fuc, & il eft fort commun au mois d'Août & de Septembre, fur tout dans les endroits où il y a du genet, c'eft l'aliment qu'il aime mieux & qui rend fa chair plus exquife, il a quelques marques femblables aux Cailles, & rarement voit-on un Râle de genet, fans rencontrer après une compagnie de Cailles.

Dee Perdrix.

Il y en a de rouges, de grifes & même de blanches; elles font ordinairement groffes comme le Pigeon, ont la chair ferme & font d'un goût exquis quand elles font un peu mortifiées; elles vivent quinze, feize & jufqu'à vingt-cinq ans, & fe nourriffent de limaçons, de vers & des fommitez les plus tendres, d'arbriffeaux & de plantes.

On les prend au traîneau ou avec des halliers, des collets ou des lacets au filet, à l'appas, à l'appeau, au trébuchet, au leurre, à la tonnelle, à la chanterelle.

Le vrai moyen de peupler une Terre de Perdrix, eft d'en exterminer les mâles plus qu'on peut, parce que quand ils font appariez, ils empêchent leurs femelles de couver, ou caffent leurs œufs pour joüir d'elles plus fouvent, car ils font extrêmement chauds; c'eft pourquoi on trouve des compagnies de Perdrix très-peu nombreuses, & rarement le mâle fçait où fa femelle fait fon nid, ce qui fait qu'il eft d'autant plus aifé de les prendre, qu'ils volent à la premiere femelle qu'ils entendent; c'eft dans les bleds verds ou dans les chaumes qu'on les prend au Soleil Couchant, ou avant qu'il foit levé.

Pour connoître une jeune Perdrix, il faut qu'elle ait le bec noir, & que la jambe foit menue & brune; c'eft pourquoi les rôtiffeurs en les refaifant fur le feu, leur brûlent ordinairement le haut du bec & les jambes, afin que l'on ne reconnoiffe pas fi elles font vieilles : les mâles font toûjours les meilleurs, les plus excellens & les plus relevez en goût, pourvû qu'ils foient jeunes & n'ayent encote pairé ou couplé, ou été en amour : les rouges ont un petit cercle de duvet rouge autour de l'œil avec un demicercle de plumes rougeâtres au poitrail, & ont un petit bouton ou ergot à la jambe.

En voyant l'œil d'une Perdrix, l'on connoît fi elle eft vieille tuée : ouvrezlui la paupiere, fi l'œil eft gros, luifant & comme vif, c'eft une marque certaine qu'elle eft fraîche; car à mesure qu'elle vieillit il fe ternit, puis se desféche; & à force de la garder il fe perd entierement.

Pour les garder long-temps on les met dans un tas de bled, ou bien en lieu frais comme à la cave, n'y touchant que pour les manger; on leur tire auffi le gros boyau du cul, qui eft la partie qui fe corrompt le plûtôt.

Si vieille tuée & faifandée qu'elle foit, elle eft toûjours mangeable, pourvû qu'elle n'ait point le goût de relan qui lui eft caufé pour avoir été empaillée toute chaude, ou après un dégel, ou d'avoir été enfermée en lieu trop

humide.

La Perdrix rouge (qui fe trouve en Saint-Onge, en Poitou & Anjou ) eft plus eftimée que la grife, qui eft plus commune & plus petite.

On dit que la femelle pond fes œufs en deux endroits, & que le mâle en couve une partie & la femelle l'autre.

On en peut élever dans une Baffe-Cour, & les rendre familieres avec la Volaille ordinaire: Voici comment.

Dans le temps que les Perdrix font leur ponte, on a foin d'en faire chercher des œufs qu'on donne couver à une Poule : il faut trois femaines pour en faire éclore les petits; mais on doit avoir la précaution de mettre couver cette Poule dans une chambre ou quelque autre endroit fermé, parce que les Perdreaux étant fujets à s'envoler prefque fi-tôt qu'ils font éclos, on auroit le déplaifir de voir fes foins inutiles.

Si-tôt que les Perdreaux font éclos, on les nourrit de mie de pain ou de millet, & quand ils font un peu fortifiez, on leur donne du froment jufqu'à ce qu'ils foient ce qu'on appelle Maillé, ce qui arrive vers la fin du mois. d'Août. C'est pour lors qu'il faut commencer à les accoûtumer avec les Poules & les autres Oyfeaux domestiques.

Pour y réüffir, on leur arrache les deux plus fortes plumes de chaque aîle, & on rogne un peu l'extrêmité des autres avec des cifeaux, on les laisse ainsi un peu de temps enfermez avec les Poules; les jeunes Perdrix s'y accoûtument aisément & viennent manger avec elles, après cela on les laiffe aller tous pêle-mêle.

Les Perdrix effuyent d'abord quelques coups de bec des autres Volailles, mais elles vivent bien-tôt toutes enfemble fans fe battre ; c'eft ainsi qu'on peut augmenter une Baffe-Cour de ces Oyfeaux extraordinaires, & s'en fervir pour en manger & en vendre quand on le juge à propos.

Il y a des gens qui pour engraiffer des Perdrix & les rendre plus fucculentes

choififfent un petit endroit clos de murs de tous côtez, couvert de tuiles out de Bardeaux, qui n'aura jour que par une fenêtre fermée d'un raiseau à grande mailles & une petite porte pour y fervir d'entrée; il n'y aura ni arbres ni herbes proche de ce lieu, parce, dit-on, que lorfque ces Oifeaux en voyent, ils s'ennuïent de leur prifon & maigriffent au lieu d'engraiffer. Ils ne doivent avoir de la lumiere qu'autant qu'il leur en eft néceffaire pour voir & prendre la nourriture qu'on leur donne. On les laifle ainfi renfermez durant un mois ; c'est affez pour leur faire prendre graiffe. Pour tuer les Perdrix on ne les feigne point; mais on leur écrafe la tête, ou on leur rompt l'échine.

Des Turterelles.

La Tourterelle, efpece de Pigeon fauvage, mais qui s'apprivoife & s'engraiffe très-aifément (& c'eft en quoi en confifte tout le profit) eft ordinairement cendrée, fur le dos mêlée de gris brun, blanche aux aîles & fous le ventre, a un peu de verd au coû, les pieds jaunes & les ongles noirs : il y en a auffi de blanches, fur- tout dans les païs froids.

Cet Oifeau qui fe plaît dans les lieux fablonneux, montagneux & folitaires, fe perche & fait fon nid au haut des arbres avec des petits morceaux de bois mêlez de terre ; il en defcend fouvent pour aller chercher de quoi vivre dans les Campagnes & dans les Jardins. On dit qu'elles cherchent en Hyver les Païs-chauds, & en Eté les Païs- froids. Elles vivent au plus jufqu'à huit ans; les mâles vivent ordinairement plus que les femelles : elles prondent trois fois l'année, en Avril, May & Juin.

Celles qu'on achete des Oifeliers valent mieux que celles des bois qu'elles font faites à l'air du païs & ne font pas fi fauvages.

› parce

Il faut les prendre jeunes, c'est-à-dire qu'elles fçachent manger feules, & cela tant pour la curiofité que pour en tirer du profit quand elles font graffes, car les jeunes s'apprivoisent & s'engraiffent mieux, & c'est un trèsbon manger.

Pour les bien engraiffer, il faut auffi les mettre en cage. Les uns fe fervent de cages ordinaires, les autres en font de cette maniere ils ; prennent des fiches de bois de la groffeur du petit doigt, hautes d'un pied & demi, les mettent à la diftance l'une de l'autre d'un pouce, entre deux planches fort légeres, ou les font à claires-voïes: de quelque maniere que les cages foient faites on mettra en dedans une auge à manger qui regnera fur toute la face du devant, un pot à l'eau de chaque côté, & un bâton en travers pour que la Tourterelle fe jouche, car elle n'aime point l'ordure ni a refter à plat: On les nourrit de froment & de millet, ou bien d'orge, de vefce ou de chennevi; mais ces grains - ci ne valent pas les premiers: On leur donne encore, fur-tout en Hyver, pour les échauffer du pain trempé dans du vin.

D'autres veulent que le froment & le millet macerez dans de l'eau emmiélée, foit la meilleure nourriture des Tourterelles, & qu'un boiffeau par jour fuffit pour fix vingt de ces Oifeaux: On dit auffi qu'elles engraiffent mieux en Hyver qu'en Eté. Il faut au refte que les grains foient toûjours bien fecs & leur eau bien claire & leur cage bien propre.

Plus elles font à l'étroit, plus elles engraiffent: elles couvent dans les maifons comme les Pigeons; c'eft pour cela qu'on les accouple au mois de Fevrier dans une voliere ou fuye, où il y aura des nids; elles y couvent & élevent fort bien leurs petits.

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