votre foi? et puisqu'il aime l'humilité et la douceur, l'amour du prochain et les œuvres de miséricorde, pourquoi n'aimeriez-vous pas aussi toutes ces vertus ? quel cas néanmoins en avez-vous fait jusqu'aujourd'hui ? quelle ressemblance trouvez-vous entre votre conduite et celle de votre roi? combien, hélas ! n'avez-vous pas commis d'infidélités et de désobéissances contre lui ? jugez-en par le nombre de vos péchés ; confondez-vous en sa présence, et dites-lui du fond de votre cœur : Non, Seigneur, vous n'avez point de serviteur plus digne de châtiments et plus indigne de grâces que moi, mais vous êtes le meilleur des rois, et votre bonté me fait espérer jusque dans mon indignité. Dites, Seigneur, dites à la fille de Sion qui est mon âme, que vous venez à elle ; aidez-la à former des résolutions conformes à la sainteté de ce temps, de fidélité, de respect, d'obéissance envers vous, de sacrifice à l'égard de mes attaches criminelles; faites que j'entre avec les palmes et les branches d'oliviers dans l'éternité bienheureuse. Ainsi soit-il. ÉVANGILE Du Dimanche de Pâques. En ce temps-là; Marie-Magdeleine, Mariemere de Jacques, et Salomé, achetèrent des aromates pour embaumer Jésus. Et le premierjour de la semaine, étant parties de grand matin, elles arrivèrent au sépucire au lever du soleil. Elles se disaient l'une à l'autre : Qui nous ôtera la pierre de l'entrée du sépuclre? car cette pierre étail fort grande. Puis entrant dans le sépuicre, elles virent un jeune homme assis du côté droit, vêtu d'une robe blanche ; et elles en furent effrayées. Mais il leur dit: N'ayez point de peur. Vous cherchez Jésus de Nazareth qui a été crucifié ; il est res‹ suscité, il n'est point ici; voilà le lieu où on l'avait mis. THIEBAUT. Homel. II. 43 Mais allez, dites à ses disciples et à Pierre, qu'il sera avant vous en Galilée; c'est là que vous le verrez, comme il vous l'a dit. Homélie sur la résurrection. De saintes femmes vont chercher le Sauveur au sépulcre ; les anges annoncent à cette sainte compagnie qu'il est sorti victorieux de son tombeau; Magdeleine et les autres femmes l'assurent aux apôtres : ceux-ci répandent la nouvelle de ce mystère jusqu'aux extrémités de la terre ; le monde le croit et règle ses mœurs sur sa croyance, il réforme sa vie sur celle de Jésus souffrant, afin qu'un jour ce Jésus la réforme sur sa vie glorieuse et immortelle. Voilà le mystère auguste dont l'Eglise vous invite à célébrer la mémoire; voilà le point capital de la foi, qu'elle passe d'âge en âge à ses enfants, et que le jour précédent est chargé de transmettre au suivant. Cet article fondamental de notre sainte religion une fois supposé, quoi de plus raisonnable et de plus indispensable que de ressusciter aujourd'hui spirituellement, afin de participer un jour à la vie glorieuse des corps. Mais ce grand miracle de la résurrection de Jésus, ce fait unique dans son espèce, ce prodige que l'artifice de l'enfer ne pourra jamais contrefaire, et qui annonce d'abord la divinité de celui qui l'opère, est-il aussi certain qu'il est grand ? aussi appuyé dans ses principes qu'intéressant dans ses suites? aussi digne de notre croyance, que la réforme des mœurs est nécessaire avec une telle croyance? c'est ce que nous pensons, il est vrai, mais aussi c'est ce que l'incrédule voudrait bien pouvoir ne pas penser ; et quels efforts n'a-t-il pas faits dans tous les temps pour triompher des alarmes que lui causait son infidélité ? Le Juif a tâché de faire regarder comme une fable la résurrection, avant même que les apôtres n'en prêchassent la vérité : le Gentil ensuite a traité ce dogme de superstition dangereuse, et selon lui, ses sectateurs étaient tous dignes de mort; tous de concert ont entrepris d'étouffer la re'ligion dans son berceau, en faisant souffrir à ses membres et ses ministres les tourments les plus cruels. Qu'est-il arrivé de tous ces efforts? le Dieu qui habite dans les cieux s'est moqué des peuples assemblés contre Jésus-Christ, l'a établi roi sur la montagne sainte, et lui a donné les nations pour héritage. Aujourd'hui l'enfer semble engager de nouveau le combat, et ses émissaires attaquent avec une fureur digne de lui ce miracle insigne de la résurrection; sont-ils recevables à nous disputer une profession aussi ancienne et aussi respectable? non sans doute. Cependant, parce que la religion n'a à craindre que de n'être pas assez connue, nous consentons à leur donner quelques-unes des preuves principales sur lesquelles est appuyée notre croyance; la vôtre, mes chers frères, n'en deviendra que plus vive; vous apprendrez à pouvoir rendre raison de votre espérance, comme saint Pierre l'exigeait de tous les chrétiens ; à mourir au monde pour ressusciter à Jésus-Christ; à ne chercher que lui, n'aimer que lui; à vaincre les obstacles qui s'opposent à son amour, à le faire naître dans le cœur de tout le monde, autant qu'il vous est possible. Passons donc en esprit jusqu'au sépulcre du Sauveur, considérons ce conquérant qui sort victorieux des horreurs du tombeau, et qui dépouille l'Egyptien, enrichit le pieux Israélite, détruit notre mort, nous rend la vie en reprenant la sienne, abolit le règne du péché, établit celui de l'innocence, prend possession de son empire éternel: ah ! si nous nous pénétrions bien de ces réflexions, si nous concevions tout ce que ce divin Sauveur a fait pour nous à sa mort, et ce qu'il fait aujourd'hui à sa résurrection, que ne ferions-nous pas pour honorer sa résurrection, et pour ressusciter avec lui? Oh! si ce discours pouvait contribuer à une œuvre si digne de Dieu, que je me croirais heureux! Je vous en fais l'hommage, Seigneur; c'est la première victime pascale que j'immole à votre gloire, pour disposer ce cher auditoire à vous immoler la victime sans tache avec toute la ferveur et la pureté de cœur nécessaire. Et vous, mon cher auditeur, demandez à Dieu qu'il daigne aujourd'hui ranimer votre foi et renouveler votre intérieur ; et pour cela, retenez et pratiquez fidèlement ce que je vais vous dire sur le mystère de ce jour. Croire Jésus-Christ_res suscité, rien de plus juste et de plus invinciblement établi; vous en verrez les preuves dans mon premier point. Chercher Jésus-Christ ressuscité, rien de plus avantageux et de plus conforme au mystère de ce jour ; vous en verrez la manière dans mon second point. Mon Dieu, la résurrection de nos âmes n'est pas moins votre ouvrage que celle de votre Fils; opérez celle-là en nous en même temps que vous nous affermirez dans la foi de celle-ci. PREMIER POINT. Jésus de Nazareth est ressuscité ; il n'est point ici : surrexit, hic non est. Voilà le dogme fondamental de toute la religion chrétienne. Si ce seul article pouvait n'être pas vrai, tous les autres seraient faux, et il en résulterait les conséquences les plus fâcheuses pour le juste; il s'ensuivrait que les apôtres que nous révérons comme de grands saints, ont été de grands hypocrites, et des menteurs pleins d'artifice ; invenimur autem et falsi testes Dei : il s'ensuivrait que c'est en vain que les fidèles ont cru, et que pour ne point perdre leur foi, ils ont consenti à perdre la vie; inanis est fides nostra: il s'ensuivrait que la mort de notre Sauveur a déconcerté l'ouvrage de notre salut, qu'il n'y a point d'espérance que nous soyons justifiés jamais, et qu'il ne nous reste que le désespoir de vivre toujours dans le péché; adhuc estis in peccatis vestris : il s'ensuivrait qu'il n'y a plus de résurrection à attendre pour nous, plus de récompense à espérer pour l'autre vie, et que les plus saints sont les plus misérables de tous les hommes ; miserabiliores sumus omnibus hominibus: ce sont les paroles de saint Paul (1), et les conséquences qu'il avouerait, si le Sauveur n'était pas ressuscité d'entre les morts. N'est-ce pas là ce que souhaitaient tous ceux que le libertinage a conduits à l'incrédulité ? sondez votre cœur, hommes de peu de foi, (car je pense que la solennité de ce jour aura rassemblé ici ceux qui en ont le moins), dans l'état actuel (1) 1. Corinth. 34. où vous vous trouvez, que demande votre intérêt? cxiget-il que la religion dont vous feignez ici les apparences, soit véritable? mais si elle l'est, des-lors il est vrai que vous avez une âme immortelle, que cette âme paraîtra un jour devant le Seigneur pour y être jugée selon ses œuvres ; qu'il n'y a pas un moment qui ne puisse vous faire entrer dans une éternité malheureuse, puisque actuellement vous êtes pécheurs, et qu'à chaque moment vous pouvez mourir. Quoi de plus opposé à vos intérêts? que désirez-vous donc ? hélas ! ce que vous êtes réduits à souhaiter, c'est qu'il n'y ait ni paradis ni enfer, ni récompense, ni châtiment, ni jugement, ni résurrection; et parce que vous comprenez que la résurrection du chef assure celle des membres, vous cherchez à en obscurcir, à en affaiblir, et, s'il était possible, à en détruire la vérité. Voilà ce que vous fait faire l'intérêt de vos passions : vous saisissez avec une avidité insatiable tout ce qui vous semble appuyer la cause qui vous favorise; vous rejetez aver un dédain fastidieux tout ce qui pourrait vous en démontrer la fausseté; vous cherchez à vous étourdir, à vous aveugler sur l'affaire la plus importante, tandis qu'on vous voit examiner avec une attention scrupuleuse la moindre affaire temporelle. Oui, esprits forts, voilà la prétendue force d'esprit dont je vois tous les jours que vous vous piquez; mais j'ose le prédire, donnez à la première partie de ce discours l'attention que vous donneriez à un léger intérêt de fortune, vous serez intérieurement convaincus de ce que votre cœur désavoue, de l'immortalité de votre âme, du bonheur éternel des justes, de l'éternité malheureuse des méchants, parce que vous le serez de la résurrection du Sauveur, qui assure tous ces dogmes de notre sainte religion. En voici les preuves fondées sur le témoignage des saintes femmes de notre Evangile, des Juifs, des anges, des apôtres et des prophètes; car je n'observerai d'autre ordre en les rapportant, que celui que me prescrit l'Évangéliste; je puis même dire que cet ordre est nécessaire par rapport aux incrédules. Pourquoi en effet le Sauveur voulut-il convaincre ses apôtres par des femmes, puis par deux disciples, enfin par eux-mêmes? c'est parce que la résurrection est un mys |