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reftent auprès de la Terre & forment fon Atmofphère. Ceux de ces Fluides qui ne traverfent ni le Mercure ni le Verre, & qui par-là ne preffent la Colonne barométrique qu'à l'extérieur, font les Fluides atmosphériques groffiers: ce font ceux qui forment le Poids connu des Colonnes de l'Atmosphère, & qui peuvent même être pefés à la Balance. Mais il existe d'autres Fluides atmosphériques plus fubtils, tels, par exemple, que le Feu & le Fluide électrique; dont le Poids ne nous eft pas encore connu, foit parce qu'il échappe à nos Balances les plus délicates, foit parce qu'il eft masqué par d'autres caufes de Mouvement, qui fe trouvent dans ces Fluides mêmes.

105. Outre que la Lumière eft de tous les Fluides expanfibles que nous pouvons soumettre à l'Expérience, le feul qui foit inaltérable; ce Fluide eft encore le feul qui ne foit pas atmofphérique ce qui résulte de la prodigieufe Vitesse du Mouvement de fes Particules, avec laquelle la Viteffe de leur Chûte vers la Terre n'a aucun rapport fenfible. Elles paffent donc auprès des grands Corps, fans que leur route y foit fen

fiblement fléchie, & continuent de fe mouvoir en ligne droite. Mais elles font foumises à des Affinités très-variées & très-puiffantes, par lef

quelles elles peuvent être affervies comme toute autre Substance terrestre.

106. Il réfulte encore de cette prodigieufe Viteffe de la Lumière, dont les Aftronomes néanmoins font parvenus à nous donner une idée déterminée, que dans un grand nombre de fes compofitions par Affinité avec d'autres Subftances, fes Particules ne ceffent pas de fe mouvoir: feulement, leur Courfe eft ralentie: & par le changement de Forme dans leurs Grouppes, il arrive à la plupart; qu'au lieu de continuer à fe mouvoir en ligne droite, par la Caufe méchanique de leur Mouvement, elles changent fans ceffe de direction dans leurs routes; mais en diverfes manières dans les diverses Espèces; & parcourent ainfi des Courbes différentes; ce qui contribue pour une grande partie à la différence de leurs Phénomènes,

107. La Source principale de la Lumière pour la Terre, dans fon état préfent, eft le Soleil; & c'est par cette Substance que tout y eft entretenu en action. La Terre & fon Atmosphère reçoivent fans ceffe, dans quelqu'une de leurs parties, une nouvelle quantité de Lumière, & en rendent fimultanément une portion dans l'Efpace: le refte leur demeure

pour un tems, s'uniffant par Affinité à d'autres Substances, & ne reparoiffant que dans les Phénomènes phofphoriques de toute espèce. La Lumière, dans cet état latent, fait un des Ingrédiens de la plupart des Substances fenfibles; & les Fluides atmosphériques en particulier, lui doivent, ou immédiatement, ou médiatement, l'expanfibilité dont ils jouiffent, foit le Mouvement de leurs Particules : ils le lui doivent immédiatement, lorsqu'elle entre dans leur composition comme Lumière fimple, & qu'ainsi ils ne peuvent fe décompofer fans être phosphoriques; & médiatement, lorfque quelqu'un de ces premiers Compofés de la Lumière, entre enfuite comme Ingrédient, dans la compofition de quelque Fluide atmosphérique groffier. Il peut donc arriver à ces Fluides (& c'est le cas le plus ordinaire) de fe décompofer, fans être phofphoriques; laiffant feulement échapper alors un Fluide plus expanfible qu'ils ne l'étoient euxmêmes.

108. Tous les Fluides atmosphériques étant ainfi des Compofés, & leur expanfibilité n'étant due qu'à l'un de leurs Ingrédiens, je défignerai celui-ci par une expreffion qui rappellera fa nature, en le nommant Fluide déférent; & je nommerai Substances purement graves, les au

tres Ingrédiens de ces Compofés, qui ne jouiffent de la Faculté expanfive que par leur union à l'autre Substance. Ainfi le Feu fera le Fluide déférent des Vapeurs aqueufes, & l'Eau leur Substance purement grave.

109. Tous les Fluides expanfibles foumis à nos Expériences, excepté encore la Lumière, ont donc un Fluide déférent immédiat, & une ou plufieurs Substances purement graves; mais il y a entre ces Fluides des différences très-clairement caractérisées, d'après lefquelles je les diviserai en deux Claffes, fous les Noms de Vapeurs & de Fluides aëriformes: voici ces Caractères diftinctifs.

110. Première difference. Les Fluides aëriformes peuvent fubir tout degré connu de PrefLion fans fe décompofer: au lieu que les Va peurs fe décompofent quand elles éprouvent une Preffion trop grande : les Particules de la Substance purement grave de celles-ci, arrivant alors à une trop grande proximité, se réunissent & abandonnent le Fluide déférent, qui s'échappe, & reparoît alors en produifant fes Effets propres. Dans les Vapeurs aqueufes, comme je l'ai montré ci-devant, ce font les Particules d'Eau qui fe réuniffent dans ce cas; & leup

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Fluide déférent, qui eft le Feu, fe manifefte par les Phénomènes de la Chaleur.

111. Seconde différence. Les Fluides aëriformes étant néanmoins des Mixtes comme les Vapeurs, ils font foumis comme elles à des décompofitions; mais ils ne les fubiffent, que lorsqu'il s'exerce, entre leur Subftance purement grave & quelque autre Subftance, une Affinité qui l'emporte fur celle qu'a la première avec fon Fluide déférent. Un Fluide aëriforme est donc à l'abri de décompofition, quand il est renfermé dans un Vase de verre hermétiquement fcellé. Mais les Vapeurs peuvent fe décompofer dans un tel Vafe, par des tendances qu'ont leurs Fluides déférens à s'échapper, pour rétablir certains équilibres, particuliers aux diverfes Espèces. C'est ainsi que les Vapeurs aqueufes s'y décompofent, quand la Chaleur diminue à l'extérieur : le Feu abandonnant l'Eau, pour rétablir l'équi libre de Température. Et fi le Feu redevient affez abondant à l'extérieur, il en rentre dans le Vafe, & les Vapeurs fe forment de nouveau.

112. Troisième différence. Quand les Fluides aëriformes ont été une fois produits, leur com pofition eft fixée : ils peuvent bien perdre quelqu'un de leurs Ingrédiens intimes; ou en ac

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