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faut

que fon meurtrier meure auffi; c'est la Loi de l'Empire. Ne l'oubliez pas, gravez-la profondément dans votre esprit, rappellez-en le fouvenir lorsque les mouvements de l'indigna tion & de la colere commencent à s'élever dans votre cœur : n'attendez pas pour cela que les femences de la haine aient pris racine; n'attendez pas le moment de la difpute; il ne seroit plus temps alors. Penfez auffi que vous n'êtes pas les maîtres de vos personnes, pour en disposer à votre gré; elles appartiennent à l'Empire & à vos Familles ; c'eft pour l'Empire & pour vos Familles que vous devez les conferver: un feul moment d'oubli vous rendroit coupables envers l'un & envers les autres.

en devoir de les féparer ; les champions font d'abord quelques difficultés ; mais dociles enfuite, ils fe féparent & s'en vont chacun de fon côté.

Les Mantchous & tous ceux qui font fous les bannieres font un peu plus furieux. Ils mettent quelquefois le couteau à la main, & ils s'égorgent: c'eft, la plupart du temps, fans en avoir l'intention; car aujourd'hui les mœurs chinoises les ont prefque tous fubjugués, & il n'y a guere de combats que parmi ce qu'il y a de plus vil, ou parmi ceux qui font pris de vin.

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LES TREIZE ARTICLES

SUR

L'ART MILITAIRE,

OUVRAGE Compofé en Chinois par Sun-TSE, Général d'Armée dans le Royaume de Ou, & mis en TartareMantchou par ordre de l'Empereur KANG-HI, l'année 27° du cycle de 60, c'eft-à-dire, l'année 1710;

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AVANT VANT que d'exposer les Ouvrages de Sun-tse, il convient, difent les Commentateurs, de faire connoître fa perfonne, & de donner une idée de fes talents pour former les troupes & pour en entretenir la difcipline militaire. Voici en peu de mots comment ils rempliffent ce double objet, & l'Hiltoire vraie ou fuppofée qu'ils racontent de ce Général.

Sun-tfe, difent-ils, né fujet du Roi de Tfi (1), étoit l'homme le plus verfé qu'il y ait eu dans l'art militaire. L'Ouvrage qu'il a compofé & les grandes actions qu'il a faites, font une preuve de fa profonde capacité & de fon expérience confommée en ce genre. Avant même qu'il eût acquis cette grande réputation qui le distingua depuis dans toutes les Provinces qui composent aujourd'hui l'Empire, & dont la plupart portoient alors le nom de Royaume, fon mérite étoit connu dans tous les lieux voisins de sa patrie.

Le Roi de Ou (2) avoit quelques démêlés avec les Rois de Tchou & de Ho-lou (3). Ils étoient fur le point

(1) Le Royaume de Tfi étoit dans le Chan-tong.

(2) Le Royaume de Ou étoit dans le Tche-kiang. Il s'étendoit dans le Kiang-fi, & dans le Kiang nan, & occupoit une partie de chacune de ces

Provinces.

(3) Le Royaume de Ho-lou étoit dans le Chan-tong. On l'appelloir plus communément le Royaume de Lou.

d'en venir à une guerre ouverte, & de part & d'autre on en faifoit les préparatifs. Sun-tse ne voulut pas demeurer oifif. Perfuadé que le perfonnage de spectateur n'étoit pas fait pour lui, il alla se présenter au Roi de Ou pour obtenir de l'emploi dans fes armées. Le Roi, charmé qu'un homme de ce mérite se rangeât dans son parti, lui fit un très bon accueil. Il voulut le voir & l'interroger lui-même.. » Sun-tse, lui dit-il, j'ai vu l'Ouvrage que vous avez composé sur l'art militaire, & j'en ai été content; mais les préceptes que vous donnez me paroissent d'une exécution bien difficile; il y en a même quelques-uns que je crois abfolument impraticables : vous – même, pourriez-vous les exécuter? car il y a loin de la théorie à la pratique. On imagine les plus beaux moyens lorsqu'on eft tranquille dans fon cabinet & qu'on ne fait la guerre qu'en idée; il n'en est pas de même lorsqu'on fe trouve dans l'occasion. Il arrive alors qu'on regarde fouvent comme impoffible ce qu'on avoit envisagé d'abord comme fort aisé «. .

Prince, répondit Sun-tse, je n'ai rien dit dans mes Ecrits que je n'aie déja pratiqué dans les armées; mais ce que je n'ai pas encore dit, & dont cependant j'ose asfurer aujourd'hui Votre Majesté, c'est que je fuis en état de le faire pratiquer par qui que ce foit, & de le former aux exercices militaires quand j'aurai l'autorité faire.

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le

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