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vre avec eux habituellement. Tout homme qui voudra se rendre fidélement compte de fa vie, conviendra avec luimême que c'est-là l'occupation qui en remplit ordinairement le cours. Et cette propofition ne fuppofe pas même que les hommes foient toujours & néceffairement conduits par des vues d'intérêts particuliers, puifque ceux mêmes qui feroient intéreffés dans leurs démarches, ont befoin de cette même étude dans le feul objet de la focieté. Un homme me paroît tel que je crois en pouvoir fans intérêt faire mon ami, mon premier mouvement eft de le

connoître & de le déveloper entierement, afin d'apprendre le chemin de lui plaire & de lui inspirer pour moi le même goût que je crois fentir pour lui. Tout eft donc, pour ainfi dire, commerce, ou negociation dans la vie, même entre ceux qui feroient fuppofés n'avoir rien à craindre ni à esperer les uns des au

tres.

Qui ne concluroit pas de-là que tous les hommes, ou du moins la plûpart, font propres à la negociation publique Les hommes fe reffemblant en tout Païs, la maniere de traiter avec eux femble devoir être uniforme, & l'habitude

de manier des intérêts particuliers facilement applicable aux intérêts publics. Rien cependant ne feroit plus faux que cette opinion, & je la regarderois dans les hommes qui fe donnent à la negociation publique, comme un obftacle au fuccès des chofes qui leur feroient confiées. Tel en effet, , pour me fervir d'une raifon fur comparaison assés jufte, quoique dans un genre oppose, se- dans l'art roit capable de commander militaire. un certain nombre d'hommes, qui ne le fera pas de conduire une armée. Tel efprit eft facilement en proportion avec un certain nombre de combinai

fons, qui ne fuffira pas, où

Compa

la diffé

rence des talens

cation de

cette

compa

suffira difficilement à une plus grande étendue d'idées. Tel fera bon Général dans un Païs qu'il connoîtra, qui fera des fautes effentielles dans un autre qu'il n'aura pas étudié., Appli- Il en eft de même de l'art de negocier. La conduite des affaià fairesparticulieres exige moins l'art de de connoiffances que celle des affaires publiques; la combinaison des intérêts particuliers a moins de branches, que celle des intérêts publics. On connoît plus facilement les hommes de fa Nation, qui n'ont pas toujours intérêt de se cacher, que des Etrangers qui fe font un principe d'être fans ceffe en garde, & de ne

negocier.

te des Ne

gocia

e montrer que tels qu'ils veuent paroître. En matiere d'affaires publi- Conduiques, les hommes qui sont evêtus de l'emploi de Minif- teurs, res agissent de même que deux armées en présence, qui obfervent exactement, & qui emploïent toute forte de précautions pour n'être point furprises. Heureux quand de cet ordre de précaution, qui eft raisonnable en foi, on ne va pas jufqu'au dangereux usage de se servir de fes talens pour tromper les autres, & les furprendre! Ç'a été fouvent l'écueil de beaucoup de Negociateurs, qui ont ignoré, ou voulu ignorer qu'on peut, fans

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