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premiere portée, elle n'eft jamais bonne, & elle ne fert qu'à fatiguer la mere ou l'empêcher de fe fortifier; on ne doit lâcher qu'à fix mois les jeunes Chiens, afin qu'ils en foient plus forts & moins expofez à fe donner quelques tours de reins; jufqu'à quatre mois, il ne les faut nourrir que du lait de leur mere ou de lait de chévre, & pour cet effet, ne garder qu'un ou deux Chiens de chaque portée. A quarante jours il eft bon de leur rompre le bout de la queue, & d'en arracher le nerf qui va le long de l'échine jusqu'au bout de la queue. Au furplus, voyez ce que nous dirons ci-après à l'article du Berger & de fes Chiens au Chapitre des Brebis.

Le Jardin, qui fera derriere le maître-logis, & dans lequel on ira par un veftibule, fera compofé, fi l'on veut, d'un Parterre embelli de toute for te de Fleurs, de belles Allées de charmes; il fera accompagné d'un grand Potager, d'où l'on tirera une partie de la nourriture pour la Maison. Il faut au-deffous, y drefler un Verger pour avoir des Fruits. De l'autre côté du Verger fera la Pepiniere, & la Bâtardiere au-deffous: on traitera de toutes ces chofes dans la fuite.

Il eft bon que l'enceinte de toute cette Maison foit de bonnes murailles, ou du moins de fortes hayes vives. On peut mettre quelques Avenues au-devant de la principale entrée de la Maifon; on les fait ou d'Ormes, Hêtres, Tilleuls, Maronniers, Acacias, Charmilles, &c. ou d'Arbres Fruitiers à plein comme Pommiers, Poiriers, Châtaigniers, Noyers, Cerifiers. Quand la Maison eft expofée à de grands vents, qui viennent ordinairement du Nord, du Nord-Oüeft ou Galerne & du Couchant, on plante de ces côtez-là des grands Arbres, comme des Chênes, des Hêtres, des Ormes & autres qui donnent de l'abri aux Bâtimens.

La Glaciere eft un lieu creufé en terre, où l'on ferre de la Glace ou de la neige durant l'Hyver pour boire frais l'Eté. On la place ordinairement dans quelque endroit dérobé d'un Jardin, dans un Bois, dans un grand Bosquet, ou dans un Champ proche de la Maison.

On choisit un terrain fec qui ne foit point ou peu expofé au Soleil; on y creuse une foffe ronde, de deux toifes ou deux toifes & demi de diamemetre par le haut, finiffant en bas comme un pain de fucre renverfé. La profondeur ordinaire de la foffe eft de trois toifes ou environ: plus une Glaciere eft profonde & large, mieux la Glace & la neige s'y confervent.

Quand on la creufe, il faut aller toûjours en étrecillant par le bas, crainte que la terre ne s'affaiffe. Il eft bon de revêtir cette foffe depuis le bas jusqu'en haut, d'un petit mur de moüellon de huit à dix poûces d'épaiffeur, bien enduit de mortier ; & percer dans le fond un puits de deux pieds de large & de quatre de profondeur, garni d'une grille de fer deffus, pour recevoir l'eau qui s'écoule de la glace. Quelques-uns au lieu de ce mur, revêtent la foffe d'une cloifon de charpente, garnie de chevrons lattez, & font defcendre la charpente jufqu'au bas de la Glaciere, dans le fond de laquelle ils font le petit puits pour l'écoulement de l'eau de la Glace: d'autres n'y font point de puits, ne font defcendre la charpente que jufqu'aux trois quarts de la Glaciere, & bâtiffent environ à trois pieds du fond un efpece de plancher de charpente & de douves, fous laquelle l'eau s'écoule.

Si le terrain où eft creusée la Glaciere eft bon & bien ferme, on peut

fe paffer de charpente, & mettre la Glace dans le trou fans rien craindre, c'eft une grande épargne; mais il faut toûjours garnir le fond & les côtez de paille. Le deflus de la Glaciere fera couvert de paille attachée fur une efpecede charpente élevée en piramide, de maniere que le bas de cette couvertu re defcende jufqu'à terre.

La petite Allée par où on entre dans la Glaciere, regardera le Nord, fera longue environ de huit pieds, large de deux & demi, & fermée foigneufement aux deux bouts par deux portes bien closes.

Tout autour de cette couverture, il faut faire en dehors, en terre, une rigole qui aille en pente pour en recevoir les eaux & les éloigner, autrement elles y croupiroient & altereroient la Glace.

La Glaciere ne doit avoir aucun jour, & il faut avoir grand foin d'y bien boucher les trous. Pour y mettre la Glace, on choifira un jour froid & fec, afin que la glace ne fe fonde point, autrement il y auroit du danger, car l'humidité de l'air y eft fort contraire. Le fond de la Glaciere fera conftruit à claire voye par le moyen des pieces de bois qui s'entrecroiseront; avant que d'y pofer la Glace, on couvre ce fond d'un lit de paille, & on en met dans tous les côtez en montant, en forte que la Glace ne touche qu'à la paille: on met donc d'abord un lit de Glace fur le fond garni de paille; les plus gros morceaux de Glace & les plus épais font les meilleurs ; & plus ils font entallez fans aucun vuide, plus ils fe confervent. Sur ce premier lit on en met un autre, & ainfi fucceffivement jufqu'au haut de la Glaciere, fans mettre aucun lit de paille entre ceux de la Glace; c'eft affez qu'elle foit bien entaffée, ce qu'on fait en la caffant avec des malluches ou des têtes de coignée. On jette de l'eau de temps en temps, afin de remplir les vui des avec les petits Glaçons, en forte que le tout fe congelant, fait une maffe qu'on eft obligé de caffer par morceaux pour en avoir.

La Glaciere pleine, on couvre la Glace avec de la grande paille, par le haut, comme par le bas & par les côtez ; & par-deffus cette paille, on met des planches qu'on charge de groffes pierres pour tenir la paille ferrée; il; faut fermer la premiere porte de la Glaciere, avant que d'ouvrir la feconde pour que l'air de dehors n'y entre point; en Eté il fait fondre la Glace peu qu'il la penetre.

pour

La neige fe conferve auffi- bien, que la Glace dans les Glacieres on la ́ramasse ́ · en groffes pelottes, on les bat & on les preffe le plus qu'il eft poffible, on les range & on les accommode dans la Glaciere, de maniere qu'il n'y ait point de jour entre elles, obfervant de garnir le fond de paille comme pour la Glace. Si la neige ne peut pas fe ferrer & faire un corps, ce qui arrive quand le froid eft grand, il faudra jetter un peu d'eau par-deffus, elle fe gelera auffi-tôt avec la neige, & pour lors il fera aifé de la réduire en maffe; elle fe confervera bien mieux dans la Glaciere, fi elle y eft preffée & battue, & un peu arrofée de temps en temps. Il faut choifir de beaux jours & le temps fec pour ramaffer la neige, autrement elle fe fonderoit à mefure qu'on la prendroit: il ne faut pourtant pas qu'il gele trop fort, parce qu'on auroit trop de peine à la lever. C'eft dans les Prairies & fur les beaux Gazons qu'on la va prendre, pour qu'il y ait moins de terre mêlée. La neige eft beaucoup en ufage dans les Païs chauds, comme en Italie & en Espagne, où il n'y a point ou prefque point de Glace...

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CHAPITRE IV.

1o. Remarques pour ceux qui font batir. 2°. Examen de toutes les pieces de Charpente qui entrent dans un Batiment. 3°. Tromperies des

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Ouvriers, 4°. Du Toifé. 5°. De la garantie des Ouvrages.

COMME ceux qui font bâtir, foit à la Ville, foit à la Campagne, dépendent entierement des Ouvriers, il eft bon de donner les inftructions qui fuivent.

ARTICLE PREMIER.

Remarques pour ceux qui font bâtir.

Outre ce qu'on en a dit dans les deux Chapitres précedens, il y a plufieurs chofes generales à obferver, qui n'ont pû y être placées à propos, pour ceux qui veulent bâtir ou reparer à la Campagne avec une économie

bien entendue.

Les murs s'y font les uns de groffes pierres de taille, les autres de mouellons ou de cailloux; les premiers font d'une grande dépense, au lieu au lieu que les autres conviennent affez aux Bâtimens fimples.

Quoiqu'on ait déja parlé des Pierres propres à bâtir, on remarquera encore ici que les petites Pierres trop dures & trop égales ne font pas propres à bien prendre le mortier. Le Grais, que plufieurs croyent être la plus mauvaise Pierre pour être mise en œuvre, doit être piqué & ruftiqué, afin qu'il faffe corps avec le mortier, & que le mur ne roule point; encore ne fe fert on du Grais qu'au défaut d'autres Pierres ; il eft même défendu aux Malfons de s'en fervir en cailloutage & en guife de mouellon.

pour

Il eft bon de veiller fur les Maffons qui travaillent à la tâche, pour qu'ils *faffent bien le mortier, donnent les retraites & les aplombs necellaires, & employent bien leurs materiaux ; mais auffi comme ils ne peuvent pas faire un bon Ouvrage de mauvais materiaux, ce n'eft pas le tout que de ne fonger qu'à l'épargne; ce qui n'eft que trop ordinaire à la Campagne, où un ménagement de rien, on eft fouvent dans l'obligation de bâtir deux mauvaises fois pour une bonne. Ainfi les Saumurages (ce font les murs de pierre ou mouëllon élevez hors de terre environ trois pieds, fur lefquels on pofe la Charpente qui acheve le mur) periffent en peu de temps, parce qu'on n'y a employé que du mortier fait de terre, en forte que la Maflonnerie qui n'eft qu'un amas de Pierres l'une fur l'autre, fe dérange d'elle-même; l'air, l'humidité, l'eau & le poids accablent tout d'un coup & cette Maffonnerie, & ce qui eft au-deffus; la Charpente expofée pourrit en peu de temps, tout tombe, au lieu qu'avec un peu plus de dépenfe on fe feroit garanti de ces inconveniens, en employant dans les fondemens de bon libage, foit gros mouëllon ou morceaux de pierre de taille mal faits & ruftiques, & du mortier à fable & à chaux, & en enduifant tout le mur d'un crépi de pareil

&

mortier qui auroit lié les Pierres & garanti la Maffonnerie & la Charpente, Il eft bon même en bâtiffant, pour conferver la Charpente, de couvrir d'abord les faumurages de plattes-formes, & pofer enfuite les fablieres pardeffus; il en eft de même des murailles ou cloifons bâties de Charpente qu'on n'emplit que de Torchis, comme nous l'allons dire; elles font principalement en ufage pour les Etables, Granges & autres pieces de cetre: forte. De la Bauge.

La Bauge ou Bauche, eft une espece de Maffonnerie rustique & groffiere qui coûte peu, & qui par cette raison est fort ordinaire à la Campagne. Il y a de deux fortes de Bauge, ou pour mieux dire, on employe la Bauge en deux façons. 1°. On appelle murs de Bauge, les murs qui ne font bâtis que de cailloux, dont la liaison eft faite de terre graffe, humectée & mêlée avec de la paille & du foin: prefque toutes les Cabanes de Païfans n'ont que des murs ainfi faits de Bauge. 2°. L'autre efpece de Bauge, qu'on appelle autrement Torchis, n'eft qu'une Maffonnerie très-fimple qui fe fait avec de la terre franche & de la paille, ou du foin haché, bien pétrie & bien corroyée. On fe fert de cette efpece de Maffonnerie dans les Païs où la Pierre & le Plâtre font rares. Quand on veut employer le Torchis, foit pour faire des murailles, des cloifons, ou des Granges & Etables, après qu'on a dreffé la Charpente, on prend de ce mortier de terre, on le tortille autour de certains bâtons en forme de torches, d'où vient le nom de Torchis; on appelle ces bâtons des Paliffons, & on les met avec force dans les entailles entre les bois de la Charpente, à quatre ou cinq poûces l'un de l'autre quand tout le mur eft ainfi chargé, on en crépit la furface avec de la même Bauge bien corroyée, on l'unit avec la truelle, & fi on veut on la blanchit avec du lait de chaux. On garnit auffi des planchers à la Campagne de cette même matiere.

Il eft vray que cette efpece de cloifonage eft de bien petite dépenfe; auffi eft-elle legere & de peu de défenfe; on pourroit cependant la rendre plus folide, fi on ne vouloit pas tant courir à l'épargne; par exemple, fi la Charpente du mur de Bauge étoit plus ferrée, les paliffons n'ayant pas tant de longueur, en feroient plus forts: Il eft bon d'obferver encore, de ne point employer de bois vert pour faire ces bâtons, parce que quand il vient à fécher il fe refferre & n'est plus arrêté; ainfi la muraille branle & tombe en ruine en peu de temps. Ces paliffons doivent être de bois de Chêne & de fente; ils valent mieux que lorfque ce ne font que des rondinsou du branchage; plus la terre eft détrempée, meilleur en eft le Torchis.. Il faut prendre garde de n'y point trop mettre d'eau, ni trop peu, mais de faire avec cette terre comme une efpece de pâte qu'on puiffe manier lorfqu'on l'employe, en forte qu'elle fe lient bien l'une à l'autre. Sur ce Torchis, dont on ne fe fert que quand on n'a point de Pierres, il faut faire faire un enduit d'un mortier fait à fable & à chaux pour parer le mur, & pour que les pluyes ne le détruifent pas. On peut le blanchir avec du plâtre ou du lait de chaux,

ARTICLE

ARTICLEE II.

Examen de toutes les pieces de Charpenterie qui entrent dans la construction d'un Bâtiment.

La connoiffance en doit être également agreable & utile à ceux qui font bâtir à la Ville ou à la Campagne.

Le Bois, outre ce qu'on en a déja dit, eft fujet à plusieurs défauts; il ne vaut rien à mettre en œuvre quand il eft roulé; c'eft un défaut qui se connoît par les mouffes qu'il jette en dehors, & c'eft un Bois qui a été battu des vents pendant qu'il étoit en féve; il ne peut paffer que pour de très-petits Ouvrages.

Quand le Bois paroît chargé de petites taches blanches, noires & rouffes, c'est un Bois échauffé qui tend à la pourriture. En certains Païs, on l'appel

le Bois Pouilleux.

Il faut auffi remarquer que le Bois eft fujet à fe gâter lorfqu'on le met en œuvre contre d'autre où il y a de l'aubier; on ne fçauroit trop prendre garde à cela lorsqu'on fait bâtir. La précaution qu'il faut apporter contre la mauvaise qualité du Bois, eft de laiffer de la feparation entre les Bois, afin que le vent y puiffe paffer, comme nous l'avons dit ci- deflus.

A Paris, le Bois de Charpente fe vend au cent de pieces; la piece doit avoir douze pieds de long, & fix poûces en quarré; de forte que'elle contient trente-fix poûces fur douze pieds de long.

Les pieces de Charpente dont une Maifon eft compofée, font,

Les Sablieres qui font de grandes pieces de Bois qu'on pofe de leur longueur & de plat, ou fur leur haut, ce que les Ouvriers appellent de champ, & toûjours fur leur fort; elles ne doivent avoir de groffeur au plus que la moitié des poûtres; elles fervent à tous les étages du Bâtiment, & c'eft dans ces pieces qu'on emmortaife celles qui font debout.

Les Plattes formes font les pieces de Bois qui foûtiennent la Charpente de la couverture, & qui fe pofent fur le haut de la muraille où doit être l'Entablement.

Les Poteaux font de plufieurs fortes; les uns fe nomment Poteaux Corniers, ce font les gros Poteaux qui font les encognures d'un Bâtiment, & qui portent les Poutres ou Sablieres en cloifonnage. Les Poteaux de Croisées, font les pieces de bois qui font debout & qui forment les deux côtez de la Croisée. Les Poteaux d'Hufferies & ceux de Remplage, le mettent entre les autres Poteaux. On place les petits Poteaux au-deffous des apuis des Croifées ; & les petits Potelets, tant au-deffus des portes & des fenêtres, qu'aux exhaus

femens des entablemens.

La Croix de Saint-André fert à remplir & entretenir les Guettes qu'on pose en contre-fiche, & qui ont la figure d'une demi Croix de Saint-André. Les Guettrons font de petites guettes qui fe placent d'ordinaire fous les appuis des Croisées, aux exhauffemens fous les Sablieres d'entablemens fur les Linteaux des portes, dans les cloifons du dedans, & aux joints des Lu

carnes.

Les Linteaux le mettent au-deffus des portes & des fenêtres..

Tome I.

G

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