Imágenes de páginas
PDF
EPUB

N. V.

Cette autre Victoire drapée à la Romaine, & repréfentée dans l'action de marcher avec affez de mouvement, a perdu fes deux aîles, ainfi que les attributs dont fes mains étoient chargées : fa coëffure formée par fes cheveux relevés & renoués fur le haut de fa tête, eft très-bien difpofée, & d'une façon peu commune. Cette Figure dont la confervation n'eft pas mauvaise est bien traitée; il faut cependant convenir qu'il y a trop de manière & trop d'affectation dans les plis de fa draperie: au refte, elle fert à faire voir diftinctement les deux habillemens que les Femmes Romaines portoient à la fois, & dans quelques occafions. Il eft bon de les concevoir clairement, pour les bien imiter dans le befoin: en effet, on remarque fur cette Figure une efpèce de gilet ample & qui n'a point de manches; il eft arrêté par une ceinture placée au-deffous de la gorge; il eft rond, & defcend vers le milieu des cuiffes; fon ampleur lui donne du jeu & de la grace; mais il recouvre la tunique dont on ne voit pas la naiffance, & qui defcend jufqu'à terre, avec une augmentation d'ampleur, capable d'embarrasser toute espèce de Figure, mais qui convient encore moins à une Déeffe légère, telle que la Victoire. Ce monument & le précédent, me paroiffent du même tems.

Hauteur fept pouces huit lignes.

Un Bufte de Minerve cafquée accompagnoit les quatre Figures dont je viens de parler, & que je dois à la politeffe de M. du Tillot, qui a bien voulu les faire acheter pour moi. Ce Bufte de bronze eft d'un fi mauvais goût de deffein & fi peu intéreffant par luimême, que je n'ai pû me réfoudre à le faire deffiner. Il prouve cependant, par la nature de fon travail, que la ville de Véleïa doit avoir fubfifté pendant le tems du Bas-Empire.

Hauteur quatre pouces dix lignes: largeur quatre pouces deux lignes.

Les monumens que je viens de décrire, & les différences de fiècles que préfentent leur goût & leur travail, prouvent ce que j'ai dit plus haut fur la durée du tems que cette ville a été foumife aux Romains. Ils femblent indiquer que fon malheur ne lui eft arrivé que dans les fiècles plongés dans l'ignorance, tels que le VII. & VIII. de l'Ere Chrétienne.

Je crois donc que la barbarie qui régnoit alors en Italie même, a pû feule nous faire ignorer la date & les circonftances du tremblement de terre qui a renverfé cette ville: elle fubfiftoit dans les tems différens de leur fabrique, ou du moins lorfque les plus modernes ont été faits. D'ailleurs l'Infcription de Trajan, & l'objet même pour lequel elle a été placée, ainfi que les nouvelles découvertes depuis le commencement de la fouille, prouvent l'opulence & la grandeur de . cette ancienne ville.

[blocks in formation]

LES Laraires & les fuperftitions particulières multiplioient dans l'ancienne Rome, non-feulement les objets du culte, mais les copies des Divinités confervées dans les Temples. Cet ufage entretenoit le goût de la Sculpture chez les Romains; & ce goût paroît avoir été très-vif & très-général chez les peuples qui nous ont précédés. Les petits animaux de toute efpèce que l'on trouve fi fréquemment dans les ruines de Rome, & qui ne pouvoient être placés dans ces Laraires, puifque le plus grand nombre n'étoit ni le fymbole ni l'attribut d'aucune Divinité; ces animaux, disje, font une preuve du crédit des Figures de ronde

cap. 10.

gie.

boffe. Les fimples particuliers ne pouvant pofféder de grandes Statues, cherchoient à fatisfaire leur goût & la mode par de petites. Cependant les Romains ont fait un plus grand ufage de la peinture, que les Grecs; ils l'avoient admise dans la décoration des bâtimens particuliers, & principalement dans l'intérieur de leurs Tombeaux, tandis que quelques-uns des Temples & des Edifices publics étoient les feuls dans la Grèce qui fuffent ornés par la Peinture: c'eft l'idée que Paufanias nous donne für l'ufage de cette partie de l'Art.

No. I. & II.

Cette Figure de Vénus tenoit fans doute à la fuperftition; mais on démêle en même tems les raifons de la préférence que le goût a pû lui faire obtenir. On Pline Liv. xxxv. fçait que le Tableau d'Apelles donna à cette Déeffe le nom d'Anadyomène, c'eft-à-dire, effuyant fes cheveux en fortant de la mer au moment de fa naiffance: la réputation de ce Tableau a été confirmée par un Voyez l'Antholo- grand nombre de Poëtes; & l'agrément du fujet peut aifément perfuader qu'il a été copié & traité par quelque Sculpteur Grec, dont l'ouvrage a été copié à fon tour. Cette répétition ou ce progrès eft prouvé, en quelque forte, par le petit Bronze rapporté fous ce n°. Cette copie antique eft infiniment réduite; elle est même affez dégradée : cependant on eft touché de la simplicité des contraftes, & de l'élégante difpofition qu'on ne peut s'empêcher de rapporter à l'original. Enfin, ce petit morceau, tel qu'il est, plaît à l'œil, & le goût en eft Alatté.

[ocr errors]

On peut voir dans les Mémoires de l'Académie des Belles-Lettres pour l'année 1759, une explication de ce monument plus développée & traitée plus au long.

Hauteur deux pouces cinq lignes,

No. III.

Cette Pierre de couleur verte, eft gravée, & représente le même fujet que le numero précédent; elle augmente par conféquent, & même par les petites différences de fa difpofition, les preuves de la juftice que la Sculpture avoit rendue au mérite d'Apelles. On fçait combien les Pierres gravées ont traité & confervé à la postérité, de morceaux célèbres que les grands Sculpteurs avoient produits. Cette Gravure eft donc principalement une confirmation indirecte, mais véritable, de la copie en bronze dont je viens de parler.

N. IV.

J'ai vu plufieurs monumens Romains qui préfentoient le Dieu des Jardins, & dans la même attitude que cette Figure, c'est-à-dire, portant des fleurs & des fruits dans le devant de fa tunique qu'il foutenoit avec fes mains; mais la Divinité étoit ordinairement barbue, & par conféquent âgée. Ce jeune homme eft le feul que j'aye vû de ce genre & dans cette difpofition: il ajoute même à cette fingularité, celle de porter cette offrande dans une étoffe féparée, & d'avoir des aîles: cette circonftance m'engage à le regarder comme Zéphire. La confervation de ce Bronze, qui m'a été envoyé de Rome depuis peu de tems, n'eft pas des plus parfaites; cependant on diftingue tous les détails, & l'on n'a point été obligé de fuppléer, pour le deffiner comme

on le voit fous ce numero.

Hauteur deux pouces Sept lignes.

PLANCHE LXI

No. I.

L'ORIGINAL de cette Figure a été acheté à Rome

A a iij

par

Madame la Margrave de Bareith, qui honoroit les Arts & les Sciences par un goût décidé. La rareté de ce morceau, fa beauté, & la fingularité d'un piédeftal de plomb, ont engagé à le mouler, & à jetter en bronze une copie de la Figure: ces opérations ont été faites avec la plus grande exactitude. C'eft d'après cette copie qui m'a été envoyée de Rome, que je vais rendre compte de ce monument.

Le caractère & les évènemens de la vie de Cléo

pâtre, font trop connus pour en faire mention; d'ailleurs les détails hiftoriques ne conviennent point à mon objet. Loin de faire honneur à son sexe, cette Princeffe peut rendre les hommes injuftes pour les femmes qui ne lui reffemblent point; mais, fans moralifer davantage, le tour & l'élégance de cette petite Statue lui donnent entrée dans ce Recueil. Son balancement eft heureux, & mérite d'être préfenté aux Artistes, autant que la difpofition des jambes, qui fans fecours étranger, par le moyen de la draperie tombante, fuffit pour foutenir la Figure & lui donner l'appui néceffaire. Le choix de la nature en eft beau, les pofitions du corps font juftes, fimples & fières; en un mot, elles conviennent au caractère & aux agrémens qu'on a toujours accordés à Cléopâtre. C'est donc aux Artistes que j'offre principalement ce deffein & cette defcription. Un côté m'a paru fuffire à quiconque connoît la nature, pour retrouver celui qui lui eft oppofé; je dois feulement avertir les Antiquaires que la tunique qui couvre les jambes & une partie des épaules & du dos, couvre aussi le derrière de la tête, für laquelle elle eft retenue par ce qu'on appelle le diadême. Du refte, les braffelets, la parure du col, & l'ornement de la coëffure, concourent, avec l'afpic qu'elle tient dans la main élevée, à caractériser Cléopâtre.

Soit qu'une matière auffi molle que le plomb, qui

« AnteriorContinuar »