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de la circonference des Ruches; on les met fur le trou & elles travaillent jufqu'à la faint Remy, qu'on leur coupe tout cet ouvrage; on les laiffe l'Hyver fur leurs fieges, & ainfi on fauve la vie à une multitude de ces petites mouches, qui remplitlent les paniers, & travaillent à la provifion.

5°. En hauffant les paniers, on remédie à la fainéantise des meres-mouches, qui négligent le travail & fe laiffent piller quand elles voyent leurs paniers pleins de bonne heure; d'où vient que les paniers qui font fort pefants une année, diminuent de moitié l'année fuivante. Quelques-uns croient que cela oblige encore les jeunes mouches à s'enfuir une a une, fans vouloir jetter, ne voulant pas demeurer dans ces vieux paniers, où les vielles fe laiffent manger aux autres un panier n'eft pas bon deux années de fuite, à moins qu'on ne le taille dans le temps convenable.

6°. Quoique ce ne foit pas un ufage general de donner des hauffes , cependant loin de le négliger on devroit s'en fervir par tout, on s'en trouveroit bien: Il eft fort commun dans le Poitou, & le Limofin, où l'on trouve des paniers de cinq pieds de haut, ce qui apporte un grand profit, & conferve les mouches en leur bonté ; les Effains ne s'arreftent pas autour des Ruches, & la teigne & les vers n'y apporteront pas de dommage, parce que les mouches feront toûjours fortes.

Il ne faut point donner de hauffes, que les paniers ne foient remplis d'ouvrage à deux ou trois doigts près, ou qu'ils ne foient trop pleins de mouches. On donne quelquefois une petite hauffe aux Ruches legeres, qui ont pourtant beaucoup d'ouvrage; auquel cas on tourne le devant derriere. S'il y avoit pea de mouches, il faudroit fe contenter de les tourner fans les hauffer.

Les Ruches dont les mouches jettent leurs petits Bourdons dehors après avoir donné le premier Effain, ou du moins devant la faint Jean, ne doivent point être hauffées ; c'eft une marque qu'elles ne veulent plus jetter.

Quant à la maniere de faire les hauffes, on peut les faire de planches cloüées ensemble, ou d'ozier entrelaffé, à la maniere des Ruches, qui répon dent à leur grandeur, & qui aïent de la force pour foûtenir le fardeau : on peut auffi employer les écliffes dont on fe fert à faire des fceaux & des cribles pourvû qu'elles foient de la largeur des paniers.

Il ne faut pas fe fervir de quatre briques pour hauffer la Ruche; les mouches veulent être à couvert, & à l'abri des ardeurs du Soleil. Quelques-uns maçonnent autour des Ruches, & empliffent les efpaces qui fe trouvent vuides entre les briques; mais tout cela ne vaut rien.

On met fur les hauffes deux bâtons en croix, fur lefquels la Ruche pofe ce qui la rend stable, & l'empêche de périr.

Quand on veut hauffer les Ruches, il faut faire de la fumée avec du vieux linge ou drapeau, ou bien il faut mettre du foin à force dans un pot fans fonds & y mettre le feu; la fumée les fait retirer, & donne le loifir d'ajufter les hauffes fans danger d'être piqué.

Il faut prendre fon temps pour les mettre, fçavoir, après Soleil couché, ou dès les quatre ou cinq heures du matin.

Il faut auffi laiffer des iffuës d'environ deux pouces de long, pour donner la liberté aux mouches d'aller & de venir, & avoir foin de bien boucher le vuide qui fe rencontre entre la ruche & la hausse.

Quand il y a beaucoup de mouches dans un panier, on peut lui donner d'ae bord une hauffe de huit poûces ou davantage; ou fi l'on en avoit donné une moindre, on peut y en ajoûter une seconde.

On peut tailler ces hauffes dès la faint Remy qui fuit : il eft cependant plus à propos d'attendre à la mi-Mars, en ôtant ce qui furpaffe le premier panier, & même plus haut. On laiffe ces hauffes quand les paniers font trop petits, après en avoir tiré l'ouvrage. Il faut prendre garde de ne pas ôter le Couvain en tirant le miel, ce feroit tout gâter; c'eft pourquoi il faut de l'intelligence & de l'experience.

Comment on conferve les Souches.

Les Abeilles vivent jusqu'à huit & dix ans ; & la maniere la plus ordinaire de conferver les Souches, c'eft de les changer de Ruche, comme je l'expliquerai à l'article fuivant : il s'agit ici de faire vivre la Souche le plus qu'il eft. poffible fans la faire mourir & même fans les changer de panier.

Il eft difficile de donner des regles certaines pour conferver les Souches › fans les faire mourir, quand elles ont été quatre ou cinq ans fans être taillées en fond: parce qu'alors les Mouches ne s'occupent qu'à tuer ler autres, & se font tuer elles-mêmes : fi on ne les fait pas mourir, les vers & la teigne fe mettent dans les paniers & ruïnent tout en peu de temps ; & fi on les change de pannier,. elles meurent prefque toutes, à moins que d'y apporter un grand foin.

On peut cependant les conferver cinq ou fix années, fi l'on fe fert des hauffes, comme il a été dit, fi on les taille à propos, & fi on les empêche de jetter plus d'une fois l'an.

Secondement, il faut empêcher qu'elles ne foient pillées par les Mouches étrangeres ; & pour cela les tenir dans les Ruches le plus que l'on pourra, depuis la faint Martin jufqu'à la mi-Mars, qui eft le temps de les tailler.

Troifiémement, il faut les fumer deux ou trois fois par an, pour chaffer leurs ennemis ; ce qui rend les Mouches plus vigoureuses. Il faut tenir les fieges nets de toute ordure, & les ballayer fouvent, au- moins une fois en trois femaines, fur-tout depuis la mi-May jufques en Septembre.

Quatrièmement, il faut nettoyer le dehors de la Rucha & l'enduire tous les ans une fois, pour en chaffer les vers & les papillons, ce qui eft une ma◄ ladie contagieufe qui fe communique de Ruche en Ruche, & qui defole tout. Il y a des Païs où l'on fe fert de Ruches de Liege, & dans lesquelles tous les ans on coupe la moitié de l'ouvrage ; ce qui produit deux bons effets, parce que les Mouches fe renouvellent, & le miel eft toûjours excellent. Pour en venir à bout ils fe fervent de fumée pour chaffer les Mouches hors des Ruches; elles fe tiennent en l'air, pendant qu'on coupe l'ouvrage, après avoir ouvert le fonds de la Ruche, ou levé une des planches.

En d'autres Païs comme en Poitou & Limoufin, où l'on conferve les Ru ches huit à neuf années, ils chaffent les Mouches avec la fumée, enlévent les hauffes & le butin qui s'y trouve, & laiffent la premiere Ruche feulement. En ces Païs à force de hauffer les Ruches, elles ont ordinairement jufques à cinq pieds de haut.

En Champagne, dans le Maine, la Normandie & la Picardie, on change les Mouches de paniers quand il y a beaucoup de miel : mais les faifons de les changer font differentes felon les lieux,

Aux environs de Paris on les doit tailler, comme il fera dit plus amplement au commencement de l'Article fuivant; & lorfqu'on voit un Panier ou y a beaucoup de miel, & dont les Mouches ont trois ou quatre ans, on les fait mourir avec la fumée de foûfre; car de les changer en

il

la, c'eft perdre fa peine.

ces lieux

Pourquoi, quand & comment on change les Mouches de Paniers.

J'ai dit qu'aux environs de Paris, changer les Mouches de Paniers, c'étoit perdre fa peine cependant après avoir bien examiné toutes les autres manieres de conferver les Souches, il n'en paroît pas de plus utile que celle qui fe fait en changeant les Paniers, pourvû qu'on le falle avec les précautions. neceffaires.

Car ceux qui coupent la moitié de la cire & du miel, fatiguent tellement les Mouches en les chaffant avec la fumée, qu'elles périflent fort fouvent, fur-tout fi la saison est avancée; & en ôtant la moitié de l'ouvrage, on détruit le dernier Couvain.

Ceux qui hauffent leurs Ruches autant que le font les Poitevins, en ôtant les hauffes, réduifent les Mouches à demeurer dans un petit Panier où elles. s'entretuënt faute de place, chacune voulante être la maîtreffe de la maison ; &. comme les vieilles Mouches demeurent en ce combat, leurs Paniers renouvellez durent des huit & neuf années; mais auffi les vieilles Mouches fe. jettent fur les foibles Effains qui perillent prefque tous l'Hyver fuivans leur provifion étant mince, & l'on n'y peut apporter de remede.

Or pour parvenir à les changer utilement, on peut employer une des qua..

tre manieres fuivantes.

1. Maniere. On met les Paniers l'un fur l'autre, foit en mettant le plein deffous comme en Normandie, l'accôtant avec des pierres, ou autrement : foit en mettant le plein deffus, comme en Champagne; on enveloppe les deux Paniers d'une nappe pour les joindre & empêcher que les Mouches ne fortent, & avec deux petits bâtons on frappe legerement fur celui qui eft plein, commençant par la tête du Panier, & continuant peu à peu juf qu'à l'embouchure; ce qui fait fortir les Mouches du Panier plein pour en trer dans le vuide, où étant elles font grand bruit; on les dévelope enfuite & on remet les Mouches à leur place. Čela ne fe fait pas fans danger d'être piqué, fi l'on n'y prend bien garde, & fi l'on ne s'y met le foir bien tard: ou de grand matin.

11. Maniere. On y employe la fumée; on prend un pot de terre que l'on emplit, de foin, on y met le feu lorfqu'on veut les changer, & l'on renverfe la vieille Souche entre trois pierres ou pieux; on met promptement un Panier vuide à la place de celui que l'on a ôté, & les Mouches s'y vont rendre. Si elles font réfiftance, on prend deux baguettes, dont on donne quelques coups à la Souche, le pot fumant étant proche d'elle, afin de n'être pas piqué; ou bien ce qui eft meilleur, on met la Souche entre. les pieds d'une chaife fans la renver fer, & le pot fumant auprès d'elle, fraper avec les baguettes, les Mouches fe rendent à la Ruche préparée, ce qui fe fait en plein jour.

III. Maniere. On fait une Ruche platte par le fonds que l'on perce de: Fff

Tome I.

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cinq ou fix gros trous: on pofe la vieille Souche deffus, & on la bouche tout autour, afin que les Mouches defcendent dans la Ruche d'en-bas par les trous; lorfque les Mouches y ont travaillé dix ou douze jours ou un peu davantage, on ôte la Souche & on rebouche les trous promptement: on la porte entre les pieds d'une chaife, le pot fumant auprès, & l'on chaffe les Mouches qui peuvent y être reftées.

IV. Maniere. On prend une Ruche vuide que l'on met:( la poignée en terre) fous la Ruche que vous voulez changer: on enveloppe les deux Ruches avec une nappe, ou bien on fe fert de la fumée comme il a été dit; puis on les renverfe, la Ruche demeurant en-bas bien accotée pour ne pas tomber. On les développe & on les laiffe travailler : le temps venu de les féparer, on prend un fil pour couper l'ouvrage par le milieu, remettant la Ruche de deffus en fa place; vous tirez l'ouvrage de celle de deffous, après avoir chaffé le refte des Mouches avec les bâtons & la fumée, comme il a été dit. Ce qui eft de fâcheux dans cette maniere, eft que le miel qui eft dans la Ruche de deffous s'écoule bien fouvent, parce que les creufets panchent en bas; ceux qui voudront fe fervir de cette methode, doivent fe mettre à couvert dans un lieu éloigné du soleil qui fait fondre la cire & diftil

ler le miel.

De ces quatre manieres de chaffer les Mouches, les deux dernieres font les meilleures, parce que les Mouches ne fe haraffent pas tant, il y a moins de dommage, & l'Effain qui peut être dans les raïons, ne perit pas & descend dans la Ruche d'en- bas auffi-tôt qu'il le peut, ce qui aide à conferver la Souche.

Quant au temps & à la faifon propres pour faire ces délogemens, il faut changer les Mouches de Ruches dès la feconde année, & ne pas attendre trois ou quatre ans, parce qu'il y auroit trop de vieilles Mouches & peu de jeunes, ce qui les expoferoit à perir.·

Il faut mettre à part vers le Printemps, les Souches qu'on doit changer dans le temps; car elles fe jettent fur leurs voifines, particulierement fur les foibles, & les font mourir.

Il ne faut pas changer les Ruches où il y a peu de Mouches, ni celles qui font trop vieilles, non plus que celles qui ont jetté deux ou trois Effains, par parce qu'il faut qu'il refte quelque Effain de jeunes Mouches avec les vieilles, pour conferver la maifon.

Il est dangereux de chaffer les grofles Mouches; elles abandonnent volontiers leur nouvelle Ruche, fe jettent fur les Effains dont elles emportent la, provifion, ce qui les fait mourir ; il faut donc les laiffer remplir leurs Ruches, & les tuer dans la faifon avec le foûfre, auffi-bien que celles qui étant trop vieilles, ne font plus bonnes à être changées.

Quant à la faifon propre pour changer les Mouches de Panier, il faut obferver le Climat où l'on eft, parce que cela fe doit faire plûtôt ou plus tard, felon les lieux. On doit prendre garde fur-tout que le temps de la recolte du miel, que l'on appelle miellée, ne foit point paffé pour les Abeilles. Il faut donc les changer (ordinairement) après qu'elles ont donné le premier

Effain.

C'est la coûtume, aux environs de Paris, de faire mourir les Mouches

après quatre à cinq années, lorfqu'elles font bonnes, bien garnies de miel & de cire, & qu'elles ont donné plufieurs Eflains, parce que l'on n'a point jufques ici trouvé de moyen pour conferver les Mouches après les avoir chaffées. Mais on peut s'affûrer que fi l'on obferve exactement ce qui eft marqué ci-dessus, il n'y a point d'endroit où l'on n'en puiffe venir à bout fort utilement.

Il faut remettre le nouveau Panier à la même place & dans la même expofition où étoit l'ancien ; autrement les Mouches fortiroient toutes pour chercher leur ancienne place, & ne la trouvant plus, elles fe jetteroient fur les Ruches voifines.

Tous ces changemens doivent être faits le plus vite qu'on peut, afin que les Mouches n'ayent point le temps de fe débaucher ou de fe crever de miel.

Les Mouches que l'on change doivent être mifes, dans des Paniers médiocres elles ne feroient rien qui vaille dans des grands.

Ceux qui ne veulent pas changer leurs Mouches, les doivent faire tailler tous les ans le plus bas qu'ils pourront, fans toutes fois offenfer le Couvain : quand il n'y en a point, il faut ôter la cire noire jufqu'au fond fans affamer les Mouches, leur laiffant toûjours une provifion neceffaire pour fubfifter.

De la maniere de détruire les Mouches, & qui font celles qu'il faut détruire. On les tue par la fumée de foûfre, comme on l'expliquera à l'Article de la recolte ci-après; ou bien on les noye la nuit ou de grand matin, dans quelque auge ou ruiffeau, dans lequel on plonge la Ruche enveloppée d'une nappe pour qu'il n'en échappe point.

Il faut faire mourir, 1°. Celles qui ont été quatre ou cinq ans dans les Ruches fans être changées ni taillées; ces vieilles Mouches ne font que languir, importuner, piller ou même tuer les autres. 2°. Celles qui ont jetté trois ou quatre fois malgré le maître, parce qu'affûrément il y a quelque chose à redire. 3°. Celles qui diminuent au lieu de profiter. 4. Celles qui font mêlées de groffes Mouches larroneffes, parce que les Paniers, où font: ees differentes fortes de Mouches, periffent infailliblement.

Accidens.

1o. Pluralité de Rois.

J'en ai parlé ci-deffus à l'Article des Effains..

2o. Guerres.

Il furvient des guerres entre les Abeilles. 1°. Pour la confervation de : leurs Rois quand il s'en trouve plufieurs dans une même Ruche ou au mê me Effain; & le remede en vient d'être énoncé au lieu qui vient d'être indi-qué.

2o. Elles fe battent auffi pour le partage du miel étranger qu'elles pillent, & c'eft dequoi l'Article fuivant traitera, parce qu'il merite bien un Article à Fff ij part.

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