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REMARQUES CRITIQUES

SUR L'ART MILITAIRE DES CHINOIS, tirées du
Livre intitulé ETAT ACTUEL DE L'ART ET DE LA
SCIENCE MILITAIRE A LA CHINE (1).

1. LE premier des divers écrits fur l'Art Militaire, traduits

du chinois par M. Amiot, eft une instruction adreffée aux
gens de
guerre, par l'Empereur Yong-tchang. Le Traducteur
n'ayant point fait mention de la pompe avec laquelle elle fut
publiée, M. le Colonel de S. Leu y a suppléé.

« Tous les Mandarins militaires (dit-il ), & tous les Officiers >> d'un rang un peu elevé, furent appellés à fa Cour, comme » il est toujours d'ufage quand il s'agit de quelque Edit impor» tant. Environné de cette foule, ainfi qu'un pere au milieu de » fes enfans, il leur lut cette inftruction à haute voix, & dès » le lendemain elle fut répandue dans tout l'Empire. Il n'y a » pas aujourd'hui, même un fimple foldat, qui n'en ait un » exemplaire, ou qui ne la fache par cœur. Ce fait ( ajoute » M. de S. Leu), nous a été attefté à Pétersbourg par une » perfonne inftruite, qui a eté plusieurs fois à Pékin ».

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II. Dans l'instruction dont il s'agit, l'Empereur dit qu'il s'est toujours appliqué à acquérir la grande Science. Le Traducteur explique dans une note ce que c'est que les Chinois appellent ainfi. M. de S. Leu a cru en donner une idée plus précise, en ajoutant que ce qu'en Chine on nomme la grande Science, lui fuiv. paroît être ce qu'en France les Philofophes Economistes appellent la Science. Ceux qui voudront juger par eux-mêmes de ce que c'est que la grande Science chez les Chinois, trouveront

(1) On trouve cet Ouvrage chez NYON l'aîné, rue du Jardinet. Tome VII.

a

la traduction du traité chinois qui porte ce titre, imprimée dans le premier volume de ce Recueil, pag. 436.

Pag. 28. III. M. de S. Leu fuppofe qu'on ne voit aucune terre en Ibid. Note, friche dans le vafte Empire de la Chine; fi ce n'eft ( ajoute-t-il dans une note) vers la grande muraille. On peut obferver que cette affertion doit encore être plus limitée; & l'on s'en convaincra en lifant la relation d'un voyage de Canton à Pékin, qu'on trouvera dans le VIIIe volume de ce Recueil, pag. 295. On y verra des plaines en friche fur cette route, & jusques dans l'ancienne enceinte de la ville de Nankin, bien eloignée de la grande muraille.

Pag. 66 du Traité.

Les remarques de M. de S. Leu n'ont pour objet que l'inftruction dont on vient de parler. Celles qui concernent les autres écrits fur l'Art Militaire des Chinois, font toutes de M. le Marquis de Puy-Ségur.

IV. Il foupçonne le Traducteur de ces ecrits, de n'en pas avoir toujours bien entendu le fens. Il cite pour exemple un endroit où le Traducteur a rendu, par le mot campagnes, ce qu'il auroit dû rendre par le mot guerre. La critique eft fondée, car dans ce paffage il s'agit d'abréger, non les campagnes, mais la guerre. On peut cependant fuppofer que le fens n'a pas echappé au Traducteur, & qu'il a cru que le Lecteur comprendroit aisément, qu'abréger les campagnes, dans l'endroit où cette expreffion eft employée, doit fignifier en diminuer, non la durée, mais le nombre.

V. L'eclairciffement que M. le Marquis de Puy-Ségur donne fur l'article VI de Sun-tfé, mérite d'être recueilli. Sun-tsé dit, (pag. 91), que fi le Général voit qu'il y a du vuide dans les rangs de fon armée, il doit le remplir; du furabondant, il doit le diminuer que comme l'eau fuit la fituation du terrein fur Pag. 51. lequel elle coule, l'armée doit être rangée conformément au terrein qu'elle occupe. Cette maxime indique, (dit M. le M. de P.),

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