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et de l'Eglise, spiritum dilectionis ; un esprit de sagesse et de modération dans l'usage des créatures, spiritum sobrietatis: il doit par conséquent ne point rougir de notre Seigneur, mais le confesser dans ses discours, dans ses actions et dans ses souffrances ; le faites-vous ? et si vous ne le faites pas, l'Esprit saint habite-t-il en vous ? n'est-ce pas plutôt celui de ténèbres ? ah! je vous en conjure, bannissez pour jamais un tel hôte de votre cœur, invitez l'Esprit consolaleur à venir y reprendre la place qui lui est due ; invitez-le par la sainteté de vos pensées et la pureté de vos affections; ce sont les deux dispositions les plus propres à l'attirer en vous; parce que ces dispositions mêmes sont des dons qui dépendent de lui, élevons nos esprits et nos cœurs vers lui, et disons-lui avec l'amour dont nous sommes capables.

Venez à nous, Esprit consolateur, dégagez nos esprits de toutes les pensées mauvaises qui nous troublent, et purifiez nos cœurs de toutes les attaches criminelles et charnelles qui nous souillent ; venez à nous, et faites-nous connaître la nature et l'énormité de nos péchés, le modèle de la justice à laquelle vous nous appelez, et les justes châtiments que votre inexorable sévérité nous fera subir pour les moindres fautes. Venez à nous, et montrez-nous la voie que nous devons suivre, de manière que nous ne la perdions plus de vue: venez à nous, afin que nous puissions avec vous et par vous glorifier le Verbe éternel de qui vous procédez; écoutez favorablement cette prière de l'Eglise que vous animez: ô Dieu, qui ne donnez qu'une même volonté aux esprits des fidèles, faites aimer à vos peuples ce que vous ordonnez, faites-leur désirer ce que vous promettez, afin que parmi toutes les variétés de ce monde, nos cœurs demeurent toujours attachés où sont les véritables délices. Je vous les souhaite. Ainsi soit-il.

vrez,

ÉVANGILE

Du V. Dimanche après Pâques.

En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : En vérité,“ en vérité, je vous le dis ; tout ce que vous demanderez à mon' Père en mon nom, il vous le donnera. Jusqu'ici vous n'avéz rien demandé en mon nom. Demandez et vous receafin que votre joie soit parfaite. Je vous ai dit ces choses en paraboles: Le temps vient que je ne vous entretiendrai plus en paraboles; mais que je vous parlerai clairement de mon Père. En ce temps-là, vous demanderez' en mon nom, et je ne vous dis point que je prierai mon Père pour vous. Car mon Père lui-même vous aime, parce que vous m'avez aimé, et que vous avez cru què je suis sorti de Dieu. Je suis sorti de mon Père, et je suis venu dans le monde: maintenant je laisse le monde, et je m'en retourne à mon Père. Ses disciples lui dirent : C'est à cette heure que vous parlez clairement, et que vous ne vous ser◄ vez point de parabole. Nous voyons présentement que vous' savez tout, et qu'il n'est pas besoin que personne vous interroge ; c'est pour cela que nous croyons que vous êtes sorti de Dieu.

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Homélie sur la Prière.

Prier avec humilité et s'anéantir devant Dieu dans les plus vifs sentiments de sa misère ; prier avec ferveur et témoigner encore plus par ses gémissements intérieurs que par ses paroles, le sincère désir qu'on a d'être exaucé; prier avec confiance et tout espérer de la bonté infinie du Seigneur, si nous ne mettons point d'obstacle à ses libéralités ; vous l'avez vu le troisième Dimanche d'après l'Epiphanie, ce sont là les trois dispositions dans lesquelles nous devons prier ; vous l'avez vu encore, les biens du corps et de l'âme, les biens de

l'esprit et du cœur, les biens temporels et éternels, ce sont là les avantages précieux que nous avons droit d'attendre d'une prière faite dans ces dispositions. Elle est utile à tout, il n'est aucun don, aucune grâce, excepté la première de toute, qui ne lui soit promise et qui n'en dépende. Pourquoi donc prions-nous si peu ? pourquoi les hommes d'oraison sont-ils si rares parmi nous ? c'est que si nous sommes peu touchés de nos besoins spirituels, nous sommes encore moins convaincus de l'obligation de recourir à Dieu pour en obtenir du soulagement. Nous nous livrons au gré de nos passions avec une espèce de fureur, et, pour justifier nos emportements, nous en accusons notre faiblesse, nous nous plaignons de ne pouvoir vaincre nos penchants; nous osons même blasphémer contre le Seigneur, le regarder comme un Dieu cruel et injuste, qui nous commande des choses impossibles; nous refusons d'ouvrir les yeux à la lumière, de voir ce que la foi nous enseigne, que Dieu ne permet pas que nous soyons tentés au-delà de nos forces; que si nous n'avons pas le pouvoir prochain de résister à la tentation qui nous sollicite, au moins nous avons un pouvoir éloigné, c'est-à-dire, que nous pouvons prier, et par le moyen de la prière obtenir la grâce de la charité, par exemple, si c'est au vice d'impureté que nous soyons enclins. Voilà ce que le pécheur ne veut pas considérer dans son endurcissement; il y attend tranquillement la grâce du Seigneur sur je ne sais quel faux principe qu'un jour elle lui sera donnée comme par miracle, sans y avoir concouru, sans l'avoir sollicitée, sans avoir cherché et frappé souvent aux portes de la divine miséricorde. Montrons-lui donc aujourd'hui, par l'explication de notre Evangile, quelle est pour tous les hommes la nécessité de prier, de prier au nom de Jésus-Christ, de prier avec la persévérance de la Cananéenne saus nous lasser jamais, et parce que nous touchons à un temps où l'Eglise redouble ses prières publiques, où elle se revêt de son deuil, pratique l'abstinence, sort de son enceinte comme une armée rangée en bataille pour aller combattre les ennemis du salut sous l'étendard de la croix, instruisons-nous de l'origine de ces dévotions et des vues dans lesquelles nous devons les pratiquer, c'est ce qui

fera tout le sujet de cette Homélie: les motifs généraux qui vous obligent de prier dans tous les temps, vous le verrez dans mon premier point: les motifs particuliers qui vous engagent à redoubler vos prières dans ces temps présents, c'est `ce qui fera la matière du second point. Que dirais-je, ô mon Dieu, de ce devoir important du chrétien, si vous-même 'n'éclairiez mon esprit sur ce que je dois en dire ? Cessez donc de me parler en paraboles dans votre Evangile, révélez-m'en -les mystères pour les expliquer à ce peuple que vous aimez ; faites-nous comprendre combien il est nécessaire que nous recourions à vous dans ce moment et tous ceux de notre vie, inspirez-nous-en la volonté en répandant sur nous un esprit de prière, nous vous le demandons au nom de votre Fils.

PREMIER POINT.

Qu'est-ce qué la prière dont je me propose de vous démontrer la nécessité ? la prière, disent les théologiens, est une demande que nous faisons à Dieu pour obtenir de sa miséricorde des biens que nous croyons par la foi et que nous attendons par l'espérance. Premièrement, la prière est une demande, ou du moins c'est ce que nous entendons ici par fe 'mot de prière; quoique ce terme signifie aussi l'adoration, la Touange, l'action de grâce, les saintes résolutions et toute pieuse élévation de l'esprit vers Dieu.

Secondement, la prière est une demande que nous fai ́sons à Dieu, ́et c'est ce qu'il ́est important de remarquer pour nous justifier du crime dont nous accusent nos frères errants; ils prétendent que dans l'Eglise romaine l'invocation 'des saints est injurieuse à Dieu, en ce qu'elle suppose dans les saints des perfections qui ne sont qu'en Dieu. A cela que peut repondre le simple fidèle sans entrer dans une plus longue controverse ? il peut répondre que la prière qu'il adresse ́aux saints se termine à Dicu, que c'est de lui seul qu'il espère obtenir tout ce qu'il demandé, qu'il emploie auprès de lui le crédit de ses saints, comme nous prions' un grand de s'intéresser pour nous auprès du prince, lorsque nous désirons en obtenir quelque grâce. En cela où peut être le soup

çon d'idolâtrie ? c'est ce que pent dire un fidèle à l'hérétique qui blâme l'usage utile et pieux où nous sommes de prier les .saints.

Troisièmement, la prière est une demande que nous faisons à Dieu pour obtenir de sa miséricorde et non pas de sa justice: Dieu ne nous doit rien ; ce qu'il nous donne, c'est sa pure bonté qui l'engage à nous le donner; cette réflexion ne devrait-elle pas, mes frères, vous inspirer plus d'humilité que vous n'en témoignez dans la prière ; și vous vous considériez comme des mendiants à la porte du Seigneur lorsque vous lui demandez quelque chose, aurions-nous à gémir sur ces airs de dissipation avec lesquels vous paraissez jusqu'au pied du sanctuaire ?

Enfin, sa prière est une demande des biens que nous croyons par la foi, et que nous attendons par l'espérance, c'est-à-dire, du royaume des cieux, de sa justice et de tous les moyens qui y conduisent. Pour bien comprendre ceci, il faut, mes frères, que vous distinguiez avec moi des biens de deux sortes, les temporels et les spirituels. Les biens temporels sont, par exemple, la nourriture, le vêtement, la santé, le logement, le gain d'un procès, la conservation d'un ami; les biens spirituels sont le salut, la grâce et les Sacrements qui contribuent à la grande assaire de notre salut ; ces biens peuvent tous être l'objet de nos prières, quoique dans un sens bien différent. Nous pouvons demander les premiers; mais comment ? à condition, premièrement, que nous ne demanderons rien au-delà du nécessaire, et que cette prière du sage règlera la nôtre : ne me donnez, Seigneur, ni l'indigence ni les richesses, donnez-moi seulement ce qui m'est nécessaire pour vivre, de peur qu'étant rassasié je ne sois tenté de vous renoncer et de dire: qui est le Seigneur? ou qu'étant contraint par la pauvreté je ne dérobe ou que je ne viole par un parjure le nom de mon Dieu (1). A condition, secondement, que nous ne demanderons ce nécessaire qu'autant qu'il ne sera pas un obstacle à notre salut, toujours prêts à couper notre main droite, à arracher notre

(1) Proverb. 30.

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