XERXES. bon fens, la prudence, l'habileté dans le métier de la guerre, le courage, la grandeur d'ame: de l'autre on ne voit que vanité, orgueil, entêtement une baffeffe de fentimens qui fait pitié, & quelquefois même une brutalité & une barbarie qui font horreur. CHAPITRE TROISIÈME. ARTA- Artaxerxe Longue-main, join E CHAPITRE renferme l'histoire XERXE LONGUE-te à celle des Grecs. ΜΑΙΝ. §. I. Artaxerxe détruit le parti d' Artabane, & celui d'Hyftafpe fon frere AN. M. 3531. 735 aîne. LES HISTORIENS Grecs donnent à Av.J.C.473. ce Prince le furnom de Longue-main': Lib. 15.pag. felon Strabon, à caufe que les mains étoient fi longues, qu'étant tout droit il en pouvoit toucher fes genoux; In Artax. felon Plutarque, parce qu'il avoit la pag. 1011. main droite plus longue que l'autre. A cela près, il paffoit pour le plus bel Ctes. cap.30. homme de fon tems: mais on vantoit encore plus fa bonté & sa générosité. Il régna près de quarante neuf ans. Quoiqu'Artaxerxe fe vît délivré; par la mort d'Artabane, d'un dangereux compétiteur, il lui reftoit encore deux obstacles à vaincre, avant que ARTAd'être paisible poffeffeur de la cou- XERXE ronne: l'un dans fon frere Hyftafpe LONGUEGouverneur de la Bactriane, l'autre MA I N. dans le parti d'Artabane. Il commença par le dernier. Artabane avoit laiffé fept fils, & un grand nombre de partifans, quine tardérent pas à s'affembler pour venger fa mort. Il y eut entr'eux & ceux qui tenoient pour Artaxerxe une fanglante bataille,dans laquelle un grand nombre de nobles Perfans perdirent la vie. Artaxerxe aiant pris enfin le deffus, il extermina tous ceux qui étoient entrés dans cette conjuration. Il tira fur tout une vengeance exemplaire de ceux qui avoient eu part au meurtre de fon pere, & particuliérement de l'eunuque Mithridate qui l'avoit trahi. Il le fit mourir du fupplice des Auges; ce qui fe faifoit Plut.in de cette maniére. On mettoit le criminel à la renverfe dans une auge, & après l'avoir fortement attaché aux quatre coins, on le couvroit d'une autre auge, à la réserve de la tête, des piés, & des mains, qui fortoient par des trous faits exprès. Dans cette pofture incommode on lui préfentoit la Artax. pag. 1019. XERXE ARTA- nourriture néceffaire, qu'on le forçoit de prendre malgré lui: pour boiffon, on lui donnoit du miel détrempé dans du lait, & on lui en frotoit tout le vifage, ce qui attiroit fur lui une quantité incroiable de mouches, d'autant plus qu'il étoit toujours expofé aux raions ardens du foleil. Les vers, engendrés de fes excrémens, lui rongeoient les entrailles au-dedans. Cefupplice duroit ordinairement quinze ou vingt jours, pendant lefquels le patient fouffroit des tourmens indicibles. Ctes.cap. 31 Artaxerxe aiant diffipé le parti une plus grande armée que fon frere, lui, le défit dans une feconde bataille, LONGUE & ruina entiérement fon parti. Cette MAIN. victoire le rendit paifible poffeffeur de l'Empire. Pour fe maintenir, il dépofa tous les Gouverneurs des villes & des provinces qu'il foupçonnoit avoir en quelque liaifon avec l'un ou l'autre des partis qu'il venoit d'exterminer & il leur en fubftitua d'autres en qui il avoit une parfaite confiance. Il s'appliqua enfuite à réformer les abus & les defordres qui s'étoient introduits dans le gouvernement. Par une conduite fi pleine de fageffe & de zêle pour le bien public, il s'acquit bientôt une grande réputation & une grande autorité, & il s'attira l'amour de fes fujets, qui eft le principal foutien du pouvoir des Souverains. §. II. Themistocle fe réfugie vers Diod. lib. 11. pag. 54. CE FUT vers ce Prince, que Thé. AN.M. 15 3 z mistocle fe réfugia, felon Thucydide, & au commencement de fon régne : car d'autres Auteurs, comme Strabon, Plutarque, Diodore, placent cet événement fous Xerxès fon prédéceffeur. M. Prideaux fe range de ARTA- leur éôté ; & il croit auffi que l'ArXERXE taxerxe dont nous parlons eft le prince que l'Ecriture appelle Affuerus, & dont Efther fut l'époufe: au lieu que nous fuppofons, avec le favant Uférius, que ce fut Darius fils d'Hyftafpe que cette illuftre Juive époufa. J'ai déja déclaré bien des fois que je n'entrois point dans ces fortes de difputes. Je m'en tiens donc fur la retraite de Thémistocle en Perfe, auffi bien que fur l'histoire d'Efther, au fentiment d'Ufférius mon guide ordinaire. 91. 125-127. 42-44. in Themift. cap. 8-10. la Thucyd, lib. Nous avons vû que Thémistocle 2. pag. 90. s'étoit retiré chez Adméte roi des Plut. in Moloffes, qui l'avoit fort bien reçu. Themift. pag. Les Athéniens & les Lacédémoniens Diod. lib. 11-ne l'y laifférent pas en repos, & le reCornel. Nep. demandérent à ce Prince, avec menaces s'il le refufoit, de porter guerre dans fon pays. Adméte, qui ne vouloit point s'attirer fur les bras de fi formidables ennemis, & encore moins trahir fon hôte, l'avertit du danger où il étoit, & favorifa fa fuite. Themiftocle arriva par terre à Pydne, ville de la Macédoine, & là il s'embarqua fur un vaiffeau marchand qui alloit en Ionie. Il n'étoit point connu des paffagers. Ce vaisseau aiant été |