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192 DE LA CESURE DES VERS FRANÇ:

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Ces réfléxions ajoûtées à celles, que nous avons faites dans la premiere Partie, & à la licence que les Italiens prennent de tronquer, & de défigurer prefque tous les mots font voir non-feulement que leur verfification eft infiniment plus facile que la nôtre, mais auffi qu'elle n'a pas cette juftesse, & qu'elle eft dépouillée d'une infinité d'agré mens qui nous font particuliers.

Fin de la feconde Partie.

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TROISIEME

TROISIEME PARTIE.

Des Ouvrages particuliers à la
Poëfie Françoife.

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'Eft à ceux qui traitent de la Poëtique en général, de donner les Régles du Poëme des Actions Drama. tiques, de l'Ode, de l'Eglogue, de l'Elegie, & de la Satire; parce que les Régles en font univerfelles pour toutes les Langues, & pour toutes les Nations. Mais quand on s'eft borné à la Poësie Françoife, on ne doit traiter, pour se tenir dans fon fujet, que des Piéces dont le carastére & la maniére y ont quelque chofe de propre & de particulier.

R

CHAPITRE

I.

Des Stances, & de leurs différentes

U

Efpéces

Ne Stance n'eft autre chofe qu'un nombre arrêté de Vers, comprenant un fens parfait, & mêlés d'une maniere particuliere, qui s'obferve dans toute la fuite de la pièce.

PREMIERE REGLE.

!

On ne doit jamais enjamber d'une Stance à l'autre, comme font les Grecs, & les Latins dans leurs Strophes, auxquelles, à cela près, nos Stances ont beaucoup de rapport. On dit que les Stances font enjambées, lorfque chacune prife féparément ne fait pas fon fens parfait.

II. REGL F.

Il faut conclure chaque Stance par quelque penfée plus fine, & par quelque trait plus piquant que le refte, à peu près comme on fait l'Epigramme, à moins qu'on ne faffe qu'une fimple traduction; car

alors on n'eft pas le maître de fa ma

tiere.

III. REGLE.

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Quoiqu'on faffe des Stances toutes entieres d'une même forte de Vers, comme d'Alexandrins de ceux de dix, ou de huit, & de fept fyllabes, & jamais de fix fans les mêler; toutefois fi on a deffein de joindre fimplement les Rimes Mafculines & Féminines deux à deux, il faut employer des Vers de différente mesure ; afin que par ce mélange on puiffe connoître au moins que ce font des Stances.

IV. REGLE.

Il eft bon de régler fes Stances en forte que le premier Vers, & le dernier y foient d'efpéce différente, l'un Mafculin, & l'au-. tre Féminin. Parcequ'autrement l'oreille eft un peu choquée de trouver en paffant d'une Stance à l'autre deux Vers Mafculins, ou deux Féminins de fuite, qui ne riment pas ensemble ; fçavoir

le dernier de la Stance qu'on a lue, & le premier de celle que l'on va lire. Néanmoins le contraire ne paffe pas encore pour faute. Nos bons, Auteurs l'ont pratiqué,

&

l'on ne fçauroit faire autrement dans les couplets d'une Chanson.

V. REGL E.

Que fi pour quelque raison on s'est déterminé à une forte de Stances où le premier, & le dernier Vers foient de même efpéce, c'eft une exactitude louable de mettre des Vers Masculins dans la feconde Stance aux mèmes endroits où la premiere en a de Féminins, & réciproquement de faire répondre les Féminins de celle-là aux Masculins de celle-ci, & ainsi alternativement jufqu'au bout de la piéce. On évite par-là ce qu'il y a de défagréable à lire deux Vers de feite de même espéce qui ne riment pas enfemble. Corneille en ufe prefque toujours de la forte, comme on verra dans les exemples que nous citerons de lui dans le Chapitre fuivant. Ainf ayant commencé un Quatrain par ce Vers Mafculin.

Seigneur, tu fais fur moi tonner tes jugemens...

Il en met un Féminin à la tête du Quatrain qui fuit immédiatement après.

Mon ame épouvantée à l'éclat de leur foudre....

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