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Dicu, dans sa furcur, nous refusait les pluies de la première saison ? attendons-les donc avec patience, comme le dit saint Jacques (1); mais aussi demandons-les avec confiance: c'est le second motif que nous pouvons nous proposer dans les processions des trois jours suivants.

Un troisième motif infiniment plus noble que le second, c'est de nous préparer à suivre Jésus-Christ dans son ascension glorieuse. A la ville, le corps de la procession visite tous les jours un certain nombre d'Eglises; à la campagne, on sort du lieu principal, et on fait des stations au pied des croix : pourquoi cela, mes frères ? c'est pour nous entretenir de cette pensée, que nous ne sommes ici-bas que des pé·lerins et des voyageurs, que nous n'y avons point de cité permanente; et que nous en cherchons une meilleure: afin d'y parvenir un jour', nous implorons l'assistance de tous les saints dans le ciel; nous nous adressons d'abord aux trois personnes de l'adorable Trinité, ensuite à la Mère de Dieu et aux saints anges, puis aux apôtres et aux martyrs, après aux confesseurs de Jésus-Christ, et enfin aux vierges et aux veuves; nous sollicitons par leur intercession le pardon des : péchés, les secours nécessaires pour la vie spirituelle et corporelle, la conservation de tous les ordres dont l'Eglise est · composée, l'union et le bonheur de tout le peuple chrétien, la paix de l'Eglise et de l'Etat, l'éloignement des maux qui - pourraient nous troubler; et parce que l'intercession des saints, séparée des mérites de Jésus-Christ, serait inutile, nous le conjurons par tous les mystères de sa vie, de sa mort et de sa résurrection, d'avoir pitié de nous. Voilà une · idée abrégée, et des choses que nous demandons en récitant les Litanies, et de la manière dont nous devons les demander en suivant la procession.

Vous devez y marcher avec ordre, sans précipitation, et chacun dans son rang; y être recueillis, les yeux baissés, sans parler à d'autres qu'à Dieu, à moins qu'il n'y ait néces sité d'interrompre vos prières; y réciter et chanter celles que fait l'Eglise, ou vous occuper de ces motifs dont je viens

(1) Jacob. 3.

de vous entretenir, vous représentant tantôt comme un criminel qui a cent fois mérité la mort, tantôt comme un pauvre mendiant qui ne vit que des libéralités de son Dieu, et tantôt comme un étranger qui soupire continuellement après sa chèrc patrie.

Est-ce là, mes frères, la manière dont vous vous êtes conduits jusqu'à présent dans ces temps de pénitence ? de quelle édification sont aujourd'hui les processions de l'Eglise ? ou vous vous en absentez sans raison légitime, et par indissérence pour les cérémonies de piété, ou vous vous contentez d'en être les oisifs spectateurs, comme si les raisons de ces picux usages vous intéressaient moins que le reste des hommes, ou si vous y assistez, c'est avec une dissipation scandaleuse; vous y parlez sans nécessité, vous y riez avec éclat, vous portez vos regards indifféremment de tout côté, vous prononcez à peine quelques formules de prières auxquelles votre cœur n'a aucune part; les processions les plus courtes vous paraissent encore trop longues, vous sortez quelquefois d'une Eglise où on est en station, pour aller ailleurs boire et manger; l'abstinence que vous observez dans ces jours est plus propre à flatter votre sensualité qu'à mortifier votre goût; il faudrait aujourd'hui des processions publiques pour expier les péchés qu'on commet dans nos processions publiques; ces cérémonies, autrefois si augustes par la religion des fidèles, sont devenucs méprisables par l'irréligion avec laquelle on les exerce ; le même zèle qui les a établies fait aujourd'hui souhaiter leur abrogation. Mais que dis-je ? non, mes frères, ce n'est pas la cessation de nos solennités que je désire, mais la cessation des désordres qui avilissent nos solennités aux yeux des fidèles: ce que je demande, ce n'est pas que vous n'y paraissiez point, mais que vous n'y paraissiez qu'avec un esprit pénitent, et un cœur rempli de désirs pour le ciel.

Ces prières sont longues, me direz-vous, et il est difficile de soutenir son attention pendant tout le temps qu'elles durent. Mais, mes frères, fussent-elles plus longues encore, auriez-vous droit de vous plaindre, si vous considériez le peu de proportion qu'elles ont avec ce que vous demandez ? ne

savez-vous pas que la prière persévérante est la scule que Jésus-Christ alt promis d'exaucer ? vous avez vu comment Jésus-Christ vous y exhortait par la parabole d'un ami qui vient demander trois pains à son ami. Dieu ne nous traite pas d'importans comme cet ami de l'Evangile, il ne nous dit pas que la porte de ses miséricordes est fermée, il ne nous excepte pas du nombre de ces amis qui reposent avec lui, il ne nous prétexte aucune impossibilité de nous accorder ce que nous lui demandons; mais quand il nous ferait ces réponses, quel serait son vrai dessein? ce serait de nous engager à prier toujours ; à chercher et à frapper sans cesse, afin de remporter, par une persévérance réelle, ce qu'il nous refusait en apparence. Or si c'est là le dessein de Dieu, comme nous ne pouvons en douter, je le demande, pouvons-nous nous plaindre de la longueur des prières ? ne devrions-nous pas, au contraire, le remercier de ce qu'il nous permet de lui parler si long-temps ? quel honneur n'est-ce pas pour nous de pouvoir converser avec lui ? cette occupation est celle des saints mêmes dans le ciel, Le Psalmiste nous apprend que la gloire commune à tous les saints, même ceux qui sont plus près du trône de l'Eternel, c'est de confesser son nom et de chanter des hymnes composées à sa gloire. Deux grands prophètes (c'est Isaïe et saint Jean) ont vu dans leur extase ce qui se passait à la cour céleste; et ce qu'ils nous apprennent de l'occupation des anges représentés sous l'image de quatre animaux mystérieux, c'est qu'ils répétaient sans cesse ces paroles: saint, saint, saint, est le Seigneur Dieu des armées ; requiem non habebant die ac nocte dicentia : sanctus, sanctus, sanctus, Dominus Deus omnipotens. Enfin lorsque Zacharie demande de savoir quel cst celui qui parle, l'ange Gabriel réunit toutes ses autres qualités dans cette seule, qu'il a l'honneur d'être celui qui parail devant le Seigneur. Or celui qui prie paraît aussi devant Dieu : il fait donc sur la terre ce que les esprits font au plus haut des cieux, et ce qu'il fera lui-même pendant l'éternité, s'il a le bonheur d'y être reçu. Quelle estime ne devrait-il donc pas faire des oraisons les plus longues! elles nous tiennent en la présence du roi des rois, elles le dispo

sent à nous donner, elles préparent nos cœurs à recevoir ce qu'il nous donnera. Ah! mes frères, persévérez donc dans les prières de l'Eglise, et autant que l'Eglise même dans ces jours demandez les biens de la terre, afin que Dieu vous en donne ce qui sera nécessaire; cherchez le pardon de vos péchés dans les miséricordes du Seigneur, et vous le trouverez; frappez à la porte des cieux par vos désirs, et on vous ouvrira; ce sont les grâces spéciales que vous êtes obligés de demander dans ce temps. Sans la prière vous ne pouvez rien obtenir, Dieu est disposé à ne rien refuser à une bonne prière; ce sont les motifs qui vous obligent de prier toujours sans vous rebuter jamais; oportet semper orare et non deficerc (1). Il le faut, oportet, la prière continuelle n'est pas de simple conseil, mais d'une obligation très-étroite. Ne point supporter les délais et les retardements de Dieu avec patience, se lasser ou laisser affaiblir sa confiance, c'est un péché contre l'exprès commandement du Seigneur : de combien de péchés ne sommes-nous donc pás coupables sur ce point, nous qui prions si rarement, si négligemment, si froidement ?

Nous vous en demandons pardon, O mon Dieu, et nous prenons devant vous la résolution de vous prier désormais comme vous nous l'ordonnez ; envoyez-nous pour cela votre esprit qui est un esprit de prière et de grâce, afin qu'il nous en inspire le goût, que nous en fassions nos plus chères délices, que notre cœur ne soit possédé que du désir du ciel, que nous vous exprimions ce désir aux différentes heures du jour. Que ma bouché, Seigneur, soit toujours remplie de vos louanges, afin que je chante votre gloire, et que je sois continuellement appliqué à publier votre grandeur pendant le temps et l'éternité bienheureuse, Je vous la souhaite.

(1) Luc. 18.

ÉVANGILE

Du Dimanche dans l'octave de l'Ascension.

En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples: Lorsque le Consolateur sera venu, cet Esprit de vérité qui procède du Père, et que je vous enverrai de la part de mon Père, c'est lui qui rendra témoignage de moi. Et vous aussi vous en rendrez témoignage, parce que vous êtes avec moi dès le commencement. Je vous ai dit ces choses, afin que vous `ne soyez point scandalisés lorsqu'elles arriveront. Ils vous banniront de leurs assemblées; et l'heure est venue, que ́celui qui vous fera mourir, croira rendre un service trèsagréable à Dieu. Ils vous feront ces outrages, parce qu'ils ne connaissent point mon Père, ni moi. Je vous dis donc ceci, afin qu'en ce temps-là il vous souvienné que je vous t'ai prédit.

Homélie sur les souffrances.

Ce que le Sauveur du monde annonce ici à ses apôtres, il le dit à tous les chrétiens: tous sont destinés à souffrir dans leur fortune, dans leur honneur, dans leur corps, dans leur âme, et dans tout ce qui leur est cher ou scnsible. Y a-t-il quelque chose de plus constamment, de plus universellement annoncé et répété dans l'Evangile que la nécessité des souffrances? partout on y lit que celui qui ne porte pas sa croix et ne suit pas Jésus-Christ, n'est pas digne de lui (1); que si quelqu'un veut aller à lui, il faut qu'il r'enonce à soi-même, qu'il se charge de sa croix et qu'il la porle tous les jours (2) ; que celui qui ne porte pas sa croix et ne va pas à Jésus-Christ, ne peut être son disciple (3). Voilà ce que nous lisons dans ce tendroit de l'Evangile, sans

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