cette réfolution, je m'étois même refufé de tirer de fa Boîte un Hygromètre de M. De SausSURE que M. MARC PICTET avoit eu la bonté de m'envoyer dès la fin de l'année précédente ; fachant d'avance qu'il m'engageoit dans beaucoup de travail. Mais au commencement de l'Automne dernière, n'ayant plus qu'à mettre au net ce qui me reftoit à envoyer, de mon ouvrage, je crus pouvoir au moins me permettre de placer cet Hygromètre auprès des miens. Je le tirai donc alors de fa boîte, & commençai à l'observer, fans autre deffein que celui d'étudier fa Marche: mais y ayant bientôt reconnu des caractères que j'avois foupçonnés, je fus tenté de les déterminer par quelques Expériences comparatives avec les miens. Cette comparaifon exigeoit que j'exécutaffe un plan formé depuis long-tems pour donner plus de fenfibilité à mes Hygromètres. Je crus que cela me coûteroit peu, & je l'entrepris. Mais je me trompai d'abord fur ce point, & plus encore fur la poffibilité de résister à fuivre les Idées de nouvelles Expériences qui me viendroient à l'efprit. Je me laiffai donc entraîner peu à peu à ces Expériences, je perdis de vue mon ouvrage, & je ne prévois point encore quand je le reprendrai : car il faut encore que je profite des tems favo

rables

rables pour continuer mes Expériences électriques.

Cependant je ne pouvois m'empêcher de regretter ce retard de publication; car le motif qui m'avoit fait prendre la plume dès l'année 1781, loin de s'affoiblir, n'a fait que s'accroître. Je defirois dès-lors de publier & d'établir quelques Propofitions de Météorologie, qui me paroiffoient importantes dans l'état préfent de la Phyfique. Les premiers germes des Principes d'où découlent ces Propofitions, se trouvent déjà dans mes Recherches fur les Modifications de l'Atmosphère; & je me fuis toujours entretenu de leurs développemens avec les Phyficiens attentifs que j'ai fréquentés, ou avec qui j'ai correfpondu. Mais l'attention ne fe fixe véritablement, que lorfqu'elle peut embraffer à la fois un certain Enfemble de Faits & d'Idées; & d'ailleurs, ces communications particulières ne rempliffoient pas affez mon but, celui de faire fubir à mes fyftêmes l'épreuve de tant de Faits qui fe découvrent journellement, & de tant d'Idées qui en naiffent de toute part.

Il m'est donc venu à l'efprit de publier dèsà-préfent, les résultats principaux de mes nouPremière Partie.

B

velles Obfervations & Expériences relatives à la Météorologie. C'eft ce que j'entreprends d'exécuter par cet ouvrage, qui contiendra ainfi nonfeulement le précis de l'autre ouvrage, mais encore celui de mes Expérinces électriques & de mes nouvelles Recherches fur l'Hygrométrie pratique.

WINDSOR, Février 1786.

IDÉES

SUR LA

MÉTÉOROLOGIE.

DÉFINITIONS ET PROPOSITIONS PRÉLIMINAIRES.

LE principal objet de mon attention dès mes premiers pas dans la carrière de la Physique, pas commencés il y a près de 40 ans, a été les Modifications de ces Subftances nommées les Fluides élastiques; mes premières Expériences ayant eu en vue, le Feu, le Fluide électrique, l'Air, & les Vapeurs aqueufes. L'intérêt foutenu que j'ai pris dès-lors aux recherches fur ces Fluides, a été principalement excité par un Systême de mon Ami particulier M. LE SAGE fur les principaux Agens méchaniques des

Phénomènes phyfiques; Syftême dans lequel il explique la Nature de ces Fluides, & les Caufes méchaniques de leurs principaux Phénomènes, d'une manière qui captiva mon attention dès qu'il l'eut imaginé; & qui m'a dirigé dès-lors dans toutes mes Recherches, où je l'ai toujours trouvé d'autant plus appuyé par les Phénomènes, que je les ai mieux approfondis. J'ai obtenu de mon Ami la permiffion de donner une Ef quiffe de ce Systême dans mon ouvrage, auquel il est devenu une Introduction néceffaire. Jeferai privé ici de ce fecours; car il me feroit impoffible de donner un Extrait, de ce qui n'est déjà que l'Extrait bien foible d'un grand ouvrage, auquel M.LESAGE travaille depuis longtems, mais que fa fanté l'a malheureusement empêché de publier jufqu'ici. Cependant je fuis obligé d'indiquer le Sens de quelques Expreffions que j'employerai en traitant des Fluides élafliques, & d'énoncer quelques Propofitions dont je partirai, non comme néceffaires à mes Systêmes particuliers, mais comme fervant à justifier le Langage que j'employerai. Voici ces Définitions & Propofitions préliminaires.

1o. Je nommerai Fluides expanfibles, les Subftances qu'on nomme communément Fluides élaftiques. Je fais ce changement dans l'Expression,