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les murailles qu'on polit avec une agathe; ce qui les fait unies & luifantes comme une glace de miroir.

Du Corps de Logis.

Ce Bâtiment doit être (pour la regularité & pour la commodité) entre Cour & Jardin, vis-à-vis la principale Entrée, & détaché des pieces de la Baffe-Cour; fi on eft tout-à-fait maître de fon affiette, on obferve que fes quatre encognures foient oppofées aux quatre vents principaux, afin que ces vents qui font les plus violens, faffent moins d'effet en prenant le Bâtiment en flanc, que s'il le prenoient en face; il eft bon que les principales vûës foient vers le Soleil Levant des mois de Mars & de Septembre.

On éleve les Bâtimens de Campagne moins hauts que ceux des Villes, parce qu'ils font plus expofez aux vents; & on n'y fait ordinairement qu'un étage.

Une Maison de Campagne fimple & commode, peut être compofée par bas d'un petit Veftibule par où l'on entrera d'un côté dans une Chambre à coucher, accompagnée d'un Cabinet & d'une petite Garde-robbe ; & de l'autre côté dans une Salle à manger qui fervira auffi à recevoir les furvenans, & où les Domesftiques fe pourront arrêter pour ne point embarraffer la Cuisine qui fera à côté de cette petite Salle, & aura dans un coin des fourneaux de Maffonnerie élevez de deux pieds & demi ou environ, avec un puits, une pierre à laver & autres commoditez proportionnées à l'étendue du Bâtiment & à la dépense du Maître.

On pratiquera auprès de la Cuifine ou dans la Cuisine même, une Fruiterie & un Garde-manger qui fert à ferrer les viandes; on l'expose ainsi que la Cuisine au Septentrion ou au Couchant, & jamais au Midi, parce que les viandes font fujettes à fe corrompre à cette expofition.

On rangera encore la Laiterie du côté de la Cuisine en un endroit frais & non expofé au Soleil; elle fera voûtée s'il fe peut, & un peu grande afin de fervir pour le laitage & pour d'autres vivres; on aura foin de n'y point laiffer de paffage pour les chats & de la bien enduire de mortier, pour que les rats n'y faflent point de dégât; il faut fur tout la tenir bien propre.

La Cave, pour être fous l'œil du Maître, fera creusée non pas dans la Baffe-Cour, mais fous le Maître-Logis. Les plus profondes font toûjours les meilleures, parce qu'elles font plus à couvert du grand chaud & du grand froid qui y font un tort égal; on leur donne ordinairement quinze a feize pieds de large, fur neuf à dix de long. Plufieurs eftiment les Caves étroites & longues, peu claires & baffes de voûte; & ils préferent les voûtes faites en ance de panier, aux rondes, parce qu'il eft plus facile d'y ranger les vins & d'y engerber les tonneaux: on prendra garde fur tout que la Cave ne foit près d'un cloaque ou autres lieux de mauvaise odeur qui corromproient les vins.

Il faut encore du même côté de la Cuifine, un Fournil ou Boulangerie, c'est le lieu où on fait le pain & autres gros Ouvrages du ménage : il y aura un, ou même deux Fours, l'un pour le Pain & l'autre pour la Pâtifferie.

Le Four fera étroit d'entrée, bas de chapelle ( c'est à dire de voûte ) ; & s'il

avance en faillie hors du Bâtiment, il faut le couvrir, afin que l'eau des pluyes ne tombe point deffus; elle lui ôteroit une partie de fa chaleur, & le dégraderoit en peu de temps: il eft bon que la gueule du Four foit dans la cheminée, afin que la fumée s'exhale par là.

Sur le Four fera l'endroit à bluter la farine, & le deffous fervira à mettre les cendres & les uftancilles de la Boulangerie, comme Pelles, Patrouilles, Fourgons, Baquets, Tables & Tamis de plufieurs fortes.

caliers viz

On place aujourd'hui l'Escalier dans un des coins du Bâtiment, afin que le reste du terrain foit libre, & qu'on en puiffe faire plufieurs pieces de plein pied. On fait les Efcaliers entiers pour les grandes Maifons, les Efles pour moyennes, & les viz feuls & les viz feuls pour les petites : c'eft de la dépense qu'on veut faire, & de l'habileté de l'Ouvrier que dépend cette principale piece du Bâtiment; c'eft pourquoi nous remarquerons feulement le tout doit être ménagé, en forte que les portes des chambres foient au milieu des palliers, que les jours y foient bien diftribuez, & que les repos & palliers des grandes Maifons ne portent point fur aucune Charpenterie, mais fur voûtes, de peur qu'en cas de feu on ne pût échapper & defcendre par l'Escalier dont le repos feroit brûlé. Les palliers doivent encore avoir du moins la largeur de deux marches, & être auffi longs que larges.

que

La Foffe des Privez fe place ordinairement fous l'efcalier. On met le tuyau au coin & dans l'épaiffeur du mur, & les fieges au galetas ou le plus haut qu'on peut, afin que l'odeur n'aille point jufqu'aux appartemens; & pour que le tuyau foit moins fujet à crever, on le fait à Paris de Poterie de terre bien cuite & bien plombée, dont les pieces font pofées l'une dans l'autre, & colées avec bon maftic & ciment.

Des Appartemens.

Une Maison de Campagne fimple, mais commode, fera élevée d'un étage compofé au moins de trois Chambres & de deux Cabinets, outre les Galetas l'on que peut pratiquer pour les Domeftiques.

Nous remarquerons, pour ceux qui ne voudront point s'en tenir à cette grande fimplicité, que l'on fait les Salles un peu plus longues que larges; elles ont la porte dans le côté du mur oppofé à la cheminée, qui fe place autant que l'on peut au milieu de ce mur, en-deçà duquel on ouvre deux fenêtres ́en face l'une de l'autre pour avoir plus de jour à manger; au lieu que les autres fenêtres & celles des autres Appartemens ne doivent point être vis-àvis l'une de l'autre, afin que les Appartemens foient plus clairs, & que les jours ne s'évanouiffent pas au dehors.

Nous faifons les chambres quarrées, & on y place les lits à côté de la cheminée, que l'on approche pour cet effet plus près des fenêtres : on n'en met aucune proche du lit, fur la longueur duquel on a auffi foin que la porte ne regarde point, & cela à caufe des vents coulis: on met les portes vis-à-vis la cheminée; hors cela on obferve, autant que l'on peut, d'oppofer les portes les unes aux autres, de faire que les chambres foient percées des deux côtez paralleles, & que les jours foient de fymetrie en dehors & en dedans.

On a foin que ces pieces foient accompagnées de toutes les commoditez convenables, & fur tout qu'elles foient bien dégagées, en forte qu'on ne foit point obligé de paffer de l'une dans l'autre.

On fait les Anti-Salles plus petites que les Salles, les Anti-Chambres & les Anti-Cabinets plus larges que les Chambres & les Cabinets, & la Garde-Robbe n'a ordinairement que les trois quarts de la Chambre.

On ne donne à present à l'appui des fenêtres que deux pieds & demi de hauteur en dedans fur environ dix poûces de large, afin d'avoir plus de jour & de vûë.

De même on ne donne aux Cheminées ordinaires, que quatre pieds de large fur trois & demi de hauteur fous le manteau, parce que le feu s'apperçoit moins, & il ne fume pas tant quand les manteaux des cheminées font bas. On fait les tuyaux des cheminées fuffisamment étroits par le haut & encore plus par le bas, afin qu'elles ne foient point fujettes à la fumée, & l'on en conduit les jambages en hotte par le dedans & non point à plomb; ou bien on rétrecit le paffage de la fumée en exhauffant le foyer, abaillant le manteau & refferrant l'ouverture du bas de la cheminée entre les jambages.

Les Greniers regneront fur le Maître- Logis; les Planchers en feront garnis de plâtre, fur lefquels on répandra du fang de bœuf, il fert à durcir le plâtre, on peut auffi les carreler; le bled y eft moins fujet à la vermine & à prendre l'odeur de la pouffiere; ils doivent être bien aërez, fur tout du côté que vient le vent de Bize; & comme ils meritent beaucoup d'attention, il faut, autant que l'on peut, les faire à l'endroit le plus élevé de la Maifon, & en placer les ouvertures au Septentrion ou à l'Orient, afin que les grains ne foient point expofez aux vents chauds du Midi, ni aux vents hu mides du Couchant qui les feroient gâter; les vents du Nord & du Levant font neceffaires pour efforer, rafraîchir & conferver le grain fec. Il doit y avoir des foupiraux au haut des Greniers, pour donner entrée à l'air & laif fer fortir la vapeur chaude que le bled exhale ; c'est pourquoi les Greniers ne doivent point être lambriffez, & ils ne fçauroient être trop élevez, afin qu'au travers des joints des tuiles la vapeur puiffe aifément fe diffiper fans échauffer l'air. Il faut avoir grand foin de faire fermer les fenêtres quand elles font exposées au Midi, pendant le temps humide, la pluye & les vents, ou temps chauds; il faut auffi faire une efpece de clôture aux fenêtres avec un treillis de fer, avec des lattes ou autres chofes, pour que les chats, les foüines, les oifeaux & les autres animaux ne viennent point faire le dégât dans les grains. Tous les lieux élevez d'un grand Corps de Logis ne font pas également bons pour fervir de Greniers: il ne faut point placer les bleds au-deffus des fcelliers & autres endroits humides, parce qu'ils y prennent un goût de relan & une fenteur méchante; fur tout que l'on évite de mettre les grains au deffus des étables & des écuries, ils ne manqueroient point d'y acquerir un goût infiniment plus mauvais & plus defagreable, ils y font prefque toûjours gourds & tiennent les uns aux autres. Enfin, quant aux Couvertures, on couvre les toits de plomb, d'ardoife, de tuile, de bardeau, de gluis ou de chaume. Plus la matiere dont on couvre eft pefante, plus le toit doit être abaiflé : fi on couvre d'ardoife, on fait ordinairemeut

dinairement la hauteur du toit égale à fa largeur; mais pour la tuile, on n'y donne de hauteur que les deux tiers, ou au plus les trois quarts de la largeur: s'il y a des Croupes, c'est-à-dire quelque bout ou côté qui ne foit point bâti en pignon, mais couvert en penchant comme le refte du comble, ces croupes doivent être tenues plus droites que les autres Couvertu

res.

Quant à la forme des Couvertures, on les fait à l'ancienne mode, ou à la Manfarde; car les Domes & les Terraffes ne font point de mon fujet. Autrefois on ne faifoit que des couvertures droites, hautes, & n'ayant de chaque côté qu'une feule pente terminée en pointe au comble: à la verité ces fortes de Couvertures facilitent l'écoulement des neiges & des eaux de pluye qui pourroient croupir fur les toits, ou les penetrer en temps d'orage ou à la longue, fur tout fi la gelée les y faififfoit, particulierement dans les Païs froids; c'eft pourquoi les Couvertures hautes femblent y être neceffaires : mais il y a long temps qu'elles ceffent d'être d'ufage à Paris & prefque par toute la France, parce qu'elles coûtent beaucoup en Charpente & en Cou verture, l'efpace qu'elles enferment eft petit, on y perd beaucoup de place, & les toits en font plus en prife à l'impetuofité des vents, parce qu'ils montent trop haut. Pour remedier à cela, on a inventé de nos jours les Manfardes, ainfi appellées du nom du célébre M. Manfard à qui on attribuë l'honneur de l'invention: au lieu de n'avoir qu'une feule pente de chaque côté, comme les anciens toits qui font droits, hauts & pointus; les Manfardes ont deux pentes, parce que ce font des toits coupez, c'est-à-dire des toits done la Charpente n'eft pas droite dans toute fa longueur comme aux anciens, mais brifée, en forte que le brifis y fait un angle, & par confequent deux faces ou deux pentes de chaque côté du toit. On trouve les Manfardes bien plus commodes, plus belles à la vûe & plus utiles : les bois de peu de longueur y peuvent fervir, la place y eft plus quarrée, on y gagne fouvent un étage entier, & le vent a bien moins de prife fur le toit. On af fecte dans les Bâtimens Modernes d'empêcher qu'on ne voye les Couver

tures.

La Baße-Cour.

La Baffe Cour eft la Menagerie de la Maifon de Campagne; les pieces en feront conftruites felon la qualité des revenus de cette Maifon; s'ils confiftent en vins, il faut des celliers & des preffoirs ; fi c'eft en bleds, il faut des granges; fi c'eft en foins, il faut des greniers; en beftiaux & en mouil faut des étables & des bergeries ; & enfin pour le plaifir du Maître & pour fon labourage, il faut des écuries, des hangards & des remifes pour les équipages & les ontils du labourage & pour les chaifes & carroffes.

,

Il faut que,la Batle-Cour foit compofée de quelque bas Logemens pour le Fermier & les Domeftiques, d'écuries, d'étables, de bergeries, de celhers, preffoirs, granges, greniers, de toits à Porcs & de poulaillers, de pigeonniers ou volieres: qui voudroit bâtir toutes ces pieces éparfes ça & la, comme on fait en quelques endroits des Provinces, il n'y auroit pas grande fineffe, chacun les pourroit faire felon fa fantaifie; mais le bon ordre & l'avantage qui en revient, veut qu'on affemble toutes ces parties

Tone I..

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en un Corps, & que l'on y obferve quelque fymétrie.

Je ferois d'avis que la Baffe-Cour ne fût jamais l'Avant-Cour de celle du Maître ; mais que de celle du Maître, il pût voir, même de fes fenê tres, tout fon train fe ranger dans la Baffe-Cour où on pafferoit à droite ou à gauche de fa Cour, en forte que tout le beftial & tout l'attirail fe diftribue dans fes départemens fans s'arrêter dans la Cour du Maître.

La Grange fera d'un côté avec les pieces qui la peuvent accompagner, les Etables & Bergeries de l'autre, la demeure du Fermier en ligne avec le Logement du Maître, ou fur le chemin ou à bord de la Maison, où elle pourra auffi avoir une entrée. Par ce moyen on aura toutes chofes comme fous fa main, & l'on pourra vifiter tout fon Domaine facilement & en peu de

temps.

Pour commencer par la demeure du Fermier, il faut une grande Cuisine par bas, pour apprêter & pour donner à manger aux Ouvriers & gens de la Ferme, il faut attenant une Chambre d'un côté pour les Servantes, & de l'autre un Fournil un peu fpacieux pour cuire le pain commodément faire la leffive & autres groffes befognes, & pour ferrer les provifions groffieres; au deffus de ce Logis, quelque Logement pour un furvenant, & quelques greniers & refervoirs pour les menus fourrages grains, & fruits qui fe recueillent dans la Ferme ; car pour les pailles & les foins,leur place fera ailleurs. Je ferois encore d'avis que les écuries, tant du Maître que du Fermier, fuffent fituées contre le mur de feparation de la cour du Maître & de la Baffe-Cour, tant pour la commodité du Maître qui prend & qui laiffe fon cheval en entrant & en fortant fans entrer dans la Bafle Cour, que parce qu'il eft important de ne pas faire de hauts Bâtimens en cet endroit ; car il fuffit fur les écuries d'avoir des greniers à foin, pailles & avoines.

Les Ecuries, pour être bonnes, ne doivent être ni trop chaudes ni trop froides, ces deux extremitez font préjudiciables aux chevaux ; il ne faut point auffi qu'elles foient trop humides, il n'y a rien qui leur perde plus les pieds; c'eft pourquoi elles feront un peu élevées au-deffus du rez de chauflée de la Cour. La place où font les chevaux doit être plus haute d'environ deux poûces que le refte de l'aire de l'Ecurie, & être bâtie en pente; elles feront un peu fpatieufes pour y pouvoir mettre les lits des Valets d'Ecurie; elles auront leur enfoncement & leur-longueur garnie de rateliers & d'une bonne mangeoire, à laquelle on donnera quinze poûces de largeur & douze poûces de profondeur. Vis-à-vis le ratelier, on fera fceller dans le mur plufieurs pieux pour y fufpendre les coliers des chevaux, leurs fcelles, les fcelletes. les traits & tous les autres harnois & pieces fervans aux chevaux tant de labourage que de monture. L'Ecurie fera encore garnie d'étrilles, de broffes, de peignes, d'épouffettes, d'une éponge, de fceaux, de fourches de fer & autres uftenciles. Les fenêtres des Ecuries doivent être au Midi, & jamais au Levant; & de plus il eft bon qu'aux Ecuries des chevaux il y ait une petite fenêtre au Nord pour pouvoir les rafraîchir en Eté, quand ils repofent pendant les chaleurs.

La Grange fera éloignée du Maître Logis ( de peur du feu) & en face de l'entrée de la Baffe Cour pour la commodite de la décharge des grains; sa grandeur fera fuivant l'étendue des Terres, & la porte fera auffi large que

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