VOTRE MAJESTE, je puis mieux qu'un autre en publier la grandeur & la fagefe. VOTRE MAJESTE n'a armé fon bras, que lorfqu' Elle l'a crû néceffaire pour affermir la tranquillité publique, dont les fondemens étoient ébranlés de toutes parts, & la même main qui a frapé rend la Paix à l'Europe. Ce moment fi flateur pour VOTRE MAJESTE, & fi illuftre pour fon Regne celui que je de

m'a paru vois choifir, pour mettre au jour les fruits d'une affés

grande expérience, & d'un long ufage de réfléchir, & de méditer fur la conduite des affaires. J'ai cru SIRË, que ce Traité fur Art de la Negociation aiant pour objet d'en inf pirer le goût à la Nation, de lui apprendre à mériter l'honneur de représenter VOTRE MAJESTE', auroit un effet certain, lorfqu'il paroîtroit fous fes aufpices, & avec les caracté res de fon approbation.

Ses Sujets y verront ce qui peut les rendre capables d'un miniftere fi élevé ;

ils apprendront la maniere dont VOTRE MAJESTE' veut être fervie,& ils connoîtront combien il faut de vertus, pour repréfenter dignement un Prince qui en eft le modéle.

Je fuis, avec le plus profond respect,

SIRE;

DE VOTRE MAJESTE',

Le très-humble, très-obéiffant, & très-fidéle ferviteur & fujet, PECQUET.

vij

PREFACE

Sur le Difcours de l'Art de Negocier.

L

Es hommes ont fait pour ainfi dire, de l'ufage de la focieté, une efpéce de negociation continuelle. Comme il y a des dif férences néceffaires entre tous les états, & que dans ceux mêmes que l'on eftime égaux, il y a un commerce journalier d'objets, de vues & de défirs, il n'y a perfonne qui n'ait, ou qui ne croïe avoir besoin

d'autrui. De-là naît cette efpéce de negociation univerfelle dont on vient de parler. On veut plaire à l'un, ou intimider l'autre ; on en cherche

Preuves les moïens. On veut favorifer fon ami, ou deffervir fon en

que prel

que tout

elt nego nemi: on fait envisager des

ciation

dans la

vie.

efpérances à quelqu'un pour en obtenir plus facilement ce que l'on défire; on s'étudie à faire valoir certains objets on prend certaines tournures pour ne déveloper fes vues qu'à propos, & d'une maniere qui en facilite le fuccès. On tâche enfin de connoître le foible des hommes pour déterminer la maniere de leur parler dans l'occafion,oude vi