VI. REGLE. Pour le choix des Vers de mesures différentes, il eft arbitraire; pourvu qu'on n'employe pas ceux de fept fyllabes à la fuite de ceux de huit, de fix, où ils feroient défagréables. VIL REGLE. Si nous voulons diftinguer nos Stances par le nombre de Vers, nous en trouverons de fept fortes, le Quatrain, le Sixain, le Huitain, le Dixain, celles de cinq Vers, de fept, & de neuf; les trois dernieres ne font pas fi communes, parce qu'elles paroiffent un peu gênées, ayant néceffairement trois rimes fur deux. Et comme c'est déja une efpéce d'irrégularité contre le génie de notre Poëfie qui aime à apparier les rimes deux à deux, les Maîtres nej fe font pas mis beaucoup en peine d'en donner des régles, & les ont quali abandonnées au caprice de ceux qui s'en peuvent accommoder. Nous ne laifferons pas d'y faire nos observations. VIII. REGLE. Nous avons dit dans le premier Cha pitre du Livre premier, qu'il ne faut plus revenir, qu'après fix Vers, à une rime qu'on aura employée, quand même on ne mettroit pas les mêmes mots. Cette Régle ajoute l'Auteur de la nouvelle Méthode eft indubitable dans les Vers fuivis. En diverfes Stances, continue-t-il on s'en pourroit plus facilement difpenfer, parceque chaque Stance eft confidérée Séparément. Néanmoins il eft fans doute meilleur de l'y observer auffi, & c'est au moins une négligence de ne le pas faire fi ce n'est pas une faute effentielle. La remarque de l'Auteur de Port Royal eft jufte: & voici un exemple de cette négli gence dans le Poëme d'Arnaud d'Andilly. STANCE XLIV. Et ta foible raifon après divers combats STANCE XLV. Mais ici mon efprit de colere s'enflamme : CHAPITRE II. Regles pour chaque forte de Stances en particulier. Os plus petites Stances font les Quatrains. Les deux manieres ordinaires d'y ranger les quatre Vers, font de les faire rimer ou alternativement le premier avec le troifiéme, & le fecond avec le quatriéme; ou bien le premier avec le dernier, & les deux du milieu ensemble. Et c'eft lorfque l'on emploie cette feconde maniere, qu'il faut obferver ce qui eft prefcrit dans la V. Régle du Chapitre précédent touchant la façon de diverfifier les Stances, mettant alternativement à leur tête, tantôt un Vers Mafculin, tantôt un Féminin. Nous en allons donner des exemples. 1. MANIERE. Qu'Horace connut bien l'élégance Romaine! Et l'admiration eft toujours incertaine Sublime, familier, folide, enjoué, tendre, Digne de l'Univers, l'Univers pour l'entendre M. de la Motte dans fon Ode fur la puiffance des II. MANIERE. Mille heros fur tes Remparts Malheureux, que fervent tes charmes, Le même dans fon (de imitée d'Horace fur la prédiction de la prise de Troye. III. MANIERE, fans croifer les Rimes. Prendrai-je pour fujet les jeux de la fortune? La Fontaine à M. le Duc de Bourgogne. II. REGLE. Je trouve quatre manieres différentes de ranger cinq Vers én úné Stance. Les voici par exemple. 1. MANIERE. Mais infenfiblemeut dans le tour que j'ai pris Mon deffein fe rencontre, & fi je ne m'abuse; Je pourrois tout gafter par de plus longs récits: Le jeune Prince alors fe joueroit de ma Muse Comme le Chat de la Souris. Le même dans la même Piéce Il commence la Stance qui fuit celle-ci par un Vers Féminin, fuivant la V. Regle du Chapitre précédent. IL MANIERE. Fayez dangereux complices Je ne vois que des fupplices Que promet la volupté. Ces Vers font tirés des Poëfies facrées de M. l'Abbé Guyot des Fontaines. Ce que tu veux eft en toi-même, Tu fais ton prix par tes vertus : Tous les encens d'autrui font encens fuperflus, Et ce qu'on eft aux yeux du Monarque fuprême, On l'eft par tout & rien de plus. P. Corneille Imitation de J. C |