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RECUEIL D'ANTIQUITÉS

EGYPTIENNES, ETRUSQUES,

GRECQUES, ROMAINES,

ET GAULOISES.

CINQUIEME PARTIE

DES GAULOIS.

AVANT-PROPOS.

ES GAULOIS, avant que d'être fubjugués par les Romains, n'avoient de connoiffances acquifes, que celles que rapportoient leurs troupes employées au fervice des nations étrangères. Nous les voyons à la folde des Carthaginois, & porter les armes dans la Grèce & dans l'Afie, tantôt foudoyés, & tantôt pour leur propre compte,

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VILLE DE LYON
Biblioth. du Palais des Arts

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L'Hiftoire nous apprend encore leur paffage des Alpes, l'établissement qu'ils ont fait dans le voifinage du Pô; & les monumens nous inftruifent de leur communication avec les Etrufques, dont les lumières & les connoiffances étoient alors recommandables, mais dont l'avantage ne fut apparemment fenfible que pour ceux des Gaulois qui devinrent leurs voisins; car nous ne voyons point que les Etrufques ayent fait aucune impreffion dans la Gaule proprement dite, foit par rapport au Gouvernement civil, foit par rapport à la Religion.

L'Hiftoire des monnoyes de Philippe, prouve cependant que les Gaulois cherchoient à profiter des pratiques des autres peuples. La groffière imitation de ce que nous appellons Médailles qu'ils avoient apportée de la Grèce, & dont on peut juger aujourd'hui nous apprend en même tems que leurs connoiffances dans les Arts étoient médiocres: ils pouvoient mouler & imiter les monnoies dont apparemment ils avoient été plus frappés que d'aucun autre objet; mais ils ignoroient l'art & les moyens de représenter une tête différente; peut-être même que la formation des caractères leur étoit inconnue, & je le croirois assez ; du moins les Druïdes ne s'inftruifoient eux-mêmes que par le moyen de la mémoire. Cet ufage que l'on trouve pratiqué chez d'autres peuples anciens, a fans doute entretenu la gloire de la Poëfie, & lui a donné dans les tems reculés la confidération que méritent en effet les principes de la Morale & de la Religion auxquels elle étoit abfolument confacrée. Enfin, on peut dire que fi les Druïdes, les plus fçavans d'entre les Ġaulois, ont obtenu quelque diftinction, elle n'a été fondée que fur l'efprit naturel & une religion de mémoire: ces deux articles joints à l'autorité du Sacerdoce, faifoient une forte impreffion fur l'efprit d'un peuple

que nous voyons, en remontant à des tems affez voifins, différer très-peu des Sauvages de l'Amérique: car il ne faut point oublier ce qu'étoient les Gaulois quand ils étoient nommés Pictes. Il eft donc affez vraisemblable qu'ils ont été redevables aux Druïdes leurs législateurs & leurs prêtres, des principes de conduite & de politique qu'ils ont fait paroître dans le tems de l'arrivée des Romains dans leur pays; on doit même, à cet égard, compter pour fort peu les établiffemens des Phocéens & des autres Grecs fur la côte de la Méditerranée. Les Gaulois n'étoient pas commerçans; & le commerce feul met à portée de profiter des connoiffances étrangères.

Ces réflexions fondées fur des faits conftans, apprennent qu'on ne doit attendre des recherches que

peut faire, aucun monument, purement Gaulois, qui ne foit informe & femblable à la Pierre que rapporte dans ce Volume, & que l'on voit auprès de Planc. CXI. Poitiers. Sans aucune connoiffance des Arts, on apperçoit la groffièreté de ces espèces de fabriques, si elles méritent ce nom; mais pour l'excufe des Gaulois, il est aisé de fe rappeller que les forêts leur tenoient lieu de temples, & que leurs bâtimens particuliers différoient peu des cabanes. Ce que nous pouvons espérer fe réduit donc à des monumens purement Romains ou copiés d'après les Romains; en un mot, élevés & fabriqués depuis leur conquête ; & ces recherches ne peuvent avoir d'autre utilité que celle d'entretenir l'idée de la grandeur Romaine, & de fatisfaire une fimple curiofité: elles peuvent cependant contribuer encore à l'intelligence de quelques Auteurs anciens, & à la connoiffance de l'ancienne Géographie.

Il est aifé de prévoir que je porte au moins le même jugement de la Germanie; mais je ne place point l'Efpagne dans un pareil dégré d'inutilité pour les Anti

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quaires. Les Colonies Carthaginoifes, & le commerce avec cette nation, peuvent fournir aux Efpagnols des monumens plus anciens que la conquête des Romains. L'Hiftoire nous apprend que ces Conquérans trouvèrent à leur arrivée, ce beau pays, fi non plus civilifé, au moins plus décoré que la Gaule, La chaleur de fon climat a donné non-feulement un dégré de perfection aux matériaux, mais les a préfervés des altérations que la fucceffion du froid à l'humide ne cause que trop rigoureusement dans les pays plus voifins du nord.

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JE N'ÉPARGNE aucun foin depuis plufieurs années pour avoir en ma poffeffion des monumens d'Efpagne. Jufques ici j'ai prefque toujours travaillé fans fuccès; mais avec d'autant plus de regret, que les Romains ont connu l'importance, la richeffe & les délices d'un pays célèbre fous le nom de l'Hefpérie, dès les tems fabuleux, & qu'ils l'ont conftamment embelli par tous les genres de magnificence dont ils ont décoré toutes les parties de leurs conquêtes. Cette vérité eft prouvée par un Auteur Efpagnol, homme fage, éclairé & diGregorii Majangne de fii Epiftolarum foi, lorfqu'il dit pag. 52: Nulla eft toto orbe terralibri fex, 1732. rum provincia, fi Italiam excipias, Hifpaniâ illuftrior antiValentia, 1. vol. quitatis monumentis: fcatet univerfa Pontium, Aquaductuum, Templorum, Theatrorum, Circuum, Amphitheatrofum aliorumque publicorum ædificiorum ruinis ; quorum mas gnam partem noftratium potiùs quàm fæculorum injuria diruit atque delevit.

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Je me fuis confolé depuis quelque tems de la pri vation que j'éprouvois, en me flattant qu'un Rọi, non-feulement Protecteur, mais Amateur déclaré de l'Antiquité, fçauroit engager fes nouveaux Sujets à refpecter, à conferver , & à publier les tré-fors

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dont fes Royaumes abondent. Mais s'il faut du tems pour perfuader un peuple, il en faut aufsi pour mettre les ouvrages de cette efpèce en état de paroître. En attendant la fuite des évènemens, la vûe & l'examen des trois Planches fuivantes, pourront faire fentir, aux hommes d'efprit plus communs peut-être en Espagne que dans aucun autre pays de l'Europe, combien il leur eft aifé de publier des objets mieux détaillés & plus intéreffans, en même tems qu'ils font afsurés d'illustrer leur patrie. Plusieurs bons Ouvrages en ce genre, donnent d'ailleurs aux Etrangers le droit d'en efpérer de nouveaux; & fans faire un catalogue de tous les Livres excellens que l'Efpagne a produits fur l'Antiquité, je me contenterai de citer, comme un des derniers, les Lettres de D. Mayans dont j'ai déja parlé: elles traitent de différentes matières; mais ce qu'on y trouve fur les Antiquités, ne peut être ni mieux écrit, ni mieux choifi, en un mot, préfenté avec plus de jufteffe. On peut lire, pour être convaincu de ce que j'avance, la belle & la fçavante Defcription du Théâtre de l'ancienne Sagunte, aujourd'hui Morviedro, elle eft de D. Manuel de Marti, Doyen d'Alicante.

Je dois au moins avertir que je n'ai d'autre autorité fur les monumens que je vais rapporter, que celle qu'il eft poffible de prendre fur des deffeins: j'ai lieu de les croire très-exacts; cependant leur détail pourroit être encore plus fatisfaifant. Quelques-uns m'ont été envoyés fans échelle & fans diftinction de matières : quels qu'ils foient, je m'eftime heureux de les pofféder; l'aveu des motifs & des raifons qui m'engagent à les placer dans ce Recueil, doit le perfuader; d'ailleurs on ne peut douter du plaifir que j'aurois à raffembler dans cet Ouvrage des monumens de tous les pays habités par les Anciens, ou, pour parler plus jufte, par les peuples qui ont connu, cultivé & pratiqué les Arts.

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