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que par des circonftances malheureufes dont on n'eft point refponfable, il est beau de pouvoir fe dire à foi-même qu'aïant le cœur pur & les mains innocentes on méritoit d'être bien traité. C'eft être récompensé qu'être digne de récompenfe.

Ce qui confole de l'avoir

manquée.

ce que

Patrie.

D'ailleurs convenons que cha que homme fe doit au fervice de fa Patrie, fans pouvoir à la rigueur Refle exiger des récompenfes. On naît xions fur dans un Païs, on en partage la chacun gloire, l'éclat, la sûreté. Nous doit à fa devons à ce même Païs le bien & la fortune que nos Peres nous ont laiffé. Nous lui devons donc auffi quelque fervice,de quelque nature qu'il foit. Il eft vrai que la bonne politique veut que l'on excite l'émulation par quelqu'objet de récompenfe ou de fatisfaction; mais cela même n'eft point dû dans une telle rigueur de droit, que l'on puiffe jamais s'eftimer quitte de tout

térêt.

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devoir envers fa Patrie, par la raifon que chaque fervice qu'on lui rendroit n'emporteroit pas fa rècompenfe particuliere.

Si les hommes étoient bien pénetrés de ces grands principes, ils s'accoutumeroient à ne point ferSur l'ef vir leur Patrie comme des merceprit d'innaires, & par conféquent ils la ferviroient avec une plus grande pureté. Toute récompense à part, n'eft-ce pas un grand honneur pour un particulier d'être apellé à une portion fi diftinguée du fervice public Le fuccès devient la fource d'une grande fatisfaction intérieure, d'une confidération actuelle, & d'une réputation ineffaçable. Et ne lieu de ré- doit-on pas regarder ces avantages compen- comme une efpece de récompenfe? En effet il eft bien rare que des enfans qui ne degenerent point ne recueillent pas les fruits de la réputation & de la mémoire de leurs Peres. Banniffons donc toute ma

Les.

Ce qui

xime ou tout fentiment contraire
que le vil efprit d'intérêt pourroit
tenter d'établir. Ces fortes de ma-
ximes font la perte d'un Etat, &
le présage le plus affuré de sa rui-
ne prochaine. Ne recherchons au-
cunes graces étrangeres, n'en ef-
perons que de nos Souverains natu-
rels, ne les demandons qu'après
les avoir méritées, reffentons une
noble reconnoiffance de celles
nous obtenons, mais gardons-nous
de murmurer des refus que nous
effuions; les bienfaits des Souve-
rains font libres.

que

bien le fe

cret eft

L'obfervation du fecret a de tout tems été eftimée, comme elle eft en effet,l'ame des grandes affaires,par- Comce qu'il n'y a aucune forte de projet que l'on puiffe former,dontquelque néceffaire Puiffance n'ait intérêt d'empêcher pour le ou de fufpendre l'exécution. La affaires." connoiffance du fecret lui en fournit les moïens, ou lui laiffe le tems d'en chercher, enforte que quicon

fuccès des

que manque au fecret détruit fon ouvrage en même tems qu'il l'édifie auffi les grands Miniftres ont-ils toujours eu pour maxime de n'avoir point de confidens lorfqu'ils pouvoient s'en paffer, & de ne les multiplier que le moins qu'il étoit poffible. L'habitude du fecret eft donc une qualité abfolument néceffaire à un Miniftre; je dis l'habitude, parce qu'on ne dePour- vient pas en un moment capable faut du fecret, & qu'on ne fçait se taire avoir l'ha- fur les grandes chofes, que quand

quoi il

bitude.

en

on a apris à s'observer fur les moindres. Pour y parvenir, on doit fe mettre de bon ne heure dans la tête ce principe, qu'il ne faut jamais parler fans néceffité, ou fans convenance, & que les chofes qu'on regarde comme abfolument indifférentes, ne peuvent le plus fouvent être dites fans quelqu'inconvénient.

On est le maître de divulguer un

cret qui n'intéreffe que foi; fi

Diffé

particu

liers.

ɔn fait mal, au moins on a été rence du bre à cet égard, & l'on n'eft ref- fecret des ɔnfable qu'à foi; c'est ainfi pour ire, fon bien dont on use à fon é, & l'on eft affez puni ordinaiement par les inconvéniens de on indifcrétion; mais en matie es publiques, le fecret qui nous It confié n'eft point à nous, c'est n dépôt qui doit fans ceffe être acré à nos yeux; c'eft un bien ont nous ne pouvons faire ufage u'avec la permiffion du Maître; z plus il eft précieux par l'objet nême du fecret, plus nous devons tre attentifs à ne le point compronettre. C'est même fouvent manquer au fecret

que de laiffer conoître après coup qu'on en a été Jufqu'où lepofitaire. Les Princes ont quel-f'on doit quefois autant de raifon d'Etat porter le Tcrupule le cacher leurs veritables confi- fur le fedens, que leur fecret même. Or on manque au fecret par des tre,

cret de

fon Mai

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