Dans vues on de quelqu'état qu'ils foient, il faut que chacun choififfe ce quelles qui lui doit, pour ainfi dire, doit la li- devenir propre, & qu'il life dans l'efprit de la profession à laquelle il se destine. M. Cause or dinaire profit tire. Rien n'eft plus ordinaire que de lire l'Hiftoire ; tout le monde s'en fait un honneur; mais on en tire peu de profit, quand on ne donne à toutes fes parties qu'une application du peu de égale, & par conféquent méqu'on en diocre. On ne fait alors que fatisfaire une vaine curiofité, & qu'amaffer des faits qui forment souvent un affemblage mal rangé, & par conféquent peu utile. Il y a, felon l'état auquel on fe deftine, des par ties d'Hiftoire plus ou moins néceffaires. tif à cette Un jeune homme qui fe Plan reladestine à la negociation, peut étude. parcourir l'Hiftoire Grecque & Romaine; mais il doit donner fa principale application. à l'Hiftoire moderne dont les les événemens plus connus & plus intéreffans pour nous, font auffi plus inftructifs. Il y a même dans l'ancienne Hiftoire beaucoup d'endroits principaux aufquels il faut s'arrêter par préférence, pour méditer fur les principes des grandes révolutions, fur leurs fuites & leur dévelopement; fur la part que perfonnel des hommes y a pû le avoir; fur la maniere dont les Princes ou leurs Miniftres fe font conduits; fur ce que leurs réfolutions femblent avoir eu de bon ou de mauvais ; enfin, fur l'effet qu'elles ont produit. Princi- Il faut furtout dans cet exa pes pour bien ju ger. men, par se bien garder de juger les événemens, & obferver de faire une continuelle & exacte combinaison entre les principes, & les effets de chaque chose, afin de s’instruire également, & par le mal, & par le bien. Lorsqu'on arrive aux fiécles qui font moins éloignés de nous, il faut encore paffer plus legerement fur ce qui ne forme pas une instruction propre au negociateur, & s'attacher aux objets que je viens de marquer. C'est alors qu'on a plus befoin d'être en garde contre les préjugés de naissance, ou plûtôt d'éduca Diffé rens é cueils à éviter tion. Comme chaque Païs a A eu part aux évenemens publics, il n'eft que trop ordinaire en lifant, de juger bien de fa nation, & de fe paffionner pour elle, au préjudice des autres nations. C'eft un vier des plus dangereux écueils dans la pour un homme destiné à un de l'Hifétat, où il faudroit, pour ainfi nat dire, n'être d'aucun Païs, & dans lequel les préjugés que hue Fon y porte n'ont point de petites conféquences. Un au lecture toire. tre écueil à éviter, & qui est commun; c'eft d'être toujours de l'avis de l'Auteur qu'on lit. Cela laiffe dans une dangepation reuse inaction les operations en du jugement, & accoutume à n'avoir, pour ainfi dire aucun principe à foi. Or n'y a pas d'état où il foit plus néceffaire d'avoir des principes que l'état de negociateur; & communément. on conferve toute fa vie, & l'on porte en toutes affaires les défauts que l'on a contrac tés par l'éducation ou par Ja maniere d'étudier. Ce n'eft donc pas une lecture égale, & univerfelle de l'Hiftoire que l'on conseille, mais un choix |