de. Quandon a, comme il le faut fuppofer,de bonnes & de folides raifons, & qu'on fçait être ferme fans dureté & fans aigreur, ceux avec Occaqui nous avons à traiter ne nous fon ne en fçavent pas mauvais gré; ils peut qu'fentent que nous faifons ce que ver la fernous devons: ils feroient même meté d'un fions où approu peu d'estime de nous, s'ils nous Miniftre, voïoient ceder,quand nous aurions évidemment raifon, parce qu'ils feroient en droit de nous fuppofer des motifs perfonnels, dont le foupçon feroit assûrément peu honorable. Cette fermeté eft furtout néceffaire dans les occafions qui intéreffent la dignité de la Couronne, ou du Souverain que l'on repréfente. La dextérité doit s'emploïer à prévenir les incidens autant qu'on le peut, fans mettre fon droit en compromis. Lorsqu'ils font inévitables, c'eft alors que l'on doit agir avec fermeté mais la regle avec une fermeté fagement conduite enforte que l'on ne nous puiffe rien reprocher fur les procedés perfonnels, tant que l'on ne porte pas les chofes à l'extrême, fans pour cela ceffer de foutenir le fond du droit avec affirmation, & d'une maniere qui fasse connoître que rien ne peut faire céder. Appli- Tel eft par exemple le cas de la cation de préféance que l'ufage a établie précéden- entre les différentes Puiffances, & fur laquelle on ne doit jamais' admettre aucun tempérament. Ce relief eft fouvent aux yeux du public plus précieux à conferver qu'un avantage réel de poffeffion; ainfi il ne faut pas craindre d'exposer l'un au hazard, pour foutenir l'autre. On ne parle pas ici d'une prétention imaginaire, ou feulement vraisemblable,mais d'un droit acquis, & dont l'ufage ancien faffe le titre. Il feroit auffi honteux au Miniftre, qui auroit te. un pareil droit à foutenir, de l'a- pas Facilité Quand on conçoit aisément, & que les idées s'arrangent avec netteté dans l'efprit, il eft impoffible de s'exque l'on ne parle pas avec facili- primer. té. Cette facilité eft une partie bien utile au Negociateur, elle fait que fes pensées se dévelopent mieux & d'une maniere plus commode pour ceux avec qui l'on traite. Les chofes qui paroiffent moins étudiées & moins méditées infpirent naturellemenr la confiance & Sur quoi trouvent une créance plus facile. Il ne faut pas que cette facilité naiffe de la présomption ou de la légereté. Ce feroit alors un défaut dangereux, aulieu d'être une quaelle doit lité avantageufe; elle doit avoir être fon- pour principe une conception vidée. ve & un ufage de combiner promptement enforte cependant que celui qui s'explique aisément ne perde rien du côté de la réflexion. Cette facilité n'eft donc pas de l'efpéce des chofes qui peuvent s'acquérir promptement, c'eft un fruit qui a fon tems de maturité plus ou moins avancé, & que même certains génies ne peuvent jamais produire. Necef Elle dépend encore beaucoup fité de d'une parfaite connoiffance de la fçavoir langue dans laquelle on traite. Et parfaite. ment la fouvent on ne connoit pas la fienne langue propre. La valeur des mots, l'art de laquelle les placer font deux points d'étude on traite. aufquels on ne s'applique pas affés. dans 11 eft vrai cependant que la même pensée rendue différemment fait auffi des impreffions différentes. Or le fimple ufage de parler fa langue naturelle même correctement ne fuffit pas pour fentir cette différence & cette délicateffe, qui ne le fruit d'une ap-4peuvent être que plication fuivie à connoître toute la force & le véritable fens des mots. S'il eft important à un Négociateur de bien poffeder fa langue, il ne doit pas moins bien fçavoir cel vérité. le dans laquelle on lui parle. Sans cette connoiffance, il ne jugera Preuves qu'imparfaitement de la force de de cette ce qu'on lui dira, il ne diftinguera pas certaines fineffes; le fens jufte & précis de certaines chofes lui échapera; il hésitera à répondre, ou pourra ne pas répondre à propos & convenablement; & c'eft une des raifons pour lesquelles on a demandé dans la Préface à ceux qui fe |