apprend les affai res. cafion tout l'avantage dont elle eft fufceptible. Or pour en tirer tout le parti qu'il fe peut, il faut de la fupériorité ; & cette fupériorité ne fçauroit jamais être que le fruit de l'exCe qui périence. On n'apprend à maa traiter nier & à conduire les affaires, que par l'imitation, c'est-àdire, en obfervant comment les maîtres dans l'art fe conduifent, & en faisant dans l'occafion une juste application de la méthode qu'on a vû réuffir. Quelque libérale qu'ait été la nature à notre égard, fa libéralité a besoin du fecours de l'exemple; & l'inftruction que l'on en tire, jointe aux talens naturels, conftitue la fupériorité de ces hommes, qui, après avoir fait le bonheur de leur fiécle, font destinés à faire l'admiration de la postérité. Cependant les qualités & les talens du negociateur font les principales caufes qui influent fur le fort des plus grandes affaires, & qui décident des plus grands intérets. Quand on veut, dans la vie Compaprivée, donner procuration fur la de fuivre une affaire à laquelle on que on ne peut vaquer par foi-l'on doit même, on tâche de choisir dans le l'homme le plus prudent, le Mini plus fidéle, & le plus expérimenté. Jufqu'où ne doit point aller la précaution, lorsqu'il raifon précau tion aporter choix des tres. est question de choisir quelqu'un pour représenter un Souverain; quelqu'un, dis-je, dont les paroles font, pour ainfi dire; auffi facrées que celles qui fortiroient de la bouche du Souverain même. Un negociateur, devenant tout ensemble le dépofitaire du fort de fa Patrie, & de la réputation, & de la fortune des Miniftres de fon Maître, ceux qui font à la tête du Gouvernement doivent confacrer leurs premiers foins à former des fujets qui puiffent les feconder au dehors dans les fonctions d'un ministere pénible, où tout étant, pour ainsi dire, conjectural, il faut des génies plus profonds & plus élevés, que n'éxigent les matieres, qui par elles-mêmes pont des points fixes & dé montrés. Impor tance des objets de le Pour fentir combien la negociation eft importante, & peut devenir utile, il fuffit de fe rappeller que c'est elle qui prépare les grands événemens dont l'éclat frape les yeux. Si un Prince veut conferver la Paix, & pourvoir solidement la negoà fa sûreté, il a befoin d'Alliés dont le concours imprime du refpect; s'il veut faire la Guerre, il eft de fa politique de s'attacher des amis, & d'en enlever à ceux contre qui il prépare les armes ; c'est l'ou ciation. vrage de la negociation, qui eft auffi l'inftrument de la réconciliation entre les Princes. Enfin, elle dévelope les plus grandes révolutions, elle les avance, ou les éloigne, ou les prévient. A ce tableau, il est aifé de juger fi le choix des negociateurs eft indifférent, & fi des hommes médiocres peuvent fuffire à de fi grands, & de fi vaftes objets. Il est vrai que fouvent les plus grandes chofes paroiffent s'operer en quelque façon d'elles-mêmes, ou du moins avoir des principes fort indifférens ; mais quiconque youdra étudier les é vénemens, & remonter jufqu'à la fource, trouvera pref que |