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LVII. n°. 10.

il est question. On trouve dans une autre Infcription rapportée par Gruter, que l'Empereur Augufte, après Plan. XXXVIII. fa mort, fut nommé Apollon: APOLLINI DIVO n°.7. AVG. L'Empereur Néron, eft appellé fur des médailles NEPON AПоAAN; & l'on voit par une Inf cription de Nifmes, que le nom de Mars a été donné Gruter Plan. à un Empereur : AVG. MARTI................. EX VOTO. Cet ufage eft donc autorisé par plufieurs exemples; cependant l'objet de ces deux Infcriptions n'en eft pas plus déterminé: elles peuvent avoir été placées pour un vou, pour une action de graces, ou pour un acte de vénération à l'égard de l'Empereur. Quelque deffein que l'on ait eu, les deux monumens ont été érigés féparément par deux Gaulois, & placés dans quelque édifice public que le tems a détruit. Ces Infcriptions font aujourd'hui encaftrées dans le mur de la Sacriftie de Saint Lubin de Suevre: elles font écrites fur des pierres connues dans le pays, fous le nom de Bourres. La beauté des caractères perfuade qu'ils font du HautEmpire. On peut croire que ces monumens ont rapport à l'Empereur Augufte, qui depuis la bataille d'Actium, rendoit un culte particulier à la divinité d'Apollon; & qui mérita par fes bienfaits, à l'égard des Gaulois, d'être affocié au culte que foixante Cités des Gaules rendirent à la Ville de Rome, en faisant la dédicace du célèbre Autel de Lyon : ROMÆ ET AVGVSTO. Les monumens repréfentés fur cette Planche, ont été confacrés par des Gaulois : COSMIS LVCAŃVS, & de fon fils, COSMIS LVCANI FILIVS: c'eft un fait qu'on ne peut mettre en doute. Je n'ignore pas que les Romains avoient un prénom, indépendemment du nom & du fur-nom : je conviens qu'on ne trouve pas le prénom dans ces deux Infcriptions; mais le nom de COSMAS, Cofmis, Cofmus, eft déja connu. On peut confulter l'Index des Infcriptions

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de Muratori, où l'on trouve de plus le nom de Lucanus ; & la preuve que ce nom n'étoit pas inconnu dans cette partie des Gaules, eft que dans l'Office de Paris, il est fait mention de Saint Lucain ou Lucanus, qui fut martyrifé fur les confins des cités de Chartres & d'Orléans, canton peu éloigné de la ville de Suevre.

Cette ville étoit anciennement de la Cité des peuples Carnutes & du Diocèfe de Chartres, dont une partie fut détachée à la fin du fiècle dernier, pour former le Diocèse de Blois, qui comprend la ville de Suevre fituée au nord-eft, & à trois lieues ou environ de celle de Blois, à une petite distance de la rive droite de la rivière de Loire, qui baignoit autrefois fes murs, comBlois, pag. 263. me il paroît par les anneaux de fer qui fubfiftent, & qui fervoient pour amarer les bateaux.

Bernier, Hift. de

La ville de Suevre nommée Sodobria, Sodobrium, & Bernier, Preuves enfuite par abbréviation Sobrium, étoit fous la feconde de l'Hift.de Blois. Race de nos Rois, le chef-lieu d'un diftrict du comté

ou Pagus de Blois. On lit dans un acte de l'an 895, in Pago Blefenfe, in Vicaria Sodobrinfe, in ipfa Villa Sodobria elle eft encore affez considérable, elle a trois Paroiffes, une châtellenie ou Prévôté qui dépend de la collégiale de Saint Martin de Tours.

Le château de Dizier eft fitué auprès de Suevre; c'est une ancienne châtellenie qui a appartenu aux Seigneuries de Saintré, connues par l'hiftoire du petit Jehan de ce nom. Cette Terre a été poffédée par la célèbre Madame Guyon : elle appartient encore à fes petits-enfans.

La voye Romaine tracée fur la carte de Peutinger, entre les villes de Cafarodunum, Tours, & de Cefallum, Orleans, ne fuivoit pas exactement la rive droite de la Loire, qui décrit une espèce d'arc dans cet intervalle; elle coupoit au travers des terres, & paffoit à une petite distance de la Ville de Suevre. Cette ancienne route

est

eft connue dans le Bléfois, fous le nom de Voye Chariere. On en découvre encore des veftiges par intervalle ; mais elle a été négligée, & peu fréquentée, depuis qu'on a conftruit des ponts à 'Amboise & à Blois, & qu'on a pratiqué un chemin plus commode fur les levées de la Loire. L'échelle des Infcriptions, & toutes leurs proportions, font gravées fur la Planche.

PLANCHE CXIII.

CE Camp eft fitué dans le Bas-Vendomois, auprès du Village de Sougé, fur la rive gauche de la rivière de Braye, à une lieue au - deffus de fon confluent avec le Loir. Sa position eft très-avantageufe; il eft placé à l'extrémité d'un côteau efcarpé de trois côtés; ce qui forme une fortification naturelle : le côté du nord qui communique à la plaine, est défendu par un foffé de 42 toifes de longueur fur 7 de largeur, & de 15 à 18 pieds de profondeur. Les terres produites par cette excavation, ont été jettées en-dedans du Camp, pour former un rempart de 12 à 15 pieds de hauteur, vers le milieu duquel on a laiffé une ouverture de 5 toises de largeur pour l'entrée & la fortie.

Suivant le plan levé avec la plus grande exactitude, & que je dois aux foins & à la politeffe de M. de Hauteclaire, Sous-Ingénieur des Ponts & Chauffées de la Généralité d'Orléans, l'emplacement contient en fuperficie, environ six mille toifes quarrées; d'où l'on peut eftimer la quantité de Troupes qu'il a pû contenir. La pofition de ce Camp, ne peut être plus avantageufe : il commande toutes les hauteurs voisines, & il domine fur une étendue de pays très-considérable, le long des bords du Loir & de la Braye, & même au-delà de ces deux rivières. Les coupures que l'on voit au milieu de l'efpace que ce Camp occupoit autrefois, font modernes, & ne méritent aucune attention; cependant, il Tome IV.

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faut convenir qu'on ne dit point dans le pays qu'on y ait jamais trouvé de Médailles ni d'autres Antiquités. On fe contente de l'appeller, par tradition, le Camp de Céfar, comme on nomme tous ceux des Romains; mais la difpofition de ce Camp eft abfolument pareille à celle que cette Nation guerrière choififfoit de préférence fur une montagne efcarpée, & commandant fur une rivière.

PLANCHE CXIV.

IL eft fingulier que l'Itinéraire d'Antonin, & la Carte de Peutinger, ainsi que les anciens Auteurs, ne faffent aucune mention d'une Voye Romaine auffi confidérable que celle qui fubfifte, & qui conduit de Chartres à Orléans. Ces deux villes font encore aujourd'hui trèsimportantes; mais elles l'étoient beaucoup plus à l'égard des Romains, puifqu'en effet la Voye qui conduifoit de l'une à l'autre, affuroit leur communication dans l'intérieur de la Gaule. Ces deux villes étoient alors connues, l'une fous le nom d'Autricum; elle fut longtems regardée comme une des plus puiffantes de la Celtique, étant la capitale de la cité des Carnutes; elle prit enfuite le nom de ce peuple, d'où eft venu celui de Chartres, qu'elle porte aujourd'hui : l'autre nommée Genabum, eft célèbre dans les Commentaires de Céfar; elle étoit du territoire de la cité des Carnutes, elle en fut enfuite séparée, fous le nom d'Aureliani, Orléans.

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Voici le plan de cette Voye Romaine, & la route qu'elle fuit il eft aifé de la reconnoître fur le terrein; elle fubfifte dans fa totalité, & fa conftruction eft élevée de 2 à 3 pieds, quelquefois de plus, au-deffus des terres riveraines: cette espèce de chauffée eft large de 15 jufqu'à 18 pieds; elle eft compofée de lits de pierres, & d'autres lits de terre, placés dans les intervalles : cette voye eft aujourd'hui rompue dans toute fa longueur, par

cinq ou fix ornières très-profondes, qui la rendent impraticable. Les Ponts & Chauffées ont formé le projet de la réparer inceffamment ; la dépense même fera médiocre; & quand elle feroit plus confidérable, elle ne peut entrer en comparaifon, avec l'avantage de fournir une pareille communication dans l'intérieur du Royaume.

Cette belle Antiquité, dont la longueur eft de trentecinq mille toifes, à été levée & deffinée dans l'année 1695, par M. Poitiers Architecte & Ingénieur du Roi, à Orléans. La Carte dont cette explication eft accompagnée, a été réduite d'après le deffein original qui m'a été communiqué, & que l'on doit aux foins & à l'intelligence de cet habile homme,

Les deux colonnes milliaires, encore pofées fur cette Voye, & qui font marquées fur la Carte, en augmentent le mérite : il eft vrai, que malheureusement, leurs Inscriptions ne fubfiftent plus. Je n'ai trouvé la citation de ces monumens, que dans Charles du Molin : il en parle dans fon Commentaire fur la Coutume de Paris. Il dit que de fon tems (dans le XVI. fiècle) on voyoit Tit. I. p. 416 encore dans la Châtellenie d'Alone, des colonnes milliaires fur le chemin de Céfar, qui fait la communication entre Orléans & Chartres: Antiquiffima Caftellania Alona in Belfiâ ad vetus iter ab Aureliis Carnotum, ad quatuor leucas Carnotum, ubi lapides à tempore Romanorum milliaria diftinguentes vifuntur.

M. de Lifle a rapporté cette Voye dans fa Carte de la Beauffe, du Gâtinois, &c. mais il ne l'a deffinée que fur des oüi-dire, & rapportée qu'à vol d'oifeau; car il l'a tracée directe ; au lieu que, comme on le voit fur le plan, elle fait un coude confidérable qui s'écarte quelquefois de la directe de deux ou trois lieues. D'autres Géographes qui ont copié M. de Lifle, fe font également trompés. J'ajoûte au plan de M. Poitiers, quelques obfervations nouvelles fur le même objet, faites cette année,

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