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pleine d'eau chaude; elle mange ce mets avec appetit, & il lui rétablit T'eftomac.

On lui en donnera autant foir & matin pendant huit ou dix jours, avec de bon foin ou de l'herbe feche, de la luzerne ou du fain- foin.

En Eté, elle n'a befoin que d'herbe fraîchement coupée, & on ne fe met pas en peine alors de la tenir chaudement, la faifon y fupplée.

En quelque temps que ce foit, il eft bon de donner de temps en temps un peu d'avoine à la Vache; mieux on la traitera, plus elle & fon Veau fe fortifieront.

Pour boiffon, on lui donnera de l'eau blanchie avec de la farine ou du fon; l'Hyver on fait tiédir cette eau.

Ón fe donne ces foins pendant huit ou dix jours, au bout defquels on traite la Vache qui a vélé comme à l'ordinaire, & elle va aux pâturages avec les autres; il faut feulement avoir foin de tenir le Veau attaché à l'étable jufqu'à ce qu'il ait affez de force pour fuivre fa mere par-tout.

Il ne faut traire les Vaches que deux mois ou fix femaines après qu'elles ont vélé ; le lait n'en vaut rien avant ce temps, & on n'en peut faire ni beurre ni fromage..

Des Veaux nouveau-nez.

Si-tôt que le Veau eft hors du ventre de fa mere, pendant qu'elle le léche, ou que pour l'y exciter on répand du fel & des miettes de pain fur le corps du jeune Veau comme nous l'avons dit ci-deffus ; il faut faire avaller au nouveau né un jaune d'œuf crû pour lui donner des forces..

On le maniera le moins qu'on pourra, car il eft extrêmement délicat. Pendant les cinq ou fix premiers jours, il faut le laiffer auprès de la mere, fur tout en Hyver, pour qu'elle l'échauffe & qu'il tete à difcretion.

Au bout de ce temps on l'attachera un peu à l'écart, pour qu'il ne tete plus que quand on le jugera à propos ; & après qu'il aura teté, on le ramenera à fon lien.

Après huit ou dix jours, la mere va paître avec les autres Vaches; mais il faut retenir le Veau à l'étable & l'y faire teter deux fois le jour avant que la mere forte.

Il y a des Veaux qui ne donnent point de peine à élever, parce qu'ils prennent le trayon de leur mere, & fçavent teter dès qu'ils voyent le jour; mais il y en a d'autres à qui il faut long-temps mettre la tetine dans la bouche pour les y faire; & quand ils répugnent long-temps à la prendre ou à tirer, c'eft une marque qu'ils ont les barbillons, qui eft une des indifpofitions aufquelles les jeunes Veaux font fujets, comme nous le dirons ci-après.

Quand la Vache n'a point affez de lait pour nourrir fon Veau, ou que c'est une bonne laitiere qu'on veut ménager, & cependant élever fon petit pour en conferver la race; il n'y a qu'à le faire teter peu & lui donner pour fupplément de nourriture deux fois par jour une demie douzaine d'œufs cruds qu'on lui caffe dans la bouche & qu'on lui fait avaller, ou bien le nourrir de lait de Vache boüilli & de pain qu'on y a fait mitonner; ou bien encore lui donner des petites pelotes de pâte de farine d'orge ou de feigle; c'eft

un peu de peine; mais auffi c'eft le moyen d'avoir en deux mois ou fix femaines de forts Veaux & de belles Geniffes, dont les Bouchers feront trèscurieux fi on veut les leur vendre.

Il ne faut pas avoir l'avarice d'ôter aux Veaux qui tetent, une partie du lait de leur miere; ce lait ne vaut rien pendant les deux premiers mois, & outre cela, fi on ne remplace par d'autres nourritures ce qu'on en dérobe aux Veaux, ce ne font que des fquelettes dont les Bouchers mêmes ne veulent pas fe charger.

Infirmitez aufquelles les jeunes Veaux font fujets.

Il y en a beaucoup qui ont la galle prefque en naiffant; ils ont alors la peau rude & mal unie, & le poil heriffe.

On la guérit en leur frottant tous les endroits galleux avec du beurre frais & de l'huile de chenevis.

La galle vient affez fouvent par la negligence des Domestiques qui laiffent croupir l'urine fous le Veau, ou ne donnent pas affez de littieres fraîches: c'eft dequoi il faut avoir foin.

Les Veaux font encore forts fujets aux barbillons & aux poux : nous en dirons les remedes à l'Article des Maladies, ci-après page 278; il n'y a qu'à y avoir recours, de même que pour les autres maladies qui peuvent furvenir

aux Veaux.

Du temps de feurer les Veaux; regles d'économie pour qui en veut élever. L'ufage du lieu ou la fantaisie, décident feuls de l'âge à laquelle on févre les Veaux & Geniffes : quelques uns ne les font teter que quinze jours, pour avoir plûtôt le lait de leurs meres; mais en fi peu de temps le Veau ne peut pas avoir affez de corps & de graiffe, & le lait de cet âge ne peut fervir qu'à faire de la foupe fort fade.

Ainfi il vaut mieux laiffer teter les Veaux & Geniffes trente ou quarante jours, comme on fait aux environs de Paris: après ce temps on les vend aux Bouchers; mais fi on les veut garder pour les élever tout-à-fait, on les laiffe teter deux mois entiers; plus ils tetent, plus ils font gras & forts.

On appelle Veau de lait, celui qui n'a point encore mangé de foin; les Veaux de Riviere font des Veaux extrêmement gras, qui viennent devers Rouen où il y a de bons pâturages on appelle Veau Mongtane, un Veau nourri dans une Ménagerie Royale, du lait de plufieurs Vaches & de quelques autres ingrediens, comme œufs & fucre, ce qui eft une façon de les

nourrir venuë d'Italie.

Pour élever avec profit des Veaux & Geniffes, ce n'eft point affez que d'en avoir à févrer; il faut en regler le nombre fur ce que l'étendue ou la fertilité de vos pâturages en peuvent nourrir. On peut auffi faire quelque fond fur les fourrages qu'on auroit de furabondance; mais il eft rare d'en avoir trop, ou qu'on n'en puiffe pas faire d'argent ; & outre cela les Veaux & Genifles s'accommodent mieux du pâturage que du fourrage.

Il y a encore une chofe à confiderer pour l'Economie, c'eft de ne point élever de Veaux ni Geniffes quand on a un grand débit de fes fromages. Dans les cantons où il s'en fait un grand commerce, ils font couvrir leurs Vaches rarement quand ce font de bonnes laitieres, ou ils vendent leurs

Veaux de bonne heure, & trouvent mieux leur compte à acheter vingt ou vingt-quatre livres une Vache de quatre ou cinq ans pleine, que d'élever des Geniffes qui ne rapportent de profit qu'à trois ou quatre ans.

Mais enfin, quand on a affez de pâturage en Prez ou Bois, & affez de Fourrages pour élever fes Veaux & Geniffes, foit qu'on veuille conferver quelque bonne race de Vache ou en augmenter le nombre, & avoir des Boeufs pour la charruë; il faut d'abord choifir les Veaux & Geniffes les plus forts ou les plus beaux, de belle race s'il fe peut, promettans beaucoup par l'ufage auquel on les deftine, fur tout mangeans bien.

Il faut prendre par préference ceux qui font nez depuis le mois de Mars jufqu'au mois de juin, parce que ceux qui naiffent plus tard ne font pas allez forts pour refifter aux rigueurs de l'Hyver fuivant, qui les fáit mourir, ou du moins qui les altere affez pour qu'ils ne deviennent prefque jamais beaux.

Les Veaux & Geniffes que vous voulez élever étant ainfi choisis & févrez à l'âge de deux mois au plûtôt, il faut leur donner quelque temps auparavant un peu d'herbes ou de foin du meilleur & du plus fin, afin de les y accoûtumer; enfuite vous les mettrez paître en Eté depuis le matin jusqu'au foir dans de bons endroits feparez de leurs meres; & la nuit vous les enfermerez dans des étables à part, de peur qu'ils n'aillent toûjours teter; il eft même à propos de les mettre paître & coucher feuls à l'écart, de peur que les autres Beftiaux qu'ils iroient tâtonner ne les bleffent; ou bien on leur met des muzelieres qui les empêchent de teter & non pas de paître, & on les laiffe aller pêle-mêle avec leur mere & les autres.

L'Hyver leur eft beaucoup plus difficile à paffer, à caufe qu'ils font trèsfenfibles au froid; il faut tenir l'étable bien fermée & bien chaude, les changer fouvent de littiere, & outre le fourrage ordinaire, leur donner de temps en temps du foin, du fain-foin & de la luzerne pour les maintenir en embonpoint & en force: & quand ils vont aux champs avec leurs meres, le nez toûjours enmufelé, il faut avoir foin au retour de les bien frotter avec de la paille pour les garantir des effets des frimats: quand on les a fauvé du premier Hyver, les autres ne font plus à craindre.

Quand vous avez ainfi élevé des Geniffes, il ne faut que trois mois de pâturage pour les engraiffer & les bien vendre, quand on ne juge pas à propos de les garder; à la difference des Vaches, qui parce qu'elles ne font pas fi jeunes, prennent graiffe avec plus de peine, comme nous le dirons en parlant de la maniere d'engraifler les Boufs & les Vaches.

Quant aux Veaux, quand on ne les vend point jeunes, on les deftine à la charrue ou au charroi; & pour cet effet, on les châtre à deux ans, horfmis quelques uns des plus forts qu'on laiffe croître entiers quand on manque de Taureaux: nous avons parlé ci-deffus du choix & des fonctions du Taureau; nous avons même dit comment on l'engraiffe; au furplus on le nour fit & on le panfe comme le Boeuf, ainfi refte l'article des Veaux à châtrer, Quelques perfonnes leur font cette operation à fix mois; mais c'eft les expoler a une mort prefque certaine, au lieu qu'à deux ans ils ne courent point de rifque; & il n'y a point de temps perdu, parce qu'ils ne portent le joug qu'après cet âge.

C'eft toûjours le matin, avant qu'ils ayent forti, qu'on les châtre; les uns prennent le mois de May, parce qu'alors les Veaux ne fe fentent plus de 'Hyver; d'autres aiment mieux attendre à l'Automne; mais il faut toûjours. que temps foit moderé & doux, car le chaud & le froid font également. dangereux pour cette operation.

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Pour la faire, on prend les nerfs des tefticules du Veau avec des petites tenailles; puis prenant les bourfes, on y fait l'incifion & on coupe les tefticules, mêmes, en n'en laiffant que l'extrêmité qui tient aux nerfs ; c'en eft affez pour ôter au Veau la vertu d'engendrer, & il ne verfe pas beaucoup de fang & ne perd point fes forces.

Auffi tôt que l'operation eft faite, on frotte la plaie de cendres de farment mêlées avec de la litarge d'argent, & on y applique une emplâtre: ce jour-là on lui donnera un peu de nourriture & point à boire, & peu les jours fuivans; les trois premiers jours on le nourrit de foin & d'un picotin par jour de fon mouillé qu'on lui donne à une fois. Le trois ou quatrième jour on leve le premier appareil, & on met fur la plaie une emplâtre de poix fondue & de cendres de farment mêlées avec de l'huile d'olive pour confolider les. chairs; & à mesure que l'appetit revient au jeune Bœuf, on lui donne de l'herbe fraîche & à boire.

A trois ans on les vend en Foire, ou on les met au joug après les y avoir dreffé comme nous l'avons dit au Chapitre des Bœufs.

ARTICLE IV..

De l'engrais des Bêtes à cornes.

Les Bœufs, les Vaches & les Taureaux ont cela de particulier, qu'aprèsavoir bien rendu fervice & fait long-temps profit, ou quand ils fe font caffé quelque membre, on les engraiffe pour les tuer ou les vendre aux Bouchers. Jamais la nourriture qu'on donne à ces animaux n'eft perdue, & ce n'est pas être bon ménager que de ne pas avoir dans une maifon de campagne des bêtes graffes à vendre tous les mois; la maniere de les engraiffer eft facile. Tout Boeuf, Vache ou Taureau qu'on voudra engraiffer, ne feront point. trop vieux, autrement ils prennent graifle avec bien de la peine.

C'eft ordinairement à l'âge de dix ans qu'on les met à l'engrais. Pour cela on ne leur fait plus faire ni labour ni voiturage, on les laisse en un plein repos. Si c'eft en Êté qu'on veut les engraiffer, on s'y prend vers la fin du mois de May; on en engraiffe beaucoup jufqu'à la Saint-Martin.

Si-tôt que le jour paroît, on les mene paître l'herbe dès le grand matin; car la rofée contribue beaucoup à leur embonpoint; on les laiffe dans le pâ turage jufqu'au grand chaud du jour, qu'on les mene à l'ombre dans l'étable pour faire prendre du repos ; & lorfque la chaleur eft paffée, on les remene au pâturage jufqu'à la nuit.

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Il faut obferver s'ils mangent avec appetit, car fans cela ils n'engraissent pas; c'eft pourquoi s'ils mangent legerement & ne font que tâtonner ou éplucher la mangeaille, pour leur donner de l'appetit faites-les boire trois ou quatre fois le jour, & de temps en temps lavez-leur la langue avec du

vinaigre & du fel, & leur jettez dans la gorge une petite poignée de fel, ton acrimonie les fera boire & les excitera à manger.

Les huit premiers jours qu'on les engraiffe, foir & matin on prend un feau d'eau échauffée au foleil fi c'eft en Été, ou tiédie fur le feu fi c'eft en Hyver, on y jette deux picotins de farine d'orge qu'on mêle bien dans cette eau avec la main, on la laiffe repofer jufqu'à ce que le plus gros de cette farine qui n'a point été blutée foit defcendu au fond de l'eau; cela fait, on ne prend que l'eau blanchie qu'on donne à boire au Boeuf dans une auge, & on referve la groffe matiere qui en refte pour la lui donner au retour du pâturage; ce breuvage leur purifie le fang & les difpofe à prendre graiffe.

Le foir à leur retour des champs, on leur donne une bonne littiere pour les faire repofer tout à leur aife, & on jette devant eux une petite botte d'herbe fraîchement cueillie.

Ces foins-là étant continuez pendant quatre mois, on est fûr d'avoir des bêtes graffes au bout de ce terme, c'eft-à-dire à la fin de Septembre fi on a commencé l'engrais en May: Voilà pour l'Eté.

Quand c'eft en Hyver qu'on les veut engraiffer, il y a un peu plus de dépenfe & de foins; auffi cela ne fe pratique-t-il gueres que dans les Pays ou il n'y a point de pâturages.

On commence toûjours (comme on vient de dire) par leur faire boire pendant huit jours foir & matin de l'eau blanchie avec de la farine d'orge; on a foin de les tenir bien chaudement dans leur étable, en ne leur y laiffant point manquer de littiere.

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On les nourrit abondamment de bon foin ou d'herbes feches & gardées de l'Eté. Le foir on leur donne des pelotes de farine de feigle, d'orge ou d'avoine, mêlées ou feparées, qu'on aura pétries avec de l'eau tiéde en y mêlant un peu de fel.

Si-tôt qu'on les a destiné à l'engrais, il ne faut plus leur donner de paille à manger; cette nourriture n'a pas affez de fubftance non plus que l'orge. Pour bien faire, on leur donne foir & matin, chacun un picotin & demi de fon fec, & à midi une écuellée de feigle; en trois mois vous aurez un Bœuf gras. Dans le temps des groffes raves, on peut leur en hacher de crues dans leur auge, ou bien leur en faire cuire dans une chaudiere; cette nourriture leur eft très-excellente, de même que les naveaux & le jonc-marin cultivé; on peut leur donner de toutes ces mangeailles ou fraîches ou feches : nous avons enfeigné la maniere de les cultiver, de les broyer & de les apprêter dans l'Article fecond de ce Chapitre, ayez y recours.

Il y en a qui prennent du marc de vin, & qui en mettent dans une chaudiere pleine d'eau qu'ils ont fait chauffer fur le feu, & dans laquelle ils mettent environ trois picotins de fon, le tout bien mêlé enfemble. Les lupins entiers, en farine féche, ou en pâte leur font encore bons, de même que l'a voine en grain, la luzerne, même le gland.

Pour empêcher que les Boeufs ou Vaches ne fe léchent (car on prétend que rien ne diffipe plus la graiffe, & les Bouchers s'en apperçoivent bien) prenez de leur fiente, frottez-leur-en tous les endroits du corps où ils où ils peuvent atteindre avec leur langue, afin qu'ils n'y retournent plus à caufe de l'amertume qu'ils y trouveront.

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