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toux: fi-tôt qu'on s'en apperçoit, il faut leur faire tiédir du vin blanc avce un peu d'huile d'amande douce, la leur faire avaler, & leur donner du pasd'âne à manger; il fera bon auffi de leur frotter les nazeaux de cette liqueur. Dans une autre faifon que le Printemps, on peut leur donner à manger du fénu-grèc concaffé avec du cumin, ou les nourrir de dragées comme les Chevaux; un peu de mitridat dans une cuillerée d'eau-de-vie eft encore bon contre la toux & la morfondure des Brebis.

De l'enflure.

Les Brebis deviennent enflées ou pour avoir mangé des herbes qui leur font contraires, principalement celle qu'on appelle Corrigiole ou Renoüée (Centinodia), ou pour en avoir pris que des bêtes venimeufes auront infectées; elles en creveroient fi l'on negligeoit de les fecourir : cette enflûre fe remarque ailément, & elle eft dangereufe lorfqu'on leur voit la bouche ba veufe & puante.

Pour les en guérir, on les faigne d'abord fous la queue en la partie qui eft proche des feffes, ou bien aux veines des lévres ; enfuite on leur donne à boire de l'urine d'homme, ou bien de l'orviétan, ou de la theriaque délayée dans de l'eau. Ce mal doit être promptement fecouru; car fi l'on fouffre que le poifon gagne le cœur, il n'y a plus de remede.

De la difficulté de refpirer.

La difficulté de refpirer ne provient que d'une trop grande abondance de fang, ou de quelque obftruction dans les conduits de la refpiration.

Pour la leur faciliter, on leur fend les nazeaux, ou bien on leur coupe. le bout des oreilles l'une après l'autre.

De la morve.

La morve eft la maladie la plus dangereufe de toutes celles des bêtes à laine: c'eft une grande quantité d'humeurs vifqueufes, blanches ou rouffes, qui vient des poûmons gâtez & qui fe décharge prefque toûjours par les nazeaux ; on n'en doit pas arrêter le cours : mais tout le Troupeau feroit bien vîte infecté fans reffource, fi on ne feparoit pas la Brebis morveufe auffi-tôt qu'on s'apperçoit qu'elle l'eft; l'abondance des humeurs qui s'écoulent la fuffoqueroit en deux jours.

Ainh auffi-tôt que le Berger doutera qu'une de fes Brebis ait la morve, qu'il la mette à part, qu'il faffe fondre dans une cuillere de fer, gros comme unc noix de foûfre; qu'il le jette enfuite tout boüillant dans un demi-feptier d'eau ; en l'en retirant qu'il le fafle fondre une feconde fois, & qu'il le jette après dans la même eau qu'il fera boire à la Brebis morveuse.

D'autres pilent de l'ail & de la fauge franche, en font un breuvage avec du fort vinaigre qu'ils font avaller à la Brebis, & la jettent dans un pâtu-. rage particulier.

Quelques-uns leur mettent dans les narines des brins de fariette ou de pouliot fauvage enveloppé d'un peu de laine qu'on tourne dans les narines de la Brebis jufqu'à ce qu'elle éternuë; & plus on la fait éternuër, plus la mauvaise humeur fe diffipe.

te;

D'autres encore lui font avaller une cuillerée d'eau-de-vie avec du mitridamais auffi, fi dans trois jours la Brebis ne guérit pas, c'eft une marque que la morve eft formée, & qu'il n'y a plus rien à faire qu'à étouffer la bête, de peur que les autres qui font extrêmement friandes de l'acide de la morve, n'aillent lêcher le ratelier ou les reftes de la Brebis morveufe, & prendre fon mal.

De l'étourdiffement, autrement dit Avertin on Sang.

Cette maladie qu'on appelle Avertin en quelques endroits, & en d'autres Sang, eft dangereufe & fort difficile à guérir; le Soleil de Mars, les trop grandes chaleurs la caufent aux Brebis, fur-tout pendant la Canicule: d'abord qu'elles en font frapées, elles ne font que tourner & fauter fans aucun fujet, & fans fe foucier de manger, elles bronchent à tout moment; & fi on leur touche le front ou les pieds, on y fent une chaleur exceffive.

Pour y remedier, on les faigne à la temple en petite quantité, ou bien à la veine qui eft fur le nez, le plus haut que l'on peut; d'abord la bête s'évanouit; c'eft ordinairement une bonne marque, & quelquefois auffi elles n'en relevent point, car dans cet étourdiffementt la Brebis guérit ou meurt; mais on n'a rien à fe reprocher quand on y a apporté tous fes foins.

Au lieu de la faignée qui eft un remede extrême, vous pouvez eflayer celuici.

Prenez des bettes fauvages, exprimez-en le fuc; mettez en dans le nez des Brebis, & obligez-les même de manger de cette herbe, vous verrez l'effet que cela produira; ou bien coulez-lui dans l'oreille du jus d'orvale ou Toute-bonne.

Des Brebis boitenfes.

Il arrive tous les jours que les Brebis boitent; & cela leur vient de laffitude, ou d'avoir eu les ongles amolis pour avoir demeuré trop long-temps dans leur fiente.

Si c'eft de laffitude, comme pour avoir long-temps marché, on ne les menera point aux champs avec les autres, mais on les jettera en quelque endroit peu éloigné de la maison, & où il y aura de l'herbe; le foir en les renfermant on leur frotera deux ou trois fois les jambes de fain-doux boüilli dans du vin blanc.

Si le mal vient d'avoir les ongles amolis, coupez-leur l'extrémité de l'ongle qui eft gâté, mettez deffus de la chaux vive, enveloppez-le d'un linge, & laiffez-l'y un jour feulement; enfuite vous y mettrez du vert-de gris, & continuerez ainfi alternativement jufqu'à ce que vous voyez que l'ongle foit guéri. D'autres font bouillir & réduire en onguent, plein une cuillere de fer, de vieille huile de noix ou d'olive, & gros comme le poûce d'alun pulverifé, & He font que frotter avec cet onguent l'ongle de la Brebis boiteufe, après en avoir coupé tout ce qui eft gâté; il s'endurcit bien vîte.

De l'abfcès.

Les abfcès qui viennent aux Brebis, font aifez à remarquer par la tumeur que l'abfcès pouffe au-dehors; en quelque endroit du corps que cette

tumeur paroiffe, il faut toûjours l'ouvrir pour en faire fortit toute la corruption, & inftiller dans la plaie de la poix fondue avec du fel brûlé & mis en poudre, puis donner à boire à la Brebis malade de la theriaque délayée dans de l'eau, elle pouffera toute l'humeur maligne au-dehors, & purgerá la Brebis. De la Pefte.

La pefte eft une maladie où il n'y a point de remede, mais qu'on peut prevenir à l'égard des Brebis qui y font fort fujettes: ce mal leur arrive en Eté ou en Hyver; pour les en garantir, on a foin, au commencement du Printemps & de l'Automne, de leur faire boire pendant quinze jours tous les matins auparavant que d'aller aux champs, un breuvage fait d'eau, dans laquelle ont trempé de la fauge & du Marrube, qui eft une herbe fort commune qui vient ordinairement aux mazures des vieux bâtimens.

Vous pouvez auffi vous fervir du remede qui a été enseigné ci-deffus à l'Article des maladies des Bêtes à cornes contre la pefte.

Pour en preferver les Bêtes-Blanches, on prend encore de l'encens, du geniévre ou des herbes odoriferantes, on en parfume l'étable à Brebis & leurs mangeoires, & on leur donne à manger parmi leur nourriture ordinaire du melilot commun, du pouliot fauvage, l'origan, la marjolaine, &c.

Lorfque les Brebis font attaquées de cette contagion, il faut d'abord les mettre à part, & tenter fi les remedes réüffiront.

On continuëra toûjours de leur donner le breuvage dont j'ai parlé au commencement de cet Article, on y joindra du vin & de l'eau, dans lefquels on mettra diffoudre du foûfre & du fel, trois fois autant que de fauge & de marrube; on leur fera avaler cette medecine tous les trois jours: on peut encore leur donner un peu d'orviétan ou de la thériaque des Apoticaires, délayée dans du vin,

Fambe rompuë.

Auffi-tôt qu'une Brebis s'eft rompu la jambe, il faut la lui remettre droi te & la frotter avec de l'huile & du vin mêlez enfemble, l'envelopper d'un petit morceau de drap, & y mettre tout au tour des petites écliffes, de maniere qu'elles n'empêchent point la Brebis d'aller aux champs après qu'elle aura pris deux ou trois jours de repos dans la bergerie.

Furie de Belier qui dogue.

Les Beliers cornus font fort fujets à fe battre les uns contre les autres, & à bleffer les Brebis & Moutons en doguant avec leurs cornes: pour arrêter leur furie, il n'y a qu'à leur percer les cornes avec une tariere proche des oreilles à l'endroit où elles fe courbent; ou bien on prend un petit ais d'un pied de long, on le couvre de pointes de fer, puis on le lie aux cornes du Belier, les pointes tournées vers le front; cela l'empêche de doguer, & il n'ofe plus heurter contre aucun Belier ni mouton, parce qu'en donnant de la tête il fe blefferoit lui-même.

Sang-fuë avalée.

Si la Brebis a avalé une fangfuë, mettez-lui dans la bouche de l'huile ou du fort vinaigre chaud.

Maladies des Agneaux.

Les Agneaux ont leurs maladies particulieres, mais elles font en petit nombre; pour peu qu'ils foient malades, ils font dégoûtez, ont le front fort chaud, & ne tetent point.

Fièvre d'Agneaux.

Dès qu'on s'apperçoit qu'ils font atteints de quelque infirmité, il faut d'abord les ôter d'auprès de leurs meres; les fignes qu'ils donnent de maladie font les mêmes qu'aux Brebis: il n'y a que la difference des remedes; ainfi, lorfque les Agneaux ont la fiévre, on prendra du lait de leurs meres avec autant d'eau de pluie qu'on leur fera boire.

Gratelle d'Agneaux.

Quand les Agneaux mangent de l'herbe encore moüillée de rosée, la gratelle leur vient au menton.

Pour les en guérir, on prend de l'hiffope avec du fel broyé ensemble, & on en frotte le palais, la langue & tout le museau de l'Agneau, puis on lave la gratelle avec du vinaigre & on la frotte après avec de la poix-refine fondue dans du fain-doux : quelques-uns prennent du vert-de-gris & deux fois autant de vieux-oing, incorporent bien le tout à froid & en frottent la gratelle: d'autres mêlent dans de l'eau des feuilles de cyprès broyées qu'ils y laiffent macerer, puis ils en lavent le mal.

Pour les autres maladies des Agneaux, employez les remedes qui viennent d'être enseignez pour les Brebis.

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CHAPITRE IV.

Des Chevres, Boucs & Chevreaux.

ES Chévres fimpatisent affez avec les Brebis quant à la nourriture; mais quant au naturel, celui des Chévres eft très difficile: les Boucs font fort lafcifs, & les Chévres fort vives, agiles & legéres. On fait des troupeaux de ces animaux : ils coutent peu à nourrir, & rendent bien du profit quand ils font d'une bonne espéce: ils aiment les lieux montagneux, & trouvent dequoi vivre dans les Landes & dans les Campagnes les plus ftériles. Dans les païs de montagnes où on en nourrit de grands troupeaux, on ne leur donne point d'Etable; mais il leur en faut dans les endroits où on en nourrit peu, fur-tout dans les païs qui ne font point chauds, parce que ces bêtes craignent fort le froid.

Profits qu'on tire des Chèvres & Boucs.

1. Ces profits font plus confiderables qu'on ne croit : leur chair, leur lait, leur X x iij

graiffe, leurs peaux, leur poil, & les petits qui en viennent & qu'on appelle Chevreaux ou Cabrils, en font les principaux articles ; & les Chévres font d'une fi médiocre dépenfe, qu'on ne leur donne jamais de foin que lorfqu'elles font leurs petits; dans les autres temps on a toûjours à la Campagne affez dequoi les nourrir pour rien.

2o. Le Chevreau (vient à peu-près comme l'Agneau) quand les Oifeaux s'ap parient & que les groffes Bêtes fout en rut: outre la rareté de bonnes viandes de cette faifon, la chair de Chevreau eft fort bonne, tendre & délicate, pourvû qu'il n'ait pas paffé fix mois ; c'eft pourquoi quand on eft en lieu de débit, on trouve affez fon compte à les vendre jeunes, aux Particuliers, ou aux Rotiffeurs qui les vendent par quartiers, & les font fouvent paffer pour Agneaux il y a pourtant plus de profit à les élever pour garnir le troupeau, & pour tirer de l'argent du lait des femelles, de la peau des mâles & de la chair des uns & des autres, comme nous le dirons ci-après. La chair des Boucs & celle des Chévres, fur-tout quand ces Bêtes font graffes, fert auffi parmi les alimens, particuliérement quand elles font jeunes, quoique cette chair foit un peu dure & difficile à digérer; mais il faut que le Bouc ait été châtré. On fale de toutes ces chairs pour la provifion de la maifon, comme nous l'avons dit ailleurs, & elles font folides & nourrillantes, foit qu'on les prenne fraîches ou falées. On engraiffe auffi les Chévres & les Boucs, parce qu'on fait du fuif de la graiffe qu'on en tire.

3. Les Chévres donnent beaucoup plus de lait que les Brebis, & il est beaucoup meilleur & plus fain, quoique la chair de Chévre ne foit pas fi faine que celle de Brebis on trait les Chévres foir & matin pendant quatre à cinq mois de l'année, & elles donnent tous les jours quatre pintes de lait quand elles font bien nourries. Comme ce lait fe caille aifément, on en fait beaucoup de fromages, & ils font affez bons, fur-tout en Languedoc & en Provence, où le menu peuple fe nourrit de lait de Chévre & vend celui de Vache. Les Chévres fe laiffent teter aifément, même par les Enfans, & leur lait eft d'un ufage fort commun en Médecine. Ceux qui veulent le ménager, ne laissent les Chevreaux fous leurs meres que quinze jours ou trois femaines; après ce temps ils les vendent pour commencer à traire les meres. C'eft folie que de vouloir tirer, de la crême du lait de Chévre, pour en faire du beurre ; il n'est pas affez gras pour cela, & le beurre de Chévre eft toûjours blanc & a toujours un goût de fuif.

4°. L'on fe fert du poil de Chévres à faire des chapeaux, des boutons, des bouracans, des camelots ; & les peaux de Chévres & de Boucs fervent à differents ufages elles contrefont le chamois; on les paffe pour en faire du parchemin, du maroquin, des habillemens; on en fait auffi des Outres ou Vaiffeaux pour transporter des vins & des huiles, fut-tout en Provence & en Languedoc; en Orient on ne paffe les rivieres que fur des peaux de Boucs, & on navige fur l'Euphrate avec des Radeaux portez fur des Outres. Il faut vendre les peaux de Boucs avant l'Hyver, parce que la gelée y fait tort; c'eft c'eft pourquoi on les tue au commencement d'Octobre, d'autant qu'alors ces animaux font gras; en forte que leurs peaux & leur chair en font beaucoup meilleures. Pour garder ces peaux il faut les mettre en un lieu fec & airé, qui foit hors de la portée des chiens, des chats & des rats: il faut même autant qu'on le peut

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