Imágenes de páginas
PDF
EPUB

F 6917:00.3

HARVARD COLLEGE LIBRARY

GIFT OF

DANIEL, FEARING
20 JUNE 1914

ل

[ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small]
[ocr errors]
[ocr errors][merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small]

PREFACE.

S

I l'on juge de la bonté d'un Livre par le nombre des Editions qu'on en a fait, on peut dire que la Maifon Rustique a été un des meilleurs qui ait été imprimé. L'Agriculture a été du goût de tous les Siecles : le premier Homme fut mis dans le Jardin de Délices pour joüir de tout ce que la Terre produifoit d'elle-même; mais cette même Terre ceffà d'être fertile & ne reconnut plus celuy pour lequel elle avoit été créée, en luy refusant dès le moment qu'il eut peché, ce qu'elle luy donnoit auparavant avec profufion. La Terre devenue ingrate par la punition de l'Homme', de fertile qu'elle étoit, ne produifitplus que des ronces & des épines, & ce ne fut que par des fueurs & un travail continuel que l'Homme la força de luy rendre ce qu'elle luy donnoit auparavant avec tant de liberalité. Adam fut donc le premier qui s'appliqua à l'Agriculture, fes enfans fuivirent fon exemple; Caïn laboura la Terre, pendant qu'Abel avoit foin des Troupeaux : leurs Defcendans les ont imité. En parcourant les Saintes Ecritures, on y voit une fuite de gens de tous états & de toutes conditions, qui ont regardé l'Agriculture & tout ce qui en dépend, comme l'occupation la plus utile & la plus neceffaire.

Les Rois du Peuple de Dieu ont été tirez, les uns de la Charuë. les autres de la garde des Bestiaux : le plus fage de tous ces Princes étoit fi habile dans l'Agriculture, qu'il en a fait des Traitez excellens, où il parle des Arbres & des Plantes, depuis le Cedre jufqu'à l'Hyfope, c'eft-à-dire que rien ne luy a échappé de tout ce qui est renfermé dans la vafte étenduë de cette belle Science.

Tout le monde s'y eft appliqué ; les uns l'ont étudiée avec attention & l'ont mise en pratique avec de grands foins, les autres pleins d'affection pour leurs Succeffeurs, ont tranfmis par leurs Ecrits ce qu'ils avoient appris de leurs Peres, & ce que leurs travaux & une longue experience leurs avoient acquis: on a mis en Vers & en

Profe les preceptes & les progrès de cet Art. Nous en devons la connoiffance à ces illuftres Anciens, Hefiode, Caton, Virgile, Pline, Varon, Pallade, Columelle & une infinité d'autres.

Les Romains, ces Maîtres de la Terre, ont fait de l'Agricul ture leur occupation la plus cherie, s'ils ont excellé dans la culture de certains Legumes, ils ont voulu que ce degré de Science auquel ils avoient monté, fut publié dans les Siecles à venir, en donnant à leurs Familles le nom de ces Plantes; tels font les Lentules, les Fabiens, les Pifons, les Cicerons & autres, & l'on a vû des Empereurs même preferer les douceurs de la vie champêtre, aux honneurs & à la gloire de leur Sceptre.

C'est à l'exemple de ces Grands Homines que nos François fe font de tout temps appliqué à l'Agriculture; leur curiofité & leur envie de fçavoir, les ont fait furpafler l'Antiquité : ils ont fait des progrès dans toutes fes Parties, & ont furpaffé de beaucoup ceux des autres Nations; c'eft auffi ce qui a donné lieu à beaucoup d'entr'eux de laiffer par ecrit les routes qu'ils avoient tenus pour la porter au point de perfection où nous la voyons aujourd'huy.

On pourroit faire un long dénombrement des Ouvrages qui ont paru fur cette matiere dans les Siecles precedens, mais cela nous meneroit trop loin; il fuffit de fçavoir que Charles Eftienne, Liebaut & Deferre Medecins firent imprimer dans le commencement du Siecle paffé les Remarques qu'ils avoient faites fur l'Agriculture; ils donnerent à ces productions les Titres de Maifon Ruftique & Theatre d'Agriculture; & ces Ouvrages, quoy que peu recherchez, & confufément écrits, ont pourtant merité quinze ou feize Editions fous les noms de ces Auteurs, fans compter un plus grand nombre d'autres Editions contrefaites, aufquelles des Plagiaires n'avoient fait d'autres Additions, Corrections ou Augmentations, que de changer le Titre & de cacher aux yeux du Public le larcin qu'ils commettoient en fubftituant d'autres noms.

On n'a garde de mettre au rang des Plagiaires quantité d'honnêtes gens qui ont écrit fur les differentes Parties de l'Agriculture, peut-être qu'on fe pourroit tromper; & d'ailleurs il y a de la prudence à ne pas attaquer tant de gens à la fois : les uns ont voulu s'immortalifer par leurs Ecrits, les autres ont prétendu fe rendre utiles au Public, d'autres ont cherché à s'occuper en fe divertiffant, d'autres enfin, avides d'écrire par interêt, ont voilé fous differens Titres le même Livre qu'ils avoient donné ci-devant

au Public; & malgré tout cela la Nouvelle Maison Ruftique du Sieur Liger n'a pas laiffe d'être imprimée deux fois, & tous les Exemplaires debitez.

Depuis la mort de cet Auteur, une perfonne plus éclairée & mieux inftruite des fecrets de l'Agriculture, a crû faire plaifir au Public en luy donnant dans un Corps tout ce que les Anciens & les plus celebres Modernes ont écrit fur l'Agriculture & fur toutes fes Parties; il y a ajoûté les nouvelles découvertes : l'exactitude avec laquelle il a traité toutes les matieres, l'ordre qu'il a obfervé dans la diftribution des Chapitres, les précautions feveres qu'il a prifes pour ne rien hazarder qui pût être defavoüé par les perfonnes experimentées en cet Art, ont fait qu'il n'a rien écrit que fur des témoignages très-affurez & fur fa propre experience; il n'a pas laiffé de confulter les plus habiles gens dans chaque genre, & d'examiner fi la conformité de leurs fentimens & de leur pratique s'accordoient pour affeoir un jugement folide & fur lequel on ne pût former aucun doute, tout cela fait de nôtre Nouvelle Maifon Ruftique, un Livre, lequel, quoyque le même en fubstance, eft cependant bien different & en même temps bien plus utile que tout ce qui a paru jusqu'à present; en forte que l'on peut dire que cette Nouvelle Maison Ruftique n'a prefque de commun avec la derniere que le nom de l'Auteur.

Il paroît affez inutile de dire au Public à qui il a l'obligation d'un auffi grand travail que celuy qu'on luy prefente; il fuffit qu'il en connoiffe le merite par la lecture, l'examen & la pratique qu'on le prie d'en faire, plus il fera fevere, plus on luy fera obligé : cependant on prie inftamment ceux qui auront à ajoûter ici quelque chofe fur les fujets qui y font contenus, de vouloir bien honorer de leurs Memoires; ils ne paroîtront qu'à leur gloire dans un Ouvrage qui ne tend qu'à l'utilité publique.

La quantité & la diverfité des Matieres qu'on a traitées dans cet Ouvrage, ont obligé de le partager en deux Volumes divifez en quatre Parties, & fubdivifé en plufieurs Livres qui contiennent cent vingt-trois Chapitres, & plus de cent cinquante Articles qui renferment tout ce qu'on peut fouhaiter fur les Bâtimens, les Provifions, l'Economie interieure d'une Maifon de Campagne, les Volailles, les Chevaux & autres Bêtes de fomme, les Bêtes à corne & à laine, les Mouches à Miel & les Vers à Soye, les Terres labourables, les Eaux & Forêts, les Plants Champêtres,

[ocr errors]

les Jardins Fruitiers, Potagers, Fleuristes, d'Ornemens & de Botanique, lesVignes & les Boiffons, les Etangs, la Pêche, la Chaffe, les Oifeaux de Voliere, la Cuifine, la Pâtifferie, les Confitures, & une infinité d'autres chofes qu'il fera plus aifé de voir en parcourant les Tables des Chapitres. L'exactitude & le détail dans lequel on est entré en traitant ces Matieres, donnent lieu d'efperer que cet Ouvrage sera favorablement reçû du Public d'autant plus que l'utile en étant la principale vûë, on n'a pas negligé d'y répandre l'agreable & le curieux dans les endroits où ils fe pouvoient ren

contrer.

[ocr errors][ocr errors]
« AnteriorContinuar »