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N°. V. & VI.

Cette Tefsère d'yvoire, dont la couleur a été altérée par le tems, & qui fe trouve très-brune aujourd'hui, n'a de mérite que d'être Grecque, & d'avoir fervi aux Jeux de cette nation; fon travail eft d'ailleurs auffi négligé, que des objets, dont la deftination étoit si peu importante, le pouvoient permettre. Cependant les masses & l'intention de cette tête de jeune femme, font trèsjuftes & très-belles : elle repréfente peut-être la figure ou plutôt le symbole d'une ville. On lit au revers

x. cv wc.

PLANCHE

N°. I. & II.

LIV.

Tous les monumens qui n'ont point été publiés, & particulièrement ceux qui contiennent quelques fingularités, ont droit d'entrer dans ce Recueil, fuivant le plan que j'en ai formé. Je n'en connoiffois aucun qui repréfentât comment Argus, gardien de la vache Io, avoit été tué par Mercure. Le médaillon rapporté fous ce n°. & que j'ai tiré du Cabinet de M. Pelerin, offre cet événement, qui d'abord y paroît tout fimplement traité. Mercure tenant de la main gauche Argus par les cheveux, lui coupe la gorge avec une épée qu'il tient de la droite. La fingularité du revers de ce médaillon, confifte dans la compagnie de Minerve armée, placée de bout derrière Mercure, & qui le regarde, comme s'il agiffoit par fon ordre ou fon confeil.

Je laiffe aux Mythologues à rendre raison de cette particularité dont je ne trouve aucune mention dans tout ce que les Auteurs ont écrit fur la fable d'Io. Ce médaillon réputé unique, a été frappé dans une ville

qui porte le nom de Sébaste. Il y en a eu plufieurs de ce nom en différens pays; mais on reconnoît par le titre du Magiftrat qu'il contient, par fa fabrique, & par fa matière, qu'il a été frappé dans la Sébafte de Phrygie. Les médailles de cette ville font extrêmement rares; Vaillant n'en avoit point vû apparemment, puif qu'il n'en a rapporté aucune; on n'en trouve point dans les catalogues des plus grands Cabinets qui ont été publiés.

Après avoir parlé comme Médaillifte, du mérite de ce Médaillon, je dirai comme Antiquaire, que la figure du Mercure eft grande & belle, que l'action eft trèsbien repréfentée, que le groupe eft très-beau, & qu'enfin ce bas-relief eft bien & grandement compofé à la Grecque, c'est tout dire.

La traduction Latine, eft telle, Imperator Cafar Mar- Caracalla. cus-Aurelius-Antoninus.

Au revers, fub Lucio-Amexalio- Antonino, Archonte Sebaftenorum.

*

No. III. & IV.

Cette Tefsère d'yvoire, très-bien confervée, nous rappelle une idée conftante des Panathénées d'Athènes. Cette fête fut inftituée par Théfée, après qu'il eût reçû dans l'enceinte d'une même ville, les habitans de l'Attique. Il y avoit les grandes & les petites Panathénées ; celles-ci étoient annuelles, les autres revenoient tous les cinq ans ; c'est-à-dire, après quatre ans révolus, ainsi que les Jeux Olympiques. Les grandes Panathénées tomboient fur la troifième année de chaque Olympiade: c'étoit un fpectacle célèbre pour les combats gymniques. Périclès y ajoûta des prix de Musique pour

On croit lire le nom d'AMEZAAIOY, je conviens qu'il paroît extraordinaire; mais il eft écrit fur une partie affez mal confervée. Que ce nom foit bien ou mal lû, cela ne fait rien à la fingularité de la Médaille.

la voix, pour la lyre & la cithare; les Vainqueurs recevoient une couronne d'olivier, & une mefure d'huile, tirée des oliviers confacrés à Apollon: ils avoient encore un privilége; ils étoient les feuls auxquels il fût permis de tranfporter de l'huile hors de l'Attique. Dans cette fête, les vieillards affiftoient à la proceffion folemnelle avec des branches d'olivier, & les jeunes gens y paroiffoient armés comme pour le combat : c'étoit le feul jour auquel il fût permis de porter les armes dans la ville d'Athènes.

Ce monument eft très-bien confervé ; mais il n'a pas le mérite de remonter au tems de la liberté des Grecs. Le revers no. IV. préfente le chiffre XV. en caractère Romain, ce qui prouve la conquête de la Grèce : je ne fuis pas affuré que le caractère que l'on voit au-deffous y correfponde; je le prendrois pour un ornement. Si je ne me trompe, c'est un Gamma qui fignifie 3, ou un Upfilon, qui veut dire 400. Cette leçon confirmeroit l'idée de la réunion des deux nations, les chiffres ou les numeros des places étant indifféremment donnés dans les deux langues.

N. V. & VI

Il est heureux de pouvoir réunir fur la même Planche des monumens de deux principaux Jeux de la Grèce; cette Tefsère également d'yvoire a rapport aux Jeux Pythiens: c'étoit un des quatre grands de la Grèce. Ils fe célébroient à Delphes, anciennement nommée Pytho, & en l'honneur d'Apollon appellé Pythius : ils revenoient après quatre ans révolus, vers la fin de la feconde année de chaque Olympiade. Les premiers Jeux Pythiens furent célébrés la feconde année de la 48° Olympiade. Les Poëtes & les Muficiens furent d'abord les feuls qui y difputèrent le prix. On y ajoûta dans la fuite la courfe des chars, celle des chevaux, & tous les combats gym

niques.

niques. On donnoit aux Vainqueurs une couronne de lauriers & des pommes cueillies dans les jardins du Temple d'Apollon.

Nous avons des médailles dont le revers eft parfaitement semblable à cette Tefsère d'yvoire. Vaillant en donne une d'Hierapolis, frappée fous Elagabale; indépendamment de la preuve que nous donne cette médaille, du tems auquel cette Tefsère a pû être fabriquée, fon revers prouve encore plus constamment la réunion des deux nations dans la Grèce; car on voit fur le revers numéroté VI. le chiffre II. & le chiffre B, écrits fur la Tefsère, pour indiquer la place que l'on devoit occuper ; l'une & l'autre de ces lettres ou de ces chiffres ont la même valeur dans les deux langues Grecque & Romaine.

PLANCHE LV.

N. I.

Le mouvement & la difpofition de ce Taureau, ne font pas fans mérite: il eft vrai que le travail de cette Sardoine gravée en creux, pourroit être plus jufte & plus fçavant. Le pays qui a produit cette antiquité, eft prouvé en général par les caractères Phéniciens placés au-deffous de cet animal; je dis en général, par la raifon que ce peuple négociant & navigateur par conféquent, avoit des habitations fort répandues fur les côtes. Je ne puis dire comment ces lettres doivent être lûes; elles font exactement gravées, autant que le peuvent être les mots d'une langue que l'on n'entend point; ces caractères font rendus dans leur véritable fens; c'est tout ce qui dépendoit de moi. Il est vraifemblable qu'on y trouveroit le nom du Graveur.

Ces fortes de monumens font affez rares, quand ils font chargés de caractères; mais alors ils deviennent Tome IV.

X

tous les jours plus intéreffans; ainfi j'exhorte tous les Curieux à les communiquer.

No. II.

La forme bizarre de ce Caducée, & le peu d'apparence qu'il y avoit à le trouver placé comme attribut derrière la tête d'un Philofophe, m'avoit engagé à le regarder comme un caractère d'écriture; mais un plus grand examen m'ayant éclairé, je me contenterai de donner cette Cornaline, comme un très-bel ouvrage Grec, qui nous a confervé le portrait d'un Philofophe. A l'égard du Caducée, je me difpenferai de former aucune conjecture fur fon objet; cependant on pourroit dire avec une forte de vraisemblance que ce fymbole de Mercure peut avoir été donné comme un témoignage de l'éloquence du perfonnage, ou d'une ambaffade remplie avec fuccès.

No. III.

Cette Agathe noire préfente la tête d'un Guerrier barbu, & dont la gravure eft belle, mais un peu féche & de petite manière; cette obfervation jointe à la forme auftère du cafque & du pennache ou de la crête m'engagent à regarder cette pierre comme Phénicienne: la comparaifon de quelques autres monumens que j'ai eu occafion d'étudier, m'a conduit à cette décision, ou fi l'on veut, à cette conjecture.

N. IV.

Ne pouvant remplir cette Planche de monumens de la même nation, j'accompagnerai les trois précédentes gravures de deux morceaux auxquels ils ont une forte d'affinité; c'est-à-dire, qu'ils ont été trouvés en Espagne. Je conviens que ce rapport peut paroître d'autant plus éloigné, qu'il ne feroit pas impoffible, malgré quel

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