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détromper, et pour lui manifester avec force et avec ferveur les vérités éternelles du salut! Que cette fonction est sublime! qu'elle est utile! qu'elle est nécessaire! Qu'elle est sublime; elle a Jésus-Christ même pour instituteur et pour fondateur; il a envoyé ses apôtres comme son Père l'avait envoyé; sicut misit me Pater, et ego mitto vos (1). Elle a non-seulement Jésus-Christ pour auteur, mais c'est par son autorité et à son nom qu'elle s'exerce : le prédicateur n'est que l'instrument par lequel notre Seigneur exhorte les hommes à la vertu; Deo exhortante per nos (2). Elle a pour objet les maximes les plus saintes, et les vérités qui sont salutaires, qui sont la parole de Dieu même; verè verbum Dei (3). Elle a pour fin de faire connaître Dieu, et de lui former des adorateurs, de rendre les hommes vertueux ici-bas, et bienheureux dans le ciel celui qui l'exerce est l'ambassadeur de Jésus-Christ sur la terre, et l'interprète de ses volontés; il s'occupe de ce qui a occupé les plus grands saints, de ce qui a occupé notre divin Sauveur pendant les jours de sa vie mortelle quelle fonction plus sublime que celle-là ? Quelle fonction plus utile encore; non-seulement au peuple, mais encore au prédicateur! au peuple, chez qui elle produit le trentième, le soixantième et le centième, suivant la parole expresse de Jésus-Christ; au prédicateur, puisque selon la promesse du prophète, ceux qui instruisent les autres à la vertu, brilleront pendant toute l'éternité comme des étoiles éclatantes; qui ad justitiam erudiunt multos, quasi stella fulgebunt in perpetuas æternitates (4). Mais encore que l'acquit de cette fonction est nécessaire et pour les ouailles et pour les pasteurs ! je l'ai montré dans l'homélie du Dimanche de la Sexagésime; et des principes que j'y ai établis, voici les conséquences que je vous prie de n'oublier jamais : Je conclus avec un théologien qui ne hasarde jamais les décisions, qu'un pasteur qui n'instruit pas son peuple, se rend coupable d'un péché mortel très-considérable, lorsqu'il s'agit d'une omission qui arrête le progrès des justes, et qui entraîne la ruine éternelle d'une infinité de pécheurs ; qu'il pè

(1) Joan. 29. · (2) 1. Corinth, 5. — (3) Tess. 5.

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che contre la charité qu'il se doit à lui-même, puisqu'il se rend aussi odieux que méprisable; il pèche contre la justice qu'il doit à ses paroissiens, puisqu'il y a entre cux et lui un concordat, en vertu duquel il doit nourrir spirituellement ceux dont il reçoit son entretien temporel; il pèche contre la loi de Dieu, très-clairement exprimée dans les divins oracles; il pèche contre les ordonnances de l'Eglise, mille et mille fois répétées dans les conciles, tant généraux que particuliers. J'ajoute avec le même auteur, que tout prêtre qui absout un pasteur qui néglige l'instruction de son peuple, se rend coupable du même crime, et pèche mortellement ; parce qu'au jugement de l'Apôtre, non-seulement ceux-là sont dignes de mort qui font le mal, mais qui connivent avec ceux qui le font ; sed etiam qui consentiunt facientibus.

Quand est-ce donc, me demanderez-vous, qu'un pasteur est censé négliger l'instruction jusqu'au point de commettre un péché mortel? en deux cas, vous répond Bonacina. 1. Quoties populus graviter indiget prædicatione. 2. Si uno mense integro, aut etiamsi duobus totius anni discontinuit, non concionetur; dans ce second cas, remarque le même Bonacina, ce pasteur qui a omis pendant deux mois discontinus de prêcher, pèche mortellement chaque fois qu'il manque à ce devoir ; quia omissiones continuantur, unam que graviorem materiam integrant. C'est la distinction que fait ce théologien, peut-être trop indulgent, puisque Navarre, Tolet et d'autres, suivent à la lettre le concile de Trente, qui ordonne aux pasteurs de prêcher les dimanches et fêtes principales.

Fausses excuses de ceux qui négligent d'instruire.

XVI. Mais mon peuple ne tire aucun profit de mes instructiens, dit l'un; mais il est suffisamment instruit, dit l'autre; mais je n'ai ni la science, ni le talent nécessaire pour prêcher tous les dimanches et les fêtes, dit un troisième. Voilà les prétextes ordinaires à ceux qui négligent la prédication. En voici la réfutation.

Je tire la réfutation du premier prétexte, de la réponse

que faisait saint Chrysostôme à ceux qui lui reprochaient l'inutilité de ses discours contre l'ivrognerie. Avions-nous promis, dit ce Père de l'Eglise, que dans un jour nous les prendrions tous par un seul coup de filet? quand nous n'en aurions persuadé que dix, que cinq, ou même qu'un seul, cela ne suffirait-il pas pour notre consolation? Je dis bien plus: supposez que nous n'en ayons touché aucun, quoique cela soit impossible, notre exhortation ne nous sera pas pour cela tout-à-fait inutile, car quoiqu'il y en ait eu quelques-uns qui soient retournés au cabaret ce n'a pas été néanmoins avec la même hardiesse qu'on avait de coutume; et cela est un commencement de salut et d'un parfait amendement..... Mais il nous revient encore de là un avantage qui n'est pas moindre, c'est que ceux qui sont sobres deviennent encore plus sobres, woyaill combien c'est agir prudemment que ne se pas laisser entrainer par l'exemple de la multitude...... J'ajouterai encore cette troisième raison : je n'ai pas persuadé aujourd'hui mon auditeur, mais peut-être le ferai-je demain, ou dans trois ou quatre jours, ou dans quelque temps, puisqu'il arrive souvent que le pêcheur qui a jeté ses filets pendant un jour tout entier, prend sur le soir, et lorsqu'il était sur le point de s'en retourner, le poisson quí l'avait amusé, et qu'il n'avait pu prendre pendant tout le jour; que s'il est permis de demeurer dans l'oisiveté, et de ne jamais rien entreprendre, parce que nous n'avons pas toujours tout le succès que nous désirons, il faut que tout périsse. Les laboureurs ne laissent pas de cultiver leurs terres avec beaucoup de travail, 'quoiqu'ils n'aient pas eu une bonne récolte pendant plusieurs années ; et il arrive souvent qu'ils réparent dans une seule année le dommage qu'ils ont souffert pendant plusieurs. Ce Père répons dant ensuite à ceux qui prétendent que la malice de leur audi teur est consommée, il le nie, et dit : les pères et les mères ne laissent pas d'assister leurs enfants malades jusqu'au dernier soupir, quoiqu'il n'y ait plus d'espérance de vie, et qu'ils soient abandonnés des médecins. Vos malades spirituels ne sont pas désespérés ; que savez-vous si Dicù ne leur

TOME 1.

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deel dite qu'il se doit à hi-mème, puisqu'il se bliss prisiens, puisqu'il y a entre eux et lui un que méprisable; pèche contre la justice vertu duguel il doit nourrir spirituellement

She Dies, vis-chirement exprimée dans les divins oraok son entretien temporel; il pèche contre ds: i pède contre les ordonnces de l'Eglise, mille et me hires dus les conciles, tant généraux que parties. Pande avec le mème auteur, que tout prêtre qui se mall grille du mème crime, et pèche mortellement; ster qui néglige instruction de son peuple, you pla jument de Tigare, man-seniement ceux-là dos à mot qui tout le mal, mis qui connivent avec apkins etiam qui consentint facientibus. Contest et donc, ne demanderez-vous, qu'an pasteur s as weige Tastacin jusqu'au point de commettre the word? a dens as, us répond Bonacina. 11. Quodis papos grier inget pradicatione. 2. Si statgt, at ctims duobus totius anni disBut, un concier dus ce second cas, remarque New Musser qui a mis pendant deux mois See the pède mieliement chaque fois qu'il bonisiones continentur, unam We bivion, père miningent, puisque Naws, Tite dares, suvent à la lettre le concile de tri integra C'est la distinction This, quae a sus de prêcher les dimanches blaash Jimpor'Isep

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que faisait saint Chrysostôme à ceux qui lui reprochaient l'inutilité de ses discours contre l'ivrognerie. Avions-nous promis, dit ce Père de l'Eglise, que dans un jour nous les prendrions tous par un seul coup de filet? quand nous n'en aurions persuadé que dix, que cinq, ou même qu'un seul, cela ne suffirait-il pas pour notre consolation? Je dis bien plus: supposez que nous n'en ayons touché aucun, quoique cela soit impossible, notre exhortation ne nous sera pas pour cela tout-à-fait inutile, car quoiqu'il y en ait eu quelques-uns qui soient retournés au cabaret ce n'a pas été néanmoins avec la même hardiesse qu'on avait de coutume; et cela est un commencement de salut et d'un parfait amendement..... Mais il nous revient encore de là un avantage qui n'est pas moindre, c'est que ceux qui sont sobres deviennent encore plus sobres, wayail combien c'est agir prudemment que ne se pas laisser entraîner par l'exemple de la multitude...... J'ajouterai encore cette troisième raison : je n'ai pas persuadé aujourd'hui mon auditeur, mais peut-être le ferai-je demain, dans trois ou quatre jours, ou dans quelque temps, puisqu'il arrive souvent que le pêcheur qui a jeté ses filets pendant un jour tout entier, prend sur le soir, et lorsqu'il était sur le point de s'en retourner, le poisson qui l'avait amusé, et qu'il n'avait pu prendre pendant tout le jour; que s'il est permis de demeurer dans l'oisiveté, et de ne jamais rien entreprendre, parce que nous n'avons pas toujours tout le succès que nous désirons, il faut que tout périsse. Les laboureurs ne laissent pas de cultiver leurs terres avec beaucoup de travail, `quoiqu'ils n'aient pas eu une bonne récolte pendant plusieurs années ; et il arrive souvent qu'ils réparent dans une seule année le dommage qu'ils ont souffert pendant plusieurs. Ce Père répondant ensuite à ceux qui prétendent que la malice de leur auditeur est consommée, il le nie, et dit: les pères et les mères ne laissent pas d'assister leurs enfants maiades jusqu'àu dernier soupir, quoiqu'il n'y ait plus d'espérance de vie, et qu'ils soient abandonnés des médecins. Vos malades spirituels ne sont pas désespérés ; que savez-vous si Dieù ne leur

ΤΟΥ

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