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CES Es Ouvrages fur l'Art Militaire des Chinois, traduits en françois par le P. Amiot, font déposés dans le cabinet de M. Bertin, Miniftre & Secrétaire d'Etat, à qui ils ont été envoyés de la Chine par le Traducteur. C'est le fruit d'une correfpondance fuivie que ce Miniftre, plein de zele pour le progrès de nos connoiffances, entretient, par la permiffion du Roi, avec des Lettrés Chinois que Sa Majefté a honorés de sa protection & qu'elle a comblés de ses bienfaits, pendant le féjour qu'ils ont fait en France (1). Cette correfpondance devient de plus en plus intéreffante & utile aux Sciences & aux Arts, par les Mémoires que ces Lettrés envoient tous les ans, & que le Miniftre fe fait un plaifir de communiquer par la voie de l'impression.

Tel est celui du P. Amiot, ouvrage qui a dû coûter beaucoup de peines à ce favant Miffionnaire, déja connu par la traduction d'un poëme de l'Empereur de la Chine, contenant l'éloge de la ville de Moukden, qui avoit été envoyé à la Bibliotheque du Roi, & que j'ai fait imprimer l'année derniere. J'ai apporté les mêmes foins & les mêmes attentions dans la publication de celui-ci, & je me suis fait un devoir de le donner tel que le P. Amiot l'a envoyé ; j'ai feulement tranfpofé quelques-unes des notes; j'en ai divisé quelques autres ; j'ai fupprimé quelques avis que l'impreffion rendoit inu

(1) MM. Ko & Yang. M. Parent, Confeiller de la Cour des Monnoies, eft chargé de cette correfpondance. Ses lumieres & fon zele répondent parfaitement aux intentions du Miniftre.

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tiles ou qui étoient répétés en différents endroits; j'ai réuni ou rapproché plufieurs obfervations qui m'ont paru devoir l'être; j'y ai ajouté une table des matieres. Du refte, je me fuis attaché à rendre cette édition entiérement conforme à l'original que le P. Amiot a paraphé lui-même à la fin de chaque Chapitre, dans la crainte que fon manufcrit ne tombât en d'autres mains & ne fût altéré. » Il » est arrivé, dit-il, plus d'une fois que fous prétexte de corriger ou de donner une nouvelle forme aux ouvrages qu'on reçoit des pays fi éloignés, on les a tronqués ou défigurés, foit en ajoutant où il n'étoit pas à propos de le faire, foit en retranchant ce qu'il fal»loit conferver, foit enfin en voulant donner le tout

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à sa maniere, qu'on croit préférable à celle des Au»teurs; en conféquence, au lieu de donner des >> connoiffances fures & exactes, on n'a fait que multiplier les erreurs ou confirmer les fauffes idées qu'on avoit d'abord conçues fur des rapports précipités ou peu fideles : tout au moins on a obfcurci les objets, au » lieu de les éclairer. Il me femble qu'on devroit fe conduire à l'égard des écrits qui viennent de loin, comme » on se conduit à l'égard des ouvrages qui font déja surannés & qu'on veut rajeunir: on ne fe permet d'autres changements que ceux qui ont rapport aux expreffions & au style ». C'est à quoi je me suis borné dans l'impreffion de ce recueil.

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Parmi les ouvrages militaires compofés par les Chinois, il y en a fix auxquels ils donnent le nom de King ou de claffiques, ce font ceux fur lefquels tout Militaire doit fubir un examen.

Le premier eft intitulé Sun-tse.

Le fecond, Ou-tse.
Le troifieme, Se-ma-fa.
Le quatrieme, Lou-tao.
Le cinquieme, Leao-tse.

Le fixieme, Tai-tfoung, Li-ouei-kong.

Le P. Amiot n'a traduit que les trois premiers de ces ouvrages. Il a envoyé le Sun-tse & l'Ou-tse en 1766, & ils font arrivés l'année suivante. Il y a joint un Ouvrage fait par ordre de l'Empereur Yong-tcheng, concernant la conduite que les troupes doivent tenir, & il a mis à la fin les exercices & les évolutions des troupes Chinoises, avec les deffins néceffaires. Le troifieme, ou le Se-ma-fa, est arrivé en 1769. Le P. Amiot paroît avoir quelque envie de continuer ce travail : s'il l'envoie, & fi le Public reçoit favorablement celui-ci, on pourra donner la suite.

Voilà ce que j'ai raffemblé, de quelques notes qui étoient éparfes dans l'Ouvrage du P. Amiot. Qu'il me foit permis d'y ajouter quelques obfervations fur les Ouvrages qu'il a traduits. Tous font en Chinois à la Bibliotheque du Roi,dans un recueil qui eft intitulé Vou- king, c'est-à-dire, Livres claffiques des Militaires. Le premier est Sun-tse fon vrai titre eft Sun-t/e-ping-fa, c'est-àdire, Regles de l'Art Militaire par Sun-tle ou Sun-vou.

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Cet ouvrage étoit en quatre-vingt-deux Chapitres ; il n'en refte que treize. Un Empereur de la Chine nommé Vou-ti, de la Dynaltie des Goei, qui vivoit vers l'an 424 de J. C. a fait un commentaire très estimé, qui eft intitulé Goei-vou-tchu-fun-tfe. Il y a paru plufieurs autres commentaires de l'Ouvrage de Sun-tfe, fous la Dynaftie des Tang & fous celle des Song.

Le fecond eft nommé Ou-tfe, autrement Ou-ki.

Ou-tfe étoit du Royaume de Ouei ou Goei. Le Pere Amiot en parle dans sa Préface.

Le troifieme eft Se-ma-jang-kiu, que l'on appelle communément Se-ma, nom de fa dignité. Il étoit du Royaume de Tfi, & vivoit fous les Tcheou, avant J. C. Son ouvrage eft intitulé Se-ma-ping-fa, ou Regles de l'Art Militaire par Se-ma.

Le quatrieme eft intitulé Ven-toui, c'est-à-dire, demandes & réponses. Les demandes font propofées par Lichi-min ou Li-che-min, & Li-tfing-yo y répond. Li-chimin est le même que Tai-tfong, Empereur de la Dynaftie des Tang. Ce petit traité fur l'Art Militaire est divisé en trois parties. Li-tfing-yo, autrement dit Tfing-yo-se, portoit le titre de Goei-kong ou Ouei-kong. Le Pere Amiot, qui en parle dans fa Préface fur le Lou tao, le nomme Tching-yao- che, ce qui est une faute de copiste ; il faudroit dire, conformément à fa prononciation Tching-yo-che. Tai-tsong vivoit l'an 627 de J. C.

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Lecinquieme,dans l'édition de la Bibliotheque duRoi, est le livre intitulé Goei-leao-tfe. Le P. Amiot, qui en parle (1), le nomme Yu-leao-tfe. Ce Goei-leao-tfe vivoit avant l'Ere Chrétienne : on ignore de quelle province il étoit. Son ouvrage, en forme de dialogue, eft divifé en vingt-quatre articles affez courts; l'Auteur y remonte à l'origine de l'Art Militaire fous Hoang - ti. Plusieurs Savants ont fait des commentaires fur cet ouvrage.

Le fixieme est le San-lio, compofé par Hoang-chekong, qui vivoit, à ce que l'on croit, fous la Dynaftie des Tfin, avant J. C. Il est divifé en trois parties.

(1) Préface du Lou-tao.

Le feptieme & dernier est intitulé Lou-tao, & il est attribué à Liu-vang, le même que Tai-kong, qui vivoit 1122 ans avant J. C. au commencement de la Dynastie des Tcheou. Cet Ouvrage eft partagé en foixante petits articles; le P. Amiot en a traduit feulement le vingt-unieme, qui traite de l'établissement du Général, & les vingt-quatrieme & vingt-cinquieme, qui tous les deux ont pour objet la maniere de fe communiquer les fecrets. Ils font réunis tous les deux dans l'article II de l'extrait du Lou-tao.

Voilà les Ouvrages fondamentaux fur l'Art Militaire chez les Chinois. Les deux éditions de ce recueil, qui font dans la Bibliotheque du Roi, font numérotées 35 3 & 354: l'une & l'autre renferment les mêmes ouvrages; mais dans celle qui est numérotée 3 54, les commentaires font beaucoup plus étendus, & l'on a mis à la tête un petit Traité de l'exercice de la fleche, tant à pied qu'à cheval, avec les figures. Cette édition a été faite fous le regne de Kang-hi, mort en 1722; l'autre, fous celui de Van-li, qui mourut l'an 1620 de J. C.

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Les planches qui accompagnent la traduction du Pere Amiot font copiées fidellement d'après les deffins enluminés qu'il a envoyés ; on a fimplement réduit ces desffins, qui étoient plus grands.

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