Imágenes de páginas
PDF
EPUB

La PRESURE dont on fe fert pour faire cailler le lait, n'eft autre chofe qu'une matiere cafeufe, qu'on trouve au fond de l'estomac d'un jeune Veau, d'un jeune Agneau ou d'un Chevreau; c'eft un lait caillé qui contient beaucoup de fel volatile acide, & qui fert de levain pour la digeftion des alimens que le jeune animal prend.

Le RALE de terre, autrement dit de Genêt, fur-tout au mois d'Aouft & de Septembre, a la chair délicate, remplie de fucs épurez, convient à routes fortes d'âges & de tempérammens, & ne produit pour l'ordinaire que de bons effets; à la difference du Râle d'eau ou de marais, qui n'eft ni fi fain, ni fi facile à digerer, ni fi agréable au goût que l'autre, quoiqu'il foit d'affez bon goût & même affez eltimé quand on l'a choifi jeune, fort, gras & ne fentant presque point le marécage: Le Râle de terre doit fentir un peu la venaifon, & être auffi choisi jeune, tendre & gras; l'un & l'autre Râle nourriffent beaucoup & fourniffent un peu aliment affez durable, particulierement celui de Marais, & ils font un pefants fur l'eftomac, fur-tout quand ils font maigres ou vieux; ils ne font pourtant pas d'une chair fi folide que la Perdrix.

Rate, Reins ou Roignons. Voyez Animaux.

Le ROSSIGNOL, quand il eft gras, a la chair blanche & auffi agréable à manger que celle de l'Ortolan; fes vertus & fes principes font les mêmes que la Becfigue.

Sang. Voyez animaux, Bouc, Oye, Perdrix & Pigeon.

Seigle Voyez Farine & Pain.

Suif. Voyez Bouc & Mouton.

Le TAUREAU a la chair rougeâtre, plus dure, beaucoup moins nourriante & moins faine que le Bœuf : on ne vend le Taureau que quand on l'a bien engraiffé, après l'avoir châtré; encore n'en mange-t-on guere que dans les endroits où on manque de Bœufs ou du moins de Vaches graffes. Le fang de Taureau frais tué paffe pour poifon, parce qu'il fe caille dans l'eftomac. Tefticules. Voyez animaux & Cocq.

La TOURTERELLE, quoiqu'elle foit une efpece de Pigeon, eft beaucoup plus délicate qu'aucun Pigeon; elle a la chair moins féche que le Ramier elle eft d'un meilleur goût; elle produit un bon fuc, & c'eft un mangé délicieux & fort falutaire quand elle est graffe, tendre & jeune.

La VACHE tient le milieu entre le Bouf & le Taureau pour le goût & la bonté de la chair, en forte que quand la Vache a été engraiffée, elle a la chair plus nourriffante plus agréable, & de meilleur fuc que le Taureau, mais beaucoup moins que le Bœuf.

Le VANNEAU eft moins délicieux que le Pluvier, au furplus, il a les mêmes qualitez. Voyez Pluvier.

Le VEAU eft nourriffant, rafraîchiffant & il excite une liberté de ventre; fa tête & fes poulmons adouciffent les acretez de la Poitrine & de la gorge, & font bons pour la phtifie : les pieds de Veau le font pour la poitrine; on en met dans les bouillons pour moderer les pertes de fang de menftruës, d'hemoroides, & pour le crachement de fang. Le Veau eft d'un fuc affez temperé, mais il faut qu'il foit jeune, de lait & bieu cuit.

Fin de la premiere Partie.

[ocr errors][merged small][merged small]
[ocr errors]

DE LA CAMPAGNE.

O

SECONDE PARTIE..

CONTENANT

Les Terres aux Champs.

bukuku nubu KUKUKUKU QURUKUKURUDUDU BUDY

LIVRE PREMIER.

Les Terres Labourables, ou à Grains.

N appelle communément Terres Labourables, celles qui par le mécanisme du labourage, rapportent ou doivent rapporter des

Grains.

Cependant j'aime mieux les appeller Terres à Grains, que Tertes Labourables; car les Jardins & les Vignes ne s'appellent point Terres Labourables, quoique ce foient des Terres qu'on laboure, c'eft-a-dire qu'on cultive en les remuant, quelquefois même avec la charuë; elles auront leur Livre à part il ne s'agit dans celui-ci que des Terres à Grains.

CHAPITRE PREMIER.

Des qualitez & de la mesure des Terres, & des differentes manieres de faire valoir un Bien de Campagne.

L

ES Terres aux Champs font le veritable objet de l'Agriculture ; & c'eft là principalement que le Maître doit faire connoître la capacité, parce que c'eft fon vrai département.

Nous lui avons enfeigné dans la premiere Partie de cet Ouvrage, à rendre fa Maison riante, & fa Balfe- Cour bien peuplée; mais pour y entretenic l'abondance, & pour tirer d'ailleurs des profits confiderables fur ton heritage, il faut qu'il entende bien la culture de fes Terres aux Champs, afin que par leur fecondité fa Terre foit toute vivante, & fa bourse bien garnie.

Les deux principaux points de cette fcience, c'eft de cultiver beaucoup fes Terres, & de les cultiver fuivant leur genie; car la Terre eft une bonne mere riche & liberale ; mais elle demande beaucoup de foins; elle veut qu'on étudie fes inclinations, & elle n'aime pas qu'on la gêne : tel Champ ne réüffira point en une efpece de grains, qui en rapporteroit beaucoup d'une autre forte; on voudra avoir du Froment dans une, qui ne feroit bonne qu'en Prez, en Vigne ou en Bois; une Terre fera ingrate, parce qu'on ne l'amande & ne la cultive pas affez; & des Campagnes entieres demeurent en friche, parce qu'on n'aura point ou affez de foin pour les bien cultiver, ou affez de connoiffance pour juger de leur portée. La Terre s'employe à tant d'usages differens, que quand elle n'eft pas bonne à l'un, elle fe trouve propre à l'autre; & un homme qui fçait la connoître & la ménager, a le fecret de voir tous les fonds employez, & fouvent même très-fécons Il faut pourtant avouer que c'eft à la bonne Terre qu'il faut s'attacher, parce que la Nature en fait plus que toute l'induftrie de l'homme.

ARTICLE PREMIER.

Connoiffance & qualitez des differentes Terres; à quoi elles font propres, comment en corriger les défauts.

I. On juge en general de la bonté d'une Terre, quand on voit que fes productions font vigoureufes & nombreuses, c'est à-dire quand les grains.en font forts, grenus & épais, les Prez abondans & agréables aux Bestiaux, les Plantes larges, épaiffes & foûtenues, les Arbres de belle & prompte venuë, chargez de beaux jets, de feuilles vertes & tenaces, l'écorce belle, vive & luifante. Quand cette Terre rend avec ufure tout ce qu'on lui a confié, qu'elle fe rétablit aisément quand elle a été alterée, & encore plus quand elle eft variée & également heureufe dans fes productions: une Terre pareille, quelque bien cultivée qu'elle foit, tient fa fécondité bien plûtôt

de la Nature que de l'Art, & on ne fçauroit trop la payer.

De même quand on voit un Champ en friche, dont les Arbres font droits, nets & forts; la fimple herbe douce à la main, vivace & abondante; les Plantes qui y croiffent par les feuls foins de la Nature, de belle efpece & de belle venue; il n'y a qu'à y mettre la charuë & aider la Nature, pour en être des mieux récompenfez; au lieu que quand le fond qu'on voit en friche n'a que des Arbres tortus & mouffeux, des Plantes fteriles ou en petit nombre & languiffantes, il faut compter qu'on ne l'a abandonné que parce qu'il n'étoit propre à rien, & ceder à cette experience.

A juger des Terres par leur affiette, les Plaines font ordinairement propres aux grains; les Terres fortes ou nouvellement défrichées, aux Bleds, au Lin, au Chanvre; les Vallées rapportent, fans prefque aucune dépenfe, un profit des plus confiderables par les Foins qu'on y dépouille dans les Prez humides ou fecs, par les Beftiaux qu'on y engraiffe dans les Pâturages, & par les Arbres aquatiques qu'on y met, & qui font d'un grand rapport. Les Montagnes, quand elles font découvertes, fervent à nourrir des Bêtes à laine; on y plante des Vignes, des Oliviers au Midi, & des Châtaigniers au Nord, ou bien on les fait fervir en Bois, qui font un des meilleurs biens de Campagne, d'autant qu'ils fervent auffi à l'engrais des Cochons & des gros Beftiaux qui font de bon rapport.

Mais ces Remarques font trop generales & trop vagues pour connoître la nature de chaque Fond de. Terre en particulier; c'eft pourtant ce qu'il faut obferver avant toutes chofes, pour lui donner les amandemens & lui faire porter les efpeces qui lui conviennent.

Voici les marques aufquelles on s'arrête pour croire un Fond de Terre bon; & plus il s'y trouve de ces marques, plus il y a lieu d'en efperer. 1o. Les productions vigoureufes & nombreuses,

2o. La fimple herbe, quand elle eft fort douce fans être cultivée, marque la fertilité de la Terre.

3°. Quelques Curieux veulent qu'elle n'ait ni goût ni odeur; ce qu'ils éprouvent ou en, fleurant fimplement une poignée de terre, ou en en faifant tremper une petite quantité qu'on prend un demi- pied au- deffous de la fuperficie, dans un verre d'eau pendant quatre ou cinq heures, au bout defquelles on la paffe dans un linge pour garder l'eau: mais il me paroît difficile de trouver une Terre fans odeur & fans goût; il n'eft pas plus aifé de déterminer pour tout le monde les odeurs & les goûts; c'est pourquoi · je crois qu'il n'y a rien à dire quand le goût ou l'odeur de la Terre n'eft pas radicalement & generalement mauvais, d'autant que la plupart des grains paffent par le feu, & y perdent ce qu'ils peuvent avoir de defagréable.

4. D'autres jugent de la bonté d'un Fond de Terre par fa couleur ; la grife noirâtre a l'approbation de tous les ficcles & de tous les temps; les blanches, les rouges & même les jaunes, pallent pour mauvaises. Ces fignes ne font pourtant pas infaillibles: car on voit des Terres rougeâtres & des blanchâtres qui font merveilleufes; & on en voit de noires infertiles fur des Montagnes ou dans des Vallons; c'eft une espece de fable mort qui ne peut produire tout au plus que des Genêts & des Bruyeres.

5. C'est pourquoi quand l'œil a jugé de la Terre par la couleur, il faut

que
la main en juge à fon tour; on en prend pour fçavoir fi elle eft fubftan-
cielle & meuble, c'est-à-dire facile à labourer : c'eft une bonne marque quand
outre la couleur noire grifâtre, en la maniant elle tient un peu aux doigts
comme une espece de poix; il y a méme des gens qui en prennent une pe-
tite motte entiere, la ramolliffent & la paîtriffent avec de l'eau ; & fi elle
prend toûjours aux doigts, & qu'elle ne fe rompe point quand on la jette
à terre, ils concluent que la Terre eft graffe & naturellement féconde.

6o. D'autres jugent à l'œil qu'une Terre eft douce & abondante en fels, quand fans être cultivée, elle produit beaucoup de menus herbages, des Rofeaux, des Joncs, du Trefle, des Pruniers fauvages & autres chofes de cette nature, qui n'y abonderoient point fi la Terre n'étoit naturellement douce & fertile; au lieu qu'elle eft aigre, revéche ou maigre quand elle abonde en productions améres, froides & épineufes, comme Fougeres, Bruyeres, Abfinte, Genevre, Genêt: la fauffe Camomille vient dans les Terres fortes; les Chardons, le Creffon Alenois, le Sennevé fauvage croiffent dans celles qui font chaudes; le Plantain, la Mercuriale, l'Ozeille bâtarde font communes dans les Terres temperées ou un peu froides; le Lizet fe plaît dans celles qui font féches ; & la Ciguë, l'Ache & le Fumeterre viennent de pourritures.

D'autres encore, pour faire l'épreuve de la qualité d'une Terre, creusent un foffé dans le Fond dont ils veulent connoître la bonté; & après en avoir ôté autant de Terre qu'ils le jugent à propos, ils rempliffent au bout de deux jours la foffe de la même terre qu'ils en ont ôtée; quand la terre a renflé & qu'il y en a plus qu'il n'en faut pour remplir le trou, c'eft une bonne marque; mais quand elle ne fait que remplir juftement fon trou, c'eft figne qu'elle ne vaut rien.

On aime auffi que la Terre répande une odeur agréable après la pluie ; que les eaux, foit de pluie ou d'arrofement, ne la rendent ni fangeuse ni coriaffe, & glaife, mais qu'elles la pénétrent bien & la faffent enfer fans y paffer trop vîte.

7°. Une chofe plus aifée à connoître & plus importante aux Terres, est qu'elles ayent au moins deux ou trois pieds de profondeur de bon fond: c'eft affez d'un bon pied pour les Bleds & autres grains qui ne pouffent pas leurs racines avant en terre; mais les moindres Arbres, les groffes Plantes, & même les gros Légumes, comme Panais, Carottes & autres, demandent deux & trois pieds ; & il en faut encore davantage aux Arbres dont les racines pénétrent en profondeur, ou qui pivotent, c'est-à-dire qui pouffent une groffe racine perpendiculaire au tronc, comme le Chêne & l'orme. Il faut du moins qu'outre les deux à trois pieds de bonne terre, ces Arbres profonds trouvent encore au-delà une terre médiocre où ils puiffent pénétrer & profiter, fur-tout qu'ils ne rencontrent point le Tuf. On appelle Tuf, & en quelques endroits Pipan, une terre féche & dure, qui commence à fe pétrifier; il eft ordinairement fous la bonne terre, mais les eaux ni les racines des Plants les plus forts ne peuvent quafi pas le pénétrer; les Arbres ni aucuns Plants n'y peuvent profiter, ils jauniffent & periffent fi-tôt qu'ils l'ont atteint. Dans les Jardins on rompt & on ôte le Tuf par tout où on le rencontre, avant que d'y planter les Arbres; mais la chofe eft impra

[ocr errors]
« AnteriorContinuar »