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2. Quand les Tranchées viennent de ce qu'il ne peut pas piffer, il faut d'abord le faigner au coû, puis lui tirer la verge, la poudrer de fel tout au tour, la lui laiffer retirer & frotter tout le fourreau avec huile d'olive, dans laquelle vous aurez démêlé & broyé de l'ail cru: fi c'eft une Jument, lui mettre du fel dans la nature, & tout autour la frotter avec cette huile & cet ail pilé; enfuite donnez-lui le lavement qui fuit.

Faites une bonne décoction avec deux poignées de mauves, trois de perfil & deux de celleri, coulées & exprimées bien fort; délayez deux onces de terebentine avec deux jaunes d'œufs, puis faites diffoudre le tout dans la décoction, & y délayez auffi un quarteron de favon noir; donnez le tout au Cheval: enfuite faites-lui ce breuvage.

Prenez quatre onces d'huile de noix fort claire & nouvelle, autant de miel rofat & deux onces de terebentine, mêlez le tout fur un feu moderé & le donnez au Cheval, puis le promenez une heure au pas.

3o. Pour chaffer les vents qui donnent les Tranchées au Cheval, il faut le promener & l'agiter: quand on voit qu'il a le corps enflé & tendu, on commence à le faigner fous la langue & aux flancs; enfuite on lui donne ce lavement.

Prenez deux pintes de vin rouge, dans lequel vous mettrez fix groffes figues hachées menu, deux onces d'anis, quatre poignées de rhue auffi coupées menu; faites cuire le tout une bonne heure, enfuite paffez-le & ajoûtez-y une demie livre d'huile de rhuë, & le donnez tiéde au Cheval.

Quand il aura rendu fon lavement, on le promenera en main avec un canon de fureau, dont le trou foit gros comme le pouce, qu'on lui fourre en forte qu'il foit hors du fondement environ deux doigts, & on l'attache de maniere qu'il ne peut fe défaire, cela fait vuider au Cheval quantité de vents: pour tout cela il n'eft pas encore foulagé, donnez-lui le breuvage qui fuit. Prenez bon theriaque, galanga, Spica nardi, imperatoire, de chacun une once, gingembre demie once, anis deux gros; mettez en poudre tout ce qui eft folide & le mêlez avec une pinte de vin blanc, donnez-le au Cheval & le promenez une heure bien couvert au pas.

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4°. On connoît que les Tranchées viennent de vers, lorsqu'on a vû souvent de ces infectes dans la fiente du Cheval & que les yeux lui tournent, il faut lui donner ce qui fuit.

Prenez deux onces d'aloës fin en poudre, une once & demi de theriaque, deux onces de cinabre ( qui eft le vermillon des Pintres; le vermillon eft broyé, & le cinabre non) mêlez bien le tout avec le theriaque ; faites- en quatre pillules qu'il faudra rouler fur de la poudre à vers pilée, faire avaller le tout au Cheval avec une pinte de vin rouge & le promener une heure, enfuite preparer le lavement qui fuit.

Prenez deux pintes de lait ou boüillon de tripes, demie livre de miel, fix jaunes d'œufs & un quarteron de fucre; démêlêz le tout enfemble & le donnez tiéde au Cheval trois heures après qu'il aura pris le breuvage ci-devant & le laiffez en repos deux heures; enfuite donnez-lui à manger du fon moüillé, de l'eau blanche & du foin; s'il ne veut point manger bridez-le, & attachez à fa bride trois ou quatre gouffes d'ail pilées & mêlées avec un quart d'once de poivre blanc en poudre, une once de fel, deux onces de miel, mêlez

le tout & le mettez dans un linge attaché à la bride, afin que le Cheval le ronge une couple d'heures. Ces remedes font bons aux Chevaux qui ne peuvent engraiffer, à caufe des vers qu'ils ont dans le corps; mais il eft à propos de les y préparer quelque temps auparavant ; c'est-à-dire de leur faire manger pendant huit ou dix jours avant les pillules, du fon moüillé avec une once de fleur de foulfre tous les jours; aprés cela la médecine réuffira bien & exterminera tous les vers.

5°. Quant aux tranchées rouges, les Marêchaux les appellent incurables cependant on les peut guerir en donnant au Cheval force lavemens rafraîchif fans; le fang d'un jeune mouton donné en lavement y fera des merveilles & enfuite un bon breuvage avec une pinte d'eau cordiale; fçavoir de scorsonere, de scabieufe, de chardon benit, & de chicorée amere, avec deux onces de bonne theriaque, le tout délayé & donné au Cheval ; fi cela ne le guerit pas il eft dans le dernier péril.

VARISSES: Ce font des efpeces de veines enflées ou plûtôt des humeurs molles & fans douleur, qui viennent au jarret du Cheval: elles obéiffent fous le poulce & reviennent auffi-tôt à leur premier état.

C'eft mal à propos que quelques Marêchaux y appliquent le feu pour les guerir; il y a trop de danger, & il vaut beaucoup mieux les frotter d'huile de laurier & barrer la veine, au-deffus & au deffous du jarret. Voyez Veffigons. Les VERS, empêchent les Chevaux d'engraiffer, quelque bonne nourriture qu'on leur puiffe donner.

Pour détruire ces infectes, on n'a qu'à employer les remedes qui viennent d'être enfeignez au mot Tranchées.

Ou bien on mêle dans l'avoine des Chevaux une once ou deux de foulfre, & on continue un peu de temps. Le foin moüillé avec eau où l'on aura diffous du fel nitre ou falpêtre eft encore bon pour tuer les vers, de même que les feuilles de pécher ou de faules toutes vertes hachées menu parmi l'avoine; & encore la fabine en poudre au poids de demi once; il faut que le Cheval en prenne pendant dix ou douze jours.

Si on met un Cheval qui a des vers dans une Etable à Moutons, fans autre littiere, & qu'on l'y laiffe cinq ou fix jours, tous les vers qu'il a dans le corps fortiront, pour peu que les remedes y aident

La femence de coriandre & la rapure de corne de cerf font merveilleufes pour les faire mourir. On peut faire manger aux Chevaux qui en ont, une once de cinabre dans du fon moüillé : fix dragmes de fublimé doux dans une once de teriaque ou d'orviétan réduits en pillules, font auffi mourrir les vers.

Ou bien, prenez coriandre, graine de laituës, de raves & de choux, de chacun deux onces; zedoaria une once, rapure de corne de cerf quatre onces, mêlez le tout & en donnez deux onces au Cheval dans fon avoine ou dans du fon moüillé avec du vin, & continuez pendant douze jours.

Autrement. Mettez dans un mortier quatre onces de conferve de rofes li quides, & deux onces de cinabre en poudre, faites en des pelottes qu'il faudra rouler dans de la graine à vers, & les faire avaller au Cheval avec une pinte de vin d'abfinte; le Cheval aura été bridé fix heures avant & quatre après la prife, enfuite on le débridera, & on lui donnera à manger deux ou trois heures durant; puis un lavement compofé de deux pintes de lait, quatre onces de fucre

rouge & demi livre de miel, pour que la douceur du remede attire les vers dans le gros boyau.

VESSIGONS font des enflûres molles qui naiffent à droit & à gauche du jarret du Cheval. Ce mal eft affez difficile à guerir lorfqu'on le laiffe vieillir.

Reméde. Il faut commencer par rafer le poil, & fendre fuperficiellement & adroitement la peau du côté du jarret; on verra alors une pellicule pleine) d'une eau rouffe qu'on perce avec une lancette; cette eau s'écoule & le veffigon difparoît.

Cette opération étant faite, on prend de la poudre de terre figillée, du vinaigre & du blanc d'œuf; on bat le tout & on en fait de petites boulettes qu'on met dans la plaïe, & par. deffus une compreffe pour tenir le remede en état.

Quelqu'uns frottent les Vefligons avec eau de leffive mêlée de vinaigre dans lequel on aura diffous de l'alun & du fel, puis on promene le Cheval; ou bien on employe pour le même mal le vinaigre avec nitre & alun de roche de chacun égalle portion; ou bien encore un leniment de bol-armeni, noix de cyprez & alun de roche en poudre, mêlez avec eau & vinaigre.

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YEUX : Le mal des yeux vient aux Chevaux ou par fluxion, ou par accident; fi c'est par fluxion, donnez-vous de garde de les faire faigner, car ils courreroient rifque de devenir aveugles; & de quelque maniere que le mal leur foit venu, ôtez-leur absolument l'avoine, & ne leur donnez que du fon moüillé. Ne les faites point travailler, & ne les mettez point dans une Ecurie top chaude; le grand froid y eft auffi contraire.

Pour un coup à l'œil, prenez eau de rofes fix onces, tutie préparée demie ence, un demi gros de fafran, fucre candi deux onces, couperofe blanche une once; mettez le tout dans l'eau rofe & le remuez bien, puis vous en mettrez deux fois le jour dans l'œil du Cheval.

Ou bien faites durcir un œuf frais dans l'eau, ôtez-en la coque, fendez-le en deux, tirez en le jaune, & mettez à la place gros comme une groffe féve de-marais de couperofe blanche: on rejoint les deux moitiez de l'œuf, on l'enveloppe d'un linge blanc & fin, & on le met tremper dans un demi verre d'eaurofe pendant fix heures, après cela jettez l'œuf & vous fervez de l'eau pour en mettre fept ou huit goutes dans l'œil du Cheval avec une plume, foir & matin, le Cheval fera bien-tôt gueri.

Pour appaifer l'inflammation des yeux, on prend deux onces d'eau- rofe autant de fel de plantain, deux gros de falpêtre rafiné; on laiffe infufer le tout ensemble, puis on en frotte les yeux du Cheval.

Si l'inflammation venoit de froid en Hyver, il faudroit n'y point toucher & attendre que la nature agît d'elle-même avec le fecours de la chaleur de

l'Ecurie.

Les Chevaux font encore fujets à la Taye, qui eft une tache blanche qui offufque l'œil du Cheval on fe fert de collires pour guerir ce mal; en voici un fort bon.

Prenez de l'eau de fenoüil & d'eufraife, de chacun quatre onces; deux gros de trochifque albirafis & autant de Crocus metallorum, un gros d'aloës & foixante goutes d'efprit de vin camphré, mêlez toutes ces drogues & frottez-en des yeux du Cheval.

Quelqu'uns y employent le fuc de grande centaurée, ou le 'fuc de lierre

terreftre mêlez avec eau- rofe, tutie préparée & fucre candi.

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La Cataracte eft auffi un mal qui vient aux yeux des Chevaux ; quand elle eft formée, la prunelle reffemble à un verre taché, obfcur & un peu tranf parent, & enfin elle devient blanche, noire ou de quelque autre couleur. Lorfque la cataracte eft invétérée, elle eft difficile à guerir; au- lieu lorfqu'elle commence à fe former, il y a du remede en voici quelques-uns. L'huile de femence de lin tutie par diftilation, la tutie en poudre, & l'huile de papier, prifes féparément y font très-bonnes: ou bien on fe fert d'une eau dont voici la compofition.

Eau specifique pour la Cataracte. On prend quatre gros d'aloës réduits en poudre, trois gros de Crocus metallorum, deux gros de fucre candi, un gros de tutie préparée avec huit onces de vin blanc, autant d'eau de fenouil, & deux onces d'eau d'éclaire ; on laiffe macérer le tout durant vingt-quatre heures, & on en frotte la cataracte.

Je finirai ce long mais important chapitre par quelques remedes généraux, parce qu'ils auroient été mal placez dans les maladies particulieres, dont il a été queftion ci-deffus.

Remedes generaux.

Baume d'Artus, bon contre toutes fortes de playes & encloüeures.

Faites diffoudre une once & demie de gomme élemi dans de fort vinaigre, paffez-le & donnez-lui une confiftance épaille; ajoûtez-y une once & demie de terebentine de Venife, une once de fuif de mouton & deux onces de fain-doux; fondez le tout & remuez le bien avec une fpatule ( c'eft l'inftrument dont les Apotiquaires fe fervent pour remuer leurs drogues) mettez & gardez celleci dans un pot bien propre, pour vous en fervir au besoin.

Poudre cordiale, céphalique & diuretique.

C'est-à dire, qu'elle eft bonne pour les maux de tête, battemens de flancs, tranchées, morfondement & toux, rétentions d'urine, & enfin rafrîchiffante. Prenez bayes de laurier, regliffe, gentiane, ariftoloche, raclure de cornede- cerf, trois onces de chacun; autant de femence d'orties, deux onces d'hyfope, une once d'agaric, raucoüat, torchique, mufcade & jubarbe une once de chacun, le tout pulverifé & mêlé; laiffez-le infufer dans un pot à froid, pendant une nuit; le matin donnez-en au Cheval trois cuillerées dans une pinte de vin blanc fi c'eft un gros Cheval, & deux cuillerées dans trois chopines de vin s'il eft plus petit; il doit être bridé trois heures avant de prendre cette pou dre & deux heures aprés on peut auffi lui en donner deux cuillerées dans fon

avoine.

Onguent pour deffecher.

Faites bouillir jufques à confiftance d'onguent un quarteron de verd - degris, autant de miel & un peu de farine de froment; puis frottez-en les jambes ou autre endroit que vous voudrez deffecher, aprés en avoir rafé le poil.

Pillules purgatives.

Prenez une livre de vieux lard, demie livre de miel, autant de beurre frais,

ane once d'agaric, demie livre d'huile, deux onces de fucre, une once d'aloës, demie once de rubarbe; mêlez le tout & faites-en des pillules que vous donnerez au Cheval qui doit être bridé quatre heures avant de les prendre, & quatre heures aprés, & fans manger.

CHAPITRE II.

Du Haras.

E n'eft pas affez d'avoir appris dans le précedent chapitre à fe connoître en Chevaux, à les gouverner & les guerir de leurs maladies; il faut maintenant parler de la multiplication de leur efpece, car leur beauté & leur bonté ne dépend pas moins de la bonne race que de la bonne nourriture: Une belle Jument pouliniere avec un bon Etalon produit de beaux & bons Poulains, qui feront toûjours tels, s'ils font bien nourris, fur-tout dans leur jeuneffe.

Sans aller en Espagne, ni en Angleterre, Italie, Allemagne ou Turquie ; la Flandre, le Boulonois, la Normandie, la Bretagne, le Poitou, l'Auvergne, la Bourgogne & generalement tous les endroits abondans en pâturages, font pleins de Haras, d'où nous viennent de beaux & bons Chevaux tant pour la felle que pour le caroffe & le labour.

Du choix d'un bon Etalon.

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Comme l'Etalon eft le fondement du Haras, il faut le choisir de belle taille, vif, bien ramaffé en fes membres, fort & vigoureux; bien membru, fi on en veut des poulains pour le labour; de belle encolure, fi c'eft pour le caroffe; docile & cependant courageux, bien marqué & de bon poil comme Alzanbrûlé, ou autres dont nous avons parlé ci-deffus. L'Etalon doit fur-tout être bien fain & exempt particulierement des maux de jarret, maux d'yeux & autres maladies hereditaires aux Poulains; & enfin il ne doit pas couvrir avant cinq ans, ni paflé quinze.

Du choix de la Fument pouliniere.

La Jument qu'on deftine à faire race, doit être prife entre trois & dix ans ; & outre la fanté, l'œil & le poil, elle doit être choifie belle, de bonne race, bien marquée, bien prise de corps & grande à proportion, les flancs & la croupe larges, un peu en chair, mais pas trop graffe: Au furplus il faut les prendre à peu prés de la taille & de l'encolure de l'Etalon; car fi elles étoient beaucoup plus grandes, elles produiroient des Chevaux hauts-montez fur jambes & fans corps; on ne doit les faire couvrir que de deux ans en deux ans, elles s'en conferveront mieux & nourriront mieux leurs Poulains: Il eft bon de ne les faire couvrir qu'à cinq ans ; elles en feront plus fortes fi on ne les livre pas à leurs premieres ardeurs, & elles ne donneroient que des Poulains foibles; c'eft pourquoi on les fépare des Poulains & des Chevaux depuis le mois de Mars de leur feconde année, de peur qu'elles ne les excitent à les fatisfaire : Au

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