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Faire, afin que les Batteurs ayent du jour : deux, trois ou quatre travées d'une hauteur de quinze à dix-huit pieds feront capables de contenir bien des gerbes : les pailles de froment feront mifes dans une de ces travées, celles de meteil dans un autre, & ainfi de même féparément des autres pailles. Au-deflus de l'aire de la Grange, un peu plus haut que le jeu du fleau, on fera une espece de plancher avec des perches, pour y mettre des pailles d'orge ou d'Avoine, des pois & autres. Au dehors on pourra faire un grand porche fur lequel on bâtira une voliere, dont le dedans fera accommodé ainsi qu'on le dira pour le Colombier; ce porche fert auffi d'abri à la volaille contre les chaleurs & la pluye, & a plufieurs autres commoditez.

Pour faire l'aire de la Grange, labourez l'endroit de l'aire qui eft ordinairement le milieu de la Grange, depuis la porte jufqu'au mur qui eft en face; ôtez un demi- pied de terre, & mettez-y à la place, de la terre glaife; paitriffez la bien avec un peu d'eau, en forte qu'elle foit un peu ferme; étendez-la fur l'efpace que doit contenir vôtre aire, faites que la fuperficie en foit unie; cela fait, laiffez-la un peu s'effuyer; enfuite battez-la à trois, reprifes avec une batte de Jardinier, qui eft un inftrument de bois fait exprès pour battre les allées des Jardins, le manche a un pied & demi de long, & la batte ou planche à battre eft de quatre doigts d'épaiffeur & de huit à neuf poûces de largeur, & autant de longueur; elle s'emmanche dans le milieu par le moyen d'un trou qu'on fait un peu en penchant. Dans les Païsoù on ne fait point d'aire dans les Granges, on les fait à découvert en plein champ, parce qu'on eft fûr des faifons.

Il faut prendre garde qu'il n'y ait point de fentes dans l'aire, & la laiffer bien: fécher avant que d'y battre le bied. Dans les Païs où on cultive les Oliviers, on détrempe la terre glaife avec de la lie d'Huile d'Olive, & on y mêle un peu de paille; on prétend que l'odeur de l'Huile chaffe les fouris & autres bêtes qui › nuifent aux bleds, puis on l'applanit avec une batte, ou bien on y roule un cilindre qui eft une groffe pierre ronde & fort pefante, on la laiffe fécher, & à mefure qu'elle féche on la rebat à plufieurs fois, faisant toûjours en forte qu'il n'y ait point de fentes. Les Laboureurs difent que le bon battage des bleds est lorfqu'ils ont fué dans le tas; il faut bien prendre garde que les Batteurs qui font à la tâche, ne laiffent point de bled dans la paille..

Les Volieres des Pigeons & les Poulailliers font fort bien dans le voisinage de la Grange, contre les murs de laquelle on a coûtume de les bâtir & de les appuyer.

A

Les Etables & les Bergeries feront tournées d'équaire fur la ligne de la Grange ou de l'Ecurie, & rempliront la partie de terrain qui fera fur la Cour, vis à-vis le Logement du Fermier, foit que ce Logement foit fur la · ligne du Logis du Maître, ou fur le chemin ou à bord de la Maison. Les Etables, les Bergeries fe bâtiffent affez legerement, & leur meilleure expo fition eft au Midi : quelques uns les font fans planchers, d'autres avec planchers pour fervir de Greniers aux fourages, & les beftiaux en font plus chaudement. On fait le terrain des Etables plus bas que celui des autres pieces, afin que le fumier des Vaches s'y prepare mieux par les fels des urines qui y font retenues; il eft pourtant dangereux qu'elles n'y croupiffent trop, ce qui cauferoit des maladies aux Vaches : outre les Etables à Vaches,,

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il en faut avoir une particuliere pour les Geniffes & pour les Veaux nos.

vellement feviez.

A l'égard des Bergeries, il faut qu'elles foient baffes de plancher pour qu'elles toient plus chaudes en Hiver; il faut faire en forte que l'aire de la Bergerie foit unie, fans pierres & qu'elle aille en pente, afin qu'on la puiffe nettoyer plus aifement & qu'il n'y refte point d'urine, parce qu'elle caufe du mal aux pieds des Brebis & leur gâte la laine. On ne donne de jour aux Etables & aux Bergeries que par une petite fenête de deux pieds de large & autant de haut. Quand on a des Brebis dont la laine eft fi précieufe, on fait l'aire de la Bergerie de planches, & on y laille quelques trous pour que les eaux s'écoulent & que la laine du troupeau fort plus

propre.

Il faut avoir une Bergerie feparée, ou couper fa Bergerie en deux avec des claics hautes, pour feparer les Agneaux d'avec leurs metes: il faut auffi mettre les Beliers à part.

Entre ces pieces de Bâtimens & la Grange, on bâtit des Remifes & Hingarls ou Halages, pour y mette a couvert les Charettes, Chariots, Chaifes & Caroffes, Tombereaux, Charuës & autres uftanciles gros ou me nus, comme Tonneaux, Bois à chauffer, Hottes, l'aniers, &c. On pourra encore s'en fervir en temps de pluye pour aiguifer les Echalats pour la Vigie gie, & y faire d'autres Ouvrages foit en Eté ou en Hyver, d'autant qu'on y eft à couvert. Ces Hangards font ordinairement attachez à des murs, & fcûtenus par des pilliers de bois a deux potences qui fupportent l'entrait fur lequel font pofées les folives & les chevrons; on les couvre de bardeau; ils font encore utiles a la Volaille, pour fe mettie à l'abri des grands vents, de la pluye & des grandes ardeurs du Soleil.

Près des Etables, on confluira deux autres petits Toits; l'un pour les Truyes, & l'autre pour les Vertats; il ch neceffaire de les feparer, de peur que les Verrats ne fallent avorter ks Truyes, ou ne mangent les petits Cochons. Vous en ferez autant pour les Chévres & les Boucs.

Il faut obferver, quand on lâtit un Tot a Porc, d'en bien paver le plancher, & que les mus qui le fernient foient compotez de bon moelon & mortier façonnicz, ahn que les Cochons re puiffent ni foühr l'aire de leur Etable, ni en abbattre les mans avec leur groum; pour l'empêcher, il fut garnir en dedans les murs ou parois de leurs Etables, de douves de futailles tout au tour, jufqu'à certaine harteu.

On appelle ée, le lieu deltiné a mettre du Vin & des Cuves ; elle doit tre proche du Piefloir, & y avoir une porte de communication pour faciliter le transport du Vin qu'on the du preffort pour l'entonner dans des tonneaux rangez par ordre dans la Vinée: elte fera bâtie de noüellon, s'il fe peut, avec bon morter, & n'aura de jour que par quelque petite fenêtre qu'on pourra boucher avec de la paille pendant l'Hyver, loiqu'il eft un peu mode:é; car fi le froid le fait fentit trop rudement, il faut ôter le Vin de cet endroit & le defcendre dans une Cave, crainte d'accident. Le Grenier de deffus la Vinée fervira pour y mettie du grain fi le plancher en eft uni ou carrelé, finon on y mettra du fourage.

Une Vinée eft encore utile a beaucoup de chofes dans une Maifon de Cam

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pagne; on y conferve les vieilles futailles, on y met du bois à brûler & d'auTres provifions neceffaires au ménage.

Le Cellier eft le lieu où on fert les provifions, fur tout pendant les grandes chaleurs; on le fait un peu plus bas que le rez-de-chauflée, en quoi il differe de la Cave. Il y a des Celliers voûtez, ce qu'on y met s'y conferve bien mieux ; la porte du Cellier doit être tournée, s il fe peut, au Nord ou au Couchant, afin que durant les grandes chaleurs, il y entre toû jours un air frais qui conferve ce qu'on y met.

Le Poulailer ne fera point mal aupies des Toits à Porcs. On le fera quarré, plus long que large; fur tout, qu'on prenne garde qu'il ne foit point trop expofé aux grandes fordures ni aux chaleurs exceflives, car ces deux extremitez incommodent beaucoup la Volaille, c'eft pourquoi on tourne ordinairement la porte & les petites fenêtres du Poulailler à l'Orient. Il faut que le Poulailler foit de bonnes murailles, bien maflonnées & blanchies dehors & dedans ; que le plancher foit ferme & épais, s'il n'eft point voûté, afin que les animaux qui leur nuifert, comme les bellettes & les foüines n'y poules aiment un puiflent entrer. Le Poulailler feroit mieux proche la Maiton, à caufe que les Poules aiment la chaleur qui leur aide à pondre, & la fumée leur eft un prefervatif contre les maladies aufquelles elles font fujettes; mais on n'aime pas le vifinage de ces Volailles à caufe de leur caquet & de leur faleté ; c'eft pourquoi on les met ordinairement à côté du four de la Baffe Cour. Le Poulailier eft affez fouvent accompagné à chaque côté, de deux autres plus petits qui fe communiquent; il y aura à chacun une petite fenêtre garnie d'un trei lis de fer fufflant pour donner du jour à la Volaille, fans pourtant que les bêtes ennemies y puiffent entrer; le dedans fera garni de perches pour jucher la Volaille, qui gagneroit la goute fi elle repofoit dans fon erdure, & pour que les Poules abordent mieux à leurs nids; autrement il et à craindre qu'en y allant de plein vol elles ne caffent leurs œufs, & ne tuent leurs p tits: par la même raifon, fous chaque ouverture du Poulailler, fera drellee en dehors une petite échelle, pour aider aux Poules à monter, pour s'y aller coucher ou y aller pondre dans des paniers faits expres, qui feront attachez à la muraille, & dans lefquels il y aura un peu de foin pour les échauffer: quelques uns prat quent ces nids dans les murs mêmes, quand ils font de moüelon: la poite fera toûjours fermée même à la clef, crainte que quelqu'un ne s'avife d'y prendre les œufs, ou que quelque chien n'aille les manger. Il feroit bon encore que dans le voinage du Poulailler il y eut quelques arbres, qui par leur ombrage garentiffent les Poules des trop grandes chaleurs de l'Eté.

On met aupres de ce Poulailler un certain Fumier qui fe fait exprès pour cette Volaille, voici comment: On prend une grande quantité de terreau dont on remplit un trou creufé exprès en pente pour que l'eau n'y CLOU pale point; on l'arrofe de fang de bœuf, tur lequel on épanche un peu d'avoine, puis avec un rateau on laboure le tout pêle-mêle; ce grain iépandu germe peu de temps après, & le fang corrompu par la chaleur, produit une gande quantité de vers & d'herbes qui ont une vertu particuliere pour engraifler la Volaille & la rend e délicate; mais il faut foigner, quand on commence a faire ce fumier, que les Poules n'y aillent pis grater, cat

elles mangeroient l'avoine, & rien ne leveroit.

D'autres, pour le même effet, creufent une foffe de douze pieds en quar-. ré & de fix de profondeur; ils y enterrent des carcaffes de chevaux & d'au tres animaux; ils couvrent ces charognes de terre graffe, avec quelque lie de paille, de bled ou d'avoine hachez; le tout mis alternativement & lits par lits, en forte que le dernier foit toûjours de terre, & élevé au- deflus de la terre ordinaire d'environ un pied: ils laiffent ce fumier en cet état, & il ne manque point de s'y engendrer des vers fuffifamment pour bien nourrir. & engraiffer la Volaille.

D'autres réuniffent les deux manieres ci-deffus, pour faire une bonne ver. miniere, en mettant d'abord dans le fond de la foffe un lit de paille haut de quatre doigts, fuivi d'un lit de fumier de cheval tout recent, qu'on couvre de terreau; on jette fur ce tout, du fang de bœuf, de l'avoine, du fon & du marq de raifin bien mêlez; & ainfi alternativement jufqu'à ce que la foffe foit pleine; & c'eft dans le milieu de ces lits qu'on met les charognes qu'on a, comme de cheval, vache, brebis, chien & autres.

De quelque maniere que l'on fafie cette verminiere, il faut toûjours qu'elle foit bien exposée au Midi au Midi pour mieux germer; on ne l'ouvre que quand on voit les vers y fourmiller en abondance; encore ne l'ouvre t on que par un endroit, pour en tirer, avec trois ou quatre coups de bêche, les vers qu'on veut donner à la Volaille : c'eft le matin qu'on la lui donne; mais la verminiere, depuis qu'on en a commencé l'ouvrage, jufqu'à ce qu'on en ait épuifé les vers, doit toûjours être (même fon ouverture) bien couverte d'épines foûtenues par de groffes pierres, pour que les vents, la Volaille & les autres animaux n'y faffent point de tort. Ces vers bien ménagez fourniffent à la Volaille une nourriture fi bonne & fi abondante, que plufieursperfonnes font deux ou trois verminieres à la fois pour n'en point manquer: on les fait l'Eté, & on s'en fert l'Hyver.

La Loge des Poules d'Inde fe met contre le Poulailler; il n'y a point tant de mefures à prendre, car elles n'ont qu'un certain temps pour pondre : il n'est pas befoin de paniers pour cela, elles font leur ponte à terre; & pour tout jour neceffaire à cette loge, la porte fuffit. Il n'y faut que des perches mifes de travers, un peu plus fortes que celles du Poulailler, pour les y faire jucher; encore ce foin ne dure-t-il pas longtemps, car les Poulets & Poules d'Inde, quand ils font grands, aiment mieux coucher à l'air, même en Hyver, que d'être renfermez, ils engraifsent bien

mieux.

Quant aux Oyes & aux Cannes, on leur dreffera un petit Toit en quelque endroit perdu de la Baffe-Cour, qui fera fans façon, & feulement pour les garentir des bêtes qui ont coûtume de leur faire la guerre; car au refte ils ne craignent point l'humidité de la fiente.

Le Colombier eft une des pieces de la Maifon de Campagne, qui apporte le plus de profit. Pour le bâtir, on cherche d'abord un lieu qui lui convienne le mieux; on le place ou au milieu de la Baffe Cour, ou bien à quelque coin; on l'éloigne autant qu'on peut de la Maifon à caufe du bruit & de la mauvaife odeur des Pigeons, qui d'ailleurs n'aiment point à être trou. blez par les allans & venans.

On fait le Colombier auffi grand qu'on le juge à propos ; & on proportionne la profondeur, l'épaifleur & la hauteur des fondemens & des murs, à l'étendue de la piece; on donne ordinairement aux fondemens la fixiéme partie de fa hauteur, & le double de l'épaiffeur du mur; on fait chaque mur plus haut d'un quart que le Colombier n'eft large, & il a pour l'ordinaire trois ou quatre toifes de diametre dans œuvre,

On en fait de quarrez & de ronds; ceux-ci font plus commodes, en ce que par une échelle tournante fur un pivot, on peut ailément vifiter tout le dedans du Colombier, & s'approcher des nids fans s'y appuyer pour y prendre les Pigeonneaux, l'échelle y faifant un effet qu'elle ne feroit pas dans un Colombier quarré. Le plancher du Colombier doit être bien joint, de maniere que les vents & les rats ne puiffent entrer; la couverture doit auffi être bien faite pour les mêmes raifons. Il faut que le Colombier foit élevé fur de bons fondemens, que l'aire en foit bonne, bien battue & beaucoup cimentée, à caufe que la fiente des Pigeons mine beaucoup : on doit enduire le Colombier de bon mortier, & le blanchir dedans & dehors; car cette couleur plaît fort aux Pigeons, & même les y attire. Les fenêtres ou ouvertures du Colombier doivent regarder le Midi, a caufe que les Pigeons aiment à fentir le Soleil à plomb, & principalement en Hyver.

Un Colombier a ordinairement deux ceintures en dehors, ou de pierre de taille, ou de plâtre, dont l'une regne au milieu du Colombier, & l'autre audeffous de la fenêtre; ces deux ceintures font pour repofer les Pigeons lorfqu'ils reviennent de la Campagne,

La fenêtre du Colombier doit être accompagnée d'une couliffe un peu plus haute & plus large que la fenêtre même; on la garnit de fer-blanc, & on l'attache bien contre le mur pour empêcher que les rats n'y puiffent entrer: il faut que cette couliffe fe hauffe & fe baiffe foir & matin par le moyen -d'un cordeau paffé dans une poulie qui fera attachée au-deffus de la fenêtre; ce cordeau defcendra jufqu'en bas, en forte qu'on puiffe y atteindre fans peine pour la faire agir,

La porte du Colombier doit regarder la Maifon, afin que de-là on puiffe voir ceux qui entrent & qui fortent du Colombier. On garnit le dedans, de nids, autrement appellez Boullins; ces nids font attachez au mur, ou enclavez dans les murs mêmes : il y en a de plufieurs façons; les uns font ronds & les autres quarrez ; les premiers fe font avec deux faitieres mifes l'une fur l'autre, ou bien ce font des pots de terre faits exprès, & on ne fait que les attacher au mur; les autres fe font de terre ou torchis, de plâtre, de briques, ou même de pierres. De quelque maniere que foient les nids, il faut toû jours qu'ils foient plus grands que petits, afin que le mâle & la femelle puiffent s'y tenir de bout. On obfervera que le premier rang des nids par le bas doit toûjours être élevé de terre de quatre pieds, & faire en forte que la muraille de deffous foit toûjours bien unie, afin que les rats n'y puiffent point monter. Le nombre de ces nids n'eft point limité; on peut en faire tant que le Colombier en peut contenir: il faut les placer les uns fur les autres, plûtôt en lozange qu'en échiquier, afin qu'y ayant moins de nids fur la même ligne, les Pigeons des nids inferieurs foient moins incommodez de la fiente de ceux qui font au-deffus. On ne doit point élever les

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