Imágenes de páginas
PDF
EPUB

SUITE DE L'HISTOIRE DES MINÉRAUX.

TRAITÉ

DE L'AIMANT

ET DE SES USAGES.

ARTICLE PREMIER. Des forces de la Nature en général, & en particulier de l'Electricité & du Magnétifme.

IL N'Y A DANS LA NATURE qu'une feule force primitive; c'eft l'attraction réciproque entre toutes les parties de la matière. Cette force n'eft qu'une puissance

Aimant.

A

[ocr errors]

émanée de la puissance divine, & feule elle a fuffi pour produire le mouvement & toutes les autres forces qui animent l'univers. Car, comme fon action peut s'exercer en deux fens oppofés, en vertu du reffort qui appartient à toute matière, & dont cette même puiffance d'attraction eft la caufe, elle repouffe autant qu'elle attire (a). On doit donc admettre deux effets généraux, c'est-à-dire, l'attraction & l'impulfion qui n'est

[ocr errors]

(a) Nous croyons néceffaire de rapporter ici ce que nous avons dit à ce fujet dans la feconde vue de la Nature, volume XIII, in-4.o, pages 17 & fuivantes. « Si on réfléchit à la communication du mouvement par le choc, on fentira bien qu'il ne peut fe tranfmettre d'un corps à un autre, que par le moyen du reffort, & l'on reconnoîtra que toutes les hypothèses que l'on a faites fur la tranfmiffion. du mouvement dans les corps durs, ne font que des jeux de notreefprit, qui ne pourroient s'exécuter dans la Nature. Un corps. parfaitement dur n'eft en effet qu'un être de raifon, comme un corps parfaitement élastique n'eft encore qu'un autre être de raifon;.ni l'unni l'autre n'existent dans la réalité, parce qu'il n'y exifte rien d'absolu, rien d'extrême, & que le mot & l'idée de parfait n'est jamais que l'abfolu ou l'extrême de la chose. "

S'il n'y avoit point de reffort dans la matière, il n'y auroit done nulle force d'impulfion; lorsqu'on jette une pierre, le mouvement qu'elle conferve ne luia-t-il pas été communiqué par le reffort du bras qui l'a lancée? Lorfqu'un corps en mouvement en rencontre un autre en repos, comment peut-on concevoir qu'il lui communique fon mouvement, fi ce n'eft en comprimant le reffort des parties élastiques qu'il senferme, lequel fe rétablissant immédiatement après la compreffion,,

que la répulfion; la première également répartie & toujours fubfiftante dans la matière, & la feconde variable, occafionnelle & dépendante de la première. Autant l'attraction maintient la cohérence & la dureté des corps, autant l'impulfion tend à les défunir & à les féparer. Ainfi, toutes les fois que les corps ne font pas brifés par le choc, & qu'ils font feulement comprimés, l'attraction, qui fait le lien de la cohérence, rétablit les parties dans leur première fituation, agiffant en fens contraire, par répulfion, avec autant de force que l'impulfion avoit agi en fens direct; c'est ici, comme en tout, une réaction égale à l'ac

donne à la masse totale la même force qu'il vient de recevoir. On ne comprend point comment un corps parfaitement dur pourroit admettre cette force, ni recevoir du mouvement; & d'ailleurs il eft très-inutile de chercher à le comprendre, puisqu'il n'en existe point de tel; tous les corps, au contraire, font doués de reffort; & fi nous réfléchiffons fur la méchanique du reffort, nous trouverons que fa force dépend elle-même de celle de l'attraction; pour le voir clairement, figurónsnous le reffort le plus fimple, un angle folide de fer, ou de toute autre matière dure; qu'arrive-t-il lorfque nous le comprimons? Nous forçons les parties voifines du fommet de l'angle, de fléchir, c'est-àdire, de s'écarter un peu les unes des autres ; &, dans le moment que la compreffion ceffe, elles fe rapprochent & fe rétabliffent comme elles étoient auparavant; leur adhérence de laquelle réfulte la cohésion des corps, eft, comme l'on fait, un effet de leur attraction mutuelle. Lorsque l'on preffe le reffort, on ne détruit pas cette adhérence, parce que, quoiqu'on écarte les parties, on ne les éloigne pas affez les unes

tion; on ne peut donc pas rapporter à l'impulfion les effets de l'attraction univerfelle; mais c'eft au contraire cette attraction générale qui produit, comme première caufe, tous les phénomènes de l'impulfion.

En effet, doit-on jamais perdre de vue les bornes de la faculté que nous avons de communiquer avec la Nature? Doit-on fe perfuader que ce qui ne tombe pas fous nos fens, puiffe fe rapporter à ce que nous voyons ou palpons? L'on ne connoît les forces qui animent l'univers, que par le mouvement & par fes effets: ce mot, même de forces, ne fignifie rien de

des autres pour les mettre hors de leur fphère d'attraction mutuelle & par conféquent, dès qu'on ceffe de preffer, cette force qu'on remet, pour ainfi dire, en liberté s'exerce, les parties féparées fe rapprochent, & le reffort fe rétablit. Si, au contraire, par une preffion trop forte, on écarte les parties cohérentes au point de les faire fortir de leur fphère d'attraction, le reffort se rompt, parce que la force de la compreffion a été plus grande que celle de la cohérence, c'est-à-dire, plus grande que celle de l'attraction mutuelle qui réunit ces parties. Le ref fort ne peut donc s'exercer, qu'autant que les parties de la matière ant de la cohérence, c'est-à-dire, autant qu'elles font unies par la force de leur attraction mutuelle, &, par conféquent, le reffort en général qui peut feul produire l'impulfion, & l'impulfion elle-même, fe rap portent à la force d'attraction,,& en dépendent comme un effet particulier d'un effet général. Voyez auffi le premier volume des fupplé mens à l'Histoire Naturelle, édition in-4.°, page 2.

matériel & n'indique rien de ce qui peut affecter nos organes, qui cependant font nos feuls moyens de communication avec la Nature. Ne devons-nous pas renoncer dès lors à vouloir mettre au nombre des fubftances matérielles, ces forces générales de l'attraction & de l'impulfion primitive, en les transformant, pour aider notre imagination, en matières fubtiles, en fluides élaftiques, en fubftances réellement exiftantes, & qui, comme la lumière, la chaleur, le fon & les odeurs devroient affecter nos organes; car ces rapports avec nous font les feuls attributs de la matière que nous puiffions faifir, les feuls que l'on doive regarder comme des agens, méchaniques, & cès agens eux-mêmes ainfi que leurs effets, ne dépen+ dent-ils pas, plus ou moins, & toujours, de la force primitive, dont l'origine & l'effence nous feront à jamais inconnues, parce que cette force en effet n'eft pas une substance, mais une puiffance qui anime la matière ?

Tout ce que nous pouvons concevoir de cette puiffance primitive d'attraction, & de l'impulfion ou répulfion qu'elle produit ; c'eft que la matière n'a jamais exifté fans mouvement, car l'attraction étant essentielle à tout atome matériel, cette force a nécessairement produit du mouvement, toutes les fois que les parties de la matière fe font trouvées féparées ou éloignées les unes des autres; elles ont dès-lors été

« AnteriorContinuar »