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nids plus haut qu'a trois pieds du faîte du Colombier; & il en faut couvrit le dernier rang d'une planche large d'un pied, mife en pente, crainte que les rats n'y defcendent de la couverture.

Il faut mettre au-devant de chaque nid une petite pierre platte qui avance de trois ou quatre doigts en-deçà du nid, pour repofer les Pigeons lorfqu'ils. y entrent ou en fortent, ou lorfque le mauvais temps les oblige de refter au Colombier.

Bien des gens fe fervent de paniers d'ozier qu'ils attachent à la muraille';, on peut ailément les nettoyer, mais ils ne font pas fi propres ni fi eftimez que les boulins. Le deffous du Colombier fert pour mettre des Poules ou des Cochons, ou pour y placer ce qu'on veut, le Colombier en eft même moins tenebreux; cependant ordinairement on n'y pratique point d'étage, & on le fait tout d'une piece depuis le haut jufqu'en bas; il en eft bien plus beau & plus fpacieux, ce que les Pigeons aiment assez.

Il n'eft ordinairement permis qu'aux Seigneurs de Fief,d'avoir des Colombiers à pied, & un Colombier à pied eft celui qui a des boulins depuis le fommet jusqu'à rez-de-chauffée: ainfi ceux qui n'ont pas droit d'en avoir, feront bâtir des Volicres; elles ne different du Colombier qu'en ce que ce ne font pas des pieces principales, entieres & détachées, & que les boulins n'y commencent pas dès le rez-de-chauffée comme au Colombier.

Il y a enco e la Faye, qui eft une petite Voliere qui fe ferme avec un volet; ceux qui n'ont pas droit de Colombier ont des Fuyes pour nourrir des Pigeons domestiques.

Vis-à-vis la grange on bâtira le Proffoir; c'eft une piece qui fait bien de r profit au Maître, parce qu'il y preffure fes Vandanges ou autres fruits, & ceux des autres, mais auffi cette piece eft de dépenfe, & les reparations en font coûteufes; c'eft pourquoi il ne le faut faire conftruire ou reparer que par une perfonne entendue: un Preffoir fait ou reparé, ou même conduit: par un ignorant, eft en danger de rompre bien-tôt. Il y a des Preffoirs à Vin, à Verjus, à Huile & à Cidre.

La Marre n'eft autre chofe qu'une foffe plus ou moins grande où s'amafle l'eau des pluyes, & qu'on augmente par l'écoulement des ruiffeaux qu'on y fait aboutir par des tranchées; c'eft pourquoi le terrain d'autour de la Marre fera un peu en pente pour que toutes les eaux s'y amaffent, l'entrée de la Marre doit être auffi en pente pour que le betail y puiffe defcendre aifément: les bonnes Marres font toûjours celles où l'eau fe conferve le plus, & où elle eft la plus belle & la plus faine; on creufe la Marre dans un des coins de la Cour, loin du fumier fi cela fe peut, pour que l'eau en foit meilleure: on la fait ordinairement en quarré long: & hors un côté, ou même hormis une fimple ouverture qu'on laiffe à un de fes quatre côtez où le terrain eft pratiqué en pente pour l'entrée des beftiaux, où environne la Marre d'un petit mur haut de deux pieds ou environ, revêtu d'un chaperon avec un larmier d'un pouce de faillie. Quelques-uns fe contentent d'en paver le tour; mais il faut toûjours la placer für un fond de glaife ou de tuf, pour qu'il retienne bien l'eau ; la. Marre eft d'une grande commodité principalement lorsqu'on eft éloigné d'une Riviére ou d'un ruiffeau; elle fest pour y abreuver les beftiaux, c'eft là où viennent barbotter les Oyes

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& les Canards; souvent même ( quand l'eau en eft belle) on la fait couler par des tuyaux fouterrains jufques dans les cuifines; elle eft auffi d'un grand fecours contre l'incendie, on y puife de l'eau pour arrofer le jardin, étant plus falutaire aux Plantes que celle de puits qui n'eft point échauffée des ardeurs du Soleil ; & fouvent auffi on y met du Poiffon qui y profite très-bien, fur tout la Tanche; mais il faut la faire dégorger dans de l'eau nette auparavant que de la manger, pour qu'elle ne fente point la bouë. Il y a même bien des gens qui font deux Marres dans leur Baffe-Cour, l'une pour le beftail & les volailles,& l'autre pour roüir le lin & le chanvre, tremper & ramollir les lupins, les oziers, verges, clayons & autres chofes dont on a befoin. Pour avoir un Puits, il y a des lieux où il faut creufer bien plus avant dans d'autres; mais en quelque endroit que ce puiffe être, on en vient toûjours à bout avec la patience; il ne faut point fe rebuter, car il eft certain qu'on trouve par tout de l'eau: on aura foin de faire creufer le Puits dans un endroit éloigné des Retraits, des Etables, des Fumiers & des autres lieux qui peuvent communiquer à l'eau un goût defagreable; c'eft pourquoi on bâtira le Puits dans la Cour du Maître-logis. La bonté de l'eau dépend de la nature du lieu où on le creufe; car fi la terre eft fabloneuse ou noire, ou qu'elle tienne d'argille, de glaife ou de cailloutis, ou pour le mieux encore s'il y a des cailloux & du fable enfemble, il n'y point à douter que l'eau n'en foit fort bonne : au contraire fi c'eft une terre fangeufe, ou qu'il y ait de la craye ou du limon, on n'en répond pas.

que

Quand on a creufé jufqu'à l'eau, & qu'on eft parvenu fur la terre ferme, on a foin, en bâtiffant le Puits, de laiffer des trous au mur à l'endroit des fources qui y aboutiffent, pour qu'elles ayent leur chûte libre dans le Puits. Cette eau, à laquelle on a creusé un lit nouveau, fe perd d'abord pendant quelque temps, jufqu'à ce que la terre en foit entierement imbibée; alors l'eau s'enfle & le volume groffit à mefure que les eaux viennent.

Dans les prez & autres lieux humides & marécageux, les Puits font beaucoup plus fujets à fe tarrir qu'ailleurs, & l'eau n'y vaut ordinairement rien. Le puits doit être toûjours entretenu nettement: il n'y a qu'à le faire curer une fois l'année, & prendre garde qu'on n'y jette rien de fale; les uns ferment leurs Puits pour les tenir plus proprement, les autres au contraire prétendent qu'on ne fçauroit les laiffer trop découverts, pour que l'air qui y entre fubtilife l'eau, & la rende plus pure.

Si on veut boire de bonne eau d'un Puits, il faut en tirer fouvent; plus on en tire, plus elle devient legere.

Auprès des Puits on met des Anges; il y en a de pierre & de bois : les premieres font plus commodes & plus grandes, mais auffi plus fujettes à caffer, fi on n'a foin en Hyver, fur tout pendant les grandes gelées, d'en vuider l'eau par un trou, qu'elles doivent toûjours avoir dans le bas d'une des encognures; c'eft pourquoi l'Auge fera mife un peu en pente du côté du trou, afin d'y faciliter l'écoulement de l'eau: ces Auges fervent ordinairement pour y faire échauffer de l'eau en Eté, pour abreuver les chevaux fur tout lorsqu'on eft éloigné des rivieres ou des ruiffeaux, & qu'on n'a qu'une Marre, dont l'eau bien fouvent eft toute fangeufe & peu faine pour ces animaux : elles fervent auffi en Hyver pour le même

Tome I.

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effet, à la difference qu'on en tire l'eau pendant les grandes chaleurs pour en ôter la grande fraîcheur, & que pendant l'Hyver on la tire toute chaude pour la donner à boire aux beftiaux. Les fervantes fçavent bien auffi les trouver pour y écurer leur vaiffelle, ou laver leur linge, mais lorfque cela leur arrive, qu'on ait bien foin de leur faire auffi tôt vuider les Auges, & y jetter enfuite de l'eau nette, en forte qu'il n'y refte rien qui puisse dé goûter un cheval, ou faire prendre un mauvais goût à l'Auge.

Il n'y a point à la Campagne d'incommodité plus grande que celle de manquer d'eau ; & ce malheur qui porte la defolation dans le ménage, dans les jardins, parmi les beftiaux, dans les plantes & par tout, n'arrive que trop -fouvent par les chaleurs de l'Eté, par la fécherelle d'une année, ou par la difpofition du terrain qui fera une Plaine ou une Montagne faus eaux. & fans apparence d'y en trouver.

Auffi les vrais Economes n'épargnent ni foins ni dépenses pour découvrir quelque voye d'eau où l'on puiffe faire un Puits quand elle eft foûterraine, ou en former une fontaine quand la fource en eft exterieure & le cours li bre, ou du moins en ramaffer les differentes veines pour en compofer quelque ruiffeau, quelque canal ou quelque refervoir qui puiffe fervir au befoin; on trouvera dans le fecond Tome de cet Ouvrage, un Chapitre exprès fur les differentes manieres de découvrir, d'affembler & d'employer les eaux.

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Souvent au contraire, on eft fort incommodé à la Campagne par l'abon dance des eaux; la crue des Marres, la continuité des pluyes, la fonte des neiges & fur tout les ravines & les eaux fauvages qu'on appelle communément eaux bâtardes, y causent des dérangemens & des ravages confiderables pour les prevenir, ou du moins pour les amoindri, il faut, dans les lieux par où ces eaux ont coûtume de prendre leurs cours, faire des rigoles & des follez à differens endroits à droite & à gauche pour les faigner, en affoiblir le cours & les conduire dans les prez, dans les rivieres ou autres endroits où l'on veut qu'elles fe déchargent; de plus creufer d'efpace en espace des trous en terre comme des Puits, qu'on emplit enfuite de pier railles pour qu'une bonne partie des eaux y tombe & s'y perde dans la terre. On fait ces Puits de pierres, principalement dans les grandes BaffesCours. On les appelle des Bétoires en certains endroits; on les place en forte que la faumure du fumier n'y ait pas fon cours; & on les couvre d'une grille de fer, à mailles ferrées, ou on n'y laiffe qu'une petite entrée pour qu'il n'y ait que l'eau qui y paffe, & non pas les grofles ordures qui auroient bien-tôt comblé le trou.

Pour revenir aux pieces de nôtre Baffe- Cour, quand on n'a point de Puits, ou qu'on n'en peut avoir qu'à très-grands frais, on fait conftruire une Cisterne en un endroit éloigné des cloaques & autres lieux qui exhalent une mauvaise odeur; autrement l'eau n'en feroit jamais bonne. De plus, on prend garde que le lieu où on veut la mettre ne foit point expofe au Soleil, on la creufera auffi fpatieufe qu'on voudra, trois toifes de large fur tout lens dans œuvre & deux de haut fuffiront pour pouvoir contenir affez d'eau pour les befoins d'une maifon ; les murs doivent être bâtis folidement : cela fait, & à un pied ou un pied & demi de diftance, bâtiffez encore un autre mur large de deux pieds, puis entre ces deux murs & à mesure qu'on conftruira

le fecond, mettez de la glaife bien pétrie, jufqu'en haut; ce dernier mur fera conftruit en ceintre de bon moüelon à chaux & à ciment, & on mettra encore de la terre glaife bien pétrie par deffus. Pour le fond, on fera un maffif de mouelon de dix huit poûces d'épaiffeur; enfuite on y mettra un lit de glaife de même épaiffeur, bien pétrie avec un petit pavé par-deffus, façonné à fable de riviere tout fec, c'eft à dire fans chaux, ni ciment: l'eau eft toûjours. claire fur un plancher bâti ainfi, & ne s'enfuit jamais; il faut obferver que le fond foit tant foit peu en pente, pour faciliter le nettoyement.

On laiffera un trou au milieu pour fervir d'entrée dans la Cifterne pour y pouvoir puifer l'eau ; quant à fon ouverture hors de terre, on la bâtira comme celle d'un Puits, à la difference qu'on la tiendra toûjours fer

mée d'un bon couvercle..

Il faut donner le temps à ce Bâtiment de fe bien fécher avant que d'y i mettre de l'eau, on doit fe fervir de ciment fin fait avec des tuileaux, & employer de bonne chaux vive fraîchement éteinte; ce mortier eft propre pour les Ouvrages qui fe font dans l'eau.

Quand la Cifterne eft bâtie, il faut au-deffus de la voûte, dans une encognure & du côté d'où doit venir l'eau, bâtir avec du mouclon une maniere d'auge longue de quatre pieds & haute de deux, percée en rond dans te fond d'un demi pied de diametre, avec une crapaudine par-deffus; ce trou fert pour faire écouler l'eau dans la Cifterne; il faut garnir le fond de l'auge de fin fable de Riviere bien nèt, afin que l'eau qui paffe au travers fe purifie mieux.

Cette auge doit être crépie en dedans d'un doigt de ciment, & placée fous terre, couverte feulement d'une groffe pierre avec une boucle de fer fcellée dans le milieu, pour la lever quand on veut la nettoyer.

Il faut remplir la Cifterne en Automne ou au Printemps; l'eau de ces Saifons eft la meilleure, parce qu'alors le nitre de l'air n'eft pas fi groffier qu'en Hyver; l'eau des neiges fondues caufe des coliques & des diffen-

teries..

A l'égard de l'eau, elle fe recueille par des goutieres attachées au bord des couvertures du Logis, & qui ont toutes leur iffue dans un baffin de plomb qui reçoit leur eau, pour de-là être conduite par un long tuyau de même matiere, dans l'auge, & enfuite dans la Cifterne; il faut mettre une petite grille de fer à l'embouchure du tuyau qui reçoit l'eau dans le baffin, afin d'empêcher que les groffes ordures ne paffent; il faut même nettoyer de temps en temps les goutieres, ce foin contribue beaucoup à la bonté de l'eau ; il n'y a rien qui doive être tenu plus proprement qu'une Cifterne fi elle eft dans une cour, il faut la tenir couverte d'un toit & d'un couvercle fur l'ouverture par où on puife l'eau ; il faut avoir foin de curer la Cifterne tous les ans : pour cela, on empêche l'eau d'y entrer pen- dant qu'on tire celle qui y eft, & on n'en laiffe qu'une petite quantité dans le fond pour la balayer..

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Les Fumiers qu'on tire de deffous les beftiaux, doivent être mis dans un ~ coin de la Baffe-Cour, à côté s'il fe peut des écuries ou étables; l'endroit y où on les mettra fera un peu creufé, & même fi on en pave le fond, les

Fumiers qu'on y entaffera y trouveront toûjours un peu d'eau pour les enttretenir humides & leur conferver leurs fels. Il y en a qui font exprès une cour à Fumier dans un des coins de la Baffe. Cour, pour plus grande propreté; ce fera un avantage pour la Volaille, fi ce Fumier eft placé à couvert du vent du Nord ou de Bife, la Volaille s'y plaira mieux. Souvent même, on fait dans la Baffe-Cour deux differentes places à Fumier, l'une pour retirer & pourrir le nouveau pendant la premiere année, & l'autre pour y mettre comme en dépôt le vieux Fumier, qu'on porte de la fur les Terres; ces deux Fumiers doivent être le plus éloignez qu'il fe peut des Marres & des Puits, être toûjours au-deffous des Marres, & être creusez bien avant & fur une terre ferme qui ne boive point l'humidité ni les eaux dont le Fumier a toûjours befoin pour fe bien confommer & conferver sa force; fans cela, dès qu'il feroit répandu fur Terre, il y germeroit bien vîte des graines d'herbes ou d'épines. C'eft auffi pourquoi quantité de Laboureurs couvrent avec des clayes les curures qu'ils jettent fur leurs Fumiers, afin que le Soleil ou le vent ne les defféchent point.

Il faut encore qu'il y ait dans nôtre Baffe-Cour quelques mûriers & quelques grands arbres pour donner de l'ombre & de l'abri aux beftiaux & à la volaille contre les grandes chaleurs & les orages; quelques pals ou per.ches pour les paons & les dindons, qui ne font jamais meilleurs que quand ils couchent à l'air; & il y aura des abords commodes pour aller de part & d'autre. On place le Chenil, c'est-à-dire les loges à Chiens, dans quelque endroit particulier de la Baffe. Cour; on a des Chiens à la Campagne pour trois ufages, pour la Chaffe & le plaifir, pour la garde de la Maifon & pour celle des troupeaux. On parlera des Chiens de la Chaffe en parlant de la Chasse; le. Chapitre des bêtes à laine contiendra ce qui eft à dire des Chiens de Berger; il ne s'agit donc ici que des Chiens de Baffe- Cour qui font neceffai, res pour la garde de la Maifon; on leur fait quelque méchante loge à côté ou en face de la porte par où on entre le plus, & on les y tient à l'attache pendant le jour, afin qu'ils avertiffent quand quelqu'un vient; on les lâche la nuit, afin qu'ils défendent la Maifon des voleurs, & qu'ils éloignent les loups, les renards & autres bêtes qui rodent la nuit. Pour cela les Chiens de Baffe-Cour, pour bien garder la Ferme, doivent être de grande corpulence, avoir le corps ramaffé en quarré, plûtôt court que long, la tête grande & grofle, en forte qu'elle femble être la plus grande partie du corps du Chien, la chair approchante de celle de l'homme, la gueule grande & fendue, les lévres groffes & avalées, le col court & gros, les oreilles grandes & pendantes, les yeux noirs, affurez, ardens & étincelans, la poitrine large & veluë, les épaules larges, les jambes groffes & velues, la queue courte & groffe ( ce qui eft un figne de force, au lieu que la queue longue & déliée eft une marque de vâteffe) la patte & les ongles grands, l'aboy gros, haut & épouvantant, & qu'il foit noir pour être moins apperçû, médiocre, ment cruel, & fur tout vigilant, de bonne guette, non vagabond & plus pofé qu'actif.

On les nourrit de pain bis d'avoine ou de feigle, de farine d'orge & de petit lait, de brouet tiéde, de féves cuites, &c. On ne doit point les laifTer accoupler ayant un an, ni paffé dix: il faut même ôter à la Chienne fa

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