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habitans de l'île de Madagascar donnent ce nom à l'arbre qui produit la gomme tacamahaca, HARAN; nom propre d'une ancienne ville de Méfopotamie qui étoit fituée entre le Chaborras & l'Euphrate.

HARANGUE ; fubftantif féminin.

Allocutio. Difcours fait à une affemblée, à un Prince ou à quelqu'autre perfonne élevée en dignité.

L'ufage des harangues dans les hiftoriens a de tout temps eu des partifans & des cenfeurs : felon ceuxci elles font peu vraisemblables, elles rompent le fil de la narration: comment a-t-on pu en avoir des copies fidèles? C'eft une imagination des hiftoriens qui fans égard à la différence des temps ont prêté à tous leurs perfonnages le même langage & le même ftyle, comme fi Romulus par exemple, avoit pu & dû parler auffi poliment que Scipion. Voilà les objections qu'on fait contre les harangues & furtout contre les harangues directes.

Leurs défenfeurs prétendent au contraire qu'elles répandent de la variété dans l'hiftoire & que quelquefois on ne peut les en retrancher fans lui dérober une partie confidérable des faits; car, dit à ce fujet M. l'Abbé de Vertot, il faut qu'un hiftorien remonte autant qu'il fe peut, jufqu'aux caufes les plus cachées des événemens ; qu'il découvre les deffeins des ennemis ; qu'il rapporte les délibérations, & qu'il falle voir les différentes actions des hommes, leurs vues les plus fecrettes & leurs intérêts les plus cachés. Or c'est à quoi fervent les harangues furtout dans l'histoire d'un État républicain. On fait que dans la République romaine, par exemple, les réfolutions publiques

dépendoient de la pluralité des voix, & qu'elles étoient communémenc précédées des difcours de ceux qui avoient droit de fuffrage, & que ceux-ci apportoient prefque toujours dans l'affemblée des harangues préparées : de même les Généraux rendoient compte au Senat affemblé, du détail de leurs exploits & des harangues qu'ils avoient faites: les historiens ne pouvoient-ils pas avoir communication des unes & des autres ?

Quoi qu'il en foit, l'ufage des harangues militaires furtout, paroît attefté par toute l'antiquité mais pour juger fainement, dit M. Rollin, de cette coutume de haranguer les troupes, généralement employée chez les anciens, il faut fe tranf porter dans les fiècles où ils vivoient, & faire une attention particulière à leurs mœurs & à leurs ufages.

Les armées, continue-t-il, chez les Grecs & chez les Romains étoient compofées des mêmes citoyens à qui dans la ville & en temps de paix on avoit coutume de communiquer toutes les affaires; le Général ne faifoit dans le camp ou fur le champ de bataille, que ce qu'il auroit été obligé de faire dans la tribune aux harangues; il honoroit fes troupes, attiroit leur confiance, intéreffoit le foldat, réveilloit ou augmentoit fon courage, le raffaroit dans les entreprises périlleuses, le confoluit ou ranimoit fa valeur après un échec, le flattoit même en lui faifant confidence de fes deffeins, de fes craintes & de fes efpérances. On a des exemples des effets merveilleux que produifoit cette éloquence militaire. Mais la difficulté eft de comprendre comment un Général pouvoit

fe faire entendre des troupes. Outre que chez les anciens les armées n'étoient pas fort nombreufes, toute l'armée étoit inftruite du difcours du Général, à peu près comme dans la place publique à Rome & à Athènes le peuple étoit inftruit des difcours des Orateurs. Il fuffifoit que les plus anciens, les principaux des manipules & des chambrées fe trouvallent à la harangue dont enfuite. ils rendoient compte aux autres; les foldats fans armes debout & preffés, occupoient peu de place, & d'ailleurs les anciens s'exerçoient dès la jeuneffe à parler d'une voix forte & diftincte pour le faire entendre de la multitude dans les délibérations publiques.

Quand les armées étoient plus nombreuses, & que rangées en ordre de bataille & prêtes à en venir aux mains elles occupoient plus de terrain, le Général monté à cheval ou fur un char parcouroit les rangs, & difoit quelques mots aux diftérens corps pour les animer, & fon difcours paffoit de bouche en bouche. Quand les armées étoient compofées de troupes de différentes nations, le Prince ou le Général se contentoit de parler fa langue naturelle aux corps qui l'entendoient,. & faifoit annoncer aux autres fes vues & fes deffeins par des truchemens, ou le Général affembbit les Officiers; & après leur avoir expofé ce qu'il fouhaitoit qu'on dît aux troupes de fa part, il les renvoyoit chacun dans leur corps uo dans leurs compagnies , pour y faire le rapport de ce qu'ils avoient entendu, & pour les animer au Gombat.

Au refte cette coutume de haranguer les troupes a duré longtemps chez les Romains, comme

le prouvent les allocutions militaires repréfentées fur les médailles. On en trouve auffi quelques exemples parmi les modernes, & l'on noubliera jamais celle que Henri IV fit à fes troupes avant la bataille d'Ivry: Vous êtes François, voilà l'ennemi; je fais votre Roi: ralliez» vous à mon pannache blanc, vous le verrez toujours au chemin de » l'honneur & de la gloire ».

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Mais il eft bon d'obferver que dans les harangues directes que les hiftoriens ont fuppofées prononcées en de pareilles occafions, la plupart femblent plutôt avoit cherché l'occafion de montrer leur efprit & leur éloquence, que de nous tranfmettre ce qui y avoit été dit réellement.

Dans le ftyle familier, on dit d'un difcours ennuyeux & désagréable, que c'est une longue harangue.

Voyez DISCOURS, pour les différences relatives qui en diftinguent HARANGUE, &c.

La première fyllabe eft brève, la feconde longue, & la troifième trèsbrève.

Le h fe fait fentir. HARANGUÉ, ÉE; adjectif & participe paffif. Voyez HARANGUER. HARANGUER; verbe actif de la première conjugaifon, lequel feconjugue comme CHANTER. Dicere publicè. Prononcer une harangue en public. Le Général harangua l'armée avant la bataille.

HARANGUER, eft auffi verbe neutre. Il harangua en préfence du Roi & de toute la Cour.

On dit de quelqu'un qui eft dans l'habitude de parler beaucoup & avec emphase, qu'il harangue toujours, qu'il ne fait que haranguer.

La première fyllabe eft brève, las feconde moyenne, & la troisième. longue ou brève. Voyez VERBE..

Leh fe fait fentir HARANGUEUR; fubftantif mafculin. Orator. Orateur, celui qui harangue. C'étoit un habile harangueur. HARANGUEUR, fe dit aufli de quelqu'un qui a coutume de faire des remontrances fur toutes forres de chofes. C'est un harangueur bien importun.

HARANGUEUR, fe dit le plus fouvent en mauvaise part & par raillerie. C'est un pauvre harangueur.

On dit figurément d'un grand parleur, que c'est un grand harangueur, un harangueur éternel.

Le hfe fait fentir. HARAS; fubftantif mafculin, Lieu destiné à loger des étalons & des jumens pour élever des poulains.

Il fe dit auffi d'un nombre de jumens avec leurs étalons qu'on tient aux champs pour en tirer de la race.

Quand on veut établir un haras, on doit le placer dans un bon terrain & dans un lieu convenable & proportionné à la quantité de jumens & d'étalons qu'on veut employer; il faut partager ce terrain en plufieurs parties fermées de palis ou de foffés avec de bonnes haies; mettre les jumens pleines & celles qui alaitent leurs poulains dans la partie où le pâturage eft le plus gras; féparer celles qui n'ont pas conçu ou qui n'ont pas encore été couvertes, & les mettre avec les jeunes poulines dans un autre parquet où le pâturage foit moins gras, afin qu'elles n'engraiffent pas trop, ce qui s'oppoferoit à la génération; enfin il faut mettre les jeunes poulains entiers ou hongres dans la partie du terrain la plus sèche & la plus inégale, pour qu'en montant & en defcendant les collines ils acquièrent de la liberté dans les jambes & les épaules; ce dernier parquet où

l'on met les poulains mâles doit être féparé de ceux des jumens avec grand foin, de peur que ces jeunes chevaux ne s'échappent & ne s'énervent avec les jumens. Si le terrain eft affez grand pour qu'on puiffe partager en deux parties chacun de ces parquets pour y mettre alternativement des chevaux & des baufs l'année fuivante, le fonds du pâturage durera bien plus long-temps que s'il étoit continuellement mangé par les chevaux; le bœuf répare le pâturage & le cheval l'amaigrit: il faut aufli qu'il y ait des mares dans chacun de ces parquets; les eauxdormantes font meilleures pour les chevaux que les eaux vives qui leur donitent fouvent des tranchées; & s'il y a quelques arbres dans ce terrain, il ne faut pas les détruire; les chevaux font bien aifes de trouver cette ombre dans les grandes chaleurs; mais s'il y a des troncs, des chicots ou des trous, il faut arra-cher, combler, aplasir pour prévenir tout accident. Ces pâturages: ferviront à la nourriture de votre: haras pendant l'été; & il faudrapendant l'hiver mettre les jumens. à l'écurie & les nourrir avec du foin, auffi bien que les poulains, qu'on ne menera pâturer que dans les beaux jours d'hiver. Les étalons doivent être toujours nourris à l'é-curie avec plus de paille que de foin, & entretenus dans un exer-cice modéré jufqu'au temps de la monte qui dure ordinairement de-puis le commencement d'Avril jus-qu'à la fin de Juin; on ne leur feras faire aucun autre exercice pendang ce temps, & on les nourrira largement, mais avec les mêmes nourtitures qu'à l'ordinaire.

Lotfqu'on menera l'étalons à laz jument, il faudra le panfer aupa

ravant, cela ne fera qu'augmenter fon ardeur; il faut auffi il faut auffi que la jument foic propre & déferrée des pieds de derrière, car il y en a qui font chatouilleufes & qui ruent à l'approche de l'étalon: un homme tient la jument par le licol, & deux autres conduifent l'étalon par des longes; lorfqu'il eft en fituation, on aide à l'accouplement en le dirigeant & en détournant la queue de la jument, car un feul crin qui s'oppoferoit pourroit le blesser même dangereulement il arrive quelquefois que dans l'accouplement l'étalon ne confomme pas l'acte de la génération, & qu'il fort de deffus la jument fans lui avoir rien laiffé; il faut donc être attentif à obferver fi dans les derniers momens de la copulation le tronçon de la queue de l'étalon n'a pas un mouvement de balancier près de la croupe, car ce mouvement accompagne toujours l'émiffion de la liqueur féminale; s'il a confommé, il ne faut pas lui laiffer réitérer l'accouplement, il faut au contraire le ramener tout de fuite à l'écurie & le laiffer jufqu'au furlendemain; car quoiqu'un bon étalon puiffe fuffire à couvrir tous les jours une fois pendant les trois mois que dure le temps de la monte, il vaut mieux le ménager davantage, & ne lui donner une jument que tous les deux jours, il dépenfera moins & produira davantage : dans les premiers fept jours on lui donnera donc fucceffivement quatre jumens différentes, & le neuvième jour on lui ramènera la première, & ainfi des autres tant qu'elles feront en chaleur; mais dès qu'il y en aura quelqu'une dont la chaleur fera pallée, on lui en fubftituera une nouvelle pour la faire couvrir à

fon tour auffi tous les neuf jours; & comme il y en a plufieurs qui retiennent des la première, feconde ou troisième fois, on compte qu'un étalon ainfi conduit peut couvrir quinze ou dix huit jumens, & produire dix ou douze poulains dans les trois mois que dure cet exercice. Dans ces animaux la quantité de la liqueur féminale eft trèsgrande, & dans l'émiffion ils en répandent fort abondamment.

Dans les jumens il fe fait auffi une émiffion ou plutôt une ftillation de la liqueur féminale pendant tout le temps qu'elles font en amour; car elles jettent au dehors une liqueur gluante & blanchâtre qu'on appelle des chaleurs, & dès qu'elles font pleines ces émiffions ceffent : c'eft cette liqueur que les Grecs ont appelée, l'hippomanès de la jument, & dont ils prétendent qu'on peut faire des filtres, furtout pour rendre un cheval. frénétique d'amour cet hippomanès eft bien différent de celui qui fe trouve dans les enveloppes du poulain, dont M. d'Aubenton a le premier connu & fi bien décrit la nature, l'origine & la fituation; cette liqueur que la jument jette au dehors, eft le figne le plus certain de fa chaleur; mais on la reconnoît encore au gonflement de la partie inférieure de la vulve & aux fréquens henniffemens de la jument, qui dans ce temps cherche à s'approcher des chevaux lorfqu'elle a été couverte par l'étalon, il faut fimplement la mener au pâturage fans aucune autre précaution. Le premier poulain d'une jument n'est jamais fìi étoffé que ceux qu'elle produit par la fuite; ainfi on obfervera de lui donner la première fois un étalon plus gros, afin de compenfer le

défaut de l'accroiffement par la grandeur même de la taille ; il faut avoir une grande attention à la différence ou à la réciprocité des figures du cheval & de la jument, afin de corriger les défauts de l'un par les perfections de l'autre, & furtout ne jamais faire d'accouplement difproportionné, comme d'un petit cheval avec une groffe jument, ou d'un grand cheval avec une petite jument, parceque le produit de cet accouplement feroit petit ou mal proportionné : pour tâcher d'approcher de la belle nature, il faut aller par nuances; donner par exemple, à une jument un peu trop épaiffe un cheval étoffé, inais fin; à une petite jument un cheval un peu plus haut qu'elle; à une jument qui péche par l'avant-main un cheval qui ait la tête belle & l'encolure noble, &c.

On a remarqué que les haras établis dans des terrains fecs & légers produifoient des chevaux fombres, légers & vigoureux, avec la jambe nerveufe & la corne dure, tandis que dans les lieux humides & dans les pâturages les plus gras, ils ont prefque tous la tête groffe & pefante, le corps épais, les jambes chargées, la corne mauvaise & les pieds plats: ces différences viennent de celle du climat & de la nourriture, ce qui peut s'entendre aifément; mais ce qui eft plus difficile à comprendre, & qui eft encore plus effentiel que tout ce qu'on vient de dire, c'est la néceffité où l'on eft de toujours croifer les races, fi on veut les empêcher de dégénérer.

Lorfque l'étalon eft choifi, & que les jumens qu'on veut lui donner font raffemblées, il faut avoir un autre cheval entier qui ne fer

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39 vira qu'à faire connoître les jumens qui feront en chaleur, & qui même contribuera par fes attaques à les y faire entrer; on fait paffer toutes les jumens l'une après l'autre devant ce cheval entier qui doit être ardent & hennir fréquemment; il veut les attaquer toutes, celles qui ne font point en chaleur fe défendent, & il n'y a que celles qui y font qui fe laiffent approcher; mais au lieu de le laiffer, approcher tout-à-fait, on le retire & on lui fubftitue le véritable étalon. Cette épreuve eft utile pour reconnoître le vrai temps de la chaleur des jumens, & furtout de celles qui n'ont pas encore produit; car celles qui viennent de pouliner entrent ordinairement en chaleur neuf jours après leur accouchement; ainfi on

peut les mener à l'étalon dès ce jour même & les faire couvrir, enfuite ellayer neuf jours après, au moyen de l'épreuve ci-deffus, fi elles font encore en chaleur; & fi elles y font en effet, les faire couvrir une feconde fois, & ainfi de fuite une fois tous les neuf jours tant que leur chaleur dure; car lorfqu'elles font pleines, la chaleur diminue & ceffe peu de jours après.

Les espèces de chevaux dont la France a befoin, peuvent le réduire à trois claffes; favoir, celle des chevaux de monture, celle des che vaux de tirage, & celle des chevaux de fomme.

La première claffe renferme les chevaux de felle en général, les che vaux de manége, les chevaux d'élite pour la chaffe & pour la guerre, & les chevaux de monture d'une valeur plus commune & d'un ufa ge plus général; de forte que dans Le nombre de ces chevaux il n'y a qu'un choix judicieux & raifonné

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