Imágenes de páginas
PDF
EPUB

vinciblement qu'il était Dieu, que tout ce qu'il nous a enseigné vient de Dieu, qu'il est indubitablement vrai, et qu'il mérite d'être scellé de notre mort, s'il le faut, puisqu'il n'est pas permis de nuire à la vérité pour sauver sa vie. Voilà ce qui suit la résurrection du Sauveur, et voilà pourquoi il s'est manifesté au monde ? et vous, mes frères, il faut vous y manifester, comme cherchant une vie meilleure que celle-ci, comme n'ayant plus de goût que pour les choses du ciel, comme habitant dans le ciel d'esprit et de cœur, en attendant cet heureux moment où ce corps vil et abject reparaîtra plein de gloire.

Nous le souhaitons tous, ce moment, nous le désirons avec ardeur; mais pour qui sera-t-il, mes chers frères ? pour ceux qui auront ressemblé à Jésus-Christ sur la terre, ainsi s'en explique-t-il lui-même par son Apôtre. Si nous sommes entés en lui par la ressemblance de sa mort, nous y serons aussi entés par la ressemblance de sa résurrection; si complantati facti sumus similitudini mortis ejus, simul et resurrectionis erimus (1). Allons donc, disait autrefois saint Thomas, et mourons avec lui, eamus et nos ut moriamur cum eo (2). Oui, mes frères, allons avec le Sauveur sur le calvaire, mourons-y au monde et à ses maximes, à nousmêmes et à toutes nos passions. Portons pendant cette vie la mortification de Jésus sur notre corps, afin d'entrer dans notre tombeau comme Jésus est entré dans le sien. Vous le savez, mon cher auditeur, telle vie, telle mort; telle mort, telle résurrection; telle résurrection, tel jugement; tel jugement, telle éternité. Si ce corps est, pendant cette vie, humilié par les œuvres de pénitence; si cette chair est domptée par les pratiques d'une austérité évangélique, elle portera dans le tombeau les traits de son crucifiement; si elle y entre avec ses plaies volontaires, elle en sortira avec des cicatrices glorieuses; elle paraîtra avec confiance devant son juge, et ce juge l'introduira dans un paradis de délices. Ah! mes frères, vivons donc saintement, n'oublions jamais les souffrances de Jésus-Christ, retraçons-les dans notre conduite,

[blocks in formation]

afin de parvenir avec lui à la résurrection glorieuse que je Yous souhaite. Ainsi soit-il.

ÉVANGILE

Du Dimanche de Quasimodo.

En ce temps-là, sur le soir du même jour, qui était le premier de la semaine, les portes du lieu où les disciples · étaient assemblés étant fermées, de peur des Juifs, Jésus vint; et paraissant au milieu d'eux, il leur dit: la paix soit avec vous. Ce qu'ayant dit, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples donc eurent une extrême joie de voir le Seigneur. Il leur dit encore une fois : La paix soit avec vous. Je vous envoie comme mon Père m'a envoyé. Après ces paroles, il souffla sur eux, et leur dit: Recevez le Saint-Esprit ; les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez, et ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez. Or Thomas, l'un des douze, appelé Didyme, n'était pas avec eux lorsque Jésus vint. Les autres disciples lui dirent: Nous avons vu le Seigneur. Mais il leur répondit: Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt dans le trou des clous, et ma main dans son côté, je ne le croirai point. Huit jours uprès, comme les disciples étaient encore dans le même lieu, et Thomas avec eux, Jésus vint, les portes étantfermées ; et paraissant au milieu d'eux, il leur dit : La paix soit avec vous. Il dit ensuite à Thomas: Portez ici votre doigt, et regardez mes mains; approchez votre main, et mettez-la dans mon côté, et ne soyez pas incrédule, mais fidèle. Thomas répondit et lui dit : Mon Seigneur et mon Dieu. Jésus lui dit: Vous avez cru, Thomas, parce que vous m'avez vu; heureux ceux qui n'ont point vu, et qui ont cru. Jésus a fait à la vue de ses disciples plusieurs autres miracles, qui ne sont pas écrits dans ce livre ; mais ceux-ci ont été écrits, afin que vous croyiez que Jésus est le fils de Dicu, et qu'en croyant, vous ayez la vie en son nom.

Homélie sur la paix chrétienne.

C'est, mes frères, à cette paix dont parle l'Evangile que se terminent les desseins du Verbe éternel dans son incarnation; sa vie, sa mort, sa résurrection, ses miracles qui l'ont confirmée, ses apparitions à ses apôtres, et à Thomas en particulier; votre foi, vos bonnes œuvres, vos confessions et vos communions, les pratiques de piété auxquelles vous avez vaqué pendant cette quinzaine surtout; tout ce que fait Jésus-Christ pour vous, tout ce que vous faites pour JésusChrist, tout ce que nous faisons pour Jésus-Christ et pour vous, a pour but et pour fin la paix dans ce monde, et dans l'autre la vie éternelle après une vie de paix et d'union avec JésusChrist; ut vitam habeatis æternam. Si pendant ce temps destiné à célébrer la mémoire des plus augustes mystères de notre sainte religion, nous avons prolongé nos offices, donné un temps plus long aux exercices de la piété, multiplié nos instructions, siégé sur les sacrés tribunaux de la pénitence avec plus d'assiduité, c'était pour vous disposer à recevoir la paix du Seigneur avec le gage précieux de la vie éternelle; ut vitam habeatis æternam. Si je fais aujourd'hui entendre ma voix dans cette maison du Seigneur ; saluez-la, me dit-il dans son Evangile (1), saluez-la en ces termes, que la paix soit dans cette maison; pax huic domui: S'il s'y trouve quelque enfant de paix, la vôtre reposera sur lui; el si ibi fuerit filius pacis, requiescet super illum pax vestra : Si non elle retournera à vous; sin autem, ad vos revertetur (2). Ah! je vous le souhaite de tout mon cœur, mes chers frères, que la paix soit avec vous, qu'elle soit dans le fond de vos cœurs, et qu'une conscience bien éclairée ne vous reproche rien devant Dieu; qu'elle soit dans vos familles, et que tous les membres en soient unis ; qu'elle soit dans cette paroisse ; et que jamais on n'y entende parler ni de disputes, ni de haine, ni de vengeances; qu'elle soit dans ce royaume, et que tout y soit tranquille au dedans, sans qu'il y ait à crain

(1) Matth. 10.- (2) Luc 10.

1

dre au dehors: qu'elle soit dans l'Eglise, et que ni les persćcutions, ni les hérésies, ni le schisme, ni les mœurs des mauvais chrétiens ne l'affligent plus comme auparavant : qu'elle soit surtout entre vous et Dieu, et dans cette vie cl pendant l'éternité : c'est le plus vif désir que renferme mon cœur ; et la plus grande consolation que puisse me procurer mon ministère, serait de voir que tout est en paix. Mais non, Seigneur, vous ne nous l'avez pas réservée, cette consolation; nous avons attendu la paix, expeclavimus pacem, et elle n'est point venue, il n'a rien paru de bon, et non erat bonum. Nous espérions la guérison, et le mal devenu plus incurable nous fait trembler; tempus medelæ et ecċe formido (1). Les uns sont révoltés contre vous, et ils n'ont encore fait aucune démarche pour se réconcilier avec vous; les autres réconciliés en apparence, goûtent une fausse paix plus terrible qu'une guerre ouverte; le petit nombre est celui des vrais enfants de paix. Est-ce donc là, mes frères, à quoi se réduiraient les fruits de nos grands mystères par rapport à vous ? est-ce là l'estime que vous faites de la paix du Seigneur? Ah! si vous la connaissiez, si avec elle vous connaissiez les moyens qui vous l'assureraient; si cognovisses quæ ad pacem tibi! serait-il possibie que vous négligeassiez plus long-temps une affaire si importante? Faisons donc un dernier effort en votre faveur, et montrons d'abord l'estime qu'un fidèle doit faire de la paix chrétienne, ce sera le sujet de mon premier point. Indiquons ensuite les moyens de parvenir à cette paix, ce sera le sujet de mon second point. Demandez ici à Dieu un esprit attentif, et un désir sincère de profiter, et tout ce qui peut contribuer à la palx de Jérusalem; rogate quæ ad pacem sunt Jerusalem. Cc sont les paroles de David par lesquelles je vous y exhorte.

PREMIER POINT.

La paix, dit saint Augustin, est une tranquillité qui naît du bon ordre; et qui en est comme le fruit nécessaire en même

(1) Jeremie 4.

temps qu'elle contribue à le maintenir ; pax omnium rerum tranquillitas ordinis. Pour concevoir quelque idée de l'estime qu'elle mérite, et pour nous apprendre à ne rien ménager, afin de ne la perdre jamais, nous allons, en suivant notre Evangile, la considérer sous trois différents rapports: dans ses propriétés, dans són principe et dans ses effets. Eloignez,' ✪ mon Dieu, éloignez de mon cœur le trouble de ses passions, prononcez ces mots en sa faveur : que ma paix soit avec vous, et j'en parlerai avec toute la force qui convient à mon ministère, avec tout le succès que j'ai droit d'en attendre, si votre grâce anime ma parole.

Sur le soir du même jour, qui était le premier de la semaine, c'est-à-dire, le soir du jour même de la résurrection, les portes du lieu où les disciples étaient assemblés', de peur des Juifs, étant fermées ; cùm serò esset die illo uná sabbatorum, et fores essent clausæ ubi erant discipuli congregati propter metum Judæorum: Ce soir, disje, Jésus vint, et se tint au milieu d'eux, et leur dit : la paix soit avec vous: venit Jesus et stetit in medio, et dixit eis pax vobis. Cette paix de Jésus-Christ à ses apôtres est le plus grand, le seul véritable bien que les apôtres paraissent avoir estimé excepté la seule Épître aux Hébreux, il n'y en a aucune de saint Paul que cet Apôtre ne commence par ce souhait ou un semblable que Dieu notre Père, et JésusChrist notre Seigneur vous donnent la grâce et la paix. C'est sa manière ordinaire de saluer les fidèles auxquels il écrit ; il sait que tous les desseins de Dieu, que les mystères de notre divin rédempteur, que tous les désirs d'un véritable chrétien, se terminent au règne de cet Homme-Dieu par sa grâce, et dans le ciel par la paix profonde qui suivra la destruction du péché ; et c'est aussi à ce règne de grâce et de paix qu'il rapporte tous ses désirs. C'est l'exemple que lui avait donné et que nous donne encore aujourd'hui le Sauveur dans le salut qu'il adresse à ses apôtres, pax vobis, la paix soit avec vous. Ce souhait vous apprend, mes frères, que c'est au grand bien de l'éternité qu'il faut rapporter toutes nos pensées et tous nos désirs ; que les biens caducs de ce monde sont indignes de nos souhaits; que quand nous en formons

« AnteriorContinuar »