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nio (1)? Fortifiez-vous donc toutes de l'exemple que nous propose l'Evangile; fortifions-nous tous ensemble des consolations que le ciel nous procure dans nos peines et nos afflictions. Second motif de fidélité à la loi dont l'Evangile nous donne une preuve convaincante.

Marie et Joseph venaient d'être percés d'un glaive de douleur; que fait le Seigneur pour en ralentir le sentiment ? Il envoie une femme de la Tribu d'Aser les entretenir de la grandeur de leur fils. La douce consolation pour des saints, d'entendre une sainte chargée d'années et de mérites, inspirée du Saint-Esprit, écrite dans le livre de vie, chanter les louanges du Seigneur, et confesser la majesté de son nom! elle parlait de Jésus-Christ, dit l'Evangile, à tous ceux qui attendaient la résurrection d'Israël : elle leur disait, cette femme de désir, ce que la prière lui avait découvert, que le Messie était venu, que le diviu enfant qu'on venait de présenter au temple, en avait les caractères, et qu'il rachetterait bientôt Israël de ses péchés. Il est vrai, c'est une femme du peuple qui publie le bonheur de Marie et la gloire de son fils, c'est une pauvre veuve, une veuve qui n'est connue que par ce que le Saint-Esprit nous en fait connaître ici; mais cette veuve est une sainte, et la sainteté seule suffit pour rendre Marie sensible à son éloge; elle aurait écouté avec indifférence, celui d'un Scribe et d'un Pharisien orgueilleux parce qu'elle savait que la louange dans la bouche du pécheur est méprisable; non est speciosa laus in ore peccatoris (2): mais après l'éloge de la sainte veuve, ne vous semble-t-il pas l'entendre qui s'écrie avec son cher fils: Je vous loue, Seigneur, de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents du siècle, et de ce que vous lés avez révélées aux humbles (3)? elle sait que c'est Dieu même qui parle par la bouche de cette sainte femme; elle sait encore que la gloire du fils est celle de la mère, elle entend que le ciel déclare de nouveau rédempteur d'Israël, celui qui est le fruit de ses entrailles de quelle consolation, de quelle joie n'est-elle pas remplie ? non, je ne puis me lasser d'ad

(1) Am3, de viduís. (2) Eccl. 13. 13 Matth. 11.

mirer ici la conduite de la divine providence à l'égard de Marie et de toute la sainte famille; partout on voit tour-à-tour les consolations succéder aux afflictions, puis les afflictions aux consolations. Sans sortir de ces deux chapitres de saint Luc que nous expliquons, quels exemples ne puis-je pas vous en donner? Joseph et Marie sont d'abord rebutés dans une hôtellerie, obligés de se retirer dans une étable où le Sauveur du monde prendra naissance, et bientôt après ils entendent la multitude des Anges qui annoncent la divinité de l'enfant qui leur est né ; Joseph et Marie entreprennent le voyage de Jérusalem pour satisfaire à la loi, ils sont contraints de n'offrir pour le fils et la mère que ce qu'offrent les plus pauvres du peuple, et bientôt après ils apprennent de Siméon que ce fils si pauvre en apparence sera la gloire d'Israël et la lumière des Gentils le même Siméon prédit-il à Maric tout ce que la passion de Jésus-Christ a eu d'affligeant; bientôt après Anne survient pour distraire Marie sur la plaie profonde qu'aurait reçue un cœur moins généreux : ce n'est pas tout encore, notre Evangile dit, qu'après qu'ils eureni accompli tout ce qui était ordonné par la loi du Seigneur, ils s'en retournèrent en Galilée, à Nazareth leur ville. Quand s'en retournèrent-ils en Galilée ? fut-ce immédiatement après la Purification dont il s'agit ici? non, ces mystères accomplis, un ange apparaît à Joseph, et lui dit de fuir en Egypte, de peur que l'enfant ne soit enveloppé dans le massacre qu'Hérode va faire des enfants de Bethléem. Voilà donc cette sainte famille condamnée à une espèce d'exil, à se retirer dans un pays où elle sera sans connaissance, sans biens, sans crédit, sans ressource; elle obéit cependant sans murmurer, et bientôt après, pour prix de son obéissance, un Ange lui annonce son rappel, et elle va en Galilée habiter la ville de Nazareth; reversi sunt in Galilæam in civilatem suam Nazareth. Cette conduite de la providence ne vous paraît-elle pas admirable, mes frères ? c'est néanmoins, si vous y prenez garde, celle que Dieu tient à votre égard ; il y a pour lui un temps de vous affliger et un temps de vous consoler, aujourd'hui il éprouve cette âme pieuse par des sécheresses et des aridités, démain il lui fera goûter toute s

les douceurs de l'oraison; aujourd'hui il éprouve la patience d'un père et d'une mère, en tolérant l'inconduite d'un enfant, demain cet enfant sera rendu aux prières ferventes que des parents avaient faites pour sa conversion; aujourd'hui un négociant, un laboureur souffrira une perte considérable, l'un dans son négoce, l'autre dans ses moissons, demain Dieu saura les dédommager par un moyen dont il s'est réservé seul la connaissance; aujourd'hui un ministre du Seigneur est exposé en butte à la contradiction de son peuple, demain ce peuple lui rendra la confiance et l'estime qu'il mérite ; aujourd'hui l'Eglise a la douleur de voir des enfants qui se séparent de sa communion, demain elle apprendra avec joie qu'ailleurs le nombre de ses enfants s'est multiplié; aujour d'hui la calomnie, la persécution se soulève contre nous, demain l'orage sera dissipé, et nous jouirons d'une paix profonde.

Dût-il durer plus long-temps, cet orage, nous sommes sûrs des secours du Seigneur. Et quel secours ne peut-il pas nous procurer, lui qui réunissait la toute-puissance avec la faiblesse de l'enfance, la sagesse suprême avec un âge sans raison ? Il est vrai qu'à mesure qu'il croissait de corps, il se fortifiait aussi d'esprit; crescebat et confortabatur: mais que signitie cette expression de l'Evangile ? que son esprit se conformait pour toutes les productions extérieures à l'accroissement du corps, et qu'il n'en paraissait pas plus que son âge ne le demandait; du reste il était dès-lors rempli de sagesse, il était la sagesse essentielle du Père, plenus sapientiâ: dès-lors la grâce de Dieu était en lui dans toute sa plénitude, gratia Dei erat in illo; elle y était, elle n'a pas cessé d'y être; ainsi ce divin Sauveur peut nous secourir, il le veut encore, il nous invite tous à aller puiser de sa plénitude chacun selon ses besoins ; allons-y donc, mes frères, tout nous y engage.

! Vous l'avez vu, ce n'est pas assez d'observer la loi du Seigneur, mais il faut l'accomplir avec des dispositions d'une piété tendre envers Dieu, d'une charité cordiale envers le prochain, d'une sévérité inexorable envers nous-mêmes. Pour vous soutenir dans ces saintes dispositions, que ferez

TOME 1.

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vous, mes chers frères? considérez l'exemple que vous out laissé les Saints, ils avaient les mêmes difficultés à surmonter que vous, les mêmes devoirs à remplir que vous; ils ont été fidèles à la loi, pourquoi ne triompheriez-vous pas de tous ces obstacles? pensez aux consolations que Dieu réserve à ses fidèles serviteurs, et à la paix intérieure qu'on goûte dans le service de Dieu; consultez, pécheurs, consultez ceux qui en ont fait une expérience que vous n'avez jamais faite, parce que vos péchés vous en ont rendus indignes ; consultez les justes, et vous les entendrez qui s'écrieront: la paix profonde, ô mon Dieu, que vous accordez à ceux qui aiment votre loi! pax multa diligentibus legem tuam (1) ! Et encore combien grande est l'abondance de votre douceur ineffable, de cette douceur réservée à ceux qui vous craignent (2), et encore jamais la force de la douleur dont vous avez pénétré mon cœur, n'a surpassé les consolations dont vous avez réjoui mon âme, secundum multitudinem dolorum meorum in corde meo, consolationes tuæ lætificaverunt animam meam (1). Voilà les sentiments dont étaient touchés les Saints, lors même que leur attachement à la loi leur coûtait davantage : vous n'en convenez pas, je n'en suis pas surpris, il est même impossible que vous en soyez persuadés par vous-mêmes, tandis que vous serez l'esclave de vos passions; mais rompez les liens qui vous tiennent au péché, renoncez à cette habitude qui vous domine, à ce désir de plaire qui vous occupe, à cette convoitise des biens terrestres qui vous absorbe, à cet emportement pour le jeu qui vous inquiète : portez vos soins et vos inclinations vers la loi du Seigneur, et vous sentirez ce que je vous dis ; si ces motifs ne vous suffisent point, jetez les yeux vers le ciel; voyez-y un maître souverain qui veut être obéi lorsqu'il commande, un Dieu aimable qui mérite tout votre cœur, un Dieu qui est la fin et le principe de toutes choses, et qui doit l'ètre des mouvements de votre cœur, un Dicu vengeur qui punit tout le mal qui se commet, un Dieu rémunérateur qui récompense tout le bien, et qui n'en

(1) Psal. 118. - (2) Psal. 30. - (3, Fs. 93.

connaît d'autre que l'exécution de ses volontés, un Dicu protecteur qui vous exhorte à combattre, qui vous soutient par sa grâce dans le temps du combat, qui combat lui-même

avec vous.

Fallait-il, mes frères, autant de motifs pour vous déterminer à un parfait accomplissement de la loi? n'êtes-vous pas résolus à mourir plutôt que dé violer un des commandements de Dieu ? priez-le donc ce Dieu de miséricorde, afin qu'il vous donne à tous un cœur, afin que vous l'adoriez: det vobis cor omnibus ut colatis eum: afin que vous accomplissiez sa volonté avec un cœur vraiment grand, et un esprit plein d'ardeur; et faciatis ejus voluntatem corde magno et animo volenti: qu'il ouvre votre cœur à sa loi et à ses préceptes; adaperiat cor vestrum in lege sua et in præceptis suis (1). Mon Dieu, vous formâtes autrefois cette prière dans le cœur des habitants de Jérusalem, et vous l'écoutâtes favorablement : formez-la encore dans nos cœurs, daignez l'exaucer, nous animer par l'exemple de vos Saints, par vos consolations et par votre secours ; afin qu'après avoir rempli votre loi avec piété, avec amour, et avec toute la sévérité évangélique, nous méritions la récompense éternelle. Amen.

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EVANGILE

Du Dimanche dans l'octave de l'Epiphanie.

Jésus étant âgé de douze ans, son père et sa mère allèrent à Jérusalem, selon qu'ils avaient accoutumé au temps de la fête. Après que les jours que durait la fête furent passés; lorsqu'ils s'en retournèrent, l'enfant Jésus demeura dans Jérusalem, sans que son père et sa mère s'en aperçussení; et pensant qu'il pourrait être avec quelqu'un de leur compagnie, ils marchèrent durant un jour, et ils le cherchaient parmi leurs parents et ceux de leur con

(1) Machab, 9.

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