Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Définté

faire des merveilles, gâter tout par un vain étalage d'érudition, qui n'eft qu'oftentation, & par une prétendüe fermeté qui ne mérite que le nom d'obftination. Or comment porter ce genre de modeftie dans la difcuffion des affaires, fi on n'en contracte pas l'habitude dans le courant de la focieté

que

On apprend toute fa vie à être Négociateur, & plus les affaires l'on a à difcuter font délicates & épineufes, plus elles exigent que l'apprentiffage ait été fuivi & refléchi.

Le défintéreffement eft encore reffement une des qualités abfolument néneceffaire ceffaires à un Negociateur. Sans au Negociateur. cette qualité les plus grands talens n'en font que plus dangereux, parce qu'ils deviennent des inftrumens de la corruption du cœur. Tout homme occupé d'un défir exceffif de fortune ou de richeffe, doit renoncer à l'emploi

de Negociateur. Il n'offre que trop d'objets de tentations, & les moindres tranfgreffions en cegenre font trop criminelles & fujettes à de trop grandes fuites, pour qu'il ne faille pas porter dans une profeffion fi importante une ame bien éprouvée & bien affermie dans les principes du défintéressement.

La premiere loi qu'un Negociateur doit s'impofer, eft de ne vouloir de diftinction & de fortune que de la main de fon Souverain naturel. Quoique l'ufage ait, pour ainfi dire, legitimé les graces d'un Prince étranger quand le Raifon Souverain naturel permet de les contre l'u fage éta accepter, on l'eftime contraire à bli de la délicateffe. Il faut les avoir me- pouvoir ritées, & avoir cherché à plaire, desgraces & c'est toujours indirectement d'unPrin avec quelque préjudice des inté- ce étrantêts, dont on eft dépofitaire. Quand cela ne feroit pas, le public eft en droit de le croire, &

recevoir

ger.

comme il y a des affaires qu'on ne peut ni ne doit jamais déveloper aux yeux du public, on ne peut imposer filence aux foupçons par des preuves

[ocr errors]

fuffifantes & certaines. Mais disons plus, quelque unies que deux Cours puiffent être enfemble, il y a toujours un certain nombre de chofes fur lesquelles elles different trop d'intérêts, pour qu'il foit poffible de ne pas opter entre l'une & l'autre. Cependant on se doit tout entier à celui que l'on repré-fente, & l'on ne fe doit en rien à celui auprès de qui l'on réfide; ainfi chercher à mériter de ce dernier, c'eft néceffairement manquer au premier, ou donner du moins quelque préférence au fecond. Indépendamment de cette exPreuves trême délicateffe à laquelle on ne ment de peut trop s'attacher, il eft vrai de Cette déli- dire que rarement on eft intéressé satefe. à moitié. Si l'attrait médiocre par

du fonde

fon objet peut tenter, l'attrait plus fort porte un coup certain, l'on réfifte difficilement à un objet confidérable, & la facilité à trahir pour un prix proportionné, fuit ou peut fuivre de près les manquemens en apparence les plus legers.

[ocr errors]

,

d'aflurer

fes aux

Quoiqu'il y ait réellement des hommes vertueux il est encore Sagefle plus fage à ceux à qui il appartient des réde choifir les Miniftres, de les compenmettre au-deffus de la tentation, Minien leur procurant ou du moins tres. en leur affurant pour prix de leurs travaux une fortune & des diftinctions proportionnées aux objets par lefquels on pourroit craindre qu'ils ne fuffent tentés ou éblouis. On ne fera point à la vertu le tort de penfer qu'elle ne puiffe pas prévaloir fur les objets les plus féduifans; mais ce degré fuprême de la vertu ne fe connoît certainement par aucun figne extérieur

tion.

& les exemples du paffé ne font même pas ici un garant fuffiRaifons fant de l'avenir. Un malheureux de cette moment triomphe de la vertu précau- qu'on avoit crû la mieux affermie: à la verité on peut alors ajouter des punitions publiques à celle dont le trait fuit partout intérieurement celui qui a de juftes reproches à fe faire; mais le coup eft frapé, le mal eft fait, & fouvent il eft fans remede.

des idées

tune.

Ce n'eft pas qu'il foit défendu de fonder des espérances & des Objet qui rend idées de fortune fur le métier aulégitimes quel on fe destine; mais il ne faut de for attendre ces avantages que comme récompenfe de fes bons & fidéles fervices, enforte que le premier objet foit de remplir exactement fes devoirs, & que l'on remette le foin de la récompenfe à la juftice de fes Superieurs naturels. Ordinairement elle fuit le l'attendre, fervice;mais à fupofer qu'elle man

De qui

on doit

« AnteriorContinuar »